CÉLÉBRATION DU PRINTEMPS ϟ banquet, topic commun

**ϟ INSCRIPTION** : 20/11/2013

ASGARD

célébration du printemps

Les rires résonnent dans la grande salle du trône, il y a bien longtemps que ce n'était plus arrivé. Lentement mais sûrement, Asgard se relève. La reconstruction de la cité est entamée depuis de nombreux jours maintenant, et celle-ci est en bonne voie. Doucement, les esprits s'apaisent et la cité reprend forme et vie. Pour fêter l'arrivée imminente du printemps et redonner sourire et espoir au peuple, un grand banquet est organisé dans la salle du trône, transformée en salle de fête pour l'occasion. Les portes du palais ont été ouvertes aux Ases, aux Vanes et aux elfes de lumières, tous sont les bienvenus pour célébrer la nouvelle saison, mais aussi la victoire sur les Jötuns avec un peu de retard. L'hydromel coule à flot dans la grande salle, et les serviteurs font une ronde incessante avec des mets aussi divers qu'appétissants sur leurs plateaux, dans le seul but de faire plaisir aux invités.

A SAVOIR : Ce sujet est ouvert à toutes les divinités, Ases, Vanes et Valkyries keur

, et se situe en début de soirée, environ trois semaines après l'attaque d'Asgard et la victoire de Jötunheim. Le procès de Loki n'a pas encore eu lieu (d'ailleurs si quelqu'un est volontaire pour lui apporter une coupe d'hydromel et une part de gâteau à son cachot, ce serait gentil). Amusez vous bien, ce sujet est mis en place pour faciliter les rencontres entre personnages, alors n'ayez pas peur

Le nombre de mots maximum par post est de 600.

the taste of happiness

They say a person needs just three things to be truly happy in this world: someone to love, something to do, and something to hope for.

C'était presque étrange, d'entendre les rire résonner à nouveau, de voir des mines réjouies et détendues à la place de celles chagrines et endeuillées. Pour un peu, l'on aurait presque pu croire que rien n'était arrivé, que ce banquet n'était qu'un parmi tant d'autres. Oui, oublier les trahisons, les attaques, les morts et tout le reste aurait pu être facile. Mais il me semblait que la grande salle était emplie des spectres de ceux qui n'avaient pas la chance d'être là à célébrer la venue du printemps avec vous, et je n'étais sans doute pas la seule à avoir cette drôle d'impression. Ou peut-être était-ce simplement parce que je n'avais pas avalé ne serait-ce qu'une seule goutte d'hydromel. Depuis le début du festin, j'avais poussé discrètement toutes les coupes que l'on me servait jusqu'à la main de Thor, qui ne s'était pas fait prier pour les avaler à ma place. Assise sur la cuisse de ce dernier, un bras passé autour de ses larges épaules, j'étais restée sagement là, m'amusant davantage de son expression béate de bonheur que des tours des hommes déjà ivres et des plaisanteries lancées de tous les côtés. Cela me mettait du baume au cœur, de le voir si heureux. Son expression et son humeur avaient radicalement changées depuis que je lui avais annoncé qu'il allait être père, et je m'en félicitais. La nouvelle n'avait toujours pas été annoncée de manière officielle, mais quelque chose me disait qu'il était fort possible qu'il saisisse la première occasion qui se présenterait au cours de cette soirée pour le faire. En face de nous se trouvait Sigyn, et si Thor et moi devions avoir l'air de jeunes mariés, elle ne semblait pas très à l'aise. Je lui souriais à chaque fois que nos regards se croisaient, même si je n'avais pas encore dit un mot, ne sachant pas encore comment briser la glace entre nous après des années de silence. Après avoir croqué dans un biscuit au miel, j'eus un petit rire en remarquant qu'une nouvelle coupe pleine était apparue comme par magie devant moi. Je soupirai longuement en contemplant le liquide ambré qu'elle contenait, presque déçue de ne pouvoir y goûter. Presque seulement, j'étais bien trop heureuse de porter l'enfant de Thor pour songer seulement à me plaindre pour quelque chose d'aussi futile. Avec un soupir, j'enfouis mon visage dans le cou de ce dernier, avant d'y déposer un baiser. « Je mange pour deux et toi tu bois pour deux, hm ? » Je relevai le visage et plantai un baiser sonore sur sa joue en riant. « Loin de moi l'envie de vouloir entamer ton enthousiasme, mais peut-être que tu devrais commencer à couper ton hydromel avec de l'eau... J'ai peur que t'embrasser ne suffise à m'enivrer si tu continues ainsi ! » Je le taquinai sans m'en cacher, avec la plus grande désinvolture. Dieux, ce que les petites joies simples et spontanées avaient pu me manquer !

Reasons to feel at home

☙

L’appel du vin et l’appel du devoir, ma foi, ils étaient bien semblables en beaucoup de point. L’un comme l’autre avait une satisfaction présente et des conséquences parfois épiques ou parfois franchement dramatiques. Ma venue à Asgard coïncidait avec un évènement auquel je n’avais pas pris part voilà plusieurs cycles maintenant. Pour tout dire, j’avais quelque peu oublié que nous avions une salle du trône qui pouvait être une salle de fête. Enfin passons, le soldat en moi se demandait si c’était réellement une bonne idée d’organiser un évènement d’une telle ampleur après ce qui s’était passé, mais d’un autre côté, on ne peut arrêter de vivre après un malheur, n’est-ce pas ? J’étais arrivé dans la belle citadelle quelques heures avant le début des festivités et avais décidé que j’attendrai la fête pour voir ce qu’il en était vraiment.

Certains pouvaient penser que j’étais plus téméraire que d’habitude ou un parfait idiot de vouloir venger l’honneur de ma cousine, surtout que tout cela n’était qu’une rumeur et que les rumeurs voyagent rapidement mais étaient vite obsolètes. Il était étrange pour moi de me retrouver dans cette salle, sans mon uniforme ni même une réelle fonction à exécuter. Je marchai, restant en retrait parmi les convives, ils ne souciaient guère de moi et pour cause, j’avais appris à me fondre dans le décor à force de voyager en contrées inconnues et pas toujours accueillante. Cela ne m’empêcha pas d’attraper une choppe d’hydromel et de m’en délecter. Ma bouche était habituée aux alcools, mais aucune n’était comparable à celui qui coulait à Asgard, il était fin et en même temps riche en goût.

En entendant des éclats de rire haut et gutturaux, je tournais la tête pour voir qu’il s’agissait de Thor. Il avait bonne mine, les cheveux plus longs dans mon souvenir et une femme à son bras. Je plissai du front. Ce salaud l’avait déjà remplacé par une autre, et en plus une brune. A ce stade-là, je ne pouvais voir son visage, car il était enfui dans le cou épais de ce bourrin royal. Une vague de colère m’emplit, et je dois dire que je me surprenais à marcher d’un pas si décidé vers ma propre mort. J’étais une fine épée, mais contre le fils d’Odin je n’avais aucune chance. Et puis l’alcool aidait énormément à calmer mes nerfs. C’est alors, quand la femme bougea que je m’arrêtais, comme foudroyé par la foudre. Il me fallut un instant pour réaliser que la femme accrochée à son bras n’était nulle d’autre que Sif. Ainsi donc les rumeurs n’étaient plus d’actualité, si tant est qu’elles aient été fondé un jour. Elle semblait heureuse, épanouie malgré une fatigue apparente que je voyais parce que je la connaissais. Un sourire sur les lèvres, je m’approchai du couple en posant préalablement ma choppe. «En voilà des manières chère cousine, tellement prise à être éprise qu’on ne salue pas son cousin dès son entrée ? » disais-je avec un ton moqueur.

Célébration du printemps
RP de groupe

La fête battait son plein. La seule chose qui m’intéressait résistait au sourire qui s’affichait sur le visage de tous, sauf du mien. Je m’affalai dans la grande chaise, observant tranquillement la salle remplie de Dieux qui fêtaient en buvait maints et maints alcools. Je n’étais pas reconnue comme une grande consommatrice de ce genre de liquide, j’avais toujours trouvé cela comme un comportement complètement masculin et puéril de s’enivrer jusqu’à n’avoir plus aucune retenue. Peut-être avais-je ma fonction trop au sérieux, soit celle de punir les parjures, pour me laisser aller. J’avais bien d’autre genre de techniques pour cela, la meilleure consistait sans aucun doute les plaisirs de la chair. Je regardais une autre fois la salle, cherchant Alhek des yeux, me demandant s’il se présenterait. C’était son genre, lui qui aimait les fêtes, un peu comme moi, en temps normal! Comment tous les autres pouvaient fêter avec autant de facilité? Je n’arrivais pas à retirer de mes pensées le nombre incalculable de corps que j’avais vu au sol de la cité il y a un peu plus de trois semaines.

Des voix attirèrent mon attention, j’envoyai un sourire à Sif, puis à Ásbjörn , en ne me levant pas pour le moment. Je n’étais définitivement pas la déesse avec le plus d’amis à Asgard, mon meilleur ami séjournant à Vanaheim. Cela dit, il y avait des gens sur ce royaume pour qui je n’aurais pas hésité à mourir si ça pouvait les sauver. Sif, d’abord, cette prophétesse qui avait un caractère si semblable au mien. Elle était forte, intelligente et j’adorais sa compagnie, elle était en quelque sorte ma petite sœur de remplacement lorsque Silke n’était pas là. D’ailleurs, allait-elle arriver en retard? Je me demandai où ma sœur était, en laissant échapper un autre soupir. Ásbjörn était une autre personne de ce style, mon petit guerrier préféré. Oui, j’avais un grand cœur quand je le souhaitais, alors pourquoi n’arrivais-je pas à trouver un amoureux, dites-vous? Il semblerait que le temps ne soit pas encore arrivé! Puisqu’il me semblait impossible de m’amuser ici ce soir, je décidai de prendre une part de vives et un verre d’alcool pour me rendre à un endroit particulier du palais.

