La journée avait été calme jusque-là. Du moins pour Arild qui s’était levé tôt afin d’honorer les commandes d’armes qu’il avait reçu. Le bruit du marteau sur l’acier avait donc débuté tôt, mais les habitants du village étaient habitués. Un peu avant dans l’après-midi, des cris se mirent à retentir. Le forgeron ne les entendit pas immédiatement à cause du bruit du marteau mais il finit par sortir la tête de son atelier. Une fillette pleurait dans les bras d’une mère, des hommes se précipitaient vers le lac et les murmures allaient bon train. Il perçut des bribes de conversation, des mots qui surgissaient soudain. Serpent. Garçon. Danger. Un serpent ? Arild tiqua. Un serpent ne provoquerait pas un tel émoi. Mais au loin, près du lac, des mouvements étranges perçaient à travers les arbres. Un serpent géant. C’était le mot qu’il n’avait pas entendu.

Ni une, ni deux, Arild enfila son veston de cuir bouilli par-dessus sa chemise, il attrapa son arc et un carquois de flèches et se dirigea vers l’attroupement. Des hommes avaient déjà tenté de s’en prendre à l’animal en jetant marteaux et haches. A quoi pensaient-ils réellement ? L’assommer par miracle ? Un homme leur criait d’arrêter, qu’ils risquaient de toucher l’enfant. Et il n’avait pas tort. Arild lui jeta un œil, il ne l’avait jamais vu dans le village, étrange… il lui semblait pourtant avoir rencontré tout le monde… au moins croisé. Etait-ce un piège alors ? un traître ou un espion venu d’un clan ennemi ? Pourtant, il était bien calme face à ce serpent. Arild reprit ses esprits et contempla la créature horrible qui leur faisait face. L’enfant criait et pleurait. Arild ne supportait pas les pleurs d’un enfant. L’homme étrange suggéra alors la ruse, mais la ruse face à un animal d’une telle envergure ?

Près des canots destinés à la pèche, Arild avisa un filet. « Utilisons les filets de pêche pour immobiliser l’animal ! En utilisant les flèches nous pourrons les projeter sur lui. » suggéra-t-il alors. Mais il restait toujours le problème de l’enfant et si l’animal le lâchait de cette hauteur, l’enfant ne survivrait pas. L’un d’entre eux pouvait-il escalader la bête pour assurer la sécurité de l’enfant ? Non. Elle bougeait beaucoup trop. Arild s’empressa d’attraper l’un des filets les plus grands et il l’attacha à une flèche de sorte qu’il puisse retomber sur l’animal en étant ouvert. Le tir était difficile, il fallait prendre compte de la présence du filet et si le forgeron n’était pas mauvais à l’arc en temps normal, il ne s’était jamais entrainé à tirer avec un poids de ce genre accroché à la flèche. Il banda l’arc, visa haut pour compense le poids. Peut-être quelqu’un aurait-il une meilleure idée pour améliorer son plan, ou en avoir un différent.

Cette journée avait commencé de la même manière que celle qui la précédait. Je me hâtais de faire les tâches de la maison tout en vérifiant que le petit monde qui vivait à l'intérieur de ces quatre murs, était bien en place. C'était en ouvrant les fenêtres que je remarquais l'agitation dehors. L'oreille tendue, j'appris qu'un petit garçon était retenu prisonnier dans les griffes d'un monstre. Mon petit frère Ragnar n'avait pas pu s'empêcher de traîner dans mes pattes, et ce dernier voulait suivre les hommes du village qui partait justement en direction du lac gelé pour venir en aide au jeune garçon. D'un ton autoritaire, j'interdisais le seul mâle valide de la maison de quitter cette dernière, il devait rester avec ses deux grandes sœurs, pendant que moi j'irai sur les lieux. Le fils prodigue de la famille Holmström n'était vraiment pas content, mais j'étais sa grande sœur et celle qui dirigeait. Pour le moment, il obéissait encore, mais cela ne devrait plus durer dès que mon frère serait suffisamment fort pour brandir une hache au-dessus de sa tête. J'attrapais mon arc ainsi que mon carquois juste avant de franchir la porte d'entrée, et je suivais le mouvement de foule.

