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ichue rocaille mouvante. Depuis le temps, les trolls n'avaient-ils pas eu loisir de comprendre qu'ils n'étaient pas les bienvenus à l'orée de la Cité ? Une traque séculaire que Thor était toujours parmi les premiers à entreprendre, égide d'Asgard oblige, et il en arrivait toujours à la conclusion que ces rondes-bosses sculptées dans la hideur étaient dénuées de tout bon sens. Sans faire de grabuge, lui avait-on dit à lui et les volontaires qui s'étaient proposés pour composer la cohorte de chasseurs, une expression nébuleuse dans l'esprit du tapageur né qui n'avait cure des dommages collatéraux tant qu'il ne s'agissait pas de sujets. Et à quoi bon ergoter ? N'y aurait pas de mansuétude pour l'ignoble créature qu'il n'avait pas l'intention de repousser vers les monts rocheux, mais de simplement extermine à l'aide d'un Mjölnir avide de nouvelles péripéties. Nul ne lui en tiendrait rigueur, pas à lui, le Fils Prodigue, qui ferait selon son bon gré quoi qu'il puisse advenir. Cependant, force était de constater que l'animal était plus matois qu'il ne l'avait pensé, car il avait beau arpenter la sylve sous ses moindres frondaisons, ses recherches demeuraient infructueuses. Filant dans les cieux à l'instar d'un rapace aux aguets, sa patience commençait à être sur des charbons ardents, et il s'entendait maugréer dans sa barbe d'or des incongruités qui auraient conduit des ladies à la pâmoison. Il se fatiguait à survoler les environs plutôt qu'être auprès de son épouse – comme si la prophétesse était inapte à survivre à sa grossesse plus de cinq minutes sans lui.

« Par tous les orages d'Yggdrasil, mais où est-il ?! Un troll ne peut tout de même pas passer inaperçu comme il le souhaite, pas ici ! » Il râla, puis s'immobilisa un instant pour aviser une cavité dans les feuillages des hauts arbres vers laquelle il se dirigea. Veillant à ne point faire trop de bruit, le prince se posa sur un tertre fleuri en plein coeur de la forêt, où il mira les alentours comme s'il suspectait la menace prompte à surgir de n'importe où. « Mh... espérons que les autres aient plus de chance que moi, ou nous y serons encore cette nuit... » D'un air presque badaud, il entama une enquête plus terrestre et se mit à parcourir un sentier de terre, l'éclat vermeil de sa cape jurant avec les teintes naturelles qui l'entouraient et ne le rendaient que plus visible, sans que cela ne l'importune. Après quelques instants, il fit halte près d'une vieille écorce bariolée de muscinées, égaré dans les méandres de ses pensées jusqu'à ce qu'un objet non-identifié ne chût dans son champ de vision latéral et ne le surprenne. Son regard obliqua en direction de ce qu'il authentifia immédiatement comme étant un Nisse, et pour une fois, ce ne fut pas lui qui eut la réaction la plus sonore. Le petit être glapit d'une voix stridente qui fit grimacer le dieu, dont l'auriculaire feignit de déboucher l'oreille. « Aïe ! Mes tympans ! Allons bon, suis-je si effrayant ? Et d'où est-ce que tu tombes comme ça toi ? » Il se pencha pour précautionneusement saisir le lutin miniature, qui prit instantanément peur et se déroba à sa poigne. « Mais ! Viens ici, je ne vais pas te faire de mal ! » Il fallut plusieurs secondes de lutte furtive pour qu'il réussisse à l'attraper et le fasse reposer dans son immense paume, qu'il plaça à hauteur de son faciès pour être plus enclin à distinguer son interlocuteur. « Tu ne t'es pas blessé dans la chute ? Dis-moi, n'aurais-tu pas, par un pur hasard, vu un troll dans les parages ? »

La nature était quelque chose d’important pour la reine. Au vu de ses jardins, on pouvait le comprendre parfaitement. Elle qui aimait également mettre des fleurs dans le palais de temps en temps avait donc été intrigué quand elle avait entendu parler de ronces qui étaient dans les bois. Elle en avait parlé à son époux qui lui avait dit qu’il se renseignait déjà sur le sujet et que plusieurs personnes iraient voir tout cela, pour avoir le fin mot de l’histoire. De son côté, elle alla se renseigner à la bibliothèque. Elle savait parfaitement ce qu’était des ronces, mais elle voulait plutôt voir le pourquoi de cette arrivée. Y avait-il écrit dans les livres pourquoi des ronces pourraient envahir un territoire comme la forêt. Malheureusement, elle ne trouva rien de vraiment intéressant et elle décida d’y aller par elle-même. Elle préféra donc éviter son mari et elle passa dans sa chambre et mettre des vêtements plus adapté pour sa sortie. Une fois fait, elle eu le loisir de parcourir les couloirs sans être apostrophé. Depuis qu’elle avait reprit des forces et que Loki avait été exilé, elle avait besoin de moment seule et cette sortie serait des plus bénéfiques. Une fois en dehors du palais, elle prit la direction de la forêt et remarqua qu’elle était à nouveau seule. Seulement, elle n’eut le temps de faire que quelques pas qu’elle entendit qu’on l’appelait. Des gardes qui voulaient savoir où elle allait et qui étaient près à l’accompagner au besoin.

Je vais seulement aller me promener jusqu’à la forêt. Vous pouvez rentrer, ne vous inquiétez pas pour moi.

Elle savait être convaincante quand elle le voulait, mais elle voyait aussi les regards que s’échangeaient les deux gardes.

J’irai très bien. D’ailleurs, que faites-vous ici ? Odin a appelé tous les gardes dans le palais depuis quelques minutes déjà.