Pendant ma descente dans les bas fonds, un sourire s’affichait, vainqueur, sur mon visage. Je n’avais pas vu Loki depuis des semaines, n’ayant pas eu la chance de converser avec lui avant qu’il décide – une nouvelle fois – de trahir tous les Dieux et de se faire enfermer. Ma relation avec Loki n’était jamais réellement au beau fixe, sans doute parce que je n’arrivais pas à me faire à l’évidence, soit. J’avais vécu des belles années à ses côtés, j’avais même cru qu’il était l’Unique à un moment donné. Je râclai ma gorge devant les gardiens de la prison, en leur démontrant mes mains pleines. Après des paroles échangées dans le but de servir à seul intérêt – bien qu’ils ne s’en rendirent pas compte – j’entrai dans la salle, le bruit de mes talons martelant le sol. Je savais déjà très bien où il serait retenu, c’est pourquoi je m’arrêtai exactement à l’endroit désiré. Il était là, devant moi, je pu remarquer ses prunelles s’ancrer dans les miennes. « Loki, je t’apporte ceci pour célébrer la fête du printemps. » Je me baissai, ouvrant la trappe servant à cet effet pour y glisser la nourriture et le verre. « Il semblerait que j’étais la seule à penser à ta pauvre existence ce soir, n’est-ce pas? »

Asgard

an new awakening

❝ The season of spring, weather seems to sing. Lovely lovely days are coming our ways. The season of spring, blooming blossoming of nature of all kind, let roots unbind the season of spring. Birds unfold their wings, diving high into sky, wish one could fly. Listen, listen to my words ! The season of spring is near, now a look into your lovely eyes and one can see spring is already here. ❞

E
nfin. Enfin, l'orage avait enfanté le calme, voire même, la liesse. Les fragrances printanières et le réveil de la souveraine avaient fait incliner la balance du bon côté, et pour la première fois depuis trop longtemps maintenant, les ruisseaux lacrymaux avaient fait place aux risettes. Un faciès qui ne s'en départait point, c'était celui du prince doré, qui s'était senti renaître en apprenant la grossesse de son épouse. La perspective désormais tangible de devenir mère semblait avoir purger son esprit de sa mélancolie – et, moins pratique, de la circonspection dont il avait juré de faire preuve après la guerre. Mais voilà, les travaux de la Cité progressaient plus que merveilleusement bien et les bonnes nouvelles se suivaient de très près, si ce n'était la sempiternelle macule que représentait Loki, toujours dans sa geôle. Si le cas de son frère le pesait toujours, il avait choisi de ne plus y prêter attention à moins d'y être contraint, ce qui ne serait assurément pas le cas en ces délicieuses prémices de soirée.

Les pintes s'entre-cognaient, les hymnes résonnaient par-ci tandis que l'hilarité tonitruait par-là. Installé à une place où tous pouvaient le voir, Thor avait retrouvé de sa prestance et de sa propension tapageuse. Il était bien décidé à pocharder jusqu'à plus soif, profitant sans vergogne de la part de sa femme dont il flattait les reins. Il arbora un sourire évasé aux commentaires de celle-ci, dont il m les recommandations à grands gorgeons qui eurent raison de son énième verre. « A chacun son rôle ! Et je sais que tu me porteras jusqu'à la chambre si je ne peux plus marcher... Non ? » Un ricanement, et il se souvint que nul, si ce n'étaient quelques rares, n'était au courant de l'état de Sif. Qu'à cela ne tienne, il avait bien l'intention d'y remédier ce soir, mais ils avaient le temps – lui l'avait, pour vider un ou deux fûts d'hydromel. Il s'apprêta à dérober les lippes de son aimée lorsqu'un importun les interrompit... et quelle surprise, en reconnaissant le fameux. « … Il est encore en vie lui ? » Un instant de mutisme et le prince n'avait pu retenir cette question, adressée directement à la guerrière sur ses genoux. Il la laissa finalement saluer son cousin comme il se devait, et tant qu'il y était, il avait comme envie de se rappeler au bon souvenir d'Ásbjörn. « Allons, saluons-nous aussi ! »

Prôna l'héritier en se levant, et avant que son interlocuteur n'ait eu le temps d'objecter, il l'enferma dans son étreinte et le fit décoller du sol. « Je-suis-content-de-te-voir... cousin ! » Thor avait sifflé sa phrase les dents serrées et muni d'une risette espiègle. Et pour cause, il veilla à serrer ses bras jusqu'à entendre un craquement en provenance de l'ossature du pauvre bougre, qu'il relâcha seulement ensuite. Sa paluche tapota ensuite violemment son épaule, histoire de ne pas lui laisser de répit. « Bienvenue chez toi ! » Ce ne fut qu'alors que le Tonnerre personnifié daigna se détourner pour s'intéresser de plus près à sa chope abandonnée, et aussi, leur ployer un semblant d'intimité.

Le temps avait passé, irréel et étranger pour des dieux comme eux. L'affrontement contre les Jotuns en Midgard, leur retour, épuisés pour découvrir l'attaque contre Asgard me^me et tant de chose encore, qu'en restait-il aujourd'hui ?
Lorsqu'il fermait les yeux, Vali humait une odeur de sang et de désespoir, il sentait le feu bourdonner encore à ses mains ainsi qu'il l'avait manié auprès des humains. Point de couleur, le blanc de la neige, le gris des cendres, le noir des cadavres... L'adolescent rêvait encore du combat quelque fois, il se réveillait alors seul et désespéré, incapable de comprendre où ses pas l'avaient mené.
Il y avait sa mère bien sûr, toujours présente, toujours là, et Vali se rappelait la tendresse insensée avec laquelle ses pensées l'avaient évoqué en Midgard. Il y avait sa mère, oui, lorsque Loki croupissait dans une geôle vaincu malgré ses pièges, Sigyn restait présente.
Vali siégeait à ses côtés, pour cette pantomime de banquet. Beaucoup parvenaient à se réjouir du printemps, du soleil à venir, mais pas lui. Lui qui avait grandit peut-être un peu trop d'un coup non pas de corps mais de regard.

Trop de choses avaient passé, de la situation de leur père jusqu'à l'annonce de leur mère. Enceinte, avait-on idée de l'être en une telle époque ? Sigyn n'avait désormais plus son mari pour la protéger, et bien qu'aucun grief ne soit retenu contre elle ou les jumeaux, Vali s'inquiétait de leur devenir prochain. Thor, était un bouclier entre le monde et eux bien sûr, mais après ? Pour Vali, cela fut une première épreuve : essayer de réfléchir autrement que comme son père pour protéger cette mère qu'il réapprenait à connaître. Il fut décidé que Vali mettrait sa magie au service de Sigyn dès que cela s'avérerait nécessaire pour masquer les premiers signes de grossesse. En attendant, l'adolescent acceptait de se comporter en adulte désormais.
Les rires, le parfum de l'alcool, une envie de fête et de joie. Forgé par sa première bataille, ses premières horreurs, Vali restait cet adolescent pas encore adulte, pas vraiment, coupé du monde et à qui personne ne semblait s'intéresser.

Il tâchait de se rattraper à quelques rêveries pour survivre, espérer encore, mais rien n'y faisait. L'étoffe des songes se déchirait sous ses doigts, et rien n'apaisait ni son cœur blessé, ni son front sans couronne.

« Mère.... je n'arrive même plus à comprendre ce que nous fêtons »

Une mélancolie, un héritage, le sien. Il ferma les yeux à nouveau, encore une fois le cri des Jötuns, le bruit du feu et le soupir des mourants, encore une fois les spectres de la bataille, et sa main vint alors chercher celle de Sigyn ainsi qu'il ne l'avait plus jamais fait depuis bien des années.

Les choses revenaient lentement, mais sûrement, à la normale à Asgard. Ou n’était-ce que l’illusion que créait ce somptueux banquet, où tous semblaient s’amuser sans penser aux problèmes qui s’entassaient sur leurs épaules, oubliant leur tristesse, la destruction, les disparus ? Sigyn aussi aurait dû faire un effort mais elle ne s’y résolvait pas. C’était déjà anodin qu’elle soit assise parmi les Ases, elle qui aurait largement préféré rester cloîtrée dans ses appartements, mais savoir que Thor y serait était un soulagement. Il lui avait répété à maintes reprises qu’il la défendrait, qu’il la soutiendrait ; et elle le prenait au mot. À ses côtés, Vali, tout aussi perdu qu’elle, ne semblait pas prendre davantage de plaisir à ce banquet, sans doute organisé à la dernière minute pour tenter de revigorer les esprits des habitants de la cité.
Sigyn croisa le regard de Sif, souriante, assise devant elle ; elle lui rendit son sourire timidement avant de détourner la tête. Bientôt peut-être aurait-elle le courage de lui adresser la parole en premier. Pour l’instant, elle se contenta d’écouter, silencieuse, les conversations de Thor et de Sif, et de ses autres voisins de table, sirotant doucement un verre d’eau. Même si elle n’avait pas été enceinte, elle n’avait pas le cœur à la fête.

Vali la tira de ses pensées alors que ses doigts s’enlaçaient dans les siens et elle posa son regard mordoré dans celui de son fils. Ce fils autrefois si distant avec elle semblait, depuis les évènements qui avaient mené son père aux cachots, se rapprocher d’elle comme il ne l’avait jamais fait. Elle aurait aimé pouvoir savoir ce qui motivait ce changement d’attitude, mais qui était-elle pour exiger le pourquoi du comment ? C’était son fils et elle l’aimait ; elle n’avait plus que lui et son frère. « Moi non plus, » admit Sigyn dans un demi-sourire mélancolique, ses yeux fatigués et ses traits tirés, bien qu’elle aurait voulu mieux le cacher. Elle aurait dû remonter le moral de son fils, lui énumérer les raisons qui faisaient qu’un banquet s’imposait à Asgard, mais elle n’aurait jamais pu être aussi hypocrite avec son propre fils. « Tu n’as pas à rester bien tard, si tu n’y tiens pas. Mais n’oublie pas de saluer tes tantes et tes oncles, » lui rappela-t-elle, bienveillante, alors que son sourire s’étirait. Il avait la chance de pouvoir s’éclipser, prétextant le sommeil, alors qu’elle serait sans doute confinée à la fête jusqu’à la fin. Peut-être s’amuserait-elle un peu, mais elle en doutait. Elle n’avait qu’une chose en tête, toujours la même : son époux et ce qu’il adviendrait de lui.

La déesse porta de nouveau son regard sur ses voisins d’en face, le couple princier : Sif semblait être occupée avec son cousin Ásbjörn, aussi Sigyn adressa-t-elle un sourire poli à Thor, qui semblait en tête à tête avec sa chope de bière.

Code by Silver Lungs

Un rayon de soleil était-il suffisant pour effacer toutes les peines du monde? La rancoeur? La tristesse? La solitude? La misère? La déesse aurait immédiatement répondu non, et pourquoi en serait-il ainsi? Pourquoi la fatalité, le destin en personne, décideraient soudainement d'être plus cléments ... Tout ça pourquoi? Un rayon de soleil? Non, elle ne croyait pas en ces vulgaires contes pour enfants ou même pour les autres rêveurs, et dieux et mortels pouvaient bien se croire à l'abris, rien ne l'empêcherait de s'accrocher à sa peine. Car sans cela, elle n'était plus vraiment elle-même, elle n'était plus vraiment Sol. Et Sol plus que jamais était désespérée et... affamée. Oui, c'était bien la faim qui avait guidé ses pas aujourd'hui, jusqu'au palais d'or, la demeure d'Odin, un endroit qu'elle aurait dû éviter plus que quiconque mais... L'arrivée du printemps, que pouvait-elle dire, peut être qu'on lui pardonnerait sa folie. Elle était arrivée en même temps que tant d'autres, le visage masqué par son vêtement, ne désirant pas attirer inutilement l'attention sur elle, mais qui pour faire attention à elle? L'heure était à la fête, aux rires, la soirée commençait à peine et pourtant l'alcool coulait déjà à flot. Peu importe, elle n'était pas là pour s'enivrer, elle avait faim, les proies se faisant de plus en plus rares dans les montagnes, et désormais, elle devait partager avec son fidèle compagnon, Ulfr, le loup de Jötunheim qui la suivait partout à présent.

Mais pas ce soir, elle se sentait faible et vulnérable sans lui mais elle l'avait laissé dans les montagnes, lui ordonnant de l'attendre, respecterait-il sa promesse ou finirait-il par rejoindre sa maîtresse? Aucun moyen de le savoir. Peu importe pour le moment, Sol avait pris place loin de la famille royale, loin de Sigyn et Vali et ce avec un léger pincement au coeur, surtout depuis sa dernière conversation avec la déesse de la Fidélité. Tant pis, elle trouverait sa place parmi les autres dieux et invités de rang inférieurs, ceux dont les rires de Thor n'étaient qu'un faible écho. Elle jetait son dévolu sur la nourriture, vorace et quasi désespérée, ses mains découpant les précieux morceaux de viande dans lesquels venaient se planter ses dents. Sol avait sûrement de l'appétit pour des siècles et elle mangeait avec une certaine passion, sans marquer de pause, déterminée à quitter les lieux le plus vite possible. Pas de célébration pour elle non. Elle écarta une de ses mèches blondes de son visage et dans son mouvement elle fit tomber la capuche qui lui recouvrait le visage, révélant sa chevelure dorée à ceux qui se trouvaient assise d'elle. Cela ne freina pas son appétit pour autant, que tous sachent que Sol, la malheureuse, la déchue, venait se repaître du repas de la table d'Odin.

Un sourire aux lèvres, elle mordit dans un énième morceau de viande, le jus et le sang coulant sur son menton. Au même moment, elle sentit quelque chose contre sa cuisse et elle baissa les yeux, constant qu'une des mains de son cher voisin de table venait de s'égarer. Sol releva le regard vers l'inconnu, un regard emprunt de haine envers ce dieu ou peu importe, qui visiblement était déjà bien ivre. Elle lui offrit un sourire, reposant son repas dans son assiette, essuyant son menton du revers de la main.

"Si tu tiens à la vie Asgardien, je te conseille de retirer ta main, immédiatement."

©tumblr.

Célébrer le printemps, n’est-ce pas une belle façon de lui rendre hommage ? A elle, la triste déesse oubliée, qui se coule dans la foule d’asgardiens qui rient aux éclats, bien loin des préoccupations endeuillées auxquelles ils se sont livrés des semaines durant. Jörd fait aller et venir son regard parmi les individus qui trinquent au nom d’Odin, l’échine appuyée contre une colonnade – ce qui lui permet d’avoir vue sur toute la salle du trône. Mille cinq cent ans se sont écoulés, et pourtant, rien n’a vraiment changé. L’expression ciselée dans le marbre froid et implacable, la déesse doit se rendre à l’évidence – Odin n’est pas là. Quel dommage. Elle aurait tant aimé croiser son regard et le voir frappé de torpeur. Car si quelqu’un peut la reconnaître dans cette foule d’Ases hétéroclites, c’est bien lui, qui a eu soin d’examiner ses traits jusqu’à les voir se tordre sous la douleur de la trahison. Voilà trois semaines qu’elle patiente. Qu’elle tisse les liens de sa reconnaissance en glissant quelques paroles aux bonnes personnes et qu’elle prépare son grand retour en comptant sur l’appui des elfes de lumière en temps voulu. Même si l’idée de se mêler aux moutons ne lui a pas semblé être une idée fort judicieuse, elle n’a pas pu s’empêcher de se joindre à la célébration. Une occasion pour elle d’observer son fils en compagnie de ses proches, partageant un festin avec une légèreté et un enthousiasme bien trop absents à leur première rencontre. C’est qu’elle pourrait ne faire que ça – rester dans un coin et l’observer fixement. Apprendre à connaître celui qu’elle a enfanté sans que lui n’en ait conscience. Doigts entremêlés contre son ventre, immobile telle une statue qui veille en silence, Jörd regarde la tablée souveraine d’un air lointain. L’héritier trinque, boit, et la princesse ne manque pas de discrétion pour lui faire glisser l’hydromel qu’on lui sert. Un détail qui ne manque pas d’importance pour la déesse de la Terre qui a cru remarquer l’épanouissement certain de la prophétesse et cette émotion quant à l’évocation d’une éventuelle descendance. Ce doute qui s’impose à elle lui donne cet air circonspect, entre satisfaction et surprise. Elle n’a pas même goûté au plaisir véritable d’être mère, mais si Thor venait à avoir un enfant avec Sif, alors, c’est certain qu’elle prendrait son rôle de grand-mère très à cœur. Elle se sent emplie d’un étrange sentiment, qui fait ciller ses paupières dans un battement de cils contenu. Elle réalise dés lors que pour ne pas attirer les soupçons et préserver son dessein, elle se doit de faire comme les autres – ceux qui arrivent à évincer de leur esprit les traumatismes vécus durant la bataille pour se rincer le gosier dans un sentiment de joie qui n’en sonne pas moins amer.

Alors que les prunelles cristallines daignent se détacher des silhouettes qui accaparent son attention, Jörd a tôt fait de remarquer l’épouse de Loki et son fils, attablés face au couple princier. Sombre histoire qui se trame là, concernant le fils adoptif d’Odin qui aurait trahi les siens. Étrangement, Jörd peut le comprendre – tant la frustration et la haine peuvent parvenir à défigurer la plus bienveillante des carnations.
La déesse à la blonde chevelure composée de fleurs s’avance finalement pour prendre place à une table peuplée d’Asgardiens – pauvres hères se jetant sur la becquetance comme des animaux affamés. Son regard vrille aussitôt sur la crinière aux reflets du soleil qu’elle se rappelle sans mal. Il s’agit de la déesse qu’elle a rencontrée lors de son arrivée impromptue sur Asgard, perdue au milieu de ses bois. Une femme tout aussi blessée par l’orgueil d’Odin qui l’a contrainte à tirer le soleil à longueur de journée. Un sourire discret vient à se dépeindre sur le visage de Jörd qui croise le regard de cette dernière – car d’un tacite accord, Sol est consciente de son identité et n’est pas contre lui apporter son soutien lorsque les révélations seront faites. Préférant garder le silence et surtout rester anonyme, la déesse de la Terre s’empare d’une choppe d’hydromel pour la porter à ses lèvres et biaiser un regard voulu détaché sur les protagonistes d’importance.

"I'm not in the mood to enjoy a party... Even if it's for the beautiful days'announcement"

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un mauvais pressentiment quant à cette réunion de printemps... Premièrement je n'avais jamais aimé ce genre de rassemblement et que la saison change n'y faisait rien, mais deuxièmement, avec le retour de Jörd, je me méfiais de ce qui pouvait arriver. Elle m'avait parlé de sa vengeance et j'avais bien évidemment accepté de m'y mêler. J'avais rêvé nombreuses fois son retour pour infliger à Odin l'humiliation que serait l'échec de sa disparition pour l'éternité. Mais après coup, je me demandais s'il n'y aurait pas un risque, non pas pour moi, mais pour elle. Ce n'était que je l'imaginais en proie à un mal tel qu'elle pourrait engendrer des actes démesurés comprenant des personnes qui n'avaient rien à faire dans cette vengeance, j'avais plutôt peur qu'on la reconnaisse, qu'elle vienne à être la cible de personnes qui peut-être avaient fait partie du projet de la mettre hors jeu et qu'elle subisse alors des désagréments qui la pousseraient à vouloir faire valoir sa puissance retrouvée. Elle n'était pas une Déesse faible, loin de là. Elle était après tout ma soeur, une divinité d'un âge déjà établi qui pouvait sans difficulté prouver que le temps n'avait pas eu d'emprise sur ses performances divines. Mais je ne voulais plus qu'on me sépare d'elle, je ne voulais plus la voir en souffrance et surtout je voulais à tout prix la protéger contre ceux qui pourraient attenter à nouveau à sa vie. Je n'étais nullement certain qu'elle allait être présente, c'était simplement un nouveau signe de mon instinct très développé. Miltür n'avait pas donné son avis face à mes craintes car il les partageait et se demandait fortement où tout ceci allait aller. La seule opinion qu'il avait formulée consistait à me dire que je ne devrais pas participer à cette vengeance. Mais que je lui avais bien fait comprendre que je ne désirais pas ce genre de propos à mes côtés et depuis lors, il n'avait plus pris la peine de formuler quoi que ce soit à ce sujet. Je savais néanmoins qu'il ne pensait pas autrement. Je le connaissais assez pour comprendre derrière certains regards qu'il attendait le moment où je viendrais jeter Odin dans la fosse de la vérité. Pourtant je n'avais pas encore bougé, je ne m'étais même pas adressé à Thor à ce sujet. Il faut dire que je n'avais pas vraiment pris la peine de raviver notre relation, et je ne sais pas s'il le désirait mais en tout cas, je lui avais fourni peu d'occasions séjournant bien davantage à Midgard.

Toujours est-il qu'avec mon compagnon satyrique habituel, je décidai donc de me rendre à ce fameux banquet dans la salle du Palais. Mon entrée fut remarquée par certains, comme toute entrée dans un endroit bien rempli, mais ça m'était quelque peu égal. Je vis bien évidemment Thor sans difficultés mais ne m'attardai pas sur lui, ni sur Sif ne désirant pas leur attention tant qu'à présent. Vali était également de la partie avec sa mère comme bien d'autres, mais celle qui fit se fixer mes prunelles avec insistance se tenait bien parmi la foule comme je l'avais prévu. Je forçai le chemin et sans prendre la peine de m'excuser à la personne que je venais de pousser je pris place à côté d'elle avant de glisser discrètement « Qu'est ce que tu fais là ... c'est dangereux de te montrer de la sorte. » Je ne lui jetai qu'un regard en biais ne souhaitant nullement que l'on remarque mon intérêt pour elle, ni même qu'on suspecte que je puisse la connaître. Je voulais que son anonymat soit entier, ce n'était pas moi qui devait le gâcher.

the taste of happiness

They say a person needs just three things to be truly happy in this world: someone to love, something to do, and something to hope for.

« Te porter ? Je pourrais peut-être essayer de t'y faire rouler, mais laisse moi te rappeler qu'il faut que je me ménage et mon cher, et tu pèses au moins aussi lourd que Tollak ! » Et c'était à peine si j'exagérais, en plus ! Je n'avais aucun mal à me souvenir des quelques fois où il s'était écroulé ivre mort sur notre lit après des soirées semblables à celle-ci, et je ne me souvenais pas être jamais parvenue à le bouger. Ce qui avait donné lieu à quelques situations cocasses, lui étendu en travers du lit, et ma pauvre carcasse immobilisée sous tout son poids. Ajoutez à cela un Tollak envahissant et vous obtenez une pauvre prophétesse à moitié étouffée par l'affection des deux mâles. Je faillis râler, frustrée que l'on ose nous interrompre alors que nous allions échanger un baiser, mais la grimace qui s'était installée sur ma figure fut rapidement remplacée par un sourire ravi lorsque je posai les yeux sur l'importun, qui s'avérait être mon unique cousin et parent encore en vie. « Ásbjörn ! » J'eus vite fait de sauter sur mes pieds pour le rejoindre, mais pas avant d'avoir donné un petit coup de coude dans les côtes de mon mari à sa remarque. Ses deux là ne s'entendaient que parce qu'ils m'avaient en commun, je ne l'avais pas oublié. Je l'enserrai dans une étreinte affectueuse, ravie de le revoir après toutes ses années, ravie de le retrouver entier malgré tout ce qui avait secoué Yggdrasil ces derniers temps. À peine m'étais-je écartée que le pauvre Ásbjörn fut pris dans les étaux qu'étaient les bras de Thor, et je ne pus retenir une grimace en entendant les os craquer légèrement. Je crus bien que mon pauvre cousin allait finir par terre quand mon adorable époux le gratifia d'une grande tape dans le dos, et je ne manquai pas de lancer un regard faussement réprobateur à ce dernier, qui ne ratait jamais une occasion d'en faire voir de toutes les couleurs à mon pauvre cousin. Je secouai doucement la tête, le sourire aux lèvres, lorsqu'il retourna s'asseoir pour s'intéresser de nouveau à sa chope. « Je ne m'attendais pas à te trouver ici. Cela me fait tellement plaisir de te revoir ! » Je l'enserrai dans une nouvelle étreinte, bien plus délicate que celle de mon époux. « Qu'est-ce qui t'amène ici ? Et où étais-tu passé ? Je m'inquiétais de ne plus recevoir de tes nouvelles ! Viens t'asseoir avec nous, nous avons un millier de choses à nous dire ! » Je glissai un bras sous le sien et l'entraînai avec moi vers les sièges libres près de Thor. Je fus tentée de retrouver ma place sur les genoux de mon époux, mais optai finalement pour le siège juste à côté du sien. « Alors, raconte moi. J'ose espérer que tu as été épargné par le malheur au cours de tes expéditions ? »

Asgard

an new awakening

❝ The season of spring, weather seems to sing. Lovely lovely days are coming our ways. The season of spring, blooming blossoming of nature of all kind, let roots unbind the season of spring. Birds unfold their wings, diving high into sky, wish one could fly. Listen, listen to my words ! The season of spring is near, now a look into your lovely eyes and one can see spring is already here. ❞

S
if était condamnée à être exaspérée par le comportement espiègle de son époux, et pour cause, l'humeur s'y prêtait, et le cousin revenu d'entre les omis aussi. Ils n'étaient pas amis. Il n'étaient pas ennemis. Ils se supportaient mutuellement, avec, sûrement, un avantage pour le prince doré de par son titre et sa véhémence tapageuse. La couleur, il la lui avait annoncée, et il n'avait pas l'intention de s'épandre en fausse joie pour son retour. Il était revenu à Asgard, tant mieux pour lui, tant mieux pour la prophétesse à laquelle cela siérait. Une bonne nouvelle supplémentaire, à bien y songer, et s'ils s'installèrent à ses abords, il préféra ne pas prendre part à leur conversation. Quoi que... « Ton cousin EST, un malheur. Nuance. » Il n'avait pu contenir le commentaire, qu'il avait glissé d'un air innocent en portant sa pinte à ses lèvres. Cela étant dit, il se leva avant de se faire derechef châtier par sa compagne qui n'avait peut-être rien à lui envier en matière de caractère.

Quelques pas au hasard, et il contempla les divers faciès des environs, saluant gaiement certaines personnalités au passage. Parmi les convives, Sol, qu'il ne portait pas dans son coeur pour la simple et bonne raison qu'elle n'aimait pas Odin. Cela suffisait, amplement. Puis, il aperçut son oncle, avec lequel il n'avait pas encore renoué depuis leur altercation en dehors de la Cité. Il ne s'était pas attendu à le trouver ici, mais plus surprenant encore, il discutait avec la déesse qu'il avait rencontrée aux abords du lac quelques temps auparavant. Il jugea inutile de les interrompre, ou pas tout de suite, et capta une oeillade de la part de Sigyn à laquelle il rendit son sourire. L'héritier lampa sa chope, puis s'approcha de sa belle-soeur avec un entrain certain. « Eh bien, si ce n'est pas la plus belle de toutes ? » Il excluait évidemment Sif, mais cela tombait sous le sens. Il ne fut guère étonné de la circonspection de la Fidélité, qui était loin de faire l'unanimité auprès de ses pairs, à son plus grand dam. A ses côtés, un petit bout d'homme pas plus confortable que sa mère, et dont il vint taquiner la chevelure de son immense paluche. « Tu ne salues même plus ton oncle préféré ? Allez, ne tire pas cette tête, la fête du printemps doit être célébrée dans la liesse !... Comme toutes les fêtes, en fait. » Il lui sourit. « Ou faut-il que je te montre comment faire ? » Il héla un domestique qui passait par là et lui prit deux chopines d'hydromel, dont une finit entre les mains de son neveu. « Il est plus que temps que je t'apprenne à trinquer, si tu veux devenir un homme, tu dois boire comme un homme ! » Il lui fit un clin d'oeil complice, avec le désir sincère de lui arracher n'était-ce qu'une risette, un rire, un signe qu'il n'allait pas aussi mal qu'il en avait l'air. Et pour l'y aider, il plaqua gentiment sa main libre sur les yeux de Sigyn, puis se pencha vers Vali comme s'ils étaient en train de comploter. « Vas-y, ta mère ne regarde pas ! »

L'adolescent s'assombrit un peu plus, détournant le regard de cette mère dont même à présent il ne parvenait à être proche. L'envoyer se coucher tôt, vraiment ? Peut-être plus sèchement qu'il ne le voulut, Vali retira sa main de celle de Sigyn. Il avait vu le sang et les morts, le cri des Valkyries au combat et tant de choses encore... Ses nuits d'enfants étaient terminées à présent quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, et ne restait à son corps qu'à grandir un peu plus pour que l'esprit également s'épanouisse.
Il laissa le bruit des rires et des conversations l'envelopper comme une armure bien que Vali ne sache pas exactement de quoi se protéger. Tout autour de lui, des formes et des silhouettes. Y avait-il donc le moindre ami parmi ces ombres ?
Lorsque la grosse voix de son oncle retentit alors, Vali leva les yeux. Il n'était pas vraiment proche de Thor, considérant que le monde de son jumeau était bien plus proche de celui du dieu du Tonnerre que le sien. Voir le blond lui parler était donc une surprise, bien qu'ils ne se soient jamais détestés, mais Vali avait été longtemps connu pour sa paresse et sa fainéantise concernant l'art du combat. Qu'en serait-il, à présent qu'il avait fait couler le sang pour Midgard, et perdu un peu du sien également ?

« Mon oncle préféré...pardonnez-moi mais il ne me semble pas voir Hermod dans cette joyeuse assemblée »

Rire, s'amuser et retrouver un peu de paix au cœur. Vali était un jeune dieu mais qui savait déjà vers quelles frontières son être tendait à se tourner : il n'aimait pas les joies trop grandes, cherchant plutôt à pousser esprit et sentiment vers plus de subtilité. Trop jeune encore pour comprendre toutes les pertes de passion que cela engendrerait, il ne savait également correctement jouer des masques qu'il pouvait porter.
Sans un regard pour Sigyn, il but l'hydromel jusqu'à la dernière goutte. Une fine moustache d'alcool se dessinait à présent au dessus de ses lèvres et, pour plaire à cet oncle tout puissant, l'adolescent se fendit d'un sourire.
Voilà ce que tous attendaient de lui : sourire, faire le fou peut-être, rester cet enfant encore tellement simple à punir et à diriger. Il avait peur, terriblement peur, car en offrant ce faux sentiment de joie, Vali savait qu'il venait de poser le pied sur une route obscure et dangereuse. Une route où il serait tellement aisé de se perdre soi-même car à porter des masques ce n'est plus au rythme du tambour qu'un cœur parvient à vivre, mais bien à celui du poison.
Les mains tremblantes, les joues pâles, Vali cessa de sourire. C'était trop lui en demander. Son père était en prison, son père était un monstre, il avait à protéger une mère dont il ne parvenait à se rapprocher et en Midgard, il avait tué...

"Mes excuses, mon oncle... Je ne suis pas un porteur de lumière. Pardonnez-moi et soyez bien certain qu'il s'agit de bêtises de ma part et non d'insolence. J'ai mes sourires, mais je sais également de qui je les tiens alors je garderais bouche close"

©tumblr.

Les rires se détachent du concert de paroles échangées, des tintements de choppes remplies et des écuelles bien garnies. Même si Jörd n'est pas d'humeur à se lier avec les badauds qui occupent sa tablée, elle doit se résoudre à piocher dans les victuailles sous peine d'attirer les soupçons de ses pairs. S'emparant d'une miche de pain qu'elle rompt pour agrémenter son repas, la déesse de la Terre ne manque pas de glisser quelques regards en direction de la table princière. Son fils semble profiter de la boisson plus que de mesure, et une note de mélancolie se distille au gré des regards échangés entre la femme de Loki et son fils. Statufiée dans cette observation, Jörd se fait surprendre par l'arrivée impromptue de quelqu'un qui s'enhardit à congédier son voisin de table. L'expression transfigure une étincelle d'agacement avant de laisser place à la surprise. Redressant instinctivement l'échine, Jörd croise le regard de son frère avant de grignoter son bout de pain avec circonspection. Même si elle pourrait être touchée par l'élan protecteur fraternel, elle ne peut s'empêcher de lui en vouloir d'être là à cet instant précis. Elle feint une grande indifférence à l'attention de son interlocuteur, préférant se servir un peu de viande en sauce avant de lui glisser entre ses dents serrées. « Il fallait que je vienne. Et tu n'arranges en rien les choses, vois-tu. »

Un air paisible et jovial vient à se dépeindre sur le visage de la divinité qui prétend être en bonne compagnie. Pour ne pas éveiller les soupçons, mieux vaut éviter les comportements réputés comme tels. Surtout que des oreilles pourraient venir à traîner et Jörd n'a nulle envie irrémédiable de trancher des langues après aujourd'hui. Darakan est inquiet pour elle – ce qui est sûrement naturel après autant de temps passé à être séparés. Elle lui a soufflé ses plans et il s'est joint à son désir de vengeance sans rechigner mais il n'en reste pas moins quelqu'un de bourru avec la société asgardienne. Ce qui forcément, pousse les gens à s'interroger sur cette interruption inopinée. Jörd se penche pour se saisir d'une cruche d'hydromel et d'un sourire courtois, elle sert les choppes de ses comparses de tablée. Elle finit par remplir celle de son frère et entreprend de trinquer en levant la sienne et en chuchotant. « Et bien, fêtons donc le retour du printemps. » Darakan pourra aisément déceler la pointe d'amertume qui lui fait esquisser ce sourire froid. D'un œil furtif, Jörd s'assure de ne pas avoir attiré l'attention du Prince ou de son épouse puis tout en mâchouillant un bout de pain, le coude appuyée contre la table, elle glisse à son frère. « Ne devrais-tu pas te trouver auprès d'eux ? » Car il n'est autre que l'oncle de Thor, même si la relation entre ces deux-là ne brille pas de jovialité. Jörd a conscience, d'être à l'origine des complications qui gravitent autour de sa famille et surtout de son fils. Mais elle compte bien dénouer tout ça, même si ça risque de prendre un peu de temps. Prétextant de profiter du repas, la déesse de la Terre papillonne de droite à gauche, jouant de quelques regards timorés pour mieux feindre le bonheur de l'évènement. Et pourtant, elle parvient presque à les déceler, les âmes torturées, qui peinent à profiter de l'instant présent pour ressasser sombres souvenirs et noirs desseins. Ils sont tous comme des loups affamés. Une horde qui se regarde en silence mais qui n'ose pleurer à la lune.

Reasons to feel at home

♦♦♦

En abordant ma cousine de la sorte, j’avais espéré que son prince était assez occupé pour ne pas se rendre compte de ma présence. Grossière erreur de ma part car son attention se tourna aussi vers moi. Levant un sourcil, je me demandais ce qu’il voulait dire par là, et alors que ma langue, tel un chien tirant sur ses chaines avaient des envies de réplications, mon cerveau s’employait à calmer cette ardeur, car je n’avais aucune chance et aucun intérêt de réveiller l’eau qui dormait sous une épaisse couche d’hydromel. J’étais là pour Sif et non le tonnerre. J’enserrai ma cousine dans une étreinte chaleureuse et riait doucement. C’était agréable, de ressentir ce petit plaisir d’avoir une personne qui vous aimait dans vos bras. Après tout ce qui s’était passé, il était nécessaire de prendre une pause et un peu de recul vis-à-vis de l’horreur et de la violence….enfin pour la violence il fallait s’y reprendre, car à peine ma cousine m’avait-elle lâchée que mes os étaient broyés par ce lion des neiges qu’était Thor. Alors qu’il pressait l’air hors de mon pauvre corps, je tapotais doucement ses épaules. « Content ….de….te….voir….aussi….cousin » répondis-je le souffle court en espérant qu’il me lâcherait bien vite. J’aimais le plancher des vaches et une fois que je le retrouvai, croyant la tornade d’amitié être passée, voilà qu’un nouveau coup me faisait tituber légèrement. « Merci » raillais-je en lançant un regard blasé au dos de Thor.

Un jour peut-être le prince arrêtera sa tyrannie sur ma personne, un jour…cela peut-être très long quand on a une éternité à vivre. Je soupirai et tournais mon attention vers ma cousine. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire et j’ouvris les bras. [color=#99cc66] « Tu crois vraiment que je manquerai une fête telle que celle-ci. Cela fait des années que je veux y être et pour une fois mon emploi du temps me le permet » répondis-je et dans cette nouvelle étreinte, je ne pus m’empêcher de grimacer de douleur. L’affection de Thor laisserait sans doute une marque. « Entre nous, je me demande vraiment comment tu fais pour ne pas avoir de bleus du matin au soir avec ton époux » commentai-je à mi-voix en me massant le bras alors qu’elle m’entrainait vers la table. Je me servis dans les plats de nourriture pour en constituer un délicieux met et prit une fourchée avant de répondre. « Epargné est un grand mot. Je n’ai pas été un protagoniste actif, et je le déplore, ma place aurait dû être ici à défendre la cité, et les mauvaises langues diront ce qu’elles diront mais, j’ai vu la dévastation qui a suivie, par les royaumes tout le monde en parle…ce sont des temps troublés, cousine…très troublés, et malheureusement cette fête n’est qu’une belle chimère racontai-je et pris une gorgée de jus ? Cela ne devait pas être ma choppe. « J’ai vu de ces choses étranges, des chèvres qui naissent comme cyclope, des oiseaux qui s’écrasent contre des murs, comme pris de folie. Les trolls de pierre qui s’émiettent sans aucune raison apparente… enfin, pas de noirceur ce soir. Je t’ai ramené quelque chose pour toi. » témoignai-je et sortit de mon manteau une boite en or ayant des ornement sur le couvercle. Dedans se trouvait un bracelet venant de Migard.

"I'm not in the mood to enjoy a party... Even if it's for the beautiful days'announcement"

Je savais bien que mes réactions n’étaient pas les meilleures qui soient. Mais la savoir ainsi entrer en scène sans aucune précaution que son anonymat me dérangeait fortement. J’étais dans la crainte qu’on ne me l’enlève et cette fois-ci sous mes yeux. La première fois, ni elle ni moi ne nous y attendions, mais désormais, on était assez préparé pour s’attendre à une offensive ouverte. Alors quand j’avais réalisé qu’elle pouvait se trouver parmi tous ces dieux sans protection, je m’étais rué à son encontre sans même réfléchir plus loin et ne m’arrêtant nullement sur le fait que je n’avais pas envie d’être là. Ses propos ne me convinrent point, de l’entendre formuler que mon intervention pourrait être négative, mais cela m’était égal, je comptais bien rester à cette fête pour garder un œil sur elle, que ça lui plaise ou non. Je gardai le silence en observant la tablée et les personnalités par conséquent qui se trouvaient près de nous. Tout le monde s’évertuait à faire la fête et à laisser de côté les jours néfastes. Les pommes d’Idunn avaient été récupérées il y a peu et forcément les Dieux avaient récupérés leur jeunesse d’antan. Pour ma part, le poids des ans s’étaient effectivement évacués et je ne pouvais nier que je me sentais bien mieux ainsi qu’affaissé par mon âge. Pour Jörd aussi cela avait été nécessaire après autant de temps en captivité. Elle avait été retrouvée affaiblie mais désormais, elle semblait petit à petit reprendre des forces ce qui était pour le mieux. Je n’étais cependant pas comme elle, je n’arrivais pas à aborder un faciès rayonnant en feignant l’hypocrisie. Mais ce n’était pas nouveau et pour ceux qui me connaissaient, ça n’était nullement interpellant que je donne l’air de ne pas avoir envie d’être présent.
Ma coupe se remplit et je la pris en grognant un remerciement. Je la regardai en biais et retint un soupir avant de trinquer avec elle. « Tu parles… » émis-je à ses propos. Sa question me fit rester un instant silencieux avant de reprendre la parole « Je t’ai montré ce qu’il s’était passé. Depuis lors nous ne nous adressons plus la parole. Alors je ne pense pas que ma place est à leur côté. Elle ne l’a jamais vraiment été dans ce genre d’environnement. Tu sais que je n’aime pas ces rassemblements. » On pouvait bien se demander pourquoi j’étais là alors. Mes prunelles se tournèrent sur Thor que j’observai un instant. Il s’amusait, était heureux aux côtés de Sif, de sa famille. J’étais mêlé entre l’idée d’être parfaitement heureux pour lui, et la tristesse d’être si éloigné de son cœur à cet instant. Je ne pouvais cependant pas oublier notre dispute aisément. Je vis Vali que je n’avais plus vu depuis un moment avant de retourner vers Jörd que j’observai un instant assez court avant de poser une question nécessaire « Pourquoi es-tu venue ici ? » Je ne comprenais pas pourquoi elle se mettait en danger de la sorte. Je n’étais pas là pour la forcer à une solitude et un éloignement à nouveau, rien de tout ça, mais je souhaitais la prudence. « Il fallait que je vienne » n’était pas une réponse satisfaisante. « Réponds moi sincèrement et je te laisserai tranquille ensuite. » Je savais que rester à ses côtés tout le temps finirait par attirer l’attention donc m’éloigner serait nécessaire et limite me mettre un bout de table pour m’éclipser donc que ce serait possible.

Célébration du printemps

Il y a encore quelques semaines tous les habitants d'Asgard pleuraient la destruction de notre cité et nos morts. Et aujourd'hui tous les As semblent avoir retrouvé leur goût pour les fêtes, mais pas moi. Et à mon avis mon frère et ma mère n'ont plus. Comment pourrait avoir la tête à ça, alors que ce matin même je me suis réveillé en sursaut à cause de ce que j'ai vu pendant la guerre et de l'absence de mon père.

Je soupire et regarde les portes de la salle du trône hésitant à les franchir. À quoi bon participer à une fête où je n'ai nullement envie d'être, mais mon frère et ma mère y sont déjà. Je n'ai pas le droit de les laisser subir ce supplice tout seul, en particulier ma pauvre mère qui est enceinte. Je me décide enfin à pénétrer dans la salle, d'un pas lourd et sans la moindre envie.

Une fois dans la somptueuse salle qui a été très bien décorée pour l'occasion, je cherche du regard mon frère et ma mère. Je finis par les apercevoir en compagnie d'oncle Thor et je m'approche d'eux en souriant. Même si la joie n'est guère présente en mon être.

« Je vous salue mon très cher oncle… Comment allez-vous ? Mère, Vali je suis heureux de vous voir.»

A ces mots j'incline ma tête respectueusement. Avant d'attraper la main de ma tendre mère, cherchant à lui montrer qu'elle avait tout mon soutien et mon amour. Ensuite, je regarde mon frère. Son regard et son visage sont si triste, ça me fait mal de voir mon frère dans cet état. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne sais pas comment le réconforter, car je suis moi-même inconsolable depuis trois semaines.

« Excusez nos visages triste mon oncle, mais je crois qu’aucun de nous trois ne comprend l’intérêt de cette fête, mon oncle. Je pense que vous pouvez comprendre ça, oncle Thor. Excusez-nous encore une fois…»

Je baisse les yeux un instant et tente de me remettre à sourire. Je ne dois pas céder à mes émotions. Je dois être fort, pour mère, pour Vali et pour père. J'esquisse donc un faible sourire tant bien que mal. Et je regarde mon oncle droit dans les yeux, sans savoir que dire ou que faire de plus. Je n'aime pas me présenter ainsi en public et je regrette de ne pas avoir fait demi-tour devant la porte.

Code ▲ RomieFeather

the taste of happiness

They say a person needs just three things to be truly happy in this world: someone to love, something to do, and something to hope for.

Du coin de l'oeil, j'observai Thor faire la conversation à ses neveux, sans doute dans le vain espoir de leur redonner un semblant de sourire. Soupirant doucement – j'avais bien de la peine pour les jumeaux et pour leur mère – je détournai le regard et le posai sur mon cousin, curieuse d'entendre ce qu'il avait à me dire à propos de ses années passées loin d'Asgard, mais surtout curieuse de savoir s'il avait été épargné ou non par les récents événements, ceux-là mêmes qui avaient bien failli me coûter la vie et celle de l'enfant que je portais. Rien que d'y penser, j'avais envie d'étriper Loki une fois de plus. Avec un sourire, je posai une main sur l'épaule d'Ásbjörn. « Ta présence n'aurait certainement rien changé, nul besoin de te sentir coupable... Personne ne s'attendait à cette attaque. Je ne doute pas que tu serais empressé de rejoindre Asgard si tu avais su. Le royaume est encore debout, nous sommes entiers... Tout va bien, en fin de compte... » Il avait toutefois raison, cette fête était une chimère qui n'effacerait en rien tout ce qu'il s'était passé, et il serait certainement bien difficile pour certains de revenir à la dure réalité une fois qu'elle serait terminée. Sans doute faisais-je partie des rares personnes sincèrement heureuses dans cette immense salle, pour une raison encore inconnue de tous, à l'exception du principal intéressé. « Hm, je crois que tu as confondu ta choppe avec la mienne. » J'échangeai les deux choppes comme si de rien n'était, l'écoutant poursuivre. Je fronçai les sourcils à ses dires, mais n'eus pas le temps de lui demander davantage d'explications qu'il changea de sujet en sortant quelque chose de son manteau. J'eus un petit sourire gêné en ouvrant la boite dorée qu'il me tendait. À l'intérieur se trouvait un bracelet d'or tressé, terminé de chaque côté par une tête de loup. « Tu n'oublies jamais, pas vrai ? » Toujours souriante j'enfilai le bijou à mon poignet, puis me penchai pour déposer un baiser de remerciement sur la joue de mon cousin. Lorsque je me redressai, j'eus la désagréable surprise de découvrir qu'un domestique venait de déposer un plat encore fumant sur la table, et les odeurs – que je supposais appétissantes en temps normal – me donnèrent soudainement la nausée. Le cœur au bord des lèvres je me levai un peu brusquement. « Excuse moi, je reviens dans une minute... » Une main plaquée sur les lèvres, je contournai les sièges et la table, et avant de m'éloigner davantage, je me permis d'interrompre la conversation entre Thor et ses neveux, simplement pour lui faire savoir que j'avais besoin d'aller prendre un peu l'air. Ceci fait, je me faufilai dans la foule pour me rendre jusqu'aux balcons. Avec un soupir, je m'appuyai sur la rambarde, inspirant l'air frais de la nuit à pleins poumons. Il y avait bien plus agréable que ces nausées qui m'ennuyaient toujours, mais il me suffit de glisser une main jusqu'à mon ventre pour me rappeler que c'était pour la bonne cause.

Asgard

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« Je ne le vois pas non plus, c'est bien pour cela que je deviens ton oncle préféré ! » Avait-il rétorqué, risette évasée sur un museau déjà prêt à replonger dans l'hydromel qui coulait à flot. Mais s'il tenta tant bien que mal d'offrir une once de jovialité au garçonnet, celui-ci eut tôt fait de la lamper au même titre que sa boisson. Le prince doré eut un léger mouvement de recule, laissé pantois face à l'aisance avec laquelle il venait d'ingurgiter le tout, sans aucune crainte quant à sa génitrice. Il fit à son tour un sort à sa pinte, tandis que ses tympans saignaient d'ouïr pareil discours de la bouche de Vali, quand bien même était-il légitime en ces temps obscurs. Le guerrier eut un relent de neurasthénie qui lui fit perdre son sourire, cependant, une demi-seconde de réflexion lui suffit lui recouvrir sa superbe et, alors qu'il s'apprêtait à répondre, il vit le second jumeau apparaître. « Narvi ! Content de te voir bonhomme, je me porte comme un charme, je t'en remercie. » Des Lokison, c'était de ce dernier dont il était le plus proche, même si, depuis peu, une distance qu'il déplorait semblait s'être immiscée dans leur relation. Faute aux circonstances, subodorait-il.

Il les contempla tour à tour, pendant que le nouveau venu se confondait en excuses, et il arbora un faciès plus concerné. « Ecoutez moi bien, vous deux. Vous êtes des princes d'Asgard, quoi qu'en disent les rancuniers. » Il regarda Vali. « C'est à toi et à toi seul de décider d'être un porteur de lumière. Ces sourires, ce sont les tiens, qu'importe d'où ils puisent leur inspiration. Ne laisse personne te piétiner pour des erreurs que tu n'as pas commises, tu as le pouvoir de devenir quelqu'un. Plus encore, de devenir celui que tu auras choisi d'être. » Il se tourna vers Narvi. « Et a t-on besoin d'une excuse pour être heureux ? Non. Les sujets ont suffisamment pleuré, il est désormais temps de se redresser et de relever le menton. Nous sommes des Dieux, nous survivons aux épreuves, non pas l'inverse. » Cette fois, il mira la Fidélité. « Je ne vous blâme pas de ne pas avoir le coeur à la fête, mais je ne vous laisserai pas sombrer. Les choses s'arrangeront, elles s'arrangent toujours ! » L'optimisme intrinsèque de Thor s'était régénéré, et il avait l'intention d'en faire profiter les êtres qui lui étaient chers. Soudain, il vit apparaître son épouse, qui s'évanouit aussitôt en direction des balcons, et revint sur le trio à ses abords. « Ne le dites à personne, mais votre oncle a aussi une annonce de la plus haute importance à faire, mais c'est une surprise ! »

Il se mit à rire, couvrant les bruits environnants de son puissant phonème. « J'ai grand soif ! Où est donc l'hydromel ?! » Son interrogation fit hurler plusieurs quidams qui en réclamèrent également, et les chopines ne tardèrent pas à être distribuées à qui en désirait.

Célébration du Printemps

Asgard était en fête. Bertha devait laisser sa place à la jolie Eostre pour que le printemps efface le froid glacial qui nous avait enveloppés pendant ces derniers mois. L’ambiance qui régnait était des plus paisibles, Idunn était de retour et l’arbre sacré recommençait à fournir ses pommes d’ors. Certes, la famille royale était dans le chagrin à la suite des actes du Prince Loki et des blessures de la Reine Frigga. Mais tout semblait aller pour le mieux. Dans ma nature angoissée, je sentais que cette accalmie présageait quelque chose de sombre, de lourd et d’encore plus difficile que la farce du Dieu de la Discorde. Lâchant mes armes et autres apparats, j’enfilais une robe pour célébrer le Printemps dans la salle du Trône. Nous étions tous invités par le père de Tout. J’espérais secrètement y croiser le Dieu de la Guerre, juste par plaisir. Mais je me réservais bien de le dire à Hedda qui s’amuserait encore de cette admiration que j’avais. Lorsque je rejoignis la salle, la fête battait son plein et de nombreuses divinités se regroupaient pour boire, parler fort et rires aux éclats. De quoi réchauffer bien des cœurs, après les épreuves passées. J’observais discrètement tout le monde, étant de nature timide et farouche. Je me voyais mal m’incruster à une table avec d’autres divinités, boire en leur compagnie. Non, je me voyais mal agir ainsi. J’envisageais déjà de retourner dans notre aile pour m’entraîner, faire rejaillir cette gêne évidente que je ressortais et l’extérioriser par une danse martiale.

Certaines de mes paires ne semblaient n’avoir aucun mal à se mêler aux autres, il y avait de nombreuses déités faisant partie de mes connaissances. Comme Sigyn. Je pensais à elle, son époux dans une prison. Comment se sentait-elle ? J’osais imaginer. Il y avait également la Princesse Sif, que j’avais eu le plaisir de rencontrer et d’échanger quelques paroles. Lorsque je la vis s’éloigner, sortir sur le balcon, je pris cette occasion pour aller parlementer avec la belle princesse, j’avais cru remarquer ses traits pâles et j’avais osé espérer que depuis notre dernière rencontre, elle ait pris plus de couleur. La princesse était appuyée à la rambarde, la tête vers le haut. Je me raclais légèrement la gorge pour qu’elle remarque ma présence et avec un sourire, j’allais jusqu’à elle. M’inclinant une fois devant Sif, je croisais ses prunelles céladon : Vous vous sentez mal princesse ? Souhaitez-vous que je fasse venir quelqu’un ? » Son visage était pâle, mais son regard exprimait point la fatigue, ni la détresse. Non, elle semblait… bien. Je remarque que vous semblez avoir repris plus de force que depuis notre dernière rencontre princesse. »

Célébration du Printemps

Cela faisait une poignée de semaines qu'ils étaient revenus victorieux de Jötunheim pour découvrir leur mère patrie poignardée en son sein même. Et pourtant, ce soir, c'était comme si les choses revenaient à la normale. On avait pansé les plaies, reconstruit les maisons, et Asgard commençait à peine à retrouver le sourire. Le printemps était de retour pour réchauffer les coeurs, et l'hydromel qui coulait à flot finirait d'étirer les sourires. Ces dernières semaines avaient été dures pour tout Asgard, et Hermod n'y avait pas échappé. La joie du retour d'Idunn n'avait été que bien piètre réconfort face à la colère d'avoir été celui qui l'avait enlevé à ses yeux, d'avoir été pris pour un imbécile par Loki qui lui avait volé son apparence pour faire du mal à tous les Vanes et Ases en lui refusant l'accès aux pommes d'immortalité. Pire encore, il était à l'origine non seulement du sac d'Asgard, mais pire que tout, par ses actions avait permis que sa propre mère fut blessée gravement. Cette colère ne serait que bien difficile à faire passer, et Hermod avait hâte de le voir au tribunal, puisqu'on lui refusait l'accès à sa cellule. Si les choses avaient tournées autrement, cela aurait pu être lui dans cette cellule, tous ses rêves et efforts réduits à néant par son propre frère, celui auquel contrairement à tant d'autre il n'avait pas tourné le dos, celui qu'il avait jusqu'à la fin voulu croire innocent. Mais désormais, c'était fini, et Loki ne trouverait en aucun cas le pardon dans ses yeux, seulement le désir de pouvoir l'étrangler de ses propres mains.

Heureusement, il avait eu des choses à faire avec ces mains, et depuis s'était entièrement dédié à la reconstruction de la cité. Son don en faisait un atout non négligeable, quand il s'agissait de transporter les choses d'un bout à l'autre de la cité. Il avait même appris auprès des artisans de quoi les assister et sa vitesse s'était trouvée bien employée et des plus utiles. De toute façon, il avait besoin désespérément de s'occuper. L'inquiétude quant à l'état de sa mère, l'inquiétude de voir s'éloigner tout espoir de voir Aldis à ses côtés, et le fait qu'elle soit éloignée d'Asgard, prise par d'autres responsabilité quand il ne pouvait échapper aux siennes... Cela le rendait malade. Heureusement, le réveil de sa mère lui avait donné quelques espoirs que les choses s'arrangent. Et cette fête tombait à pic, si Asgard réussissait à se relever de ses cendres, si tous étaient capable d'être à la fête, peut-être son annonce avec Aldis serait mieux reçue en temps de liesse... Ce soir, il fêtait cela, l'espoir d'un futur plus riant, l'espoir que les jours et les nuits à regarder par dessus son épaule, de craindre un mot de trop, serait bientôt derrière eux. L'espoir que lors des prochaines célébrations, il pourrait comme son frère avoir son épouse ou celle qui allait le devenir, à ses côtés.

Hermod avait ainsi gagné la salle du trône, reconvertie en salle de banquet. La fête battait déjà son plein, nourriture et boisson régalaient déjà à foison les invités. Hermod balaya la salle du regard, cherchant quelques visages familiers, ceux qu'ils devraient éviter notamment. Il préférait éviter les confrontations, ou les filles qu'il avait déjà vu passer dans son lit et qui tenteraient de remettre ça... Il salua quelques Ases qu'il connaissait, échangea quelques mots avec d'autres. Il vit ses deux neveux préférés -en même temps, ils n'étaient guère nombreux à pouvoir prétendre au titre ainsi que Sigyn, et si son premier réflexe aurait été de se porter vers eux, il remarqua immédiatement Thor à leurs côtés, et décida qu'ils les verraient lorsqu'ils se seraient remis de leur entrevue avec le Prince Doré qui paraissait déjà quelque peu éméché. Dans un autre temps, Hermod aurait été presque vexé de voir son frère dans un état de beuverie plus avancé que le sien, mais pas ce soir. Laissant là les jumeaux et leur mère, il se tourna vers le reste de la salle, cherchant plaisante compagnie. Aldis n'était pas là, il ne savait pas si elle viendrait de toute façon, bien que d'autres valkyries étaient dans les parages. C'est en cherchant un visage familier qu'il put apercevoir Sif, en pleine conversation avec... Asbjorn ? Depuis quand ce bougre était-il de retour à Asgard ? Hermod ne l'avait plus vu depuis bien trop longtemps, retenu par ses obligations, et les rares nuits qu'il réussissait à voler avec Aldis. C'est vrai, il avait moins le gout ces dernières semaines d'aller écumer les tavernes des autres mondes quand Aldis pouvait être à tout moment susceptible de s'échapper pour la nuit, ou quand il craignait de trop boire et de verser dans les débordements qui allaient avec. D'ailleurs, s'il attrapa une chopine en entrant, il savait qu'il en surveillerait étroitement le niveau. Si on ne le voyait pas boire, certains pourraient se montrer suspicieux, mais il craignait trop que l'alcool lui fasse faire ou dire des choses qu'il regretterait amèrement. Et si son ami était pour le moment accaparé par sa belle-soeur, Hermod n'allait pas manquer d'aller le saluer comme au bon vieux temps quitte à laisser les deux cousins discuter par la suite, mais que son ami sache qu'il était là et n'hésite pas à venir le voir une fois qu'il aurait rattrapé le temps perdu. Cela faisait en effet bien trop longtemps qu'il était absent d'Asgard.

Hermod se dirigeait ainsi vers leur table lorsqu'on y déposa un plat fumant et qui semblait des plus apétissant jusqu'au moment où Sif humant le fumet sembla perdre toute couleur et quitta précipitemment la table, alors qu'Hermod n'en était qu'à quelques mètres. Elle semblait se diriger vers le balcon, écartant l'idée qu'elle ait pu soudainement apercevoir quelqu'un et son comportement éveilla quelques soupçons dans l'esprit d'Hermod. La princesse était-elle prise de nausées à la moindre odeur forte ou n'était-ce qu'une coincidence ? Bah, Hermod écarta ces pensées, s'il y avait anguille sous roche ils ne tarderaient pas à être au courant, Thor n'était pas très doué avec les secrets et surtout quand ils avaient autant d'importance. C'est donc vers Asbjorn qu'il tourna ses pensées, dérobant le siège de sa belle-soeur, profitant d'une place de choix.

- Alors vieux baroudeur, mais que fiches-tu donc là ?! Je ne pensais pas te retrouver dans les parages avant un bon millénaire ou deux !

Asbjorn n'avait en effet pas mis les pieds à Asgard depuis un bon moment, même si cela n'avait pas empêché les deux de se voir à de nombreuses et multiples reprises, dans les tavernes de tous les mondes ou presque. Hermod appréciait particulièrement l'Ase qui était comme lui amateur de bonne table et de plaisante compagnie. Il devait bien avouer qu'il l'admirait et était fier de compter sur son amitié, c'était un aventurier comme nul autre et à ses yeux il représentait tout ce vers quoi il aspirait. Aspirait, au passé, peut-être, ces derniers mois avaient largement révolutionné la manière dont il envisageait son futur.

- Je suis heureux de te voir de nouveau à la maison, cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de te voir, et nos festins m'ont manqué... Tu arrives pile au bon moment, comme toujours ! Mais raconte moi, que deviens-tu et qu'est-ce qui t'a fait reprendre le chemin de la maison ?

©flawless

Reasons to feel at home

♦♦♦

Un triste sourire s’étendit sur mes lèvres. J’avais toujours rejeté la vocation qui m’avait été imposée, et pourtant ce devoir de protéger s’était ancré au point que les paroles de ma cousine ne me réconfortaient guère. Chaque choix a ses conséquences, et je devais vivre avec. Je savais que les regrets ne ramèneraient pas les morts, ni n’effaceraient ce qui était arrivé. J’acquiesçais en silence. J’étais chanceux, ma vie était saine et sauve et celle de ma cousine également. Elle paraissait épanouie, cela faisait plaisir à voir, mais en même temps, au détour d’un trait, d’un regard, elle avait un de ces secrets que seule une femme peut avoir et je me demandais bien ce que ce secret était, car il faisait rayonner Sif d’une manière splendide. « Oh, mes excuses…ne t’inquiète pas, je ne ramène aucun mal de mes voyages » dis-je quand elle échangea les choppe. C’était bien entendu une petite taquinerie, non pas que ma chère cousine soit très sensible aux maladies, aucun de nous l’était, mais c’était toujours une sorte de plaisanterie privée que seuls nous pouvions comprendre. « Comment pourrais-je oublier ? Te couvrir de cadeaux venus d’ailleurs est ce que je peux faire pour me faire pardonner mon absence et mon manque e communication. » Je l’observais avec un tendre sourire, content que ce petit cadeau lui plaise. Il n’était pas aisé pour moi de verbaliser mon affection pour Sif, sans doute comme chaque homme j’avais la pudeur des sentiments, et préférais l’action aux paroles. Mon visage se contortiona dans une grimace inquiète lorsque ma cousine montra des signes de faiblesses. . « Tout va bien ma chère ? » m’enquérais-je alors qu’elle se levait. Je ne savais pas si je devais la suivre ou non, je savais que Sif avait sa fierté propre , mais alors que je pesais le pour et le contre, un visage familier entra dans mon champs de vision.

« Par la barbe de ce bon vieux Odin, si ce n’est pas mon vieil ami Hermod » m’exclamais-je et le pris dans une étreinte amicale , en lui tapotant le dos. Cela me faisait toujours chaud au cœur de retrouver des amis. . «A qui la faute ! Mon cher, tu me fais faux bond plus de fois que ces dames me giflent et je déplore ne pas t’avoir à mes côtés pour découvrir les merveilles de ces mondes. Te ferais-tu vieux ? » le taquinais-je car je savais qu’il avait ses propres responsabilités. Je mangeai de mon plat et haussai des épaules. . « Je n’allais pas manquer encore une fois cette fête n’est-ce pas ? Après ce qu’il s’est passé… je suppose que je voulais juste revoir cet endroit, ma cousine et mes amis. Mais je ne reste que pour quelques jours, maximum semaines. Voilà ce qui arrive à être voyageur, tu deviens nomade, et oublie ta terre mère dont pourtant tu te languis par moment. Vois-tu , les choses n’ont guère changées pour moi, je voyage, je découvre, je profite et je m’enthousiasme de la bonne compagnie. Et toi mon ami ? Ta dernière missive était des plus incompréhensible»

Sigyn ne put réprimer un petit sourire timide aux paroles de Thor. Autant avait-elle toujours trouvé qu’il manquait cruellement de tact, depuis quelque temps, c’était les paroles de son beau-frère qui lui avait fait le plus de bien. La main de Vali maintenant hors de l’emprise de ses doigts, elle se contenta de lui jeter un coup d’œil, le laissant faire ce qui lui plaisait, alors que sa propre vision était entravée par la large main de Thor. Qu’il boive un peu d’hydromel si ça pouvait l’égayer le moindrement ; sous la supervision de la moitié de sa famille, elle pouvait bien lui permettre. Après tout, il était presque adulte – il serait toujours son petit à elle, mais elle devait se rendre à l’évidence. Les paroles de son fils résonnèrent à ses oreilles, lui causant un pincement au cœur. Déjà si jeune, il était apte à de telles réflexions… Elle posa doucement sa main sur l’épaule de Vali, serrant doucement, avant de la retirer. Thor avait raison, là-dessus aussi.

Le second de la paire de jumeaux se présenta finalement à la fête et Sigyn l’accueillit avec un sourire, plaquant un doux baiser sur sa joue. Elle écouta avec intérêt le discours que leur tint Thor ; résonnantes de vérité, Sigyn se promit de faire honneur à la sagesse de son beau-frère. « Puisque tu le dis, je suis disposée à te croire, » fit la Fidélité avec une tentative de sourire, qui s’étira doucement. Peut-être qu’à force d’essai, elle parviendrait à le garder toute la soirée, aussi hypocrite soit-il. Au moins elle n’aurait pas l’air de se morfondre… « Je suis curieuse de connaître le contenu de cette annonce, en tout cas, » admit la déité, hochant la tête avec intérêt. Elle saurait bien assez tôt.
La disparition de Sif n’avait pas échappé à Sigyn, mais c’était plutôt de ne pas la voir ailleurs dans la pièce qui l’inquiétait. Avait-elle décidé de se retirer de la fête ? Elle semblait pourtant y prendre plaisir… Apercevant son beau-frère Hermód, la déesse lui adressa un signe de tête. Elle prendrait de ses nouvelles un peu plus tard ; pour l’instant, les délicieux effluves du repas chatouillaient les narines de la déité, qui tendit timidement la main vers un morceau, qu’elle avala discrètement. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas pris la peine de manger un véritable repas ; elle noya donc le tout avec l’eau de son verre, qui se vit aussitôt rempli par un serviteur attentionné. « N’hésitez pas à vous resservir de l’hydromel si cela vous dit, » fit-elle finalement à l’adresse de ses fils. « C’est une soirée spéciale, comme l’a dit votre oncle. Profitez-en. » Elle ignorait si ses jumeaux apprécieraient l’attention, mais à vrai dire, elle n’avait pas le cœur à être une mère stricte dans ces temps difficiles sur le moral. Et puis, ils n’étaient plus des enfants.

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Les dieux adultes semblaient tous posséder cette capacité déconcertante de croire qu'il suffisait de le vouloir pour que tout s'arrange. Le jeune garçon se fendit alors d'un sourire d'écorché, lui qui luttait pour ne pas hurler. Ses mains tremblaient, rage et souffrance, il y avait la main de Sigyn sur son épaule pourtant. Peu importe le nombre de fois où son propre fils la rejetterait elle resterait là, derrière lui car qui à part cette mère pouvait savoir les souffrances de son enfant ? Alors même que les pieta restaient objets d'art encore à inventer pour des siècles futures et une religion encore bien jeune, eux ils avaient les larmes de Sigyn, il les auraient toujours.
L'arrivée de son frère ne fit rien pour le calmer, celui-ci se permettant de parler en leur nom à tous. N'avait-il que cela à faire ? Finalement, Vali se leva, le regard dur et une ombre accrochée à lui.

« Vraiment, mon oncle ? Peut-être est-ce cela le pire : vous croyez à vos propres mensonges. On a choisi la nature de la lumière que je pore depuis bien longtemps à ma place et aucune de mes actions n'en a changé quelque chose. Vous nous protégez, vous nous protégerez mais que dites vous à ceux qui offrent compassion à Narvi pour les derniers événements, mais chuchotent sur mon passage ? Beaucoup d'entre vous m'appellent encore un enfant pourtant depuis le début l'on m'empêche de l'être. Mère, n'est-ce pas vrai que tous vous tremblez de voir l'ombre de Loki dans chacune de mes actions ? Ne mentez pas.... Vous savez que cela est la cause même de l'inimitié que je vous porte. Mon oncle, le poids sur mes épaules est miens, je ne le partagerai ni ne l'imposerai aux autres, mais ne me forcez pas à sourire avec vos leçons de morales. On risquerait de me prendre pour un fils ingrat envers mon père... Prince peut-être, mais je laisse la couronne à d'autres. On ne peut avoir tous les appétits »

Il aurait aimé courir parmi les étoiles, s'envoler jusqu'au soleil et s'abîmer en mer pour mieux renaître tout à la fois. Il aurait aimé ne pas être ici et pire que tout : il aurait aimé ne pas avoir parlé. Car qui vraiment pourrait comprendre tout ce que l'adolescent venait de dire ? Vali avait certes des alliés en Asgard, cependant la solitude était un loup trop fort, trop puissant toujours prêt à lui déchirer le cœur.
La nausée au bord des lèvres, il se leva. Tout plutôt qu'entendre son oncle ou son frère tordre ses paroles et leur donner un sens qui n'était pas le leur. Sigyn, elle, ne dirait probablement rien. Elle savait.

« Excusez-moi »

Et, après un rapide salut de la tête, il quitta la table pour rejoindre les extérieurs. L'annonce que Thor avait révélé faire n'évoquait rien pour lui. Bien sûr il était heureux de voir que son oncle, tout aussi saoûl soit-il, se porte bien, mais Vali était encore trop à se débâttre contre lui-même pour vraiment prendre part à la fête.
En dehors des belles phrases et des grands mots, que restait-il si ce n'est la suffisance plutôt que l'affection ?
Des silhouettes un peu plus loin, Vali n'était pas le seul à s'aérer. L'adolescent les laissa à leurs secrets et marcha un peu. Là, en dehors des regards, enfin il pleura....

Asgard

an new awakening

❝ The season of spring, weather seems to sing. Lovely lovely days are coming our ways. The season of spring, blooming blossoming of nature of all kind, let roots unbind the season of spring. Birds unfold their wings, diving high into sky, wish one could fly. Listen, listen to my words ! The season of spring is near, now a look into your lovely eyes and one can see spring is already here. ❞

U
ne cataracte de breuvage sucré pour s'ajouter à la pléthore qui fluait dans les veinures du dieu guilleret. C'était le moins que l'on pouvait dire, Thor était à mille lieues de la torpeur d'il y avait à peine quelques temps, et rien ne semblait enclin à le ternir en cette sorgue de célébration. La cause de cette félicité tapageuse, commençait-il à se dire, peut-être était-ce le moment opportun pour la révéler à tous. Toutefois, son élan fut brisé par la réponse fielleuse d'un neveu qu'il n'avait jamais vu aussi sombre, feulant les verbes comme si le Ragnarök s'annonçait bientôt. Pantois, son oncle le contempla, au même titre que les individus alentours qui se montreraient très certainement moins magnanimes que lui. Si Vali avait été un homme, un guerrier digne de ce nom, la seule réaction que l'héritier aurait trouvé se serait matérialisée sous la forme d'une grande taloche à lui en faire traverser la salle. Non pas par offense, mais pour lui remettre les idées en place, car s'il comprenait son malaise, il ne parvenait à en faire de même avec son discours. Il le regarda partir, fit la moue, puis se tourna vers Sigyn, à laquelle il adressa un haussement d'épaules navré. Il n'y avait rien qu'il était à même de faire, visiblement.

Il susurra à l'oreille d'un domestique qui passait là, l'exhortant d'aller chercher Sif. Et le temps qu'il s'exécute, le prince doré grimpa sur les marches qui menaient au trône, pour se jucher là où tout le monde pourrait le voir. Il observa un instant la salle, puis fit tonner sa puissante voix. « Peuple d'Asgard !! » Le fracas de son phonème attira l'attention générale, et il reprit donc un ton en-dessous, pour ne pas percer les tympans des bonnes gens. « Amis d'Alfheim, amis de Vanaheim. Ce soir, nous fêtons le retour du printemps, mais pas seulement. Après tant de tribulations qui n'auront pas eu raison des Dieux, nous devons quitter le marasme d'une nuit sans étoiles pour admirer une aube nouvelle se lever. Il est temps d'honorer les mémoires de nos Regrettés non plus par les pleurs, mais par nos rires qui résonneront jusqu'au Valhalla et bien au-delà. Moi, Thor Odinson, héritier du trône, vous fais la promesse solennelle que la Cité Eternelle brillera de cette même magnificence qu'elle a toujours eue ! »

Il aperçut la prophétesse, à laquelle il tendit la main pour qu'elle le rejoigne. Un couple uni face aux sujets et aux proches, le guerrier eut un sourire énamouré. « En cette occasion, j'aimerais vous faire une annonce. » Sa paluche se posa sur le ventre de la déesse. « Dans quelques mois, mon épouse, Sif Vidardóttir, mettra au monde notre premier enfant. Ainsi deviendrai-je père, ainsi perdurera... la lignée royale des Ases. » Une descendance qui avait jusqu'alors inquiété le peuple, qui pouvait aujourd'hui se soulager. Et Thor ? La plénitude se miroita sur son visage, il suait d'une joie telle qu'il n'en avait jamais connue auparavant et qui, il n'en doutait pas, serait communicative. Il leva haut sa pinte, et déclara dans un coup de tonnerre phonique. « Pour l'avenir d'Asgard !! » La salle entière l'imita, et si certains restèrent circonspects, la grande majorité des convives éclata en cris d'exultation. Et tandis que l'ambiance était à son comble, l'Invaincu ne put s'empêcher d'étreindre son aimée et de perdre son faciès dans son cou de biche.

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