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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux.

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Arnórr Ormfrid
Arnórr Ormfrid
viking - leysingi

ϟ MESSAGES : 695
ϟ INSCRIPTION : 15/11/2014
ϟ LOCALISATION : Quelque part entre les vestiges du village et la sylve.
ϟ HUMEUR : La mousse aux lippes, enragé mais déterminé.

Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux. 5bae

« La colère vide l'âme de toutes ses ressources, de sorte qu'au fond paraît la lumière. »



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MessageSujet: Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux.   Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux. EmptyJeu 26 Fév - 20:13

L
'Hiver. Incube saisonnier, aussi somptueux que dévastateur, sa beauté liliale n'avait d'égale que la sournoiserie de ses baisers de givre, et pourtant... les scandinaves semblaient l'apprécier. Insensés qu'ils étaient, comment pouvait-on adorer lutter contre des bourrasques algides et passer d'entières lunaisons recroquevillés auprès du premier âtre venu ? Mais à bien y songer, même leur été avait une saveur d'indigence, comme si décidément tout dans ces landes n'était que froideur et inhospitalité. De sempiternelles réflexions, d'éternelles conclusions, et l'inexorable aversion qui ne bougeait pas de son paroxysme depuis qu'il était en âge d'en comprendre toute la démesure. Les prunelles fichées sur ce blizzard qui l'avait surpris et contraint à la halte, il repeignait le monde de son idéal, chimères d'homme meurtri et galvaudé à jamais. Il s'en revenait de la ville d'Oldervik, dans laquelle il avait passé quelques jours pour des affaires qui auraient outragé le tout Tromso, et pour cause, il était rarement question de considération altruiste et fraternelle entre ces deux communautés, qu'il se plaisait à monter l'une contre l'autre plus qu'elles ne l'étaient déjà. Et le jour où le conflit éclaterait, il se jucherait sur la plus haute falaise pour les contempler s'éviscérer les uns les autres, ces prétendus frères de foi qui ne voyaient jamais rien que leur propre intérêt. Mais en attendant, il serait obligé de passer la nuit dans cet abri de fortune, une caverne miraculeusement dénichée dans laquelle il avait allumé un modeste feu. Allongé à même le sol, un rocher en guise d'oreiller, il observa sa monture non loin de là, déjà assoupie, puis... un bruit inopiné lui fit tourner la tête en direction du fond de l'antre. Point de quoi s'angoisser, certainement, tant et si bien que ses paupières se fermèrent et qu'il fut prêt à s'abandonner au sommeil... avant qu'un second écho, plus distinct que le premier, ne le fasse légèrement se redresser. Les sourcils froncés et les yeux plissés comme s'il cherchait à fendre l'obscurité , il mira les alentours, non sans l'indicible sensation qu'il n'était pas le seul dans les environs. Mais impossible, il avait vérifié l'endroit avant de s'y installer, et n'y avait trouvé aucune trace de vie récente. Poussé par une once de méfiance, il se rallongea, une main sur le manche de son épée et se risqua à rabattre derechef ses rideaux de chair, non sans garder une oreille alerte.

La sorgue fut toutefois bonne – meilleure qu'il ne l'avait espéré, et dès l'astre diurne haut dans le firmament, il empaqueta ses quelques affaires pour les fixer sur les flancs de son cheval. Un détail, cependant, attira fugacement son attention. Non loin de sa couche improvisée, quelques fleurs ornementaient la rocaille, et s'il savait que certaines espèces étaient hivernales, il ne se souvenait en revanche pas les avoir vues la veille. Comment diable auraient-elles pu éclore en une seule nuit ? Aussi ubuesque lui semblait cette logique, la nature aussi avait ses caprices, et ce n'était assurément pas à lui qu'elle rendrait des comptes. Qui plus est, il avait plus important à faire. « Allons-y, on a perdu suffisamment de temps comme ça. » Maugréa t-il tout en guidant la créature hippique vers le dehors, où il ascensionna son échine pour s'y positionner et reprendre la route.
Un sentier qu'il connaissait par cœur, mais les périls étaient mutins et prompts à apparaître n'importe où, n'importe quand. En particulier en terme de climat, versatile au possible et qui gagna en froidure au gré des heures. Avec le vent septentrional, se convièrent les flocons de neige, qui vinrent chamarrer la crinière d'un pisteur placide – mais pour combien de temps ? Car comme si la pérégrination n'était pas d'ores et déjà laborieuse, sa jument se plaisait parfois à faire quelques écarts, une humeur subversive qui agaçait son cavalier au plus haut point. Et ce fut lorsqu'il fut sur le point de l'admonester qu'elle se cabra sans signe avant-coureur, faisant choir l'Ormfrid qui se réceptionna dans un lit nival non sans un râle à l'atterrissage. Un instant pour rassembler ses esprits, et il distingua sa monture s'esbigner le long des rochers montagneux. « Rah, les femelles... A deux jambes ou à quatre pattes, de véritables plaies ! » Humour phallocrate pour dulcifier la situation, puis il se releva pour se lancer aux trousses du cheval, dont il n'avait qu'à remonter les traces de sabots.

Il lui fallut un moment avant de retrouver la friponne, qui s'était réfugiée dans une alcôve rocheuse pour se protéger des intempéries qu'elle sentait sûrement poindre. Le jeune sylphe l'approcha et, tout en agrichant ses brides, commença à la vitupérer. « La prochaine fois que tu me fais bouffer le sol, toi, je te fais rôtir et là peut-être que tu serviras à quelque chose ! » Il n'eut pas l'ombre d'une réaction, mais son attention fut subitement détournée par une sensation pour le moins impromptue. Sur son bras, soufflait comme un zéphyr, en provenance d'une fissure dans le roc d'obsidienne. Une source de chaleur, ici ? Pantois, il se mit à tâtonner la paroi, puis à remonter la piste sans une parcelle d'idée de ce qu'il était sur le point de découvrir. Il s'éloigna jusqu'à ce qui s'apparentait à l'entrée exigüe d'un tunnel, qu'il hésita à emprunter... mais la curiosité et l'essence de l'éclaireur l'emportant sur la précaution, il s'y immisça, non mécontent de ne pas avoir une carrure de mastodonte comme la majorité des vikings, tout de muscles sculptés. Véloce et élancé, il parvint, non sans jouer de souplesse, à progresser à travers le passage qui finit par s'élargir, juste de quoi lui permettre de reprendre une marche plus usuelle, même s'il dut parfois grimper ou descendre avec toute la prudence du monde. Plus il avançait, plus la chaleur ambiante croissait, il ne sentit bientôt plus rien de la fragrance hiémale qui emmaillotait pourtant Midgard tout entier. Pis encore, des perles de sueur naquirent sur ses tempes et il lui fut ardu de se déplacer avec son épaisse fourrure sur le dos, si bien qu'il retira son manteau et le pendit là, avec la certitude qu'il le récupérerait au retour. Et il continua, jusqu'à se faire guider par une nitescence carmine et aboutir devant un paysage magmatique, un véritable royaume de feu qui le laissa littéralement bouche bée.
« Par Odin tout puissant... » Des fleuves de lave et des sources ignées à perte de vue, c'était comme... fouler le palpitant d'un volcan, ou les entrailles d'un dragon. Où pouvait-il bien être ? Il n'avait jamais entendu parler de pareil endroit, et en soupçonnait encore moins l'existence si proche de chez eux. La trouvaille était à ce point ineffable qu'il en omit combien de temps il avait pu marcher pour changer ainsi de microcosme, et qu'au-delà de sa sécurité, vociféra la soif de découverte. Il lui fallait en apprendre davantage, récupérer quelque objet que ce soit pour l'emporter avec lui , et surtout, il lui fallait impérativement redoubler d'ingéniosité pour marquer cet emplacement et être enclin à le retrouver quand bon lui semblerait. La senteur d'odyssée, d'hypothétiques butins qui n'attendaient que d'être décelés, et tant de nouveautés à s'approprier. Et tant de dangers desquels se méfier... car soudain, il sentit une masse approcher son râble, se mouvoir avec une discrétion toute relative pour parvenir jusqu'à lui. L'avait-on suivi ? Ami ou antagoniste, il serait toujours tant de s'en assurer après avoir tiré son estoc, ce qu'il fit avec célérité tout en effectuant une volte-face. Sa lame vint s'apposer non pas à la gorge de l'individu, mais au centre de son plexus, et une seconde plus tard, il tomba de nouveau des nues. « Dites-moi que je cauchemarde... ! » Car cela n'avait rien d'un rêve suave.
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MessageSujet: Re: Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux.   Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux. EmptyMar 10 Mar - 23:27

Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux
Some say the world will end in fire, some say in ice. I said they can burn us, they can freeze us, but they will never smother the roots of our hope.
L'immobilité, jusque dans son corps. Corps, ou plutôt carcasse, car en cette période rien n'était moins dénué de vie qu'Eostre.... sauf peut-être les véritables morts, eux qui n'avaient plus de comptes à rendre à personne.

L'inertie, la monotone. Ses gardes-malades veillaient à ce qu'elle n'essaye pas encore une fois de s'échapper de sa chambre pour aller surveiller l'avancée du soleil en risquant d'attraper un froid plus grand encore que celui qui la tuait déjà.... Prudence inutile. Rien ne pourrait l'inciter à mettre le nez dehors. Eostre n'avait envie de rien. Ni de personne. Juste que le temps passe. Que les souvenirs cessent d'exister, qu'il ne reste plus rien de ce poids qui lui donnait l'impression de se noyer dans le néant. Même le couronnement à venir du Prince Doré ne réussissait à la réjouir.
Maussade était encore un terme trop doux pour qualifier l'humeur du Printemps. Ce qui ne découragea pas l'un des rare visiteur assez courageux pour approcher l'âme en peine...

« Porteuse d'Espérance !! » Porteuse d'Espérance ? Qui était l'aveugle qui l'avait ainsi nommé, déjà ? La déesse poussa un long soupir dénué d'enthousiasme. « Bonjour à toi aussi, cher Nisse. » Jörd en avait fait ses espions, Eostre ses amis. Des millénaires déjà qu'elle s'entendait aussi bien avec le petit peuple donneur de fleurs qu'avec toutes les autres créatures de lumière d'Yggdrasil. Les Nisse qui, compagnons fidèles autant dans les bons que les mauvais jours, lui apportaient chaque journée d'hiver une fleur pour égayer sa prison dorée.

La Nisse battait ses ailes frénétiquement, semblant affolée par quelque nouveau malheur venu frapper une déesse déjà écroulée par suffisamment de chagrin à son goût. « Votre mortel, Dame du Printemps ! Il court un grand danger !! » Contrairement à la tournure de phrase, elle n'avait pas (encore) acquit de midgarien comme propriété personnelle. Mais puisqu'elle était la seule à se soucier de celui-là, le "mon" coulait de source. « Par cet hiver sans fin, quel nouveau malheur est-ce là ? » Lasse, elle était si lasse. Rien n'avait plus de saveur, pas même l'immonde potion d'Eir censée adoucir ses maux. Car l'hiver durant, ses sens étaient comme engourdis, paralysés à l'image de toute cette nature recouverte d'un blanc manteau... Sauf l'inquiétude. Et Arnórr en était une source intarissable. « Ses pas le conduisent loin, loin, très loin de là ou les fleurs poussent. Bientôt, vous ne pourrez plus rien y faire. » Eostre cligna des yeux pour s'éclaircir les idées. Elle n'avait plus foulé la terre de Midgard depuis deux printemps. Volontairement. Elle ne l'avait pas vu non plus, depuis tout ce temps. Qu'était-il devenu, sans elle pour veiller sur lui ?

L'accablement, honteux, tomba sur la déesse.
Les épais rideaux brodés, même fermés, ne filtraient pas totalement la lumière blanchâtre qui aspirait son énergie comme une insatiable succube. Il n'y avait rien qu'elle n'ait moins envie de faire que de sortir de sa couche...

Et pourtant, que le Gardien du Pont se prépare. Elle avait fort à faire pour rattraper ses innombrables erreurs, et si pour cela elle devait abandonner la douceur du coton pour la brûlure de la neige... qu'il en soit ainsi.

✿✿✿

La froidure s'abattit, tel le poids du monde écroulant les épaules du frêle Printemps. Emmitouflée de la tête aux pieds dans la fourrure du seigneur ours blanc, elle frissonnait sous la brise glaciale, feuille arrachée à son arbre, ballotée par le véloce, le mordant, le froid vent de l'hiver. Elle n'aurait pu choisir pire moment pour redescendre sur Midgard, ou Bertha semblait vicieusement s'acharner, comme se délectant de voir la lueur tremblotante du Printemps tenter de résister, au milieu de ces rafales blanches.

Le Blizzard, c'est ainsi qu'ils l'appellent. Le Blizzard, terreur des nuits saisonnières troublées d'un printemps affaibli. Du blanc, partout, sur tout. Nulle couleur plus terne que celle là.
Elle arrivait au faîte de l'hiver, et le choc la fit tanguer, basculer presque, dans cet océan poudreux. Heimdall l'avait mise en garde pourtant, descendre maintenant, c'était affronter sa hantise, c'était se précipiter alors qu'elle n'était pas prête. Mais raisonner l'entêtée lorsqu'elle se croyait en croisade héroïque pour rattraper les erreurs du passé revenait à essayer d'empêcher à Var de punir ses parjures. Ou encore d'empêcher sa capricieuse monture de hennir impatiemment pour qu'elle les mette enfin à l'abri avant qu'ils ne terminent comme les arbres.

Tige flexueuse qui plie mais jamais ne se brise, Eostre rejoignit juste avant que l'abattement ne soit total le maigre abri qu'était cette caverne miraculeusement trouvée par le mortel coureur d'ennuis qu'elle suivait de près. Arnórr, toujours lui. A quoi ressemblait-il, maintenant ? De nouvelles cicatrices, de nouveaux stigmates de sa vie mouvementée étaient-ils apparus pendant ce qui n'était que poussière dans l'éternité d'une divinité, mais déterminant dans le sablier éphémère d'un mortel ?
Soucieuse, la déesse du printemps utilisa sa magie pour se dissimuler à l'œil humain.

✿✿✿

Le sommeil lui allait bien, à cet enfant qui n'en était, malheureusement, plus un. Plus du tout. Disparu, le thraell au cœur martelé par la souffrance et la rébellion. Disparu, l'enfant ayant besoin d'une mère. Il avait grandit. Trop vite. La mélancolie, comparse bien connue des sombres hivers, martelait Eostre comme une massue de jötunn. Les regrets, aussi.... Tant de regrets. Figure éthérée, elle resta quelques instants précieux encore à contempler avec attendrissement l'endormi, dans. Pas de cicatrice visible, par bonheur. Bonheur ? Oui, voilà que quelques fleurs timides pointent le bout de leurs pétales sous l'impulsion d'Eostre. La déesse ne pouvait que se réjouir de le voir si serein, si apaisé, dans son sommeil. Comme il aurait du l'être éveillé, si seulement elle avait bien accompli sa tâche....
Elle n'avait pas le cœur à le quitter, pas tout de suite. Le lendemain, peut-être. Et la Nisse avait affirmé qu'un danger guettait Arnórr, ainsi ne pouvait-elle pas un instant se permettre de détourner son regard de lui.
Belle excuse, n'est-ce pas ?

Les heures passaient, et l'aube serait bientôt là. Il ne fallait pas qu'il la surprenne, alors Eostre se recouvrit-elle une fois encore d'un voile magique qui la faisait se confondre avec la pierre. Comme la veille, il pourrait l'entendre, mais pas la voir, et ce malgré son manque de discrétion probant et sa maladresse désespérante... celle là même qui avait de peu manqué de la trahir lorsqu'elle s'était cogné l'orteil contre la roche, la soirée passée. Mais la déité affaiblie ne voulait pas intervenir à moins d'y être contrainte. Cela faisait des jours que la brosse n'avait touché ses cheveux, et elle n'osait imaginer l'état de ses boucles maltraitées par l'hiver. Hors de question qu'elle se présente à qui que ce soit dans son état, affaiblie comme un nourrisson sevrer de nourriture.

Elle attendit qu'il ait empaqueté ses affaires et reprit la route avant de faire de même, avec bien moins d'habileté, il fallait l'avouer.
Elle suivait les traces laissées dans la neige, pisteuse improvisée, déjà emplie de regrets. Somnolente, elle luttait contre les suaves attraits de Darakan voulant l'emporter à l'abri, loin de cet abîme glacé. Mais sa monture excitée, à l'encolure de laquelle elle était agrippée comme un Thor à son marteau, ne la laissait pas faire. Eostre était une bonne cavalière, mais elle avait moins l'habitude de braver des tempêtes de neige que de galoper après des papillons sous un ciel sans nuages. Et elle était si fatiguée.... Les nuits blanches ne réussissaient qu'à Mani, après tout. Pourquoi était-elle embarquée dans cette aventure insensées, déjà ? Ah, oui. Arnórr. Raison suffisante pour effacer ses doutes.

La route était dangereuse, la chevauchée d'autant plus malaisée que le temps ne s'y prêtait guère. Cela allait mal se terminer.... Comme le bruit de chute, audible malgré le sifflement âcre du vent, le confirma à la déesse. Aussitôt, une pointe aigue de cette inquiétude déchirante la fit talonner sa monture, accélérer dangereusement. Une chute pouvait être mortelle, elle avait déjà été témoin d'un tel drame, quelques décades plus tôt.... Il suffisait d'une mauvaise chute pour qu'Hel ou Bertha gagnent de nouveaux pensionnaires.

Mais il n'était plus là. Était-elle si mauvaise traqueuse qu'elle réussissait à le perdre dans l'épaisse poudreuse qui aurait trahi le plus prudent des lapins ? Ou bien.... Après un bref moment de panique, Eostre retrouva la dernière trace, qui s'arrêtait devant une crevasse ou avait été abandonné le cheval. Plutôt tombant que descendant, la déesse mit pieds à terre, intriguée bien malgré elle par ce qu'il se dégageait de la fissure.... Rien qui ne caractérisait Midgard. Rien de vivable. Souffre, et flammes. Chaleur moite, et promesse de dégel.... Eostre poussa un nouveau soupir. Elle savait ou son mortel avait disparu.

Sa monture et celles d'Arnórr se tiendraient chaud pendant leur absence... en espérant qu'elle ne soit pas trop longue, sinon quoi Eir ou ses apprentis risquaient de se rendre compte qu'une déesse était portée disparue...

« Brave bête, tu auras droit à un repas de roi lorsque nous rentrerons. Je te confie la garde. » Parce qu'il n'y avait aucune raison pour qu'elle échoue -cette fois encore- à raisonner son mortel... N'est-ce pas ? Elle aurait bien laissé à Svássǫndóttr un baiser sur le bout du nez si elle n'avait pas craint que ses lèvres n'y restent collées à cause du gel. A la place, la déesse se contenta d'un dernier coup d'œil empli d'affection pour son cheval, avant de se faufiler avec aisance dans la fissure surnaturelle, sa taille de guêpe aidant. Néanmoins, le sentiment d'oppression, une fois livrée à l'obscurité et enfermée sous la roche stérile, manqua de l'assommer. La respiration d'Eostre se fit saccadée, ses mains se crispèrent sur les parois rocheuses, seuls repères. Qui disait que seuls les enfants avaient peur du noir ? Ou des espaces clos ? Claustrophobie dévorante, à laquelle elle ne s'arracha qu'en concentrant toutes ses pensées sur l'humain vulnérable qui l'attendait de l'autre côté, ainsi que l'air tiède qui remontait jusqu'à elle....

En son sein battant, Eostre sentait la glace fondre comme la neige sous Sól. L'intense chaleur qui allait en s'amplifiant était trop extrême pour permettre la survivance des fleurs, qui flétriraient irrémédiablement à essayer de pousser près d'un tel feu destructeur. Mais Eostre n'en avait cure, car la chaleur était toujours plus supportable que la froideur. Rien ne pouvait être pire que la virulence de l'hiver, pas même un brasier à en faire fondre le palais de Bertha. Plus elle avançait, plus la température se faisait supportable. Eostre avait bien une petite idée de ou ce passage les emmenaient... et cela n'était pas réjouissant. Pour autant, elle sentait l'énergie la raviver au fur et à mesure de son tâtonnement, d'autant plus lorsqu'il découvrit le perchoir du manteau de celui qui la précédait. La pressée termina presque en courant sa poursuite effrénée -non sans une chute ou deux qui lui avaient tirées quelques larmes de douleur passagère et des jurons à en faire pâlir le plus rustre des vikings.
Ce qui lui sembla une éternité plus tard, elle sortit à la lumière. Et quelle lumière ! Rougeoyante comme les flammes du foyer draconique, en infiniment plus agressive... Eostre eut à peine le temps de découvrir au travers des yeux du printemps ravivé, innocents de quatre mille ans de joyeusetés, le paysages horrifique, qu'elle se faisait surprenamment cueillir « Ah ! Mon pauvre cœur !! » L'exclamation surprise en sortit tout droit, de ce cœur trop aisément bouleversé. La déesse aurait bien aimé poser sa main sur ledit organe, pour amplifier son état passager, mais l'estoc qui la menaçait l'en découragea. Bien qu'elle soit persuadée de ne rien craindre de celui qui lui faisait face, de ce mortel au masque farouche et aux yeux sombres, écarquillés comme s'ils contemplaient Jormungand en personne. Pas très flatteur, non. Mais il en fallait plus -bien plus- pour qu'Eostre prenne ombrage, et Arnórr avait des circonstances atténuantes -il en avait toujours.

Pauvre petit mortel, quel choc cela devait être, que de faire face au monde du chaos primordial ! Son pauvre petit Arnórr se devait être bien chamboulé. Heureusement, Eostre aux douceurs de miel était là pour le rassurer et lui faire très vite rebrousser chemin -avant qu'il ne reste d'eux que des tas de cendres sur lesquels Surt et ses enfants pourraient danser jusqu'au Ragnarök.
Mais voilà la déesse qui, tout naturellement, s'étire comme après un long sommeil et pousse un soupir d'extase, ses yeux se fermant pour mieux apprécier l'étreinte sulfureuse de l'océan enflammé. Est-ce là un mirage lié à la trop écrasante chaleur, ou la déité semblait-elle se mettre à irradier ? Malgré la sueur qui coulait le long de son dos, malgré sa cape qui lui semblait plus lourde que Thor lui-même ; les frissons s'en devenaient friselis -moins de froid que d'expectative. Et enfin, elle retourna sa divine attention sur ce mortel pour qui elle avait traversé pas moins de trois monde sans même un regard en arrière. Lui, qui la remerciait d'une épée dégainée... Ce qui tira évidemment un éclat de rire clochetant au Printemps ressuscité, une fois la surprise passée. Arnórr n'avait jamais été un enfant docile -loin s'en fallait- mais c'était ce qui faisait son attrait. Et ce pourquoi elle ne pouvait détacher son regard de lui, quoi qu'il advienne, quoi qu'il puisse faire.

« J'aimerais le pouvoir. Mais je ne le puis, pas sans me rendre coupable du crime de mensonge. Ce royaume infernal est aussi vrai que toi et moi.... Ou que cette lame trop affûtée qui caresse ma peau. Cette cape ne m'appartient pas, je serais fort embarrassée si elle n'était pas en parfait état lorsque je la rendrais à sa propriétaire. Ainsi, aurais-tu l'obligeance d'abaisser ce dard ? Au moins afin que je puisse me dévêtir et te prouver que je ne porte ni arme ni quoi que ce soit qui puisse te menacer. » énonça-t-elle dans un seul souffle enthousiasmé, les mots sortant comme une cascade se délivrant enfin de sa prison de glace. Ah, qu'il faisait bon d'échapper au souffle de Bertha ! L'air était certes suffocant, sa poitrine sous laquelle la lame s'appuiyait désagréablement se soulevait avec difficulté... Mais cela est toujours préférable à ce qui se trouvait derrière... Ou plutôt, en haut. Le froid de l'hiver n'était plus qu'un souvenir douloureux évaporé dans l'espace, une trêve éphémère dans son fardeau saisonnier. Et, par tous les dieux, que c'était appréciable ! « Je m'en attriste, l'accueil n'est pas aussi chaleureux que le décor ! » Or, elle n'avait pas l'air triste du tout, l'exaltée. Décor à la chaleur brûlante, qui, en moins de temps qu'il n'en fallait pour Sleipnir de parcourir l'Arbre-Monde de haut en bas, avait fait fondre les derniers souvenirs neigeux du blizzard qui soufflait au dehors.... Secs ils étaient tous deux, comme jamais les étés nordiques ne l'auraient permis. Le cauchemar ne semblait pas si cauchemardesque, même si pour rien au monde Eostre ne s'enfoncerait plus loin, au défi des flammes fatalement dansantes. Elle était venu pour sauver le derrière de son mortel, mais bien qu'ayant conscience des dangers elle avait un besoin de relâcher pour un moment la pression. Respirer. Vivre. Cela ne durerait pas.

Ainsi Eostre sortit son unique arme, ce large sourire à la fois innocent et charmant qui lui avait mainte fois sauvé la mise (quand il n'aggravait pas son cas).
Où, comment arriver comme une fleur au milieu d'un océan de feu en s'étonnant que le mortel soit sur ses gardes d'une visiteuse improviste tombant du ciel... Littéralement. Eostre, ou l'art d'entrer en scène avec panache.
crackle bones
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Arnórr Ormfrid
Arnórr Ormfrid
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MessageSujet: Re: Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux.   Qui souffle dans le feu, les étincelles lui sautent aux yeux. EmptySam 14 Mar - 18:19

L
'antagoniste pouvait se tapir sous la plus étincelante des vénustés, sous la plus chaste des innocuités, comme sous la plus émétique des laideurs. L'Ennemi n'avait pas une forme universelle, un fait dont il fallait être conscient en ce bas monde, et il était bien placé pour savoir que la mystification était une question de survie ou de mort. Pour autant, cette beauté là était inusuelle, comme une blanche colombe descendue de sa frondaison pour se mêler aux freux midgardien. Elle exhalait ce quelque chose ineffable qu'il était impossible d'ignorer, mais dont il avait choisi de se détourner depuis la toute première fois où ils s'étaient rencontrés, il y avait déjà longtemps de cela. Non, ce minois ne lui était pas inconnu, ces traits séraphins étaient une source de confusion qu'il n'avait jusqu'à présent jamais réussi à éclaircir. Ces iris diaphanes à l'éclat mutin n'étaient pas aussi limpides à lire que ne le suggérait leur teinte, elle ne lui octroyait rien d'intelligible à travers ses mimiques, cet intérêt sibyllin qu'elle lui portait depuis qu'il avait refusé qu'elle soit l'épaule sur laquelle larmoyer, et à dire vrai, peut-être qu'il n'avait jamais fait aucun effort pour résoudre ce mystère qu'elle constituait. Mais aujourd'hui, impossible de croire qu'il s'agissait de contingence, ce n'était point une lubie des Nornes qui les avait réunis en un lieu aussi fantasmagorique, et cela signifiait qu'elle n'était pas aussi porteuse d'innocence qu'elle en avait l'air. Comment, par tous les monstrueux rejetons de Loki, ne l'avait-il pas repérée plus avant si elle le suivait depuis tout ce temps ? Depuis quand, par ailleurs, était-elle sur ses talons ? Un pisteur pisté, voilà qui ne manquait pas d'ironie, une sapidité trop âcre au goût du principal intéressé. Car passée la contenance pantoise, c'était la frustration de son ignorance qui fut prête à sourdre, et cette maudite impéritie qui le tournait en ridicule. La logorrhée de la sylphide fut inféconde de satisfaction, il eut même la sensation – peut-être fictive – qu'elle osait se faire goguenarde, alors même qu'elle se tenait du mauvais côté de l'estoc. Il la jaugea, pétri de dédain, et se sentit à l'orée de fulminer lorsqu'elle arbora une risette évasée, fort inopportune pour pareil contexte. Cette fois plus d'incertitude, elle le raillait ouvertement, mais elle se fourvoyait si elle le pensait enclin à réprimer ses pulsions juste parce qu'elle était une femme. A l'Helheim, la galanterie viking, il glaviotait sur ces dames là où les norvégiens les sacralisaient.

Il abaissa finalement son arme, mais ne la rengaina pas pour autant, et il se chargea séance tenante d'ôter le sourire de son interlocutrice. Sa poigne se referma sur la gorge gracile de la jolie biche, et sans une once de douceur, il la bouscula jusqu'à la conglomérer à la paroi la plus proche. Là, son corps s'ajusta aux cambrures voluptueuses que l'on devinait sous cape et robe, l'emprisonnant ainsi entre le mur de rocaille et lui-même. Sa gueule effleura celui de sa désormais captive, penché sur elle pour lui donner l'impression qu'il l'écrasait complètement, il darda ses yeux dans les siens et rauqua tel un mâle furibond. « Je conchie sur ta cape et ton chagrin damoiselle, et j'éviterais de sourire comme une imbécile si j'étais toi, à moins que tu ne veuilles que je te lacère les joues pour te le graver à tout jamais ! » Plus un iota de ce quant-à-soi dont il usait généralement au vu et au su de tous, n'y aurait aucun spectateur pour témoigner, et il lui aurait ébauché une tranchée dans son goitre avant qu'elle n'ait eu le loisir de se lamenter à qui que ce soit. Elle ne serait pas la première à choir sous son inclémence, encore moins la dernière, et ce, jusqu'à ce que le trépas ne l'ait expédié dans les tréfonds des enfers. « Regarde-moi bien, est-ce que j'ai l'air de vouloir badiner là maintenant ?! Je n'sais pas à quel jeu tu t'adonnes avec moi, mais j'arrive à bout de patience, cette fois je ne tournerai pas les talons avant d'avoir eu des explications ! » Sa tirade fut presque tronquée par un écho de vapeur qui se répercuta dans l'endroit, son inhabituel qui fit tout de go réagir l'Ormfrid. Sans jamais lâcher son gibier, il se retourna, paré à user de son épée en cas de nécessité. Ses calots quêtèrent dans les environs pour une potentielle menace en approche – qui disait terre nouvelle, disait danger méconnu, motif suffisant pour rester aux aguets même en plein interrogatoire. Plusieurs secondes d'un silence relatif s'écoulèrent, rien à l'horizon, il put reporter son attention sur la naïade qu'il observa un moment.

Il retira ses phalanges de son gosier, sur lequel des macules noirâtres de saleté étaient dorénavant visibles, il fit un pas en arrière, puis plaqua cette fois sa main sur le poitrail de la jeune femme pour la maintenir contre la roche. Sa paume épousa sans vergogne la courbe d'un sein, qu'il lui essoucherait volontiers si ses justifications ne lui convenaient pas. « Ca fait des années que t'apparais dans ma vie sans demander, j'ai pas été assez clair ces quelques centaines de fois où je t'ai dit que j'avais pas besoin de toi ?! » Aussi loin que remontaient ses réminiscences, elle avait toujours cherché à cueillir ses peines comme l'on nettoyait un beau parterre de son ivraie. Enfant, adolescent, adulte, elle ne perdait pas espoir de percer dans la vie d'un bélître qui n'avait rien de favorable à offrir, une opiniâtreté démentielle qui n'avait ni queue ni tête. « Qui es-tu vraiment ? Une simple donzelle n'aurait pas pu me suivre sans que je ne le remarque, et d'ailleurs, qu'est ce que tu me veux à la fin ?! Je peux me torcher tout seul, je veux pas d'une mère de substitution, ni d'une tarée qui s'amuse à me balancer des fleurs à la tronche ! » Il faisait référence à un épisode survenu une poignée d'années plus tôt, lors d'un printemps qui avait été particulièrement riche en terme d'efflorescence, il s'en souvenait parfaitement. Paisiblement installé sur la place du village, il avait essuyé un assaut floral pour le moins inopiné et ubuesque de la part de la jouvencelle, qui avait fait pleuvoir une ondée de pétales sur sa carcasse en pensant bien faire. Outre la truculence du geste, il avait eu la preuve en ce jour qu'elle ne reculerait devant rien pour l'importuner, sans qu'il ne sache jamais pourquoi. Et puisqu'il pouvait enfin lui extorquer des raisons, elle ne partirait pas libre tant que ce ne serait pas fait.
« Tu connais cet endroit ? Comment ? Quel est-il ? Et par Odin... » Il se rapprocha derechef légèrement, babines retroussées. « Ne t'avise pas de me mentir et d'éclater à nouveau de rire ou je t'arrache la mamelle, je te mets au défi de penser que je plaisante pour voir ! »
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