Voyant alors les regards paniqués des deux hommes, elle les regarda filer à toute vitesse et elle se mit à sourire. Parfois, il fallait ruser et aujourd’hui, elle n’avait pas besoin de baby-sitter. Elle entendait déjà la voix de son mari lui dire qu’elle avait été inconsciente, mais elle s’en fichait. La reine voulait voir par elle-même les ronces. Marchant donc vers la forêt, elle finit par voir les ronces. Un tout petit bout, mais elle s’approcha plus. En effet, les ronces semblaient avoir trouvées leurs places parmi les arbres et s’y plaisaient grandement. Soupirant doucement, elle regarda d’abord avec attention ce qu’elle pouvait voir de là où elle se tenait. Elle devait en avoir le cœur net et aller voir d’où provenaient ses ronces. Attrapant sa jupe, elle fut prête à y aller, peu importe ce qu’elle finirait par trouver là-dedans.

Sa présence dans la forêt n’avait rien à voir avec les récentes rumeurs parlant de ronces poussant dans la forêt. Cela ne l’intéressait honnêtement pas. Les ronces, cela poussait comme de la mauvaise herbe, et c’était sans doute dû à un changement climatique mineur ou quelque chose du genre. Sa présence dans la forêt n’était pas non plus dû au fait de faire partie de la petite compagnie qui le matin même avait décidé d’aller traquer un troll. Bien qu’Àsbjörn avait ses oreilles partout et avait un don tout particulier pour relever les rumeurs intéressantes, la véritable raison de sa présence dans la forêt d’Asgard était actuellement contre un arbre et avait des arguments généreux mis à disposition des besoins masculins basiques du Dieu. On lui avait dit de garder ses ébats discrets et cette jeune demoiselle semblait drôlement inspirée par mère nature, pour le plus grand bonheur d’Àsbjörn qui pour quelques minutes se perdaient dans les limbes du plaisir avant de revenir sur Asgard. Un petit rire s’échappa de ses lèvres alors qu’il baisait la nuque de sa douce. Elle le lui rendit et telle un félin semblait ronronner contre lui. « Merci mon seigneur pour cette balade » murmura la demoiselle avant de se rendre à nouveau présentable. « Mais c’est un plaisir et un honneur ma dame. » il lui répondit et fit de même. En la raccompagnant à l’orée de la forêt comme si de rien était, un bruit sourd se fit entendre. Il s’arrêta et se retourna. « Quelque chose ne va pas ? » «Mh ?...non, non, tout va bien. Ne t’inquiète pas » il répondit et offrit un sourire à la jeune femme, mais son attention était déjà ailleurs. « Pourquoi ne retournerais-tu pas en ville ? Je te rejoindrai plus tard » L’Ase le regarda un instant, cherchant à savoir s’il mentait ou non, mais décida de ne pas poser de question. Elle s’en fut, après lui avoir donné un baiser.

Pour sa part, il fit face à la forêt et écouta plus attentivement le silence environnant. Il y avait quelque chose de lourd dans l’air. Peut-être commençait-il à perdre la tête. Peut-être que ses voyages l’avaient rendu trop attentif et sensible à certains phénomènes qui étaient en fin de compte anodin. Il prêta l’oreille, attendant un autre bruit, mais n’entendit rien. Alors qu’il allait rejoindre le chemin de retour vers la cité, il entendit un bruit. Il fronça des sourcils et s’enfonça à nouveau dans la forêt. Alors qu’enfant, il y jouait souvent, il ne reconnaissait aucun point de repère. Un autre craquement au loin, lui fit sortir sa rapière et il continua à avancer prudemment. La paranoïa dans laquelle il s’était mis en croyant qu’il y avait un danger , le poussa à être sur ses gardes, au point où quand il prit vers la gauche suivant les bruits, il fit un bon énorme et sentit son cœur s’arrêter puis tomber dans ses bottes. « Par tous les royaumes … » s’exclama-t-il et remit sa lame dans son fourreau. Il avait cru à une bête ou pire.

Un ciel clairsemé de nuages éthérés, indicateur d’une journée douce et sèche, propice à une promenade loin de l’ardente cité dorée. Nombreux étaient ceux et celles qui avaient délaissé l’ombre des intérieurs pour s’aventurer hors les murs, et ainsi humer les flagrances en provenance de la forêt. Celle-ci encerclait la ville par un côté de sa silhouette irrégulière mais non moins imposante. Alors que deux sveltes silhouettes s’échappaient du cadre urbain pour s’aventurer dans ce paysage luxuriant, le caractère sauvage s’affirmait peu à peu à mesure que les deux déesses se rapprochaient de la lisière. En un laps de temps court, il serait difficile de nier l’évidence : la nature changeait. Et il n'était pas seulement question de son apparence. L’ambiance qui s'exhalait depuis le cœur de la forêt avait quelque chose d’étrange. Presque d’ésotérique. Un sentiment mystérieux que la neuvième vague ne parvenait pas à décrire, alors qu’elle avançait côte à côte avec son amie de longue date dans cette nature versatile. « Bien des choses semblent avoir changé depuis la dernière fois où j’ai mis le pied ici. Et pourtant, c’était il y a peu... »murmura sobrement Hefring, qui coula un regard curieux vers Idunn alors qu’elles pénétraient dans le ventre de la bête. Des senteurs lourdes chatouillèrent son museau lactescent. Le décor avait mué depuis la dernière fois. Etrange phénomène qui laissait la déesse des vagues bien hagarde. Mais peut-être n’était-ce qu’une période de métamorphose transitoire vers un retour proche à la normale ? Bien qu’Hefring en doutait fortement, cette idée avait le réconfort de soulager un tant soi peu ses doutes.

« Je me demande si cet écho sur le troll est fondé… » Au cas où elles tomberaient sur la dites créature, les deux femmes étaient équipées de leur arme respective pour se défendre en bonne et due forme. Un peu d’action ne serait pas pour déplaire à Hefring, qui n’avait connu aucun combat, ni même entraînements, au cours de ces trois derniers mois. Sa fâcheuse altercation parentale l’en avait amèrement dissuadée pendant quelques temps, jetant un froid au cœur de la famille des mers. Cet évènement semblait avoir brisé quelque chose. Un lien immuable devenu si fragile en l’espace d’un instant. Principalement entre elle et son père. La vérité égoïstement délivrée pendant son escarmouche avec le dieu des mers avait laissé depuis lors un arrière-goût décevant. Oui, c’est bien ça. Déception. Hefring avait déçu ses parents en voulant suivre cette voie qu’elle désirait si ardemment, et pourtant si inaccessible à moins de fâcher le reste de la troupe familiale. Ces derniers mois avaient été particulièrement difficiles pour la dernière vague, qui avait finalement trouvé le moyen de ragaillardir son esprit troublé par des visites répétées auprès de la déesse de l’Immortalité. La jolie blonde avait su récupérer de ses blessures, mais sa cadette ne savait que trop bien que certaines plaies en avaient ouvertes d’autres. Son amie d’autrefois, la fougueuse, l’intrépide et surtout, l’ambitieuse, semblait revenir peu à peu sous ces jolis traits polis et respectables. Hefring aimerait s’en réjouir, mais elle ne savait que trop bien les embûches que la muse rencontrerait en chemin. Mais l’heure n’était pas à ces tracas hypothétiques.

Alors que les deux déesses à la chevelure flavescentes sinuaient dans le dédale des arbres noueux et sombres, un craquement se fit entendre à proximité. Les muscles bandés, l’attention étirée, Hefring enroula ses doigts effilés sur le pommeau de son épée, prête à réagir en cas de danger. Son amie semblait réagir tout pareil. Devant elles, les bruits de ce qui s’apparentaient à des pas s’amplifièrent progressivement. Jusqu’à ce que finalement, une silhouette déboule dans l’ombre des arbres.

Un bruit étrange avait trouvé son chemin jusqu’au palais aquatique. Il apportait avec lui des nouvelles d’Asgard qui sortaient de l’ordinaire. À en croire la rumeur, d’étranges épines avaient pris d’assaut la forêt de la cité dorée. Si quelques ronces ne pouvaient effrayer les dieux, leur présence restait mystérieuse et intrigante, d’autant plus qu’elles n’y avaient pas été aperçues lors des printemps précédents. Si cette histoire pouvait paraître loufoque, les yeux de son serviteur ne mentaient jamais, si bien que le dieu des mers ne put écarter cette thèse de son esprit dont la curiosité était dorénavant titillée. Ce comportement anormal de la nature le forçait toutefois à rester sur ses gardes, ne sachant pas ce que ces épines pouvaient réellement dissimuler adroitement. Il se résolu donc à aller voir la scène de l’invasion végétale par lui-même, préférant voir de ses propres yeux ces ronces pour se faire une idée sur toute cette histoire.

Il n’en fallu pas plus pour qu’il aille quérir sa tendre épouse, espérant racheter leurs querelles passées et leur mésentente quant à la gestion de la guerre maintenant terminée. Après tout, il lui devait bien une quête, elle qui ne supportait de rester en cage trop longtemps. Les yeux de Ràn s’enflammèrent d’une lueur familière lorsqu’il lui présenta son projet. Elle ne mit pas long à accepter son offre. S’ils formaient en permanence un couple fort et bien assorti, l’aventure les unissait encore plus. Aegir arborait un visage froid et calme, mais son cœur palpitait d’impatience et d’excitation. Il profita d’un moment d’absence de son épouse partie enfiler son armure pour mandater ses deux serviteurs les plus loyaux de surveiller les vagues, celles-ci étant plutôt capricieuses dernièrement, Hefring la première. Elle était finalement rentrée à la maison et son absence n'avait pas causé trop de désagréments, enfin fallait-il le croire pour apaiser son cœur inquiet. Cette fois-ci, ces ordres seraient suivis à la lettre ou, du moins, l’espérait-il ardemment.

Armés et protégés par leur armure, Ràn et Aegir se dirigèrent rapidement vers Asgard. Si cette quête avait des allures officielles, elle n’était qu’une promenade d’agrément. Grâce aux bons services d’Heimdall, le voyage fut rapide. Le couple des mers se retrouva facilement devant l’immensité verte qu’était sa destination. Quelques pas entre les grands arbres verdoyant donnèrent le ton à la mission qu’ils s’étaient volontairement et gaiment donnée. La forêt semblait résonner d’une infinité de sons sourds et lointains, mais le calme y régnait. Un doux soleil rayonnait au travers des branches épaisses et nombreuses et la lumière dansait joyeusement sur le sol veineux et les troncs massifs. Si, au premier regard, les bois étaient paisibles, il était clair qu’ils renfermaient quelque chose de plus inquiétant et insidieux : des épines qui s’étaient faufilées jusque dans la forêt d’Asgard. Le duo se trouvait encore au pourtour des bois et n’avait pas encore eu le temps d’entamer leur enquête lorsque des bruits leur signalèrent la présence d’autres êtres dans les alentours. Dieux ou bêtes, il était encore trop tôt pour le dire. Aegir serra son poing sur son épée, se préparant à toute éventualité, ne sachant pas ce qui pouvait bien rôder autour.

T

hor se prêta à faire risette lorsque l'avortonne créature cessa de se ronger les sangs quant à des desseins potentiellement meurtriers, contemplant avec amusement l'astéride curieusement prolixe qui se forma alors dans sa paume. L'ironie voulait qu'en traquant un mastodonte barbaresque, c'était sur un lilliputien emprunt d'innocuité qu'il était tombé – ou plutôt, qui avait manqué de lui choir sur le museau. Une rencontre casuelle qui aurait au moins le mérite d'égayer cette chasse jusqu'alors fort monotone, et il ignorait encore à quel point. Devenu sujet d'étude pour le minuscule être, le voile fut promptement levé sur son identité et la simple référence à sa future paternité le mit dans tous ses états, incapable qu'il fut d'empêcher la fierté et l'impatience de suinter par tous les pores de son derme. Les nouvelles allaient bon train, en particulier lorsque l'on occupait une place aussi substantielle que la sienne, et il en allait d'une tradition immémoriale que les Nisse se languissent puis accueillent les nouveaux-nés, nul n'y échappait. « Voilà qui est bon à savoir, je dormirai l'esprit quiet de savoir que mon enfant est protégé ! L'héritier verra le jour dans quelques lunaisons, sois certain que je suis le premier à perdre toute trace de patience, déjà que ce n'est pas le paroxysme de mes qualités... » Il échappa un rire en songeant à sa pauvre compagne qui se devait d'endurer sa veillance pléthorique et la moindre de ses appréhensions, à peu de choses près, l'on aurait aisément pu croire que c'était lui que la gestation tarabustait. Ses pensées furent endiguées par les logorrhées d'un interlocuteur manifestement guilleret et d'humeur à partager, et il ne put qu'agréer au fait que la petitesse ainsi associée à son nom sonnait ridicule, et même ubuesque. Il avait lui-même du mal à coudoyer cette idée, mais il avait jadis tenu dans la paluche de son paternel, ce qui ne risquait pas de se reproduire aujourd'hui. « Je ne sais pas bien, je culmine certes à une digne hauteur mais d'autres ne sont pas à plaindre, tout dépend des points de vue j'imagine. »

Il le vit ensuite ascensionner son épaule et s'agricher à une mèche doré pour se maintenir en équilibre, ce qui s'avérait encore facile tant que la déité ne se mouvait pas. Il semblait que bien malgré lui, il venait de gagner un compagnon de route, avec lequel il ne passerait pas inaperçu s'ils continuaient à palabrer de la sorte. L'Odinson arbora un rictus quant au récit sur la lapine et sa portée, puis le laissa grimper sur le mont de son crâne en mirant ensuite de la direction indiquée. « Par là ? » Il se mit aussitôt en marche, pris de court par l'interrogation florale qui le fit ricaner. « Contrairement à ce que l'on peut penser oui, j'aime beaucoup les fleurs, et la nature en général. Peut-être devrais-je en glaner quelques-unes et ramener un bouquet à ma femme ? » L'Invaincu qui s'en allait bouter du troll et s'en revenait avec des fleurs, ou comment faire dans l'originalité. « A cause de la foudre et de ma propension à tout détruire, les gens tendent à omettre que je fais partie des dieux de la fertilité, et que c'est aussi pour cela que les Hommes me prient. Je fais pleuvoir et permet les récoltes, c'est moi qui féconde la terre lorsqu'elle a soif. Sans pluie, Yggdrasil serait déshydraté et il n'y aurait pas de fleurs, pas de sylves, les royaumes que nous chérissons ressembleraient à ceux que nous exécrons. » et Sif aimait aussi la mélodie des nues qui pleuraient, il ne comptait plus les fois où il l'avait fait pour elle.
Et tandis qu'il parlait, Thor ne prit pas conscience des pas qui le menaient droit dans la clairière où il parvint avant même de s'en apercevoir. Ce fut face à un bien étrange comité d'accueil qu'il se retrouva, une cohorte d'animaux qui n'aurait pas eu matière à l'étonner si parmi eux, ne vivait pas un arbre peu similaire aux autres. « Qu'est ce que cela... ? »

Ce n’était ni un troll, ni une créature dangereuse qui surgit des buissons. Ni même un animal en vérité. Non, les deux amies tombèrent plutôt nez à nez avec la une frimousse aussi blonde que la leur. La tension se délesta aussitôt des épaules fines mais non moins robustes de la fille des mers. Elle baissa son épée devant l’absence de dangers. Tout du moins pour l’instant. Que faisait la jeune épouse d’un des trop nombreux fils d’Odin ici ? La blonde pétulante semblait en pleine cueillette florale. Un loisir inapproprié, en vue des rumeurs qui agitaient nombreux curieux depuis quelques heures. Savait-elle seulement qu’un troll rôdait dans les parages ? « Bonjour Nanna…un troll traînerait dans les environs, paraît-il… » Salutation teintée de sympathie, même si Hefring ne connaissait pas vraiment la déesse de la joie. Bien sûr, elle l’avait rencontrée à quelques occasions, sans pour autant nouer un contact aussi complice que celui qui la reliait à Idunn depuis de nombreux siècles. Le joyeux trio de blondes fut bien vite accompagné par l’arrivée soudaine d’Asbjorn, qui déboula devant elles, arme brandie, l’air hagard plaqué sur son minois. « Asbjorn…en promenade ? » Proche amie de Thor depuis l'aube de leur existence, elle avait eut l’occasion de croiser le cousin du prince doré à de multiples occasions. Mais le sourire de la neuvième vague s’estompa aussi rapidement qu’elle réalisa le dénouement de leur situation : ils étaient perdus. « Nom d’un poulpe…qu’est-ce dont ce tour de magie ? » La muse flavescente persifla entre ses lippes tordues d’agacement. Sans raisons concrètes, le chemin sur lequel elles avaient navigué depuis le début de leur promenade au grand air venait tout bonnement de disparaître. Les quatre infortunés dieux étaient entourés d’une végétation dense et luxuriante. Hefring resserra la prise de ses doigts autour du pommeau de son épée, un brin plus inquiète qu’à l’ordinaire, mais non moins excitée à l’idée de l’imprévu qui les narguait d’une œillade mystérieuse. « Bon…il semble que la forêt soit devenue capricieuse…on a plus qu’à avancer au hasard…sauf si l’un de vous possède un flair imparable… ?» La petite vague observait ses compagnons de sa paire de mirettes intriguées. Elle ressentait la légère appréhension de l’inconnu, mais n’en demeurait pas moins curieuse des changements qui opéraient dans cette forêt sobrement enchantée. Elle se laisserait volontiers engloutir dans le vert intense de ce décor sauvage, si la raison ne la piégeait dans une cage de prudence. Ainsi, le petit groupe se hasarda finalement dans une direction choisie par l’un des membres, avec l’espoir de ne pas s’enfoncer davantage dans le cœur changeant de cette forêt. La déesse des vagues ne s’inquiéterait pas outre mesure de cette situation si elle avait été seule, ou en la compagnie d’Alhek. Errer dans l’infortuné paysage pour chasser ou simplement se dégourdir les jambes était monnaie courante chez l’esprit rebelle de la mer. Mais voilà. Elle était accompagnée d’un petit groupe inhabituel et ne pouvait agir au grès de ses désirs.

Les gardes qu’elle avait fait fuir vers le palais allaient bien vite comprendre qu’elle avait mentie. Elle devait donc faire en sorte d’aller vers la forêt le plus vite possible, tout en restant discrète. Une fois face à toute cette verdure, elle regarda d’abord ce qu’elle pouvait voir, avant d’y entrer. Seule, elle resta sur ses gardes, mais avança doucement, allant vers quelques branches d’arbres. Elle devait trouver les ronces dont beaucoup parlaient, seulement, elle entendit un bruit. Se retournant, elle ne vit à droite, mais un mouvement sur sa gauche la fit alors sursauter. Ce fut encore plus étrange quand elle vit face à elle un cerf blanc. Voilà un animal qu’elle n’avait encore jamais vu. Bien évidemment, beaucoup d’histoires étaient faite sur cet animal, mais elle avait toujours pensé que si elle devait en voir un de ses propres yeux, elle n’en verrait que la bonté et l’âme de la forêt. Regardant autour d’eux, elle ne vit aucun autre animal. Il était donc seul et toute son attention se focalisa sur l’animal.

Que fais-tu seul ici ?

Fixant l’animal, elle savait que la nature cache bien des choses, mais elle ne voyait pas comment un tel animal pourrait lui faire du mal. Même si elle entendait déjà son époux et d’autres lui dire qu’elle avait été inconsciente et qu’elle devrait toujours être sur ses gardes. Seulement, elle n’est pas comme tous ses guerriers qui foncent tête baissée vers la bataille et qui pose ensuite des questions. Elle préférait croire en la bonté des gens et aujourd’hui de cet animal. Alors, elle décida de faire quelques pas vers lui, mais avec un peu de distance malgré tout.

Je ne te ferais pas de mal.

Quelque part cette phrase était sortie également pour elle. Même si elle croyait en la bonté d’un cerf blanc, elle savait qu’un animal, quel qu’il soit pouvait charger pour se défendre. Fronçant les sourcils, elle continua de fixer l’animal, comme s’il pouvait lui dire pourquoi il était là et qu’il avait toutes les réponses à ses questions. Alors, elle décida de ne pas baisser les bras et elle approcha encore plus. Il ne restait que quelques centimètres avec l’animal, mais il n’avait pas bougé. C’est pour cela qu’elle osa avancer son bras pour essayer de poser sa main sur son museau et pouvoir l’approcher totalement.

La main tout près de son épée, le dieu des mers attendait silencieusement que la source de ce vacarme sourd se présente à eux. Sa respiration s’intensifiait quelque peu, sentant l’adrénaline lui parcourir la colonne vertébrale et se répandre dans tout son être. Si les évènements récents avaient poussé Aegir à l’épuisement et à la crainte, cet après-midi d’enquête en amoureux ne saurait être interrompu par un étranger venu les embêter. À deux épées, ils sauraient venir à bout de tant de choses, comme ils l’avaient toujours fait avant. Le couple se tenait aux abords de la forêt, encore forts, fiers et grands, malgré tout. Il fixa son regard en direction de son épouse, gardant en tête que le danger rôdait autour d’eux, même à Asgard. Leur discussion antérieure lui revint à l’esprit et le guerrier se demanda s’il avait bien fait d’aller chercher l’aide de sa tendre moitié, mais un regard vers Ràn avait suffi à calmer ses craintes. Elle se battait comme les valkyries, toutefois elle restait plus vicieuse dans ses coups, plus violente et cette simple idée de voir l’amour de sa vie frapper à grands coups de fer sur tout ce qui pouvait s’échapper de cette masse d’arbres immenses le réjouit.

Le sol vibrait constamment, mais les coups s’intensifiaient rapidement. On s’approchait à vive allure. Alors qu’Aegir s’adonnait à cette critique flatteuse de l’habile combattante, une ombre qui impressionnait par sa démesure vint à battre les arbres qui semblaient alors si frêles et se trouva alors à quelques mètres seulement des dieux. Un troll dans les bois d’Asgard. Voilà quelque chose d’inattendu, se dit-il. Après tout, ils étaient venus pour trouver des ronces intrigantes et ils se retrouvaient pourtant devant un imposant adversaire qui ne semblait pas résonner logiquement. Son regard éteint et son visage frustré ne faisait qu’ajouter à cette scène plutôt cocasse. Le dieu gardait toutefois ses distances, les trolls pouvaient être si imprévisibles qu’il valait mieux s’en tenir loin. À son habitude, sa femme ne suivit aucun commandement de la bien séance et de la prudence et se jeta tête baissée dans la bataille qui s'annonçait rude.

Si le cœur du dieu battait rapidement à en rompre sa poitrine, son visage affichait un sourire sournois. Les menaces de sa tempétueuse épouse le faisaient toujours rire, bien qu’elles soient toujours fondées. Il savait qu’elle le ferait en un battement de cils et ça lui plaisait toujours autant. Il avait vécu sa vie selon ses propres règles dernièrement et ça n’avait pas porté ses fruits. Sa prudence ne saurait pas sortir sa femme de cette situation délicate. Elle avait le chic pour se mettre les pieds dans les plats, mais se convainquait toujours de son habileté à s’en sortir toute seule. Et lui, il jouait derrière la scène, dans l’ombre de sa femme, à tirer des ficelles et à lancer des mots pour apaiser les tempêtes. Ce troll n’aurait pourtant que faire de ces jolies phrases bien tournées que l’on sert aux dieux. Il ne comprendrait que le fer et la grogne. Il décida donc de suivre sa femme dans son étourderie guerrière et de faire front commun devant ce mur de chair qui s’était échappé d’un trou d’ombre des bois. Il s’approcha alors de la créature titanesque et dégaina son épée d’un geste rapide et théâtral. À deux, ils ne sauraient être vaincus.

« Crois-moi, il vaut mieux écouter la jolie dame à l’épée tranchante. »

Ils avaient toujours été ensemble et le seraient jusqu’au bout.

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ne truculente convergence d'espèces comme il en avait rarement vue, et un conciliabule forestier de cet acabit couvait inéluctablement quelque chose. Le plus nigaud des dieux ne se serait point laissé leurrer, et ce ne serait certainement pas le prince doré qui se ferait renvoyer à ses pénates. A présent que sa curiosité était piquée à vif, lui qui était initialement venu pour débusquer un troll, il n'avait pas l'intention de quitter les lieux tant qu'il n'aurait pas découvert le fin mot de l'histoire – et son intuition lui susurrait que ce faire ne serait pas aussi aisé. La seule façon dont l'arbre mouvant le toisa suffit à l'en persuader, et c'était compter sans l'impromptue réaction du Nisse qui se dissimula sous un voile capillaire dans l'espoir de passer inaperçu. Thor avait connu des antagonistes autrement plus imposants que ce conglomérat de rameaux mal feuillu, qui osait en plus faire preuve de suffisance à son égard. Sénile au point d'en être devenu aveugle ? Ignorait-il donc à qui il s'adressait ? Ou peut-être ne le savait-il que trop bien, et dans ce cas, l'entente serait tout si ce n'était cordiale. « Petit... Petit ?! Et tu parles d'incongruité vieux tas de bois ?! » Ils n'avaient pas élevé les écureuils ensemble aux dernières nouvelles, et en plus de se montrer impudent au possible, voilà qu'il effarouchait la frêle créature qu'il sentait trembler dans sa crinière. Si le guerrier s'apprêta à objecter, il se tut toutefois pour contempler les animaux docilement se disperser, une inattention qui ne serait pas sans conséquence. Avant même qu'il ne puisse réagir, un étau se referma autour de lui et ses chausses quittèrent le sol. « Repose-moi tout de suite ! » Rauqua le fauve courroucé qui n'eut pas le temps de s'extirper avant de faire office de projectile, il fendit les airs avec stupeur et heurta une souche de plein fouet qui se déracina par la même occasion.

Dans un feulement plaintif, le flavescent adonis se redressa, vérifiant au passage qu'il n'avait pas écrasé le pauvre Nisse dont il entendit la doléance. Un succinct coup d'oeil, puis il se releva, l'écume aux lippes, et se hâta de faire le chemin inverse jusqu'à réapparaître devant son adversaire. « Tu oses... » Il prit soudain conscience qu'une coiffe s'était invitée dans ses cheveux, des bâtons qui donnaient alors plus l'impression d'être une ramure qui ne lui seyait pas. En grognant, il s'en débarrassa et reprit. « Tu oses agresser l'héritier d'Odin ?! Par tous les dieux de notre panthéon, je vais te transformer en bûches et te jetterai dans l'âtre de mes appartements ! » Sans plus attendre il entama de promptes foulées, décolla du par terre et percuta l'Arbre-Penseur qu'il fit choir à la renverse dans un tapage sans nom. Bien accroché au tronc sur lequel il se mit en équilibre, il fut sur le point d'abattre Mjölnir sur le bras dextre lorsqu'il aperçut un autre Nisse, qu'il prit le soin de récupérer et de mettre sur son épaule en gageant qu'il se tiendrait vite à une mèche. Il esquiva ensuite un revers de branches et brisa ledit bras en contre-offensive, avant de se tenir à hauteur du faciès ennemi, toujours campé sur lui. « Tu me jauges de moins haut tout à coup hein ?! Fais preuve de la déférence que tu dois à un prince asgardien, et peut-être te laisserai-je en vie. J'ignore qui tu es ou ce que tu es, bien que j'aie ma petite idée là-dessus, et peu me chaut ! En revanche, tu vas me dire quels complots s'ourdissent ici ! »

La surprise fut charmante, et non déplaisante quand Ásbjörn reconnut chacun des visages se présentant devant lui. Ils leur fit à toute une légère révérence . « Mesdames, quelle charmante surprise. s’exlama-t-il avec un magnifique sourire. L’ase abaissa sa rapière et se tourna vers Hefring quand celle-ci s’adressa à lui. On pourrait dire cela Dame Hefring , mais je suppose que ce n’est pas la promenade qui vous a attiré en ces lieux ? demanda-t-il d’un air espiègle. La déesse des vagues était sans doute à la recherche du troll qu’on avait cru apercevoir entre les arbres de la forêt, mais Ásbjörn ne faisait jamais trop confiance aux ragots qui sortaient des bouches des hommes enlacés dans des quantités d’alcool. Il était sans doute une sage décision de retourner dans la cité, pour ces jeunes dames, et il allait faire de même quand dans l’espace d’un battement de paupière se dressa tout autour d’eux un épais et noir mur de branches aux épines impressionnantes. Les instincts de l’ex garde étaient de nouveau en alerte, alors qu’il sortait son poignard, plus pratique qu’une rapière pour tenter d’avancer. Le temps n’était plus aux plaisanteries, peu importe ce qui causait ce fait extraordinaire , il valait mieux sortir de cette forêt. Même si ce n’était plus son rôle officiel de protéger Odin et la famille royale, il se rapprocha cependant d’Idunn et de Nanna, sachant que Hefring pouvait très bien se défendre, non pas que les deux autres blondes n’en étaient pas capable, mais Idunn ayant déjà été enlevée une fois et Nanna était encore jeune, mieux valait être prudent.
Je suis d’accord, il ne faut pas s’attarder ici, mais avancer au hasard peut être tout aussi dangereux. J’ai grandi dans ses bois, si les Nornes n’ont pas changé la disposition du monde , il faut aller vers l’Est » informa-t-il le groupe en se frayant un chemin entre les branches entrelacées. Avancer était plus simple à dire qu’à faire, car plus ils s’enfonçaient dans la noirceur des lieux, plus l’étau de branches aux épines semblait se resserrer autour d’eux. Ásbjörn tenta de les couper pour faciliter le passage, mais tout ce que cela apporta fut un gifle qui lui lacéra la joue. Trop vivant pour un vivace …c’est définitivement l’œuvre de quelque conque magie puissante. commenta-t-il en portant une main à sa joue tout en grimaçant. Pour être honnête, il ne savait pas réellement s’ils arriveraient à sortir, mais ce n’était pas le moment de montrer son inquiétude. Ce qui l’inquiétait le plus après cette explosion torsadées d’épines, c’était bien le calme et le silence ambiant. Cela ne signifiait rien de bon, cela était à ses yeux le calme avant la tempête, et pas sûr qu’il ne veuille réellement être au cœur de cette tempête. Nous ne devrions plus être loin d’une clairière. informa-t-il le groupe, mais s’arrêta net quand il sentit le sol se mouvoir. Il crut d’abord à une hallucination, puis un autre tour de la nature, mais en y regardant de plus près, il réalisa que c’était des serpents. Par Odin, il détestait les serpents. Ne - faites - aucun – mouvement – brusque . dit-il lentement en ayant les yeux fixés sur les reptiles. Quel horreur. Je serai preneur d’idées mesdames, parce que si une de ces bestioles me frôle encore une fois, je crois bien ne plus être maitre de moi-même. admettait-t-il sans aucune gêne.

Les épines de fer

Petite balade en forêt

Le troll semblait récalcitrant à les attaquer, comme si quelque chose le retenait. Leurs épées n’avaient fait qu’envenimer cette situation qui était déjà délicate à la base. Mais l’acier ne pouvait porter tout le poids de la faute, sa volcanique épouse avait elle aussi une bonne part de responsabilité. Ses propos ne faisaient qu’augmenter chez le gaillard une hargne caractéristique de sa race. Il avait été en maîtrise de ses pulsions au tout début, malgré une arrivée haute en couleurs, mais c’était officiellement résolu maintenant. L’arrogance de sa femme faisait encore et toujours sourire Aegir, pourtant comme à chaque fois venait un temps où elle ne pouvait plus gérer seule les embrouilles qu’elle s’évertuait corps et âme à provoquer. Et c’est à ce moment précis qu’elle s’était retournée vers lui pour requérir son aide, avec ce même ton narquois qui dénotait une telle fierté. Elle ne s’avouait jamais vaincue.

Bien que la magie d’Aegir fût puissante et impressionnante, l’effet de surprise restait sa plus grande arme, celle qu’il valait mieux employer contre ce troll récalcitrant. Les mots ne fonctionnaient visiblement pas et le temps pressait. Après tout, le couple n’avait pas quitté son royaume d’eaux salées pour venir jouer au plus malin avec une créature qui ne savait pourparlers qu’à la lourdeur de ses poings et de ses coups. Ils étaient venus pour une mission qu’ils s’étaient eux-mêmes confié, sans réellement savoir sur quoi ils tomberaient à la fin, mais Aegir n’avait pu concevoir qu’une créature à la peau de cuir se trouverait si près de la bordée de la forêt d’Asgard. Il s’attendait à voir des racines énormes ou quelques créatures inoffensives et gazouillantes sous un soleil clément, pourtant, c’était cette bête enragée qui leur avait servi de comité d’accueil. Même si la mer regorgeait elle-même de créatures qui feraient pâlir de honte ce troll imposant, le roi des océans regretta quelque peu sa décision de venir en ces lieux avec sa femme. L’eau lui manquait, elle était prévisible pour lui. Il avait le contrôle, l’avantage. Ici, il n’était qu’un dieu de plus à détruire aux yeux de leur adversaire féroce. Il se résigna donc à user de ses dons qui faisaient sa renommée dans tout Yggdrasil. L’attention de troll était captivée par les mouvements furtifs de la déesse tempétueuse, celle-ci étant elle-même concentrée sur ses faits et gestes. À quelques mètres de là, le magicien se tenait droit et concentrait son esprit sur cette formule runique qu’il avait fait maintes fois auparavant. Ces runes n’avaient plus de secret pour lui et c’est sans cérémonies ni grands mouvements magistraux qu’il y alla de ce vieux sort qui saurait berner le colosse. Tout son être raisonnait de cette magie qui l’habitait depuis des siècles, depuis toujours. Sa respiration était lente et ses yeux s’étaient fermé l’espace d’un instant, voyant dans le noir ces écriteaux runiques qu’il avait vus si souvent dans les livres que contenait sa bibliothèque marine. Au moment de terminer cette incantation, le corps du dieu se délivra de cette transe et, avec de grands mouvements rapides, il s’élança vers son épouse qui s’adonnait encore à des pas de danse inconnus du géant. Aegir attrapa la guerrière dans ses bras, mais nul mal ne pourrait leur être fait alors même qu’ils se trouvaient à quelques centimètres seulement du troll puisque la magie de dieu des mers avait encore une fois vaincu les futiles coups d’épée de sa femme. Ils étaient invisibles.

Aegir déposa doucement sa main sur la bouche de Ràn et l’attira avec lui vers un coin reculé, derrière quelques grands arbres. Leurs pas étaient feutrés et lents. Les dieux n’étaient plus et le troll semblait perplexe, regardant dans tous les sens pour retrouver ces êtres qu’il devait à tout prix tenir hors de cette forêt.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Spoiler:

Les épines de fer

Promenons nous dans les bois..tant que déesse nature n'y est pas...

L’Est. Au moins, ils avaient une direction à suivre...De quoi leur donner un indice tangible pour avancer dans cette masse verte et luxuriante. Les quatre déités s'articulèrent ainsi dans ce dédale d’arbres et de buissons se succédant si intiment que leur avancée était synonyme de tâtonnement prudent. Hefring fermait la marche, jetant par moment quelques coups d’œil par-dessus son épaule pour veiller à leurs arrières. Mais la pénombre des bois n’offrait rien de rassurant. Pas celle-ci en tout cas. Et pourtant, dieu sait comme il était usuel pour la déesse des vagues de s’aventurer dans le noyau imprévisible des forêts de Vanaheim. S’imprégner de la pénombre entrecoupée de filets safranés en quelques endroits privilégiés n’avait pas de secret pour la pétulante blonde. Mais étrangement, le climat de cette forêt différait de tout ce qu’elle avait pu braver jusqu’alors. L’appréhension se mêlait à la curiosité dans un cocktail piquant chez la neuvième vague, qui dut finalement se stopper net lorsque le sol stable et inerte adopta une étrange texture. Courbant l’échine de quarante cinq degrés en direction de ses pieds, elle y découvrit une masse de longs corps écailleux prenant soudain plaisir à engloutir le bout de ses bottes. Fitchre! « Hum…v’là autre chose.. »grogna t’elle d’un murmure adressé à elle-même. Ses compagnons d’infortune n’avaient, eux-aussi, eu d’autres choix que de se statufier dans cette foulée grouillante de venin prêt à être employé à tout moment. « A part se dorer à l’ombre jusqu’à espérer leur départ…je nous vois mal courir au triple galop en échappant à une paire de crocs venimeux…je vous conseille donc de ne pas bouger Asbjorn, si vous ne voulez pas davantage attirer l’attention de nos nouveaux compagnons… » Elle frissonna lorsqu’un petit intrépide s’aventura le long de sa cheville pour s’enrouler autour de l’épais cuir de sa botte. Les serpents ne l’effrayaient guère, mais lorsqu’ils étaient venimeux et en troupe, l’affaire était d’ore et déjà mal engagée. Hefring n’avait aucune d’idée de la façon de se sortir de cette singulière embuscade. A part rester immobile comme un arbre ancestrale. Ses doigts crispés autour du pommeau de son épée ne lui offrait aucun réconfort, car elle ne serait que d’un maigre soutien contre la rapidité de ces reptiles. C’est dans ces moments là qu’elle songeait alors, avec une certaine honte refoulée, qu’elle aurait du mettre un peu plus du sien pour assimiler les leçons magiques avec son père plutôt que de bailler et grogner à toute heure dépensée dans la bibliothèque.

Heureusement, l’immobilité des quatre aventuriers perdus sembla porter ses fruits. Peu à peu, les colonnes de serpents se dispersèrent autour d’eux, libérant leurs pieds de leurs corps noueux pour finalement se faire avaler par les buissons alentours. Les voici donc à nouveau seuls. Et vivants. Tous. Livrés à eux-mêmes dans l'inconnu. « Pfiou, bien contente de ne pas être sur leur liste de repas...bon, je conseille qu’on déguerpisse de là avant qu’ils ne changent d’avis ! Cette forêt est vraiment..étrange » Pas mécontent de bouger, la petite escouade de divinités déboula finalement dans une petite clairière où le soleil parvenait à se frayer un chemin en quelques endroits. Et quel heureux hasard, celle-ci était déjà tâtonnée par deux divinités qu'Hefring n’eut aucun mal à reconnaître. Et pour cause ! Le prince doré et son frère, le dieu de la guerre, se trouvaient là, face au petit groupe qui venait de surgir de l’ombre des arbres, l’air franchement hagard. « C’est réunion petit comité par ici… »marmonna t’elle en lorgnant tout le beau monde, la curiosité au bord des lèvres.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Spoiler:

Toutes les histoires n’étaient pas fausses. Pour preuve, elle se retrouvait face à ce magnifique cerf. Ce dernier ne semblait pas lui vouloir de mal. Alors, elle s’approcha de le plus possible, tendant même la main pour pouvoir le toucher. Malheureusement, elle n’en eu pas le temps, car un bruit se fit entendre. Ca n’était clairement pas discret, mais quand elle se tourna vers le cerf, elle le fixa quelques instants. Le bruit avait clairement mit sa curiosité en éveille et la reine décida d’aller y jeter un œil. L’animal n’avait pas bougé, mais elle savait que si elle partait, il ne resterait pas l’attendre. Tant pis, elle devait voir ce qui se passait. Se faisant le plus discrète possible, elle finit par entendre plusieurs voix. Finalement, elle pu voir un petit groupe de personnes, dont elle reconnue surtout son fils Tyr. Tous regardaient dans la même direction, alors elle leva les yeux vers le même endroit découvrant ainsi son premier fils.

THOR !

S’avançant, elle n’était absolument pas d’accord avec ce qu’elle voyait en cet instant. En même temps, Frigga et la nature, c’était une longue histoire d’amour, si on pouvait ainsi dire. Alors que son fils ose s’en prendre à un arbre de la sorte n’était pas quelque chose qu’elle appréciait.

Descend de là immédiatement !

Il avait intérêt à l’écouter. En temps normal, elle n’était pas une mère qui s’emportait après ses enfants. Thor ne l’avait pas du entendre sa mère hausser le ton de la sorte. Surtout pas contre lui, qui avait toujours été un fils agréable et conciliant. Mais cette fois-ci, il n’y échapperait pas.

Je ne le répèterai pas.

Elle était des plus sérieuses et se fichait pas mal de savoir si les autres personnes présentes se moqueraient du fait que Thor se fasse gronder par sa mère. C’était pour elle inadmissible et c’est pour ça qu’elle se rapprocha le plus possible de l’arbre où son fils était perché, pour avoir des explications sur son comportement actuel. De plus, elle se doutait qu’au vu des tensions entre Tyr et Thor, la scène pourrait être amusante, pour le dieu de la guerre, mais s’il fallait hausser le ton avec lui aussi, pour qu’il ne vienne pas mettre son grain de sel, elle le ferait. Elle comptait bien faire comprendre à Thor que son comportement était plus qu’inapproprié et faire taire les mauvaises langues qui voudraient entrer dans la conversation sans y être invité.

Spoiler: