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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Sometimes the heart just beats itself apart

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Sól Mundilfaridóttir
Sól Mundilfaridóttir
déesse du soleil

ϟ MESSAGES : 808
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MessageSujet: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyVen 31 Oct - 14:40

Sometimes the heart just beats itself apart

ALDARIK & SÓL

La cendre flottait dans l'air, comme une sinistre imitation de neige. La sylve midgardienne était plus sinistre que jamais auparavant depuis qu'un dragon avait pris ses quartiers dans la montagne voisine de Tromsø. Les fumées prenaient à la gorge et brûlaient les yeux, la pestilence du souffre flottait partout dans l'air. J'avais l'amère impression de déambuler dans un monde jumeau de Svartalfheim, là où nulle lumière ne perçait ni ne subsistait, là où toute vie avait été anéantie. Sous mes pieds, un tapis de cendres, qui se soulevait à chacun de mes pas comme un nuage funeste, un mauvais augure qui peut-être aurait dû m'inciter à m'en revenir d'où je venais. À mesure que je me rapprochais du village, qui n'était plus aussi paisible que par le passé, les battements de mon cœur s'accéléraient. Un tambour furieux battait dans ma poitrine, l'air me manquait, et cela n'avait rien à voir avec les vapeurs de soufre qui empoisonnaient la forêt. Cette nuit, j'étais seule. Une épaisse couche de nuages empêchaient les rayons de la lune d'éclairer mes pas, ce qui, d'une certaine façon, me convenait parfaitement. Je ne voulais pas que Máni puisse m'observer et me juger, pas cette fois. J'étais seule, et je tenais à le rester, du moins jusqu'à ce que j'atteigne les abords de Tromsø. Ma décision de revenir, après presque six années d'absence, n'avait pas été aussi mûrement réfléchie qu'elle aurait dû l'être. Oh non, bien au contraire, j'avais agi impulsivement, comme bien souvent – comme toujours. Mon impétuosité m'avait joué de bien vilains tours au cours de mes tristes millénaires d'existence, mais c'était bel et bien le désespoir qui m'avait poussée à commettre l'irréparable, la pire de toutes mes erreurs. Un élan de détresse qui m'avait précipitée dans les mâchoires de Sköll, et tout bien réfléchi, je regrettais de ne pas avoir été dévorée. Le désespoir, puis la faiblesse, et j'avais hurlé ; un hurlement, c'était tout ce qu'il avait fallu pour tout gâcher.

À l'orée du bois, alors que les premières lumières des habitations me parvenaient, je m'immobilisai. Pétrifiée, durant une poignée de secondes, j'hésitai sincèrement à faire demi-tour, à m'en retourner d'où je venais. N'en avais-je pas suffisamment fait... ? Un craquement me fit sursauter et je fis volte-face, prête à m'enflammer comme une torche pour faire face à Sköll – rien. Le loup avait renoncé à sa traque ce soir, trop effrayé par le dragon qui rôdait sur Midgard. Le reptile incendiaire m'offrait bien malgré lui un répit, dont j'aurais besoin pour atteindre mon objectif. Je n'avais ni la tête, ni le cœur à me lancer dans cet éternel jeu du chat et de la souris cette nuit, j'avais bien plus important à faire... Je devais saisir cette chance qui se présentait à moi de réparer le mal que j'avais causé, ou tout du moins de l'expliquer. Cette chance serait peut-être la seule que j'aurais. Car dès que l'aube poindrait, la guerre ferait rage et il n'était pas impossible que mes envies de vengeance m'aient poussée à choisir le camp des futurs perdants. Cette nuit serait peut-être la dernière que je vivrais ; auquel cas je remerciais les Nornes de m'avoir offert un peu de quiétude pour mes dernières heures. Après quatre millénaires à souffrir d'une malédiction, d'une punition injuste, mourir sur un champ de bataille ne serait pas la pire chose qu'il m'arriverait... Si seulement mon cœur n'était pas rongé par les regrets et les remords. La culpabilité était un étau qui m'enserrait depuis à présent bien trop longtemps. Ce n'était pas un sentiment avec lequel j'étais coutumière, pour la simple et bonne raison que je ne m'étais jamais rendue coupable d'aucun méfait... Jusqu'à ce que je rencontre Aldarik.

Que n'avais-je pas fait en acceptant de le suivre chez lui ? J'aurais mieux fait de serrer les dents et de laisser Sköll m'avaler. J'avais été égoïste, cruelle, désespérée... lâche. Si je m'étais intéressée à lui en premier lieu, c'était tout simplement parce qu'il me rappelait mon passé et mon humanité, parce qu'il ressemblait trait pour trait à Glen... Avec lui, oublier ma malédiction était d'une facilité presque déconcertante. Du moins, cela l'était jusqu'à ce que ma charge se rappelle à mon bon souvenir et que je sois dans l'obligation de l'abandonner chaque matin – avant que les premières lueurs du jours n'éclairent les terres, puisque j'étais celle qui les amenait. Des lunaisons entières s'étaient écoulées sans jamais qu'il ne me pose de questions quant à mes allées et venues, il s'était toujours contenté de ce que je lui offrais, comme s'il craignait que je ne disparaisse s'il se montrait trop curieux. Ce que j'avais fini par faire, sans que rien ne soit de sa faute... Du moins, pas directement. J'étais partie pour le protéger, pour les protéger. Ne pas donner de prénom à notre enfant, me résoudre à ne pas la voir grandir, l'abandonner avait été la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à faire. La volonté de la préserver d'Asgard avait été plus forte que mon chagrin, en mon fort intérieur j'avais su qu'Aldarik serait un excellent père, qu'il lui offrirait ce qu'il y avait de mieux, et cela loin de l'hypocrisie et de la cruauté des Ases. Il devait me haïr, m'abhorrer de toute son âme, mais c'était pour le mieux. La haine ne laissait aucune place à l'amour, elle l'étouffait. J'en étais du moins persuadée.

Alors, pourquoi revenir ? Les raisons étaient bien simples, et étaient les mêmes que celles qui m'avaient poussée à rester alors que la possibilité de partir m'était encore donnée. Il y avait une possibilité pour que cette nuit soit la dernière avant que je ne rejoigne le Valhalla, peut-être n'aurais-je qu'une chance de faire amende honorable, d'offrir des explications et des excuses à un homme qui les méritait, et davantage encore. Comme une ombre, je quittais les fourrés pour me rendre jusqu'au cœur du village endormi. Pour un peu, l'on aurait pu croire qu'il n'y avait pas âme qui vive dans le village. Tromsø avait essuyé de violentes attaques qui avaient décimé une partie de sa population, et la plupart des guerriers et guerrières avaient pris la mer pour voguer vers de nouvelles contrées qu'ils pilleraient. Le village semblait donc désert, si ce n'était pour les quelques familles, vieillards et autres hommes chargés de veiller sur les plus faibles. Mes observations alliées à ma curiosité me permettaient de me diriger d'un pas certain, quoi que peu assuré, vers une petite bâtisse au cœur du village. La forge attenante à celle-ci dégageait encore de la chaleur, ainsi qu'une légère odeur ferreuse. J'imaginais sans peine les braises encore fumantes dans le foyer, les outils éparpillés, l'enclume marquée par le travail... Ce n'était pas pour m'émerveiller sur le travail d'un forgeron que j'avais tout ce chemin. Je pris une profonde inspiration pour faire les quelques pas qui me séparaient encore de la porte du foyer, mais au moment d'expirer l'air resta bloqué au travers de ma gorge ; je m'étouffais avec mes propres angoisses. Presque six années, d'absence et de silence... Une éternité pour un mortel, mais une éternité pour moi également. Quatre millénaires que je vivais, et j'avais peiné à supporter ces quelques années plus que toutes les autres.

Le cœur au bord des lèvres, à la limite de la pâmoison, je levai la main et frappai quelques coups à la porte. L'envie de prendre la fuite était presque impérieuse, irrépressible ; je n'en eus pas le temps. La porte s'ouvrit, et je fis un bond en arrière. Je n'étais pas préparée à un tel choc, redécouvrir la silhouette d'Aldarik me secoua aussi sûrement que si j'avais été frappée par la foudre de Thor. Mais ce fut lorsqu'il me regarda – me dévisagea – que je crus être assommée par Mjölnir. Il y avait dans son regard de telles émotions que je regrettai aussitôt ma présence, tout ceci n'était qu'une grossière erreur, j'aurais voulu disparaître, tomber en poussière à ses pieds. Surprise, haine, colère, tristesse... Il aurait pu me gifler que cela n'aurait pas été si douloureux. Je serrai les poings si fort que les ongles mordirent la peau. « … Je … Je suis désolée, je… » Non. Non, ce n'était pas ainsi que les choses devaient se passer, il n'était pas question de ramper à ses pieds comme si je n'étais qu'une pauvre chose en quête de rédemption. Je ne venais pas chercher son pardon, je savais que je ne le méritais pas. « Je ne te demande qu'une minute. Laisse-moi… Laisse-moi t'expliquer. Je sais que tout cela vient trop tard, je sais que je suis impardonnable. Tu as toutes les raisons d'Yggdrasil de me haïr, je ne suis pas venue chercher ton indulgence, je ne suis pas en quête de rédemption. » Droite et fière, malgré la lame de glace qui me perforait le cœur. « Tu mérites… Des explications, tu mérites mieux que le silence auquel je t'ai si injustement condamné. Je ne te demande qu'une minute, que quelques secondes… Le temps que tu voudras bien m'accorder. » Au nom de l'affection qu'il avait un jour eu pour moi ? Ces quelques mots ne franchirent pas mes lèvres, il n'était pas question d'inverser les rôles. J'avais été le bourreau, et lui la victime.
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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptySam 1 Nov - 16:17

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« Fin. » « Encore une papa ! » « Non ma chérie, c’est l’heure de fermer tes yeux et de t’endormir… » « S’il te plaît… » Comment résister à un être aussi attachant ? Cette petite avait dans son regard un pouvoir de persuasion immense, dévoilant les faiblesses de toute personne le croisant. Il m’a fallu un certain temps afin de pouvoir résister, et ce toutefois avec un grand mal. « Demain, je te le promets. Comment veux-tu que ton père ait encore de l’imagination avec toutes ces histoires ? Si tu es sage, tu en auras deux demain… » Ajoutai-je finalement, alors que ses yeux se remplissaient d’une fausse lueur ne visant qu’à exploiter ma gentillesse à son égard. « D’accord… Bonne nuit papa, je t’aime. » « Je t’aime aussi petit ange, bonne nuit. » Lui répondis-je en déposant un baiser sur son front. Je me levais de son lit et souffla la bougie qui nous éclairait. Je quittais la pièce en veillant à laisser la porte entre-ouverte. Sunniva ne dormait qu’ainsi. Dès lors que la porte était entièrement close, elle était incapable de s’endormir. Cela permettait à une vague lueur des bougies des autres pièces de s’immiscer dans sa chambre, ce qui apportait une lumière réconfortante pour elle, qui était si fragile et craintive. Je rejoignais alors la pièce principale de notre humble demeure. Je m’installais dans un fauteuil partant en lambeaux. Autrefois confortable, il ne faisait qu’apporter souffrance à mon dos. Pourtant, je devais faire avec. Mes paupières étaient lourdes, tellement lourdes. Je ne dormais que très peu, et cela se voyait. Je m’autorisais alors à fermer les yeux, nul doute que Sunniva s’endormirait rapidement, du moins, je l’espérais. Je ne pouvais décemment pas m’endormir sans savoir qu’elle-même avait rejoint le monde enchanté de ses rêves – il était évident que les siens étaient colorés et peuplés de papillons. Comme chaque soir, j’espérais sentir une main se poser sur mon épaule, sans jamais que cette sensation n’arrive. Voilà des années que j’attendais cela, vainement. Cette époque me manquait, Sonja me manquait. Et chaque nuit s’écoulant sans jamais revoir sa chevelure caressant ma peau, ma colère et ma tristesse grandissaient. Après l’absence d’une mère aimante, il y eut l’absence d’une petite sœur, et désormais l’absence d’une amante. Mes proches disparaissaient les uns après les autres, et il ne se passait pas une seule journée sans que je craigne que quelque chose de tragique n’arrive à ma tendre Sunniva. Elle était mon dernier espoir. Sa présence même dans ma vie me réchauffait le cœur. Ses sourires enfantins, son regard pétillant… Mes pensées s’évanouirent alors, dans un monde sombre et dangereux.

« Tu reviendras demain, n’est-ce pas ? » Demandai-je à Sonja, comme chaque soir. En guise de réponse, elle se contenta de m’adresser un sourire. Un simple sourire qui suffisait, comme chacun, à renverser mon cœur, le remplissant de joie. Satisfait, je ramenais sa tête contre mon épaule. Je sentais son souffle chaud caresser mon cou et sa chevelure dorée chatouiller ma peau. Le parfum de ses cheveux emplissait mes narines, et je m’en nourrissais. Chaque nuit alors que nous nous retrouvions, je me sentais différent. Je me sentais complet, à l’image de la moitié d’un homme devenant un grâce à une simple chose. Il ne me fallait pas plus que sa présence pour me compléter. Son aura mystique m’étonnera toujours, je ne soupçonnais pas cela venant d’une personne. Elle était spéciale et savait me rendre spécial. Elle apparaissait avec la lune et disparaissait avec les premières lueurs d’une aube nouvelle. Je n’osais pas lui demander pourquoi, de peur qu’elle prenne la fuite. Pourtant, cela mon rongeait. Je l’aimais, et je ne savais rien d’elle. Tant de temps passé à parler de moi sans jamais retourner les questions. Je tenais sa main dans la mienne, ressentant la brûlante envie d’en apprendre plus sur elle. Aucun mot, aucun son, ne voulait s’échapper de ma bouche. Ma gorge se nouait dès que l’idée germait dans mon esprit. Je me demandais alors comment pouvais-je aimer quelqu’un dont je ne connaissais que le nom ? Etais-je désespéré au point de confier mon cœur à la première femme avec qui je partageais ma couche ? Non, non. Cela ne se pouvait. Je n’avais pas ressenti cela avec celle qui autrefois fût ma femme. Je la connaissais, et pourtant, je n’étais pas parvenu à l’aimer d’un véritable amour qu’elle pouvait mériter. A la place de cela, je m’étais épris pour une femme encore inconnue à mes yeux après tant de mois. Peut-être le temps et les malheurs avaient brisé mon âme. Quelque chose d’irréparable, et d’innommable. Les personnes que j’avais connu, mes proches, ma famille. Tous, sans exception, disparaissaient, dans d’horribles tragédies. En laissant le rôle d’inconnue à Sonja, je l’empêchais de subir le même sort. De la tendresse, de nuit en nuit, voilà tout ce que l’on partageait. Je secouais la tête, de sorte à évaporer de telles idées sombres. « Tiens-tu à moi, Sonja ? » Demandai-je subitement, sans même avoir pu contrôler une once d’idée et de parole. Elle se redressa, un sourire enchanteur habillant ses lèvres, laissant ses doigts danser sur la peau de mon torse nu. Son regard me transperçait, comme à son habitude. « Non, bien sûr que non. Tu n’es que malheur et souffrance. Je finirai par t’abandonner comme tous l’ont fait auparavant. » Lança-t-elle cinglante, conservant ce même sourire, que j’interprétais désormais différemment. Mes yeux brillaient de surprise et de tristesse. Elle s’approchait dangereusement de moi. La distance diminuant, ne faisait qu’amplifier la brutalité de ses mots. « Ce n’est qu’une question de temps. Je ne suis avec toi que pour que le temps me paraisse moins long, puis je retourne avec mes vacations, puisque contrairement à toi, je ne suis pas abandonnée par chaque être proche de moi. » Termina-t-elle avant de s’éclipser dans un nuage de fumée.

Boom. Boom. Boom. Je rouvrais les yeux, paniqué. Un cauchemar. Un stupide cauchemar. Je frottais mes yeux afin de me réveiller suffisamment. Quelqu’un venait de taper à la porte, qui cela pouvait-il bien être ? Mon cœur battait la chamade, assommé par de telles images, bien que fausses. Je me levais péniblement, les jambes tremblantes. Je m’approchais de la porte et je pris une profonde inspiration. J’étais secoué par ce rêve, je devais me ressaisir. J’ouvris finalement la porte, et ce fût la rechute. Bouchée-bée, les yeux ébahit, je demeurais figé. Cela ne pouvait être qu’un autre rêve incrusté dans un premier. Sonja était à nouveau là, se tenant devant moi, l’air hésitant. Ses premiers mots furent d’être désolée. Cela concordait avec ses dernières paroles que j’avais inventées. Mais si cela était un nouveau rêve… Perdu, j’étais complètement perdu. Mon esprit était embrouillé. Je secouais la tête, revenant à celle que j’avais aimée et que je continuais d’aimer malgré moi. Cela ne pouvait être un rêve. Cela semblait bien trop réel pour en être un. « Du temps ? Tu es en quête de temps ? Tu as eu bientôt six années. Et c’était il y a six ans que tu aurais dû t’expliquer. Alors pourquoi revenir aussi tardivement ? Tu aurais dû rester là d’où tu viens, cela t’aurait épargné les explications que tu cherches à me donner. Mais soit, tu as fait le déplacement, je peux bien t’accorder une minute. » Lançai-je finalement, en libérant le chemin afin qu’elle puisse entrer. « Ne fais pas trop de bruit, ma fille dort. Oui, j’ai une fille. Et avant que tu ne le demandes, elle n’a pas de mère. Enfin si bien sûr qu’elle en a une, mais je ne la connais pas. J’ai trouvé l’enfant tout juste né devant la porte. L’abandon semble récurrent autour de moi. » Ajoutai-je ensuite, comme une nouvelle lance que je lui envoyais droit au cœur. Elle pouvait bien subir cela sans broncher, après tout ce que moi-même avait subi, notamment à cause d’elle. « Je t’écoute. »

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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyVen 7 Nov - 19:23

Sometimes the heart just beats itself apart

ALDARIK & SÓL

Je n'aurais pas dû venir. L'évidence m'avait frappée au moment même où j'avais croisé le regard d'Aldarik. Par les Nornes, que faisais-je là ? De quel droit me présentais-je à sa porte, pour chambouler son univers une fois de plus ? N'en avais-je pas fait suffisamment, ne l'avais-je pas blessé plus qu'il ne le méritait ? J'aurais dû... Le laisser en paix, laisser mon souvenir mourir au lieu de lui imposer de nouveau ma présence après six années d'absence. J'étais à ce point focalisée sur mes propres angoisses que j'avais pas songé un seul instant aux conséquences de mon égoïsme. Depuis le ciel, j'avais vu à quel point il avait été difficile pour Aldarik de recommencer à vivre sans moi, je lui avais porté un coup au cœur qui aurait pu lui être fatal si Sunniva n'avait pas été là pour panser ses plaies. Il était troublant de constater que j'étais à la fois la mère de son chagrin et de son salut. J'aurais voulu n'être source que de bonheur, j'aurais voulu tant lui offrir... Si seulement j'avais été mortelle et libre, ce souhait ne serait pas resté à l'état de fantasme, or c'était ce qu'il semblait condamné à rester, à moins d'un miracle. Hélas, j'avais cessé de croire aux miracles bien des siècles plus tôt. J'avais bien plus de chance de mourir dans la bataille qui s'annonçait que de voir Odin choir de son trône et contraint de me libérer de mon serment. J'avais enterré mon optimisme en même temps que mes rêves de jeune femme mortelle, et si j'avais commis l'erreur d’exhumer les seconds, mes derniers relents d'hédonisme étaient partis en fumée lorsque j'avais pris la décision d'abandonner Aldarik avec notre enfant. Sunniva était heureuse avec lui, plus qu'elle ne l'aurait jamais été si elle avait grandi à Asgard, avec une mère absente et entourés de parfaits arrogants. Sur Midgard, elle n'avait peut-être pas de mère, mais elle avait un père présent et aimant, une vie paisible et confortable, c'était bien là tout le mal que je lui souhaitais.

