Mes yeux s'écarquillèrent sous la stupeur de voir les Jötuns se replier. Ce n'était pas une manœuvre due à la défaite, non. Je sentis mon cœur palpiter au rythme de mon souffle rauque et saccadé, observant les géants se détourner de mes hommes et moi-même. « LE VILLAGE ! RETOURNEZ PROTEGER LE VILLAGE ! » Nos assaillants avaient compris notre tactique ; nous les séparions afin de mieux les anéantir. S'ils se regroupaient, les chances que nous avions de le mettre à terre s'amoindrissaient dangereusement. Songeant à tout allure, je pris la direction de la barrière enflammée que je voyais s'éteindre peu à peu, coursant nos ennemis sans réussir à les rattraper. Serrant les dents, je cherchai vainement du regard une monture ne jonchant pas le sol, une bête encore assez en forme que pour me porter assez rapidement au sein du village. Au même instant, j'entendis dans le cohue, l'un des miens m'appeler. Me retournant vers son être, je lui adressai un signe de tête reconnaissant, pouvant observer aux côtés du cavalier un cheval libre. Montant prestement sur ce dernier, nous partîmes ensuite dans un galop de charge à l'assaut des Jötuns. Plus vite nous serrions au village, plus vite nous pourrions le défendre.

Passant outre les monstres, j'arrivai en trombe au milieu du village dévasté par les flammes dont le sol était jonché de cadavres, autant de mortels que d'immortels. Les forces commençaient à manquer, que ce soit dans n'importe quel camp. Il fallait en finir ; les Jötuns eux-mêmes l'avaient saisi. Remarquant l'un des géants que l'on avait éliminé écrasé lamentablement contre le sol, enserré par des cordes, l'idée de recommencer me vint à l'esprit. C'était, en soi, une tactique des plus efficaces et peut-être la seule qui s'offrait à notre portée. J'ordonnais donc à une partie de mes hommes de rassembler le plus de liens possibles, les plus possibles qu'ils puissent trouver, leur conseillant de demander main forte aux mortels tandis que l'autre partie des soldats continuaient à contenir la rage de nos ennemis. Les voyant faiblir, je lançai ma monture au galop contre l'un des Jötun, tentant d'entailler sa chair de ma hache, offrant ainsi une ouverture à ses opposants.

ACTION EFFECTUEE PAR TYR ODINSON ϟ Entailler un jötun sur son flanc à l'aide de sa hache, chargeant au galop.

Le Jötun esquiva l'attaque, chargeant déjà contre les soldats bataillant contre son être. Remarquant que quelques cordes avaient déjà été rassemblées, je m'approchai d'une jeune femme m'en tendant une. « Dîtes à tous les hommes qu'il faut faire tomber les Jötuns, les embraser et les achever. De cette manière, nous les aurons ! » Relevant le regard sur le spectacle de cette bataille, j'ajoutai, hurlant. « POUR MIDGARD ! » Et ce fut, galvanisé par cet élan de rage que je me lançai à la recherche d'un compagnon avec qui faire s'écrouler cette monstruosité que j'avais dernièrement loupée. Mon regard se porta sur un mortel à cheval que j'avais déjà croisé, tentant d'attirer l'attention du géant sans grand succès. M'approchant rapidement de lui, je lui lançai l'autre extrémité de la corde, n'ayant guère à lui expliquer mes plans vu qu'il avait déjà dû édité l'expérience. Cette dernière s'était d'ailleurs révélée être un franc succès. Je priai pour que celle-ci soit à nouveau le cas.

La lame ripe sur le manche de l'énorme masse que manie le géant de glace. Le monstre rit aux éclats, visiblement amusé de la propre futilité de mon attaque, de mon essai infructueux de rendre les choses plus vivables pour les combattants humains autour de nous. Un des guerriers amené par les dieux se fend et blesse le soldat, qui se retrouve pris dans une étreinte glaciale et mortelle. Ricanant toujours aussi fort, le Jötun se débarasse du combattant en le brisant en mille morceaux. De toutes ma vie, c'était la première fois que j'assistais à une mise à mort aussi symptomatique de notre impuissance face à des choses qui nous dépassaient. Le tout premier ice-crime de mon existence, je m'en rappellerais. J'essaie de marteler encore et encore l'espèce d'immonde troll de mon épée qui s'émousse sur sa masse et sur les rares protections qu'il porte. Dans un geste signifiant qu'il en a assez, il balaie son bras en arrière pour se débarasser de moi. Fort heureusement, mon épée bloque le coup en rencontrant son membre, m'évitant un contact direct qui aurait signifié ma mort. Je suis envoyé en arrière sur un mètre ou deux, et heurte brutalement le sol. La tête la première, je m'écorche le front sur le casque d'un de mes frères d'armes déjà tombé, et le sang commence à couler sur la neige. Je souffle bruyamment, grogne et jure en me relevant alors que l'ennemi s'est rassemblé et a éteint la barrière de feu. Ils se battent les uns près des autres, visiblement résignés à emporter le plus possible de vikings avec eux. Ce combat sonne faux à mon instinct. Pareille attaque n'a aucun sens. Pourquoi ne se replient ils pas s'ils n'étaient venus que pour tuer et piller ? Ils sont combattus par les dieux, leurs suivants et les walkyries et... Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens mal. Il doit y avoir autre chose. Peut être est ce un piège. Je relève le regard sur les pentes des monts, mais aucun signe d'autres adversaires. C'est avec un profond malaise que je me rapproche à nouveau du combat. Je regarde le sol en m'avançant vers la mêlée, réfléchissant à toute vitesse. Je me stoppe, physiquement et mentalement. Il y a un combat à mener et une mort à épouser. Je hèle Sigurd, un peu plus loin, abandonné par les Jötuns qui ont progressé.


| Relèves toi, Haraldson, ou je jures que je ne te laisserais rien à boire dans l'au-delà! |


Là. Voilà. C'est mieux. La fureur du combat m'étreint à nouveau l'âme alors que mes ennemis mettent en pièces des guerriers que j'ai connu toute ma vie. Un homme grand et large, fort autant que puissant, mène la charge en hélant le peuple de Midgard. Je me jette à nouveau dans la mêlée en hurlant


| Odiiiiin!


Mon épée vise le bras d'un ennemi pour faire choir sa masse et le mutiler



ACTION EFFECTUEE PAR Torbjörn Bergstörm ϟ l'épée trouve la garde du Jôtun et mord profondément ses chairs, coupant presque le bras et faisant tomber la masse



Je lâche un cri de triomphe, appelant quelqu'un avec une torche pour en finir avec le monstre désarmé.


| Du Feu! Ici!


Décidant d'en finir, j'essaie d'envoyer ma lame en plein visage de mon ennemi, faisant fi de toute prudence!



ACTION EFFECTUEE PAR Torbjörn Bergstörm ϟ Le Jötun se sert de son autre bras pour parer le coup et le dévier

ACTION EFFECTUEE PAR (Vali Lokison) ϟ lancer une langue de feu sur un jotun de manière à le mettre à terre tout en le blessant

ACTION EFFECTUEE PAR (Vali Lokison) ϟ empêcher une blessure à son flanc et sa jambe

Heureusement pour elle, si les combats faisaient rage aux quatre coins de la zone, il demeurait des gens assez attentifs pour l’entendre et lui porter secours. On lança une flèche enflammée qui loupa sa cible et manqua d’aggraver l’état de la brunette puis une déesse sortit de nulle part et lui sauva irrémédiablement la mise même si l’attention du monstre était déjà détournée par son sauveur. Le temps des merci n’était pas tout de suite, elle ne pouvait même pas sourire, son corps ankylosés étaient bien trop douloureux pour qu’elle use de l’énergie pour un sourire ridicule. Il fallut de longues minutes pour qu’elle trouve le moyen de se remettre sur ses pieds sans trop souffrir et qu’elle se traîne jusqu’au groupe qui luttait contre les jötuns réunis. Ces idiots avaient enfin compris la tactique des dieux et des humains et avaient décidé de se venger en éteignant une partie de la couronne de feu qui était supposée protéger le village, tentant de le réinvestir, coûte que coûte. Etait-elle encore en état de combattre en première ligne ? Probablement pas à en juger par le bout de tissu imbibé de sang qui entourait sa cuisse et l’état de sa main. Elle marqua une pause, prit une grande inspiration et reprit son chemin, bien décidée à faire de son mieux pour se rendre utile. Il ne fallait plus compter sur son épée ou bien même sur ses pitoyables talents à l’arc mais elle pouvait toujours trouver une façon ou une autre de projeter des objets enflammés avec une chance minuscule pour que ce soit réellement utile. Après un temps infini passé à se traîner jusqu’au groupe des guerriers encore vivants et valides, elle trouva le moyen d’enflammer sa torche qui lui avait servi de canne et se concentra pour l’envoyer de toutes ses forces sur un jötun. Sa contribution semblait dérisoire et elle avait presque honte d’en être arrivée là mais que pouvait-elle faire de plus ? Et il était inenvisageable d’aller s’installer avec les mourants pour les écouter gémir juste avant qu’ils ne lâchent leur dernier souffle.

ACTION EFFECTUEE PAR (dagmar gerulfdottir) ϟ Atteindre le Jötun et l'embraser

Dire qu’elle avait fait cela sans trop y croire et voir qu’elle pouvait encore servir les siens était grisant. Les cris de douleur du monstre la firent éclater de rire alors que des guerriers l’achevaient pour de bon, complétant son œuvre. Elle se mettait déjà en question d’autres objets inflammables ou de torches abandonnées pour réitérer l’expérience et mâcher le boulot de la première ligne.

Les sabots de Gudbjörn martelaient le sol, et chaque foulée lui rappelait combien le combat avait déjà meurtri ses muscles. Ses bras lourds comme deux enclumes peinaient à tenir les rênes et à diriger l'étalon. Pourtant, Yrjö s'accrochait, un regain d'adrénaline lui donnait l'inertie et la force de poursuivre. La manœuvre de diversion avait complètement échoué, aussi entreprit-il de passer à la méthode traditionnelle. Arme en main, il se préparait à passer à l'offensive lorsque Tyr arriva près de lui au grand galop. Avant même qu'il puisse s'étonner du fait que le dieu ne vienne une fois de plus vers lui, le guerrier lui avait déjà lancé la corde. L'attrapant avec dextérité, le mortel hocha la tête pour montrer qu'il avait bien compris ce que le dieu attendait de lui. La solide corde fermement empoignée, il démarra en trombe et s'élança sur la droite du géant, tandis que Tyr prenait par la gauche. Malgré la diversion orchestrée par les Einderhar, le Jötun aperçut leur manœuvre, et le thraell manqua de se faire renverser lorsque le géant balaya son énorme main dans sa direction.

La vitesse de l'étalon et le courage de la bête, obéissant aveuglement aux ordres de son cavalier, furent ses plus fidèles alliés, et il l'évita de justesse. Continua sur sa lancée, il s'apprêta à croiser le chemin de Tyr pour refermer leur piège. Mais le Jötun s'élança en avant, sortant du cercle piégé que les deux guerriers traçaient pour lui. Sautant en avant, il se posta pile sur leur passage, les forçant à freiner brusquement. Les chevaux se cabrèrent et Yrjö eut besoin de toute son assiette et de son équilibre pour ne pas finir à terre. Criant dans sa langue natale, par pure frustration, il déversa sa haine sur leur adversaire, alors qu'il s'éloignait pour ne pas finir cristallisé, victime de leur toucher mortel.

- Par Tursas, vas-tu enfin crever stupide créature d'Asgard!

Oui, le Jötun ne venait pas précisément de la cité d'Odin, mais Yrjö n'avait jamais été particulièrement attentif, et parfois même carrément réfractaire, aux enseignements religieux de son maître. Dans son esprit, ils étaient tous les mêmes.

Non loin de là des brasiers avaient retrouvé vie et puissance alimentés par l'alcool. Les hommes enflammaient déjà armes et flèches, et l'un d'entre eux lui tendit une lance. Cherchant le regard de Tyr, il attendit la confirmation d'une attaque groupée. Il était temps de mettre ce fichu géant à terre, non?

ACTION EFFECTUEE PAR ceux qui y participent ϟ Déstabiliser le Jötun en lui enroulant une corde autour des genoux.

Maudissant mille fois la vile créature ayant déjoué nos plans, je sentis mon être bouillonner davantage. Il fallait venir à bout de ces créatures, et ce, le plus rapidement possible ! Quand bien même certaines d'entre elles étaient gravement blessées, elles restaient redoutables. Le cheval que l'on m'avait confié était vif et me permit sans trop de mal d'esquiver la riposte du monstre, mettant à l'oeuvre mes talents de cavalier. Débuta alors une danse martiale entre la bête et moi-même, menée entre les jambes robustes de l'animal et les attaques du Jötun, visiblement frustré de manquer chacun de ses coups sur ma personne. Tandis que les soldats continuaient à déverser la rage de leurs flèches sur l'être, j'entaillai de ma hache sa chair bleue, lui enlevant quelques râles tant de haine que de douleur. Mais je changeai rapidement de tactique ; je sentis à plusieurs reprises le souffle glacé du géant d'un peu trop près et ma monture commençait à se fatiguer. Lançant celle-ci en direction du brasier, j'ordonnai que l'on enflamme ma hache. L'Einherjar qui s'en chargea échangea un regard sûr avec mon être ; ses espoirs semblaient reposer sur moi. Gonflant le torse par instinct, je caressai l'encolure de ma monture avant de me saisir de l'arme. Incapable de tenir les rênes, je m'en remettais à mes jambes. Chargeant le Jötun préoccupé par ses assaillants dans un galop souple, je me mis avec plus de difficulté que je pensais à genoux sur le dos de l'animal, lancé à brides lâches. Me concentrant sur ma cible, je vus plusieurs soldats s'écarter sur mon chemin, observant ma manœuvre tant inattendue que curieuse. « TENEZ-VOUS PRETS, JE VAIS LE DESTABILISER ! » lui criai-je afin qu'ils se tiennent aux augets. Inspirant profondément une dernière fois, je sus alors que c'était le bon moment. Accroupi sur le dos de l'animal, à quelques mètres à peine du Jötun, je déployai toute mes forces, sautant en direction de mon adversaire, brandissant mon arme afin de lui planter en plein cœur.

ACTION EFFECTUEE PAR TYR ODINSON ϟ Sauter sur le Jötun et lui planter sa hache en pleine cœur.

La lame s'enfonça dans la chair bleuie tandis que le géant hurla, emporté par la force du coup et reculant de quelques pas. Laissant mon arme plantée dans sa peau, je me laissai glisser, effectuant une roulade afin d'amortir ma chute. « ACHEVEZ-LE ! » hurlai-je à l'encontre de tous, leur ordonnant de terminer le travail. A peine eus-je prononcé cela que flèches et lances s’abattirent sur le géant, encore un peu étourdi et qui ne put riposter. Accablé sous l'assaut dont il était victime, il s'agenouilla avant de tomber définitivement, enflammé et mourant. Criant notre victoire sur celui-ci, je jetai un œil sur le reste du champ de bataille. Il en restait cinq. Moins de la moitié. Cette vue était rassurante ; ils étaient tous blessés, d'une façon ou d'une autre. Bien sûr, nos propres forces étaient amoindries et entamées mais j'avais tant confiance en les miens qu'en les habitants de Midgard. Me dirigeant vers le brasier central qui avait été formé, je récupérai une arme que j'enflammai avant de donner mes ordres. « Concentrez-vous sur le même Jötun, un à la fois. Ils ne sont plus que cinq. Tant que nous retenons les autres à bonne distance, nous pouvons les faire tomber un à un. » Mes dires furent transmis et, tandis que les bouches répétaient mes paroles, j'étais déjà prêt à en découdre avec un nouvel ennemi, suivi de plusieurs guerriers se battant au corps à corps malgré la dangerosité du géant des glaces.

Au milieu des mortels éreintés, les guerriers et les Valkyries de Tyr lancèrent une ultime offensive.

Qui donc pouvait se mesurer à l'armée d'Odin ?

Le combat était fini. Entre toutes les voix qui hurlèrent en cœur pour cette pénible mais finale victoire, il y eut celle d'Yrjö. Il n'était pas des leurs, et pourtant il se joignit à eux, comme si l'espace d'un moment, la victoire était aussi sienne. Tremblant, secoué par la fatigue physique et nerveuse, la douleur de ses plaies ouvertes le rappelant à l'ordre, il mit lentement pied à terre. Puis, se joignant au reste des mortels, il s'agenouilla à son tour face aux divinités. Asgard n'était pas dans ses prières, mais qui était-il, lui, simple mortel, pour ne pas s'incliner face à la souveraineté et la miséricorde divine, d'ici ou d'ailleurs ?

A présent, il était temps de nettoyer le champ de bataille, de reconstruire ce qui était tombé et d'enterrer les morts. Les corps jonchaient le sol, témoins de la violence de la bataille, et dans une prière muette, Yrjö remercia silencieusement Tursas de l'avoir protégé. Néanmoins, ses pensées allaient aussi pour Tyr, et à ce sujet, le mortel ne pouvait qu'être consterné. Il l'avait reconnu. Cet homme qui lui avait sauvé la vie quelques années plus tôt n'était pas un simple mortel, mais un dieu. Un guerrier divin aux côtés duquel il avait croisé le fer contre ces géants.

Soudain, le maître apparut devant lui.

- Aide à tout ce que tu peux, lui ordonna-t-il. Lui laissant la garde de l'étalon, ainsi que l'épée que lui avait donnée Sigurd, le thraell hocha aussitôt la tête. Et as-tu vu Sigurd ? Alors cherche-le !

Nanti de sa nouvelle mission, Yrjö arpenta le champ de bataille. Son regard balayait sans relâche les corps tombés au sol, espérant qu'il n'y trouverait pas son ami parmi eux. Heureusement, tel ne fut pas le cas, et entre les autres, le visage familier de l'homme lui apparut soudain.

- Sigurd ! En quelques pas, il était près de lui, et la main posée sur l'épaule du forgeron fut le signe du soulagement du thraell. Après l'attaque perfide du Jötun, il était presque difficile de croire qu'il était bel et bien vivant. L'invincibilité des vikings n'est donc pas une légende. Les yeux moqueurs sous les traits figés. Avec Sigurd, le traell savait se détendre.

Ils marchaient l'un près de l'autre, le thraell soutenant le forgeron rudement touché. En marchant, ils croisèrent alors le chemin de Dagmar, qu'il salua respectueusement. Il était sur le point de lui demander si elle avait besoin d'aide, sachant pertinemment qu'elle lui répondrait que non malgré son air éreinté, quand une voix moqueuse et étrangement familière résonna près d'eux.

- Tu es vivant, mortel. Il se retourna, et reconnut la Valkyrie qui l'avait relevé au milieu de la bataille. Dommage, moi qui comptais t'amener...Sa pique était accompagnée d'un sourire faussement attristé. Jetant un coup d’œil à Sigurd, elle fit la moue. Ton ami a l'air mal en point, sans doute obtiendrais-je son âme à la prochaine bataille...Finalement, elle se tourna vers Dagmar. La toisant de haut en bas, elle se fendit d'un simple : Tu te bats bien mortelle.

Avant de disparaître.

Tout s'était passé très rapidement. L'épée que j'avais envoyée un plein dans l'articulation du coude avait fracassé les os du monstre, faits d'une espèce de glace très dense qui avait volé en éclats sous la puissance du choc, tandis que j'avais pu prendre par le travers sa peau écoeurante couvert de cochonneries gelées. J'avais tranché le tout et des copeaux de glace volaient autour du point de choc. Le bras tomba sur le côté et la bête mugit sa colère sous le coup en tombant à genoux. Le bras meurtri qu'il tenait dans sa main ne tenait plus que par des lambeaux de chairs crevassées et déchiquetées et par quelques tendons. J'essayais de l'achever mais mûe par un instinct de survie détonnant couplé à un réflexe incroyable de rapidité, la bête réussit à parer le coup qui aurait pu lui démolir le visage. C'est alors que je compris. En frappant ses os, ma simple lame de fer s'était largement abîmée. Elle était un peu tordue et je voyais les rainurages d'un métal froissé et fragilisé. L'arme avait perdu presque tout son tranchant en s'émoussant sur quelque chose d'aussi dur, et je comprenais aussitôt et avec regrets que l'épée ne servirait plus après ce combat, que je ne pourrais plus jamais m'en servir. Mieux valait la briser une bonne fois pour toute que s'accrocher à ce genre de reliques du passé. Je sens autour de moi une grande clameur, signe que tout a changé. La situation n'est plus aussi dramatique que les minutes précédentes, l'espoir me regagne alors qu'en relevant le regard de la bête blessée mais pas tuée, je vois des torches enflammer les créatures. De la magie, aussi, de véritables flèches de lumière, et un cri plus fort encore que tous les autres. Qui domine la mêlée et gonfle mon cœur de fierté. Un homme vient me voir après mon appel à du renfort ; je le reconnais, c'et un de nos meilleurs guerriers, en proche de Jarl. Il enflamme l'immonde créature et s'en est fini. Celle ci meure rapidement, et je suis haletant et couvert d'humeurs. Je suivais du regard mon allié et comprit sa manœuvre, j'allais bien vite lui prêter main forte pour en finir une bonne fois pour toutes. L'alcool se répand, les flammes sont attisées et les monstres y sont bousculés les uns après les autres. Immobile, pantelant, je voyais l'armée des Dieux pousser l'ennemi dans le brasier et l'y estourbir. Vision glorieuse de guerriers vainqueurs et sans pitié.


La bataille est terminée. Le silence retombe. Les mourants râlent et appellent au secours. Le feu craque sur le bois et dans la neige. Le Jarl se redresse et lance une immense clameur, reprise par l'ensemble des vikings de la bourgade, en honneur de nos sauveurs. Je hurle de toutes mes forces et me laisse tomber à genoux, à la fois grisé par l'héroïsme de la victoire que par le désespoir de ne pas faire partie des chanceux qui dîneront ce soir au Grand Hall d'Odin. Je tombe dans la neige, épuisé par l'effort fourni pour détruire le Jötun. Je récupère et je maudis intérieurement ce vil Loki, qui doit probablement être derrière cette nouvelle déconvenue. Quand viendra enfin le moment qui me verra jugé digne par les dieux de ripailler en leur palais ? Un fugace instant, j'aperçois le visage de celle qui depuis vingt ans hante mes pensées, la Walkyrie qui a emporté les miens. Je crache au sol un glaviot de sang et de salive, meurtri dans mes chairs et dans mon âme. Cruellement pris à partie par mon propre corps, je me redresse en grimaçant. Certains rient, d'autres boivent, d'autres se pressent pour se soigner auprès des beautés. D'autres regardent les Dieux et leurs hommes. D'autres rebâtissent clôtures et abritent les masures.


Mes pas me guident vers les soiffards. Je m'arrête alors qu'on me propose une corne. Je lève les yeux vers le ciel. J'espère qu'elle avait vu ce combat, aujourd'hui.


Le destin ne pouvait pas m'échapper encore bien longtemps, et c'est rassénéré que je pris une corne pour engloutir son contenu, pour réchauffer naîvement ce corps endolori qui devra bientôt mettre son habitude et son expertise du bois pour reconstruire.