En arrivant sur les lieux, je fus estomaquée de ce que j'avais sous les yeux. Un serpent géant dans le lac gelé. La créature sortait tout droit d'un conte d'enfant. Les pleurs du jeune garçon pris au piège de cet être abject me faisait mal au cœur. Très vite, quelques hommes lançaient leurs haches aiguisées sur le serpent, dans l'espoir que ces dernières abattent l'abomination. Malheureusement, leurs gestes n'avaient aucun effet sur le serpent, sa peau semblait invulnérable. Un inconnu - capuchon sur la tête -, avec une voix forte et puissante somma qu'il était futile de lancer des haches, de un les écailles protégeaient trop bien la bête et de deux qu'ils pouvaient blesser accidentellement le prisonnier. Il nous conseilla d'utiliser la ruse plutôt que de l'attaquer frontalement. Ce qu'il disait semblait juste, mais plus facile à dire qu'à faire. Comment vaincre un monstre pareil, alors que nous étions quasiment tout à découvert ? Entre les bruits du serpent géant, la glace qui craquait et les pleurs du gamin, une autre voix se fit entendre. Arild suggéra d'utiliser les filets pour immobiliser la bête en s'aidant de flèches. Ida appuyait la suggestion du forgeron tout en soumettant qu'une lance amènerait plus de dégâts que les épées et les haches.

Leurs idées jumelées semblaient faire un bon plan, mais nous avions en face de nous un imposant adversaire. Étant amatrice de chasse, pour immobiliser le gibier il fallait entraver ses membres inférieurs ou supérieurs, or là il s'agissait d'un serpent. « Si nous lui crevions les yeux à l'aide de nos flèches, cette créature se retrouvera affaiblit et nous aurons sans doute plus de chance de l'entraver et sauver l'enfant ? »

Une journée comme les autres. Père travaillait à la forge. Pendant que qu'Erwin et moi-même étions partis dans l'optique de retenter notre chance à la chasse. Bien sûr nous allions revenir probablement bredouille ou sans gibier, mais il ne fallait pas perdre espoir. Les choses finiraient par s'améliorer. Oh bien sûr secrètement, j'espère pouvoir revoir la mystérieuse femme que j'avais pu voir plusieurs fois, mais sur ce plan là aussi j'étais souvent bredouille. C'était une journée bien ordinaire. Sauf que nous n'étions jamais à l'abri de rebondissement. Je fus interpellé par une jeune enfant courant, elle finit par crier. Certains se mirent à rire, imbéciles, cette enfant ne mentait pas ça se voyait. Je me penchai vers elle pour lui demander où est-ce que l'incident s'était passé. Je jetai un regard à mon aîné, la chasse allait se révéler un peu plus mouvementée que prévue.

Un serpent géant, ça c'était une bête qu'on ne s'imaginait pas voir dans notre monde, pas d'aussi près en tout cas. Rapidement les hommes du villages suivirent et s'attaquèrent à l'animal... sans grand succès. Une voix s'éleva, un homme plutôt intelligent vu ses remarquent. Qu'importe son identité, il avait raison la force brute ne passerai pas au travers de ses écailles. Il fallait utiliser sa tête. J'essayai de prendre du recul pour trouver une solution, cette bête bien avoir un point faible. Erwin essaya de me parler, mais je le coupai net. Chut je réfléchis. Toi, réfléchir, c'est bien la première fois que... C'est nouveau, ça vient de sortir, terminai-je avec un ton ironique. La voix d'Arild qui semblait avoir une idée. Un arc, un filet, une flèche ? Je pense que fixer le filet à une lance serait plus efficace, les flèches risquent de ne pas résister au poids du filet. La combinaison de nos idées était la meilleure solution. J'osais juste espérer que la bête de se débatte pas trop, si l'enfant venait à tomber ou a se blesser à cause de la panique. Il fallait prendre en compte ça. J'avais besoin de prendre de la distance pour bien analyser la situation. J'étais un archer, j'étais plus efficace de loin. Puis la voix d'une demoiselle se fit entendre, son idée était fortement respectable et digne d'une chasseuse. Je la regardai, c'est vrai que la solution état respectable. Laissez moi joindre mon arc au vôtre lady Aela, je ne pus m'empêcher de lui faire un sourire discret. Puis forcément, on parlait de flèche c'était mon domaine. Mais il devait y avoir une autre chose, il fallait analyser le comportement de la bête. Comme avait dit l'homme plus tôt il fallait faire preuve de ruse, probablement plus de ruse que quelques flèches. Mais je n'arrivais pas à voir quoi. Réfléchis Sven réfléchis.