Les premiers mots d'Aldarik me frappèrent de plein fouet, j'eus l'impression d'avoir été violemment giflée par le mortel. Et pourtant Yggdrasil savait que je méritais bien plus, qu'il ne me claque pas la porte de sa demeure au nez après m'avoir découverte sur son palier m'étonnait au plus haut point. Peut-être étais déesse, figure brillante du panthéon des Ases, mais je pourrais vivre un millier de vies et ne pas mériter un homme comme lui. Les raisons qui m'avaient poussée à lui cacher la vérité six années plus tôt m’apparaissaient floues à présent, je m'étais à ce point empêtrée dans mon mensonge que je ne parvenais pas à faire la lumière sur mes propres agissements, ce qui ne manquait pas d'ironie. Avais-je réellement tenté de le protéger en lui dissimulant ma véritable nature, ou avais-je agi ainsi en ne pensant qu'à mes propres envies ? L'envie de redevenir humaine, l'envie de n'être qu'une femme comme les autres, une amante comme il en existait des milliers d'autres... La vérité venait bien trop tard, elle ne serait plus d'aucun secours ni réconfort, si bien que j'espérais presque qu'Aldarik me renvoie d'où je venais, cela nous épargnerait à l'un comme à l'autre une confrontation dont il ne naîtrait rien de bon. Mais Aldarik étant Aldarik, il consentit à entendre ce que j'avais à lui dire, et lorsqu'il s'écarta pour me laisser entrer, je ne sus que faire. J'étais comme clouée sur place par la générosité dont il était encore capable de faire preuve, choquée par l'indulgence dont il parvenait à faire preuve à mon égard. Les bras croisés sous ma poitrine, la tête basse, j'entrai, sans être capable de me départir du sentiment de honte qui m'étreignait.

« Je sais », lâchai-je sans réfléchir lorsqu'il évoqua notre fille endormie. « Je veux dire... J'ai croisé une vieille femme dans le village, lorsqu'elle m'a indiqué où tu vivais, elle a mentionné que tu avais une fille, à présent... » Je ne pus m'empêcher de me mordre la lèvre ; des mensonges, toujours des mensonges... N'étais-je plus capable de sincérité ? Je ne savais même pas par où commencer, comment lui énoncer la réalité sans qu'il me prenne pour une démente. Je ne pus m'empêcher de porter une main à ma poitrine, comme pour m'assurer que mon cœur n'avait pas encore succombé à cette épreuve que je lui imposais, avant de me lancer dans l'argumentation la plus importante mais également la plus saugrenue de mes quatre mille années d'existence. « Je... Je sais quels malheurs ont frappé Tromsø durant mon... absence. Les disparitions, les géants, les bêtes sauvages, le dragon... Je n'ignore pas que les dieux vous on fait l'honneur de venir vous secourir de ces créatures. » Le reptile cracheur de feu se terrait toujours dans la lande midgardienne, mais ce n'était présentement pas un détail qui avait son importance. « Je n'ignore rien de ton dégoût des divins et crois-moi, c'est un sentiment que je partage... Pour des raisons qui ne sont malheureusement guère bien éloignées des tiennes. Ce n'est pas par envie que je ne venais à toi qu'une fois la nuit tombée et le soleil couché. Ce n'était pas un choix, c'était la seule option qui s'offrait à moi. Cela fait tellement longtemps que je n'ai plus marché en plein jour... » Quelle paradoxe que mon existence ! Déesse du Soleil, j'étais celle qui illuminait les royaumes, sans pour autant jamais profiter de la lumière que j'offrais. Condamnée à marcher dans les ténèbres de la nuit, avec la lueur seule de la lune pour m'éclairer. En bien des points j'enviais Máni, son sort me semblait bien plus enviable que le mien, les étoiles et les aurores l'accompagnaient, il pouvait profiter des merveilles du jour... Qu'avais-je bien pu faire à Odin pour qu'il me condamne à la solitude et à la noirceur ?

« Je ne me prénomme même pas Sonja, je t'ai menti à la seconde où nous nous sommes rencontrés... Mon père, cet imbécile, a eu la prétention de comparer la beauté de ses enfants aux astres solaire et lunaire, ainsi fus-je baptisée Sól... » C'était à présent que les choses allaient se compliquer, je ne voulais pas le perdre en enrobant la vérité d'un sucre qui ne ferait qu'en cacher l'amertume. « Sól Mundilfaridóttir, la même dont tes ancêtres comptaient la triste histoire. » Il n'avait pas idée à quel point c'était vrai. « Et avant que tu ne me taxes de démente, laisse-moi te le prouver... » Car qu'étaient mes paroles sinon les récits d'une névrosée sans preuves ? Je lui présentai mes paumes en coupe, au cœur desquelles naquit une boule de feu, dont les flammes crépitaient et se propagèrent sur mes avant-bras, dévorant le tissu qui les recouvrait. Je laissai mon brasier brûler un instant sous les yeux d'Aldarik avant de l'éteindre. « Comme tous les Ases, je suis une menteuse. Je t'ai menti, trahi, manipulé, abandonné... Je croyais te protéger ainsi, mais je me rends compte que je n'ai fait que jeter du sel sur des plaies déjà à vif. Je ne te ferai pas l'affront de te demander pardon, car même avec l'éternité devant moi je ne pourrais me racheter de mes fautes auprès de toi. »
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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptySam 15 Nov - 15:57

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Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qui pouvait pousser une personne à revenir après tant d’années d’absence, sans avoir crié gare. Bientôt six années que je souffrais du manque de la personne qui avait eu le pouvoir de raviver mon cœur et mon âme endolorie. S’amusait-elle à ranimer ce mal que je parvenais tout juste à affronter ? Après un tel acte de cruauté, je pensais tout possible. Pourtant, j’avais du mal à concevoir Sonja prenant un certain plaisir à causer une telle douleur. Cela ne faisait pas parti du caractère de la femme que j’avais connu autrefois. Mais peut-être avais-je été berné par son pouvoir d’attraction sans égal. J’étais un homme, après tout. Et un homme qui avait vécu les pires événements qu’un être humain pouvait vivre, de ce fait, cela me rendait faible face au moindre espoir de renouveau. Ce qu’elle avait été. Un espoir, une barque à laquelle je m’étais rattaché pour ne pas sombrer dans les abysses du désespoir. Cela m’avait rendu aveugle un moment, jusqu’à me rendre compte de l’exactitude de mes sentiments à son égard, et ils étaient forts. Jusqu’à ce qu’elle ne montre plus le moindre signe de vie. Quand bien même elle annonçait vouloir s’expliquer, une part de moi aurait préféré qu’elle ne vienne pas. Mes plaies commençaient à guérir, et voilà qu’elle vient les rouvrir. Sa vérité allait peut-être faire l’effet d’un coup de poignard en plein cœur, m’achevant. Et je ne peux me permettre d’être faible, je me dois de demeurer fort pour le bien de Sunniva. Son bonheur serait immédiatement altéré si je venais à être malheureux. Etant sa seule famille, elle se rattachait à moi. Mon état d’esprit influençait le sien. Affronter la solitude était un combat de tous les jours, mais affronter la solitude et une dure vérité à la fois, serait une guerre que je ne pourrai mener seul. Devoir travailler à la forge de longues heures durant, m’occuper de Sunniva, cela me demandait toute mon énergie, ne me laissant que peu de temps pour le repos. Je suppliais intérieurement le ciel, après une longue absence de prière pour celui-ci, afin que Sonja ait eu des raisons valables et tout à fait justifiées.

Je m’attelais à la préparation d’infusions afin de m’occuper l’esprit et d’éviter son regard. Je craignais de devenir fou si je me contentais d’attendre ses explications, qui plus est, pour combattre le froid, rien de tel qu’un liquide chaud aromatisé aux plantes. Ses premiers mots me mirent la puce à l’oreille. Cela sonnait faux, tel un mensonge. Pourquoi la vieille femme lui ayant indiqué le lieu de ma demeure, préciserait la présence d’une petite fille dans ma vie ? Cela semblait hors propos, mais soit, je lui accordais le bénéfice du doute. Les dieux, l’honneur de la présence. J’eus un petit rire en coin. En quoi était-ce un honneur qu’ils viennent nous aider à affronter les conséquences de leurs actes ? A mes yeux, cela me semblait plutôt naturel. Déjà qu’ils me semblaient ne pas se soucier de nous, cela aurait été le coup de trop. Quant au dragon, lui, demeurait toujours présent, et l’odeur de sa puissance empestait l’atmosphère de notre village. On ne pouvait le rater. Au fur et à mesure de ses explications, je me retrouvais à être partagé entre plusieurs sentiments. Tout d’abord, l’incompréhension totale. Où voulait-elle en venir ? Qu’est-ce qui pouvait l’empêcher de marcher en plein jour ? Etait-là un mensonge, ou l’objet d’une malédiction ? Je ne me doutais pas encore que du fait des êtres que je haïssais, elle en était devenue un. Je secouais la tête afin de me reconcentrer sur ses mots. Je m’emparais de la bouilloire et y incorpora des plantes diverses que je laissais infuser. Je restais proche de la vapeur qui émanait du récipient afin de me réchauffer. Lorsque Sonja commença par m’annoncer que ce prénom n’était pas le sien, je me retournais vers elle. Ainsi, elle s’appelait véritablement Sól. Dans le fond, cela me ravissait. Du moins je faisais en sorte que cela le soit, pour ne pas me contenter de la réalité : elle n’avait fait que me mentir. Sól sonnait bien mieux à mon oreille que Sonja. Si ses propos actuels étaient vrais, alors elle avait bien été sujette à une malédiction de la part d’Odin, ce fourbe galeux. Elle me présenta ses mains, de telle sorte à en faire une coupe. Au creux de celle-ci, naquit une boule de feu. Une flamme véritablement chaude. Je restais bouche-bée face à un tel spectacle. Sans cette preuve, je n’aurais finalement pas cru à une telle folie. Le feu se propagea subitement, durant un court instant, avant qu’elle ne l’éteigne. Ma gorge se noua, j’étais incapable de prononcer le moindre son, le moindre mot. Ses bras étaient désormais dénudés, ses vêtements ayant été dévorés par les flammes. Nulle trace de brûlure sur sa peau, je m’en assurais en laissant mes doigts glisser le long de celle-ci. Mon esprit commençait à me jouer des tours, tandis que je ne me rendais que difficilement compte de ce qui s’était déroulé sous mes yeux. Je me laissais alors tomber sur le fauteuil, mes jambes commençant à trembloter. Mon regard s’étant perdu un instant dans le vide, il vint accrocher celui de Son… Sól. « Pourquoi… ? » Débutai-je, sans préciser l’objet de ma question dans un premier temps. « Pourquoi ne m’avoir rien dis à l’époque ? Tu… Tu devais te douter de la nature de mes sentiments pour toi, j’aurais pu comprendre. N’avais-tu pas confiance en moi ? J’ai tellement de questions… » Et ces dernières se bousculaient dans ma tête. Tant et tellement que j’en perdis le fil. Je me ressaisis un instant, prenant une profonde inspiration, et repris. « Pourquoi être partie du jour au lendemain ? Après toutes ces nuits passées ensemble, je ne comprenais pas… Cela se passait si bien, qu’est-ce qui t’a poussé à m’abandonner de la sorte ? Ne me pensais-tu pas capable de supporter une telle réalité ? Tu savais très bien par quelles étapes j’étais passé. Avoir une divinité dans ma vie aurait été la dernière possibilité qu’il me restait à découvrir, mais cela ne m’aurait pas empêché de vivre pour autant. Au contraire. Je t’ai tout dis, je t’ai partagé ma vie sans avoir le moindre secret, et je n’ai jamais demandé de retour de peur de te faire fuir. J’attendais simplement que tu face le pas de toi-même. Mais finalement, tu as pris la fuite, sans même que je te pose la moindre question. A mes yeux, tu es une étrangère. Pourquoi n’as-tu pas saisi la chance d’être plus que ça ? » Continuai-je, haussant la voix au fur et à mesure de mes mots. La colère prenait place. Le contrecoup de la réalité qui s’était offerte à moi. Je lui en voulais. « Je ne t’en veux plus de m’avoir abandonné. Je t’en veux d’avoir omis la vérité. Je tenais à toi, et ce lien perdure malgré les années. Tant et tellement que je veux tout savoir, dans l’espoir de pouvoir te pardonner. Cela pourrait se retourner contre moi, terminant de me faire du mal, mais c’est un risque que je suis prêt à encourir. » Terminai-je alors. Je me relevais, m’occupant de servir les infusions. « Je ne sais pas si tu en veux. Tu n’as certainement pas besoin de ça pour te réchauffer, mais sait-on jamais… » Fis-je en déposant sa tasse sur la table. J’avais tellement attendu ce jour, autrefois. Maintenant qu’il était arrivé, j’avais peur.



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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyJeu 27 Nov - 19:36

Sometimes the heart just beats itself apart

ALDARIK & SÓL

Ce que j'avais fait à Aldarik était impardonnable, et ne souffrait d'aucune excuse. Garder le silence, mentir, c'était du pareil au même. J'avais cru le protéger, mais mes motivations avaient été des plus égoïstes. D'aucuns auraient pu affirmer que j'étais servie de lui pour oublier ma propre peine, sans accorder la moindre attention à la sienne, et j'aurais été bien incapable de nier. À quoi bon ? Aldarik était mortel, le double physique de mon époux, un homme souffrant et en mesure de me comprendre... Mon petit jeu cruel aurait pu durer éternellement si je n'étais pas tombée enceinte. Cette grossesse avait été un agent révélateur, j'avais compris, trop tard hélas, que ma relation avec Aldarik était vouée à l'échec avant même d'avoir commencé. J'en avais fait une idylle malsaine, et puis, j'étais déesse et lui mortel, j'étais condamnée à perdurer à travers les âges et lui à mourir. Demain, le jour suivant ou dans dix ans, quelle différence ? La finalité serait la même. Je lui enviais sa mortalité, que n'aurais-je pas donné pour redevenir éphémère, pour pouvoir profiter de chaque instant en ayant conscience qu'il serait unique... L'immortalité était un poids plus difficile à supporter jour après jour, nuit après nuit. Quatre millénaires d'existence, et les siècles s'étaient écoulés de façon monotone, les souvenirs d'une époque se mêlaient à ceux d'une autre, tout était mêlé et emmêlé, comme une pelote de laine tombée entre les pattes d'un chaton.

Pendant un instant, je crus que le choc de ces premières révélations allait être trop difficile à supporter pour Aldarik, si bien que lorsqu'il vacilla en arrière je fis un pas vers lui, mains tendues, prête à le retenir si par malheur il était incapable de se ressaisir. Un fauteuil se chargea de le rattraper à ma place, si bien que je laissai immédiatement mes bras retomber le long de mon corps. Pourquoi ? L'interrogation me fit grimacer. Il y avait mille façons de lui répondre, mais aucune d'entre elles n'aurait pu nettoyer ses plaies du sel que j'y avais jeté. Je le laissai donc poursuivre, plus honteuse de minute en minute. Chaque parole était comme un surin qu'il plantait et retournait dans ma poitrine, mais par les dieux, comme je le comprenais... Je sursautai lorsqu'il déposa une tasse sur la table, juste devant moi, surprise car je ne l'avais ni vu ni entendu se lever. Au risque de paraître impolie – bien que je ne sois, après tout, plus à cela près – je ne touchai pas au breuvage brûlant, malgré l'arôme agréable qu'il dégageait. Les bras croisés sous la poitrine, je laissai le silence s'installer entre nous, songeant à une façon plus délicate de reprendre la parole, et surtout le fil des révélations. Mais en fin de compte, à quoi bon être délicate ? Qu'on frappe d'un poing nu ou ganté de velours, où était la différence, sinon pour l'assaillant ? « Au début, je pensais te protéger. J'étais persuadée qu'il fallait que je te protège des autres dieux, persuadée que si tu apprenais la vérité, celle-ci te mettrait en danger... Les Ases n'ont jamais été que synonyme de malheur pour moi. Quand ils m'ont emmenée, enlevée, je vivais une vie paisible dans un petit village, étais mariée... Des temps reculés, une époque à laquelle beaucoup des dieux que tu connais n'étaient pas encore nés. » Une façon détournée de lui avouer que j'avais traversé les âges, que j'étais plus âgée que les fils d'Odin, et même les jumeaux de Vanaheim. Lorsque j'étais encore mortelle, Thor, Tyr et les autres étaient inconnus au panthéon, nous priions Odin, Frigga, Aegir, Ràn... Beaucoup des figures qui étaient à présent obscures pour les vikings.

« Ton aversion pour les dieux ne m'avait pas échappée, qui aurait pu la comprendre et la partager mieux que moi... ? Mais je suis devenue l'une d'entre eux, et pendant un temps j'ai craint que tu ne me repousses si tu apprenais qui j'étais réellement. Et puis... J'ai réalisé que cela n'avait que bien peu de choses à voir avec ce que tu pourrais bien penser de moi. Les raisons de mon silence étaient bien moins louables que je ne me plaisais à le croire. Chaque nuit passée à tes côtés me faisait oublier ma condition, je me sentais enfin humaine à nouveau. J'aimerais pouvoir t'expliquer à quel point cela m'avait manqué... » Pour me comprendre, il aurait fallu qu'il ait vécu des siècles presque seul, ressassé des millénaires ses malheurs jusqu'à en perdre la raison... La gorge serrée, je me fis violence pour me mouvoir jusqu'à lui. « Le soir où tu m'as trouvée, j'étais lasse de vivre. J'en avais assez d'être l'esclave d'Odin, assez de traîner le soleil dans le ciel jour après jour, assez de l'arrogance des Ases... Je me suis volontairement jetée dans la gueule de Sköll, avec l'envie de mettre un terme à mon existence. Il m'aurait dévorée si tu n'étais pas intervenu » Je lui devais la vie, et j'avais bien manqué de ruiner la sienne. « Si je m'étais tue cette nuit là, je n'aurais pas fait irruption dans ta vie, tu aurais été préservé de ma vilenie... » Et Yggdrasil aurait été privé de la lumière et chaleur du soleil, mais quelle importance ? Empêtrée dans mon égoïsme, je n'y avais pas songé un seul instant.

J'égarai une caresse sur la joue d'Aldarik avant de m'éloigner brusquement, comme foudroyée par ce simple contact. Naturellement attirée par l'âtre, j'allai m'asseoir auprès du feu qui y brûlait, à mon approche les flammes dansèrent avec plus d'ardeur. Je me saisis ensuite d'une poignée de braises, lesquelles je tournai entre mes doigts comme si elles n'avaient été que de vulgaires galets. « Mais je ne voulais ni partir, ni te laisser. J'y ai été obligée... Toutes ces nuits passées dans les bras l'un de l'autre ne furent pas sans conséquences. Je... » Je me mordis la lèvre, peu sûre de moi et de mes mots. « Je suis tombée enceinte. Lorsque je l'ai compris, j'ai paniqué, j'étais à la foi horrifiée et terrifiée... J'ai immédiatement su que je ne pourrais plus te rejoindre chaque nuit. Sköll est sans cesse à mes trousses, je ne pouvais prendre un tel risque... Je me suis cachée sur Asgard chaque nuit, car si je haïssais la cité et ses occupants, j'y étais en sécurité. Nul n'a jamais su, hormis Máni. C'est lui qui m'a aidée à donner naissance à cet enfant, au cours d'une éclipse que nous avions organisée... » Je jetai les rubis incandescents dans la cheminée, essuyai mes paumes noires de charbon sur ma robe. Une larme, cette traîtresse, perla au bout de mes cils, mais s'évapora avant d'avoir trouvé le chemin de ma joue. « J'ai déposé le bébé sur le pas de ta porte avant l'aube, et je suis partie. Je ne pouvais pas m'en occuper, je ne pouvais pas la protéger... Je l'ai abandonné, je vous ai abandonnés... Je n'aurais jamais dû revenir, je devais vous laisser vivre votre vie en paix et en sécurité... Mais une fois de plus, mes envies égoïstes m'ont rattrapée. Il fallait que je te revoie, il fallait que je la voie, au moins une fois, une dernière fois. »
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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptySam 13 Déc - 18:55

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Cette situation me dépassait. J’étais un mortel plongé dans un monde de divins, désormais. J’étais tombé éperdument amoureux d’une déesse, tandis que je haïssais ces êtres pour leur manque de réactivité face à mon malheur, tandis qu’ils se disaient être nos sauveurs. La lâcheté pouvait être plus intense parmi eux que chez les hommes. Mon regard se perdit au sol. Je me ressaisis de ma tasse alors que je tremblais comme un arbuste que l’on secouait. La chaleur du liquide encore chaud me réchauffa rapidement. Je sentais cette sensation s’emparer de mon corps, en commençant par la paume de ma main, en contact direct avec la tasse. J’apportais le récipient à mes lèvres, appréciait le goût du liquide et la vapeur qui s’y échappait, venant caresser mon visage. Je reposais la tasse et reporta mon attention sur la jeune femme qui possédait encore mon cœur. Elle se pensait impardonnable, mais plus les minutes s’écoulaient, plus je tendais à la pardonner. J’étais rattrapé par le passé que nous partagions. Ces sentiments si intenses qu’ils venaient à couler dans mes veines. Et tout ceci m’effrayait. J’étais ardemment partagé entre la laisser partir à jamais, et à essayer de la reconquérir. Si l’on venait à reconstruire quelque chose ensemble, qu’adviendrait-il de nous ? J’étais mortel, ce qu’elle n’était pas. Je craignais d’être voué à périr tandis qu’elle ne prendrait pas une ride. Mais si je tâchais de tourner la page, ce que je n’avais pas su faire durant ces cinq années, j’aurais tout perdu. Dans les deux cas, la souffrance jouait un rôle. Le dieu de la douleur devait prendre un malin plaisir à considérer nos vies. Nous l’avons alimenté depuis notre naissance. Le seul moyen d’allier bonheur et souffrance, serait de replonger corps et âme dans la puissance des sentiments que nous partagions.

Elle vint déposer une caresse sur mon visage. Le contact électrique de sa peau contre la mienne provoqua des frissons qui parcoururent tout mon corps. Puis, elle s’éloigna hâtivement, venant s’asseoir auprès du feu crépitant. Ce simple contact avait réveillé quelque chose. Une sensation perdue que je souhaitais retrouver. Une douceur qui me manquait. Elle m’avait fait comprendre qu’elle avait vécue des centaines de vies de plus que moi, mais cela perdait en importance peu à peu. Son aura lumineuse regagnait du terrain à chaque seconde. Le réconfort qu’elle m’apportait autrefois, retrouvait sa place. Il ne lui faudrait plus tant de temps pour atteindre mon cœur et mon âme, en mal d’amour. Les images de nos nuits passionnées revenaient me hanter, comme pour me faire succomber à une vile tentation. L’envie de renaître une fois de plus me gagnait. Elle avait été la seule femme à être parvenue à illuminer mes nuits, aucune autre ne pourrait égaler cela. Et je pensais à Sunniva, qui n’avait connu que moi. Un père adoptif qui n’osait pas la regarder dans les yeux pour lui dire que ses véritables parents m’étaient inconnus, et lui seront certainement à jamais. Un amour de père à fille, basé sur le mensonge. J’écoutais les mots de Sól, alors qu’elle jouait avec les braises du feu. Lorsqu’elle me parla du jour où elle tomba enceinte, mon cœur manqua un battement. Mes jambes me lâchèrent subitement, me forçant presque à me laisser tomber au sol. Sur le coup, je crus manquer une partie de son récit, tant j’eus la sensation que le temps s’était arrêté. La chaleur qu’elle dégageait et apportait avait su s’emparer de moi à nouveau, comme autrefois, à l’écoute de cette nouvelle. J’étais à sa merci. Elle permit enfin à un sourire sincère de prendre place sur mon visage. La joie était dès lors au rendez-vous, et cela provoqua un déclic dans mon esprit. Le choix n’était plus à prendre, tout me semblait clair. Je ne pouvais décemment pas la laisser partir sans lui permettre de revenir. Je voulais qu’elle revienne dans ma vie, et qu’elle joue un rôle dans celle de Sunniva. Le rôle qui lui revient de droit ; celui de mère. Je lui devais cela pour tout ce qu’elle m’avait apporté. Et je voulais oublier ces dernières années, pour reprendre là où l’on s’était arrêté.

« Je t’ai écouté. J’ai absorbé chacun de tes mots, les rejouant dans ma tête encore et encore. Il y a encore quelques instants, avant que tu me dévoiles tous ces secrets, je ne pensais pas que je viendrai à dire cela. D’ailleurs, je ne pensais pas entendre ces choses. Après toutes ces années tu viens m’apporter ces nouvelles. Tu te montres ainsi, alors qu’à maintes reprises je te pensais morte. Tu m’apprends que Sunniva est de mon sang. Cela ne change pas l’amour que je lui porte mais cela m’apporte de la fierté, une grande fierté. » Je marquais une pause, alors qu’un nouveau sourire plus intense encore, naissait sur mes lèvres. « Si tu la voyais, tu comprendrais pourquoi j’en suis fier. Souriante, dégageant une aura réconfortante. D’une grande intelligence. Elle attire l’amour… Maintenant que j’y pense, elle me rappelle sa mère… » Je m’approchais de la jeune femme, pris d’un élan de courage et de tendresse. Je descendis à son niveau et passa mes bras autour d’elle, mon visage à un petit centimètre de la peau de son cou. « Ta peau m’a manqué… Ton parfum m’a manqué… Tes baisers m’ont manqué… » Soufflai-je, laissant balader mon souffle chaud sur sa peau, avant de déposer un baiser sur sa nuque. Sa chaleur m’était d’un immense réconfort. Toute la rancune que j’avais pu ressentir s’était envolée. Pour la première fois depuis des années, je me sentais en vie. Je me sentais entier. « Je ne veux plus que tu partes. Tu voulais nous laisser en sécurité, mais cela n’est pas ton choix. J’y ai aussi mon mot à dire. Et je te veux à mes côtés. J’ai élevé Sunniva pendant toutes ces années, et elle a besoin d’une mère aimante. Elle a besoin de toi, tout comme j’ai besoin de toi. » Ajoutai-je mes lèvres toujours semi-appuyées contre sa peau. « On peut aller la voir, si tu veux. Ne t’en fais pas, elle dort d’un sommeil profond. »


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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyDim 28 Déc - 20:57

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La vérité était un fardeau dont l'on ne se déchargeait que pour mieux en accabler quelqu'un d'autre. J'avais soulagé ma conscience, mais à présent que je voyais la mine choquée d'Aldarik, cette décision ne m'apparaissait plus aussi sage et juste qu'elle avait pu l'être dans un premier temps. Réalité et vérité n'étaient de toute évidence pas toutes bonnes à savoir, encore moins dès lors que les divins étaient concernés. Que mon cœur soit resté mortel ne changeait rien aux faits, j'étais déesse et le resterais jusqu'à ce que ce que je considérais comme une punition injuste soit levée. J'étais le Soleil, et pour moi Aldarik n'aurait dû être qu'une poussière d'étoile, rien de plus... Rien de plus... J'avais vainement tenté de m'en persuader, pour me préserver de davantage de maux, pour le sauver d'une romance destinée à s'éteindre plus vite que la flammèche d'une bougie. Les mortels n'étaient pas nés pour perdurer à travers les âges, ils s'éteignaient aussi vite qu'ils naissaient, ils étaient d'une fragilité presque absurde pour les dieux qui veillaient sur eux... Comme je pouvais les aimer et les admirer, ces miettes d'éternité éparpillées sur Midgard. Ne surpassaient-ils pas leurs créateurs en bien des points ? Quatre millénaires que j'observais les royaumes depuis les cieux, Asgard n'avait pas ou peu changé, les contours du royaume restaient les mêmes, rien ne changeait réellement, tout semblait figé dans le paysage. Tandis que les facettes de Midgard ne cessaient de changer, de toutes les branches d'Yggdrasil elle était la plus étonnante, ses habitants différaient les uns des autres selon leurs origines, les mœurs évoluaient, la soif de connaissance des mortels était infinie... Tout comme l'était mon affection pour eux. Captive de mon état, je n'avais jamais oublié mes origines ni ma terre, n'aspirant qu'à un retour aux sources... Je n'avais été réellement apaisée qu'entre les bras d'Aldarik, les nuits que nous avions partagées m'avaient offert un peu de calme, et toute la tendresse dont j'avais désespérément manqué depuis que j'avais été arrachée à ma terre natale. Un manque dont je me rendais responsable en grande partie, mon attitude encourageait à bien des réactions mais certainement pas aux grands élans affectueux.

Je m'attendais aux balbutiements stupéfaits, aux murmures incrédules et aux vociférations outrées, à tout sauf au ton posé et aux mots rassurants. Grands dieux... ! Devait-il avoir souffert pour me pardonner ainsi sans prendre le temps de songer aux années de silence et de calvaire que je lui avais imposées ! Et mes mensonges, et mes secrets... Il devrait me haïr comme il haïssait tous les dieux, qu'avais-je de si exceptionnel et différent pour bénéficier d'un tel traitement de faveur ? L'adoration charnelle ne faisais pas tout, l'amour ne faisait pas tout. Les dieux pouvaient vanter les mérites de la passion autant qu'ils le voulaient, de part mon expérience personnelle je savais que ce n'était pas cette force ci qui faisait tourner l'univers. L'amour ne m'avait pas sauvée ni préservée, et ce n'était pas l'amour qui me poussait dans les bras de la guerre. Non, c'était la colère et l'envie de vengeance, des sentiments bien moins nobles mais à mes yeux bien plus naturels. Non pas que l'affection soit feinte ou fausse, mais elle n'avait jamais été spontanée chez moi. Il me fallait temps et confiance pour aimer ; du temps j'en avais à foison, hélas j'étais tout aussi confiante avec les êtres qui m'entouraient qu'un agneau coincé entre les mâchoires d'un loup.

« Je l'ai vue grandir, depuis le ciel... », repris-je doucement, me montrant des plus hésitantes. « Je sais combien elle est douce et délicate... Tu te trompes, Aldarik, elle ne me ressemble en rien. Et louées soient les Nornes pour cela... » Sunniva était une petite fille pleine de vie, heureuse et pétillante, une petite merveille que la rudesse de la vie n'avait pas encore éprouvée. À défaut d'être un amant éclairé, Aldarik était un excellent père, il avait su préserver Sunniva des horreurs qui ravageaient Midgard, je ne connaissais nul mot qui aurait pu lui exprimer ma gratitude. Ce fut plus fort que moi, je me raidis lorsqu'il vint s'asseoir près de moi. Loin de me déplaire, cette proximité était électrisante et réveillait en moi un brasier d'une toute autre sorte. Mais aussi grande que puisse être la tentation, je ne devais surtout pas laisser celle-ci me submerger. Peu importait à quel point sa tendresse m'avait manqué... « Arrête. Je t'en prie, arrête. » Avant que nous ne puissions plus reculer, avant qu'il soit trop tard... Plus brusquement que je ne l'aurais voulu, je m'écartai pour échapper à ses lèvres et à son étreinte. « J'aimerais qu'il en soit autrement, mais je ne suis pas venue pour rester, Aldarik. » Un long soupir, las et navré, m'échappa tandis que je m'appuyai sur la table, comme pour ne pas risquer de perdre mon équilibre. « Tant de choses ont changé depuis mon départ... Ma condition reste la même, je serai liée à mon astre jusqu'au Ragnarök. Ou jusqu'à ce que l'on daigne me libérer de ma charge... » Chose qui semblait improbable, je ne m'attendais guère à ce que Thor me libère sans conditions, dans l'éventualité où Odin choierait de son trône pour y laisser la place à son fils. « Vous autres mortels n'en avaient sans doute pas conscience ni connaissance, mais une guerre terrible est sur le point d'éclater entre les dieux. Il me faudrait trop longtemps pour t'expliquer les raisons de ce conflit, et cela n'a de toute façon pas grande importance pour toi... Pour moi, cela signifie peut-être la liberté. Peut-être seulement, mais c'est une éventualité que je ne peux laisser filer. Quatre millénaires de servitude, tu n'imagine pas à quel point c'est long, combien c'est insupportable... »

Hélas, chaque guerre avait son lot de carnages et de morts. La guerre n'était pas le propre des dieux, les hommes ne se querellaient pas moins que les divins. Il n'était pas nécessaire que je m'égare en explications toutes plus floues les unes que les autres, Aldarik n'était pas sot, il verrait seul où je voulais en venir, et les véritables raisons de ma présence sous son toit. « Je ne suis pas venue pour rester... Je suis venue pour dire au revoir. » Au revoir, peut-être adieu. Une nuance qu'il saisirait sans mon aide, comme mes paroles trouveraient leur sens bien assez rapidement. Cette guerre, j'allais y participer, quitte à risquer y laisser la vie.
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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyDim 18 Jan - 19:10

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Quelque chose de puissant me poussait à agir de cette manière. Je ne pouvais objectivement décrire cette force qui m’animait. Autrefois j’appelais cela amour, mais ce soir-là, cela semblait différent. J’étais humain. Faible et fatigué. Jour après jour je perdais de cette force qui me caractérisait par le passé. J’utilisais toute mon énergie pour le bien du village, mais surtout de Sunniva, et cela m’épuisait. Sunniva avait réellement besoin d’une mère, de sa mère. Je ne me sentais pas capable de tenir bien longtemps à ce rythme-là. Tout semble plus difficile lorsque vous avancez seul, en cherchant à préserver un être fragile des atrocités du monde extérieur. Et, alors que je pensais pouvoir retrouver Sól, celle-ci me repoussait, sans daigner montrer le moindre signe d’hésitation. A cet instant, quelque chose en moi se brisa. Une chose que nous, les Hommes, appelons espoir. Lorsque la jeune femme blonde, du moins en apparence, se montra à ma porte, je vis une lueur d’espoir, qui désormais était éteinte. De nombreuses questions virevoltaient dans mon esprit, telles les lucioles à la nuit tombée. La principale était « pourquoi ? ». Pourquoi revenir pour m’infliger sciemment cela ? Etait-ce un jeu pour elle ? Si tel était le cas, cela était de très mauvais goût. Je me posais cette question sans toutefois oser y croire. Elle ne m’avait jamais paru être ainsi. Jamais je n’avais imaginé quiconque la qualifier de monstrueuse. Il y avait une raison à cette attitude, il y en avait forcément une. Elle ne pouvait pas sciemment jouer avec mon esprit, qui commençait à s’entortiller à la manière des ronces. Elle m’avait piqué à vif par ce rejet, à la manière de cette plante hostile. Sól se colla contre la table, à l’autre bout de la pièce, comme si elle cherchait à se tenir le plus éloigné de ma personne. Venir pour me fuir, drôle d’idée. Elle reprit son récit, dictant une nouvelle histoire toute aussi difficile à entendre que les précédentes. A croire que cette nuit avait vu le jour pour supporter une pluie de mauvaises nouvelles. Par respect pour elle, je l’écoutais d’une oreille attentive, peu importe le mal qu’elle m’infligeait. Ma bonté me perdra, elle l’avait toujours fait. Je me redressais, ne ressentant que peu l’envie de lui inspirer la pitié. J’évitais son regard, lui tournant le dos pour faire face aux flammes et au bois crépitant dans la cheminée. Il me fût difficile de retenir toute réaction dès lors que je compris la portée de ses propos. Une guerre divine devait être bien plus atroce qu’une guerre humaine, pourtant, je n’en avais que faire. Je n’avais jamais apprécié les Dieux, cela n’était pas un secret. Mais je sentais concerné par la vie de Sól, peu importe les maux qu’elle m’infligeait consciemment ou non. Et je ne voulais pas que mal lui soit fait. Je tenais à elle plus que de raison.

Le temps s’écoulait avec brutalité, je ne lui offrais jusque-là que silence en guise de réponse. Je daignais finalement me retourner pour lui faire face. « Non, nous ne savons rien de votre guerre qui se profile à l’horizon. Mais nous savons beaucoup sur le sujet. Les Hommes n’ont de cesse de s’entretuer, depuis si longtemps déjà. Nous sommes nés pour le combat, tu dois le savoir, toi qui as été qu’une simple humaine par le passé. Certains se battent pour le plaisir de tuer, d’autres pour une raison bien plus louable. Et je respecte cela. Fais ce que tu as à faire… » Soufflai-je malgré moi, bien décidé à la laisser s’en aller. Qui étais-je pour oser la retenir ? Personne. Plus maintenant. « Mais fais-moi une promesse avant, veux-tu… ? Promets-moi de tout faire pour t’en sortir. Je ne te demande pas de revenir vers moi, mais de parvenir à retrouver ta liberté. C’est notre droit le plus pur, le plus cher. Et tu le mérites. » Terminai-je enfin, laissant difficilement la raison prendre le dessus sur le cœur. Seulement, une question me brûlait les lèvres. Pourtant, je peinais à me décider à poser ladite question. Cela pouvait apporter plus de mal qu’autre chose, mais j’étais du genre à vouloir obtenir les réponses, surtout dans cette situation. Puis, je n’arrivais pas à faire me défaire de l’idée horrible qu’elle disparaisse de ce monde, du moins, de leur monde. « Pourquoi ? » Libérai-je alors, contre toute ma bonne volonté de ne pas arpenter ce chemin sinueux. « Pourquoi être revenue pour me dire adieu ? Voilà des années que je t’attends, et jour après jour je me faisais un peu plus à l’idée que tu ne reviendrais pas. Tu aurais pu rester cachée, sans me parler de tout cela. Désormais, je sais que Sunniva a une mère qui l’observe, la surveille de loin, mais qu’elle ne verra jamais. Ne te rendais-tu pas compte que tu infligerais plus de mal en faisant cela, qu’en restant absente ? Si tu es venue, c’est pour une raison qui me semble simple. Tu sais que je tiens encore à toi, tu as dû le voir en m’observant. Et comme toute personne tenant à une autre, la savoir en danger, est d’une douleur infinie. » Sifflai-je sans m’arrêter, libérant un flot continu de paroles potentiellement douloureuses pour Sól. « Je ne comprends pas ta démarche. J’ai conscience que tu devais penser bien faire en m’avouant tous ces secrets, mais la finalité est bien plus difficile que des mensonges inconnus jusque-là. Désormais, tout est révélé, et tout est souffrance. » Et je pensais à Sunniva, une fois encore, celle qui me donnait la force nécessaire pour me lever à chaque aube. Le seul être dont je n’ai aucune peur d’abandon ou autre. Elle est le seul but que je me fixe désormais. L’élever sainement, lui permettre d’avoir une vie à l’écart de tout conflit. Je ne sais pas si je parviendrai à la préserver bien longtemps, mais je sais que je ferai tout pour y arriver, peu importe l’état dans lequel je suis. Je la sais incapable du moindre mal, et je garde l’absurde espoir que cela restera ainsi éternellement, mais pour cela, je dois continuer de me battre pour son avenir. Le mien semble désormais corrompu. Trop d’étapes douloureuses ont été franchies, et à chacune d’elle, une partie de moi fût détruite. Aujourd’hui, je dois feindre chaque sourire, y compris à ma petite fille. Malgré tout le bonheur qu’elle m’apporte, cela ne peut compenser toutes ces épreuves vécues, et leur douleur. Tout comme Sól, j’ai perdu ma liberté. A la seule différence que j’ai perdu la mienne à la naissance, étant depuis ce jour incapable de prendre ma vie en main, forcément sujet au courroux des Dieux. Ils ne m’enlèveront jamais ce que Sól m’a offert, une jeune enfant à la chevelure dorée. Mille et une souffrances ne parviendraient pas à en venir à cet objectif. Ils peuvent considérer cela comme un affront, j’y vois là un ultime but.

Je quitterai ce monde en ayant accompli une chose. En ayant élevé une enfant capable des actions les plus pures que les Hommes et les Dieux peuvent accomplir. Elle deviendra un pilier entre ces deux mondes.



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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyLun 26 Jan - 21:55

Sometimes the heart just beats itself apart

ALDARIK & SÓL

J'avais une conscience exacerbée de la cruauté de mon entreprise. Une fois n'est pas coutume, j'avais agi en parfaite égoïste, sans réellement songer au mal que mes actions pourraient engendrer. Mais si je devais mourir, je voulais mourir la conscience tranquille et pour cela il était impératif qu'Aldarik sache qui et ce que j'étais. Plus important encore, ce que notre fille était. Car j'avais cessé de croire à la chance et au bonheur depuis longtemps, viendrait forcément un temps où la nature divine de Sunniva la rattraperait. Je m'étonnais déjà qu'elle n'ait pas développé un don quelconque, sans doute que l'absence de pommes d'or dans son régime alimentaire avait empêché un développement prématuré de ses capacités. Si elle était pour le moment mortel en raison de l'absence de consommation des fruits dorés, elle n'en restait pas moins exceptionnelle comparée aux autres enfants de son âge. Il fallait que son père soit prêt à affronter les épreuves qui se présenteraient à eux le moment venu, si je n'étais plus là pour veiller sur eux... J'ignorais de quoi mon avenir serait fait, si j'en possédais seulement un. Si je ne recouvrais pas ma liberté, alors mon sort n'aurait de toute façon pas grande importance. Mais il fallait absolument que mon enfant soit préservée... Je redoutais que quiconque découvre son existence et en informe Odin, et qu'on l'arrache non seulement aux siens mais aussi à Midgard. Quoi que les mortels puissent s'imaginer à propos d'Asgard, leurs fantasmes étaient bien loin de la réalité. La réalité était laide et cruelle, la plupart des dieux étaient arrogants, cupides et égoïstes, bien loin des figures bienveillantes dont on n'avait de cesse de vanter la grandeur, la puissance et la générosité. Plus jeune, je les avais humblement priées, ces figures du panthéon nordique, avec l'espoir qu'elles m'entendent et exaucent mes souhaits... Si j'avais su, je me serais abstenue et j'aurais étouffé mon imbécile de père dans son sommeil ! Je n'avais plus connu un seul instant de paix depuis mon enlèvement, la sérénité avait été remplacée par la peur, dans mes veines coulait la lave de la colère... Par les Nornes, ce que cela pouvait être épuisant. Ma jeunesse n'était qu'illusion, j'étais vieille, lasse et fatiguée. Fatiguée de fuir les crocs de Sköll chaque nuit, fatiguée de me battre pour me défaire d'une corde qui ne faisait que se resserrer davantage autour de mon cou à chacun de mes mouvements.

« Je n'ai pas envie de mourir, Aldarik. J'ai envie de vivre, envie de goûter au bonheur, et surtout à la liberté... À quoi bon vivre, si je suis enchaînée et réduite en esclavage pour des fautes qui n'étaient pas les miennes ? À quoi bon... ? » Évidemment que j'allais faire de mon mieux pour sortir en vie du champ de bataille. Mais si à l'issue de la guerre je n'obtenais pas ma liberté, je n'étais tout simplement pas certaine de vouloir continuer à vivre. Je n'avais fait que survivre pendant quatre millénaires, j'en avais bien assez. Il n'était pas question que j'attende placidement le Ragnarök, ou que Sköll parvienne à me mettre la patte dessus pour me dévorer ! « Si tu savais combien j'aimerais pouvoir laisser ce maudit Soleil de côté... Ne serait-ce qu'une Journée... L'ironie de mon sort veut que je n'ai plus marché en plein jour depuis que l'astre m'a été attribué. Les dieux ont fait de moi la créature de lumière et de chaleur par excellence, et pourtant je marche dans les ténèbres et le froid depuis des âges... Je me demande parfois si ce n'est pas plus comique que tragique. » Le dicton ne disait-il pas "mieux vaut en rire qu'en pleurer" ? Je n'avais versé que trop de larmes pour et à cause des Ases, et si ma tentative de retrouver ma liberté s'avérait vaine, alors larmoyer ne me serait d'aucune utilité. Quand avait-ce jamais été le cas... ? J'avais pleurniché comme une enfant des siècles durant pour implorer la pitié des dieux, rien n'y avait fait. Ils étaient tous restés indifférents à mon malheur, ou n'avaient pas eu le courage de hausser la voix pour me soutenir. Il n'y avait que Jörd pour me comprendre et me soutenir, elle qui avait partagé mon sort était ma seule amie... J'éprouvais une certaine rancœur à l'encontre des Vanes et des Elfes de Lumière, eux qui avaient été si prompts à s'allier à la déesse et à dénoncer l'atrocité de son sort, pourquoi n'avaient-ils rien fait pour moi, quatre millénaires plus tôt ? Alors, Odin n'était pas encore aussi puissant qu'il l'était aujourd'hui, s'élever contre lui aurait été bien plus aisé... Pourquoi ? La réponse était aussi simple qu'ignoble : je n'avais rien à leur offrir. Nulle Indépendance tant réclamée, nulle promesse de protection et de gloire... Rien.

Les interrogations soudaines d'Aldarik me frappèrent de plein fouet, comme la houle contre les récifs, je restai bouche-bée une poignée de secondes, ne sachant que répondre à sa déclaration d'affection à peine cachée. J'étais navrée, profondément navrée, qu'il ne soit pas parvenu à me chasser de son cœur en dépit des années et de ce que je lui avais fait. Ce n'était pas... Ce n'était pas ainsi que les choses auraient dû se passer... ! Maudites soient les Nornes, n'avions nous pas assez souffert à leur goût ? La gorge serrée, le cœur se tordant douloureusement dans ma poitrine, je secouai doucement la tête. « Je ne suis pas une bonne personne, Aldarik. Je ne le suis plus... Je suis égoïste, j'ai tant souffert que je ne me soucie plus guère de la peine d'autrui... J'étais persuadée que tu m’exécrais, je ne pensais pas... ! Je ne pensais pas que tu éprouvais encore une quelconque affection pour moi. » Un long et profond soupir m'échappa tandis que je me redressais pour aller à sa rencontre. Quelques pas suffirent, je m'immobilisai à sa hauteur et effleura sa joue du bout des doigts. « Aussi cruels que puissent être mes mots et cet éventuel adieu, surtout, n'oublie pas le plus important. Notre fille, ta fille. Elle n'était pas immortelle, mais elle n'est hélas pas totalement humaine. Ma propre nature mortelle ayant été alternée, je crains de lui avoir transmis un certain potentiel divin. Sans doute possède-t-elle des dons encore en sommeil, mais le jour où ils s'éveilleront, elle aura besoin de toi. Elle aura besoin que tu lui expliques pourquoi elle est différente, il faudra que tu la protèges. Si je survis à cette guerre, je continuerai à veiller sur elle chaque jour comme je l'ai fait depuis qu'elle est venue au monde. Mais si par malheur je devais périr... Elle n'aura plus que toi. Non pas que j'aie jamais été une mère présente... Si les dieux viennent à vous, je t'en conjure, ne les laisse pas l'emmener à Asgard. Ne les laisse pas se servir d'elle et la détruire comme ils l'ont fait avec moi. Fais tout ce qui sera nécessaire à la préservation de son innocence. Tout... Je refuse de voir mon enfant subir le même sort que le mien. » Un sourire triste étira mes lèvres, doucement je pris le visage d'Aldarik entre mes paumes tièdes. « Promets-moi de la préserver des horreurs d'Yggdrasil quoi qu'il arrive. Promets-moi, Aldarik. »
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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyDim 1 Fév - 17:17

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Revoir Sól me remettait sur le chemin d’une terrible désillusion, celle de pouvoir frôler un bonheur qui ne pouvait être mien. Après tout, ma vie était une route d’obstacles insurmontables. Ses adieux correspondaient parfaitement bien à cette redoutable continuité d’événements les plus difficiles les uns que les autres. Je ne devais pas me laisser bercer par une folie amère faite d’espoirs les plus improbables les uns que les autres, il ne me restait qu’à accepter les faits et à continuer d’avancer, pour Sunniva. Je n’avais pas besoin de plus, elle était une raison suffisante pour continuer à se battre. Quelle force incroyable que celle qu’un père pouvait ressentir à la simple pensée de son enfant, aimé depuis le premier jour. Je ne mesurais pas l’ampleur des difficultés que Sól a pu connaître toute sa vie, qui se rapprochait dangereusement de l’éternité. J’esquissais alors un sourire à l’idée de pouvoir pleinement accepter les faits. Mais ce sourire cachait une peine bien plus grande, que celle qui était provoquée par l’idée de la perdre à tout jamais. Une chose me semblait évidente. Peu importe la distance qui nous séparait, nous sépare, et nous séparera, nous ne vivons que pour le bien de notre enfant, pour son innocence. Elle sera préservée des dangers de ce monde, et des autres mondes qui nous entourent. Je m’en fis la promesse muette. Sól continuera de vivre, dans tous les cas, à travers cet enfant. Jamais elle ne quittera ma mémoire. J’espérais seulement pouvoir lui parler de sa mère dès lors que je la jugerai prête. Elle méritait de connaître la vérité, de savoir à quel point sa génitrice faisait preuve d’une force mentale à toute épreuve. Il fallait un courage immense pour faire ce qu’elle faisait, se battre pour une liberté jugée inaccessible, intouchable. Et sa fille deviendra aussi forte, je m’en assurerai. Elle se devra d’avoir le courage de sa mère, plutôt que la faiblesse de son pauvre père. J’en veux pour preuve, que Sól allait se battre pour obtenir ce qu’elle avait toujours voulu, tandis que je restais là impuissant, incapable d’exécuter la moindre action pouvant aider à atteindre une fin rêvée. Car oui, je rêvais d’une Sól libre, capable de pouvoir venir ici sans redouter la colère de quiconque. Je rêvais de nous voir tous trois réunis, paisibles et heureux.

« Tu as survécu jusqu’ici. Et tu continueras de vivre. J’ai foi en toi. Et cette volonté qui est tienne, te fera accomplir des merveilles. Tu obtiendras ce que tu désires. Je ne vois pas seulement la lumière que tu dégages, je vois aussi celle qui te tend la main. Tu es proche de pouvoir attraper cette main qui te veut du bien. Tu en ressentiras alors toute sa chaleur, aussi puissante que celle dont tu es capable d’apporter. Que celle que tu m’as apportée autrefois, et que je veux que tu continues de m’apporter... » Soufflai-je en plantant intensément mon regard dans le sien. Dire qu’à chaque fois que les rayons du soleil perçaient, du temps où l’on se retrouvait à chaque nuit, Sól en était l’unique responsable, et elle n’avait jamais été là lorsque cela se produisait. Jamais nous n’avions assisté à un couché ou un levé du Soleil… Quel idiot je fais, de ne pas avoir remarqué ces faits pourtant si évidents. Ou peut-être les avais-je remarqué mais n’avais pas voulu en tenir rigueur. Je songeais alors au fait qu’elle était une Déesse, de ceux que je méprisais plus que tout. Pourtant, cela ne la concernait pas. Après tout, elle n’était pas née de la sorte. Combien d’autres sont dans sa situation, arrachés à leur vie d’avant, de mortels ? « J’aimerai pouvoir t’aider. J’aimerai tellement en être capable… Mais je ne suis qu’un pauvre homme, qu’un pauvre forgeron. Mes armes ne te seraient d’aucune aide. Je ne sais pas… Peut-être qu’une pensée pour elle te donnera la force de combattre… » Elle se redressa et me rejoignit, effleurant la peau de ma joue du bout de ses doigts fins. Une vague de chaleur s’empara de moi. Elle savait me rendre vivant, à l’intérieur. Elle n’avait pas seulement le pouvoir de manipuler les flammes, elle avait aussi celui de me rendre entier, heureux. Quand bien elle avait l’intention de s’en aller, son simple regard savait me rendre… différent. Je posais alors ma main sur la sienne, l’appuyant délicatement sur ma joue, avant de l’en enlever et de l’enfermer dans mes deux mains, telle une boîte. « Tout le monde est égoïste, Sól. Je n’ose imaginer ce que tu as enduré durant ces années, que je ne peux quantifier. Comment aurais-je pu ? Comment aurais-je pu t’oublier, te détester… Oui, je t’ai profondément haït, mais je ne savais pas tout ceci. Et dans le fond, je me haïssais moi-même, me disant que je n’avais pas été capable de te garder auprès de moi. Après tout, qui suis-je ? Je n’ai rien d’exceptionnel, je ne suis qu’un pauvre forgeron incapable de se joindre aux raids. Je ne le veux pas, et je ne le peux pas. Sunniva a bien trop besoin de moi… Et j’apprends que nous sommes ses parents, tandis que je pensais n’avoir rien accompli de ma vie, je sais dorénavant que je suis le père biologique d’une telle merveille… Je ne te remercierai jamais assez pour ce cadeau que tu m’as apporté ce matin-là. Jamais. » Terminai-je alors.

Un sourire naquit sur mes lèvres, sincère et plein. Une larme perla alors sur mes joues, tant les émotions récentes furent intenses. Une soirée bien rude pour le pauvre homme que j’étais. J’écoutais attentivement ses mots, ainsi que sa requête. Elle n’avait pas besoin de me demander tout ceci, cela me semblait tellement naturel et évident. Mais si elle avait besoin d’entendre de ma bouche ces mots visant à la rassurer, alors elle avait eu raison d’en faire la requête. « Je te promets, Sól. Et je sais que tu seras là pour lui expliquer ce qu’elle est, ce qu’elle sera. Et tu lui annonceras que tu es sa mère. Elle a besoin de toi, de cette figure que tu représentes. De voir de qui elle tient sa force. Elle a besoin d’une famille… Mais tu dois me promettre de revenir, si tu le peux. Et même si tu ne le fais pas pour moi, même si ce lien qui nous unissait autrefois est détruit, reviens pour notre fille. »



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MessageSujet: Re: Sometimes the heart just beats itself apart   Sometimes the heart just beats itself apart EmptyMar 3 Fév - 18:31

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Tout le monde est égoïste. De cela, je ne doutais point. Chaque être n'était-il pas doué d'un instinct de survie et de préservation ? L'on pensait à soi avant de penser aux autres, c'était là la nature intrinsèque de l'humain comme du divin. C'était vrai, et pourtant... Il y avait des êtres pour lesquels l'on n'hésitait pas à braver les pires dangers, pour lesquels l'on sacrifiait autant que nécessaire. L'amour d'une mère pour son enfant était sans failles – du moins, le mien l'était. Sunniva était ce que j'avais de plus cher au monde, que je n'aie pas eu la chance de pouvoir l'élever moi-même n'y changeait rien. Je l'avais portée, mise au monde... Et abandonnée pour sa sécurité. J'avais pris le risque de ne jamais faire partie de sa vie, de n'être que la femme qui l'avait laissée sur le pas d'une porte comme si elle n'avait été rien de plus qu'un déchet sans importance. D'un point de vue extérieur, j'étais une femme odieuse, je ne méritais pas le titre de mère. Les choses étaient bien plus compliquées que les apparences ne le suggéraient, comme elles l'étaient toujours lorsque les dieux étaient impliquées. Il était étrange pour moi de constater qu'Aldarik me voyait et me considérait à présent comme une déesse, moi qui avais dénigré ce titre et mon appartenance au panthéon avec la plus grande hargne... Que je le veuille ou non, j'étais déesse, et l'une des plus importantes par dessus le marché. Sans moi, nulle lumière pour éclairer les royaumes, nulle chaleur pour assurer la vie. J'étais devenue essentielle bien malgré moi, ces responsabilités m'avaient été imposées sans que j'aie mon mot à dire, pour mon plus grand malheur. Et pourtant je les avais assumées, j'avais fait de mon mieux pour m'acquitter de ma tâche correctement, afin que personne ne souffre par ma faute. Je n'étais pas aussi égoïste et mauvaise que cela, en fin de compte. J'aurais pu jouer la carte de la garce jusqu'au bout du bout et refuser de lever le Soleil chaque matin, cependant cette possibilité ne m'avait jamais effleurée. J'étais insupportable, hargneuse et vindicative, mais pas cruelle. Mon implication dans la guerre était certes intéressée, mais je n'avais pas joint la croisade vengeresse de Jörd par envie de faucher des vies. Le seul que je voulais voir pourrir à Helheim était Odin.

Aux paroles d'Aldarik, je secouai doucement la tête. « Tu n'as pas besoin de me remercier, pour quoi que ce soit... Sunniva est autant ta fille que la mienne, si mérite il y a, il est partagé. Et si l'un de nous doit remercier l'autre, c'est moi... Tu as offert à Sunniva une vie qu'elle n'aurait pu avoir à Asgard si je l'avais gardée avec moi. » Avec lui elle avait un foyer, des proches. Un père sur lequel elle pouvait compter à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Si elle avait vécu avec moi, elle ne m'aurait jamais vue, elle serait sans doute restée avec Máni en journée, ou serait passée de nourrice en nourrice et en fin de compte c'était une autre qu'elle aurait appris à appeler maman... Cela m'aurait fendu le cœur qu'une autre prenne ma place, et cela même si j'avais accepté d'abandonner mes droits de mère le jour où j'avais renoncé à elle. Aussi insensible que cela puisse paraître, j'avais su que c'était une chose qui ne risquait pas d'arriver avec Aldarik. Et à présent que je savais qu'il éprouvait encore de tendres sentiments pour moi, je regrettais d'avoir seulement songé au contraire. Pourtant, je reconnaissais bien volontiers que le contraire eut été préférable, si par malheur je devais disparaître de leurs existences de façon définitive. Je n'avais pas la moindre idée de ce que l'avenir me réservait, pas la moindre idée des conséquences qu'aurait la guerre. J'avais bien des dons, hélas celui de prophétie n'en faisait pas partie. Aussi était-il préférable pour nous tous que j'envisage les plus sombres possibilités... Doucement, je retirai ma main de la joue d'Aldarik, et je baissai les yeux. « Je ne te ferai pas l'affront de te faire une promesse que je ne pourrais peut-être pas tenir... Tout ce que je peux te promettre, c'est de faire de mon mieux pour revenir. » Plus, je ne le pouvais pas. « Mais si je ne suis pas revenue au printemps... Il ne faudra plus m'attendre. » Il n'était pas nécessaire d'en dire plus, le message se suffisait à lui-même.

Silencieuse, je restai un instant à contempler mon amant et pendant une poignée d'instants, je songeai à sa proposition de rencontrer notre fille... Je secouai imperceptiblement la tête ; il fallait que je sois raisonnable, pour une fois, ainsi je refusais de prendre le risque de réveiller Sunniva et d'éveiller sa curiosité. Notre rencontre serait pour la prochaine fois, si toutefois prochaine fois il y avait. « Prends soin de notre fille, