L

'arbre qui lui manquerait de respect comme s'il était le dernier de fruste n'avait pas encore enraciné ses base dans le sol d'Yggdrasil, une parole de prince courroucé qui n'avait cure de l'acabit de la créature qu'il s'apprêtait à châtier, qui osait l'agresser endurait le juste retour de flammes au centuple. Et c'était alors qu'il honnissait son adversaire d'un regard enténébré qu'un phonème de rogomme bien connu résonna dans son râble. Sans pour autant omettre toute prudence, l'héritier guigna vers l'arrière pour constater de l'inopportune apparition de son puîné, et auquel il répondit d'une intonation goguenarde. « Je joue à chat perché. A ton avis ? » L'interrogation de la Justice avait beau être légitime, il était rare qu'elle soit épargnée des quolibets parfois malséants d'un aîné autrement moins tolérant le concernant depuis leur dernière algarade en date. S'il lui adressait la parole, ce n'était plus que dans un dessein inamical, raison pour laquelle il se dérobait à toute prise de contact avec le bretteur qui lui donnait d'autant plus d'envies de meurtre. La situation se trouvant suffisamment tendue comme cela, il préféra d'ailleurs lui tourner l'échine et s'intéresser aux proches aveux de son captif – du moins, y tenait-il. Mais après le premier hôte surprise, ce fut au tour de tout une cohorte d'apparaître des bois, au plus grand étonnement du flavescent guerrier. « Hefring ! » Héla t-il alors, non mécontent d'apercevoir sa vieille amie. « Est-ce plus étrange que voir une vague s'échouer loin de ses récifs, en pleine sylve ? Que faites-vous tous là ? » Il considéra un instant son cousin par alliance, sur lequel il aurait volontiers bondi pour l'accabler de facéties, mais l'heure n'était pas à ce genre de débordement, aussi s'en abstint-il. Et s'il pensait avoir tout vu, l'intervention suivante le laissa tout bonnement pantois.

« Mère ? » La fulguration phonique ne tromperait personne, le simple fait de l'apercevoir dans cette posture, un membre du malheureux Arbre-Penseur arraché et jeté un peu plus loin l'avait fait sortir de ses gonds. La reine égarait très rarement sa circonspection, ce qui en disait long sur l'outrage du geste princier qui la regarda approcher, les lippes entrouvertes et désarçonné comme l'aurait été un jeune garçonnet pris en flagrant délit. « Quoi ? » Victime de l'oeillade assassine de la mère adorée, il se sentit soudain plus acculé que si était apparue une légion de jötuns, et chercha naturellement à alléguer ce qu'elle pensait peut-être être de la violence sans prix. « Mais ! Je n'y suis pour rien ! Enfin... si, j'y suis pour quelque chose, mais... ce n'est pas de ma faute ! C'est lui qui a commencé ! Je n'ai pas eu le temps de dire « foudre » que ce fichtre rondin barbu m'avait balancé à l'autre bout d'ici, je ne vais tout de même pas le laisser me molester sans rien dire ! Ha, pour une fois que ce n'est pas moi qui... » Il vit le regard maternel s'aiguiser comme lame à laquelle l'on donnerait le fil, ses bras ballèrent le long de son corps et il maugréa l'iniquité des accusations dans des sons inintelligibles. Il lança de nouveau un air noir à l'arbre, puis descendit finalement de son tronc couché, fils obéissant qui se planta sur le côté après avoir raccroché Mjölnir à sa place, renfrogné. Trois coups sur sa botte lui firent baisser les prunelles et apercevoir le premier Nisse qu'il avait rencontré, celui qui avait chu de sa couche improvisé. Il se plia pour le ramasser et le garder dans la paume de sa paluche, non sans se souvenir qu'il en portait un second sur son épaule.

Les épines de fer

Petite balade en forêt

Elle continuait à se battre vainement contre la bête, elle effectuait cette drôle de chorégraphie visant à épuiser le troll mais le bougre avait l'air plus endurant qu'elle ne s'y était attendu. L'exaspération qu'elle avait prédit pointait déjà le bout de son nez elle n'aurait pas la patience nécessaire pour continuer sur cette lancée. Viendrait un moment où elle se jetterait dans le tas aveuglément quitte à se mettre en danger inutilement. Mais ces bois l'appelaient, elle voulait en savoir plus et ne supporterait tous simplement pas qu'on la laisse plantée sur le seuil à cause d'un lourdeau de troll. Soudain elle sentit un bras la saisir et l'attirer hors de portée du géant. Elle lança un regard furtif en direction de son époux, vexée de se voir ainsi écartée de son combat. « Aegir, qu'est-ce-que... » Mais une main posée sur ses lèvres la força au silence. Elle reporta son attention sur son adversaire et elle eut la surprise de voir que celui-ci semblait chercher ses proies de façon effrénée. Pourtant le couple des mers n'étaient qu'à quelques pas de lui. La Tempétueuse prit alors conscience que sa moitié avait profité de la diversion qu'elle avait provoqué pour utiliser ses dons de mage et les rendre totalement invisible aux yeux du troll qui semblait perdre patience en comprenant qu'ils venaient de le berner. A pas de loups le couple s'éloigna et s'élança enfin à travers la forêt asgardienne. « Tu aurais pu me laisser encore un peu avec lui. A nous deux je n'aurai pas donné cher de sa peau. » Mais elle savait qu'à ce sujet, ils ne seraient sans doute jamais plus dissemblables. Elle savait à quel point Aegir préférait régler un soucis avec sa magie tandis qu'elle ne jurait que par son épée.

Les sens toujours aiguisés, Ràn avançait avec précaution dans ces bois qu'elle connaissait pourtant si bien. En sept millénaires, elle avait eu tout le loisir de les explorer et pourtant elle venait d'avoir la preuve qu'ils renfermaient encore bien des secrets. Tout était étonnamment silencieux, la déesse avait beau tendre l'oreille, elle n'entendait strictement rien. Mais il s'agissait sans aucun doute d'un défaut de son imagination. Elle s'attendait tant à découvrir quelque chose d'étrange, d'étonnant voire d'inquiétant derrière chaque tronc d'arbre qu'elle apportait bien trop d'importance à tout ce qui l'entourait. Mais ce n'était pas un mal dans ce lieu sombre qui renferme bien plus de dangers qu'on ne pourrait s'y attendre. Depuis sa confrontation avec le troll, Ràn n'avait pas rangé son épée, elle la gardait toujours bien en main, prête à s'en resservir à nouveau. En rencontrant un troll avant même d'entrer dans le sanctuaire de la Nature, tout était désormais possible. Soudain, des voix arrivèrent jusqu'aux oreilles des dieux aquatiques, enfin le silence était rompu. Ràn apercevait des rayons lumineux percer l'enveloppe végétale. Visiblement un rassemblement avait lieu dans une clairière toute proche. La Tempétueuse s'approcha discrètement cherchant à savoir qui pouvaient ainsi s'être donner rendez-vous en ces lieux. Il y avait tant de créatures vivant dans ces bois que tout était possible, le pire comme le plus surprenant. Le plus surprenant, assurément. Car lorsqu'une voix particulière arriva à ses tympans elle ne put s'empêcher de marquer un temps d'arrêt. « Hefring ? » chuchota-t-elle au père de sa neuvième fille qui semblait être partie à l'aventure elle aussi. Mais n'était-elle pas partie rendre visite à la déesse de l'Immortalité ? Cette fois-ci Ràn ne perdit pas un instant et pénétra dans la clairière où elle eut la surprise de découvrir sa fille en présence de bien d'autres. Le prince doré était en compagnie de son cadet, Tyr ainsi que de leur mère. Les princesse Idunn et Nanna étaient également présentes accompagnées de la dernière fille et du filleul de la Tempêtueuse. Si elle avait du parier sur les membres participant à cette étrange réunion elle n'aurait sans doute jamais mis une seule pièce sur une seule de ces personnes. « Et bien l'ambiance a l'air des plus animées ! » Après avoir incliné brièvement la tête en direction de la reine Frigga, la seule d'entre tous qu'elle respecterait et qu'elle admirerait jusqu'à Ragnarök, elle vint se placer au côté de sa fille. « Je vois que l'appel de l'aventure sera toujours le plus fort. Mais...mais que fait cette créature à terre ? » coupa-t-elle finalement en prenant conscience que ce sur quoi Thor était assis quelques instants plus tôt était un arbre penseur. Encore une fois cette forêt regorgeait de surprises.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Spoiler:

De toutes les créatures des monde, cela devait être des serpents, la répulsion était grande, tout comme l’envie de secouer sa botte , mais il se fit violence . « Je vous en prie, la dernière chose que je veux est d’attirer l’attention de ces choses…sans offusquer les invertébrés ici présent. » répondit-il à la déesse des vagues. Il n’était pas aussi désespéré que cela, mais au moins elle lui confirmait qu’il ne fallait pas bouger. Il tourna cependant la tête pour s’assurer que les deux déesses les accompagnant n’avait pas eu une mauvaise surprise , et supportait ce cortège de rampants. Son regard se posa à nouveau sur Hefring et vu qu’elle avait ouvert la marche, il ne put s’empêcher de pencher la tête quelque peu, sans aucune honte pour apprécier la silhouette devant lui. « Mais je ne comptais pas bouger… j’ai une magnifique vue d’ici » dit-il innocemment et continua à se distraire l’esprit avec les arguments bien mis en valeur par cette tenue qui épousait parfaitement les courbes féminines de la déesse sans pour autant tomber dans le vulgaire. Bien sûr, il ne faisait qu’observer, jamais ô grand Odin jamais il n’irait se noyer dans une des vagues de la famille de sa marraine. La sentence qui en résulterait serait des plus désagréables, il le savait.

Il sortit de sa rêverie quand il entend la voix d’Hefring et regarda autour de lui. « En effet. Princesses vous allez bien ? » demanda-t-il en se retournant vers les deux autres jeunes femmes qui les accompagnaient. Il décida cette fois-ci de fermer la marche, par mesure de sécurité, tout en profitant de l’occasion pour déchirer un morceau de tissu et nettoyer sa joue. Les fines plaies étaient les plus abondantes à saigner semblait-il. Lorsque leur petite troupe s’arrêta, il se planta aux côtés d’Hefring et mit une main devant sa bouche pour dissimuler un sourire qu’il avait peine à cacher. Voir Thor dans cette position, puis voir la Reine être une mère était juste un spectacle magnifique, pour ne pas dire rare. Asbjörn pouvait mourir heureux, il chérirait cette image pour la fin des temps. Enfin, il se faisait violence pour rester discret, notamment parce qu’il n’y avait rien de drôle dans cette situation, ils étaient dans une forêt qui était sous le coup d’un maléfice et le danger pouvait annéantir des membres importants de la famille royale. Mais voir le prince doré devenir un enfant devant sa mère, était juste un moment unique. « Je peux mourir comblé maintenant » murmura-t-il plus pour lui –même que pour ses accompagnatrices.

Il tourna alors la tête pour découvrir Aegir et Ràn et automatiquement mis une distance de sécurité plus importante entre Hefring et lui, se rapprochant ainsi de sa marraine de cœur. Sans étonnement, elle alla droit au but en posant les bonnes questions, notamment sur la créature à terre. « J’aurai bien une théorie, mais… » murmura-t-elle à son encontre mais s’arrêta parce que la pensée qui suivait ce mais était une pure taquinerie qui était vraiment mal placée dans cette situation.

T

hor balaya la foule amoncelée d'un regard austère, qui ne durerait que le temps que son égo se lénifie, ce qui sembla déjà partiellement être le cas grâce aux pygméennes créatures perchées chacune sur une épaule et sur le sommet de son crâne, mèches dorées en guise de brides. Il s'en était allé courir le troll, et voilà qu'il se retrouvait avec des Nisse plein la crinière et un Arbre-Penseur estropié, quoi que la faconde vraisemblablement intacte. C'était mal le connaître de croire qu'il réprimerait toute impétuosité parce que la souveraine l'avait enjoint à plus de bienséance, il respecterait les lisières du décorum tant que le bougre feuillu ne lèverait pas une seule branche sur lui, et il en allait de son intérêt propre. La babine du lion vibra puis se gauchit légèrement en un rictus dédaigneux lorsqu'il fut question d'arrogance, et il veilla d'ailleurs à redresser le menton, drapé dans la plus éclatante de ses morgues. Il était le premier à se savoir orgueilleux et n'avait pas l'intention de changer, pour quiconque, et assurément pas pour un élément du décors qu'il aurait replanté la tête en bas si Frigga n'avait pas fait ingérence dans le conflit. Soudain, le sol se mit à frémir, Thor eut le réflexe immédiat de se rapprocher de sa génitrice et de la loger en sûreté dans ses bras, la maintenant tant en équilibre qu'il s'assurait qu'il dévierait toute hypothétique attaque menée sur elle. Il sourcilla lorsqu'il vit les serpents végétaux s'extirper de la terre, puis il adressa une oeillade torve à l'impudent, auquel il manqua bien de décocher un nouveau coup de Mjölnir en apercevant la paume au-dessus de lui. Il récupéra le dernier des innocents farfadets, qu'il avisa d'un œil fugace avant d'observer le surprenant départ de la faune et la flore en une image qui aurait pu être enchanteresse, s'il n'y avait pas eu cette pestilence d'hostilité.

« C'est cela oui, prends tes racines à tes branches, sauve-toi vite ! Nous nous reverrons, parole de foudre ! » Et ce jour-là n'y aurait personne pour l'empêcher de porter l'estocade. Il fit ensuite volte-face en direction de l'Immortalité manifestement inquiète, et à laquelle il argua tout de go. « Les Ases ne négocient pas, les Ases dominent, j'écraserai celui qui voudra prétendre le contraire ! » Il s'entendit grogner, puis prit conscience de l'intonation peut-être trop âpre qu'il avait involontairement prise, aussi se radoucit-il, et il adressa un sourire confiant à sa belle-soeur. « N'aie crainte Idunn, il n'y a aucune raison pour que la Nature se lève contre nous, n'écoute pas les calomnies de ce bout de bois. Il a simplement cherché à nous effaroucher, mais il n'y a rien dont nous pourrions avoir peur, pas tant que je serai là. » L'Inexpugnable n'avait pas hérité de sa pléthore de titres pour rien, il était et resterait le premier rempart d'Asgard, quoi qu'il advienne. Le désormais juchoir pour Nisse se tourna ensuite vers la reine, à laquelle il présenta son bras. « Mère, si vous le voulez bien, je vous raccompagne. J'aurai l'esprit plus tranquille à vous savoir sous ma protection au moins jusqu'au palais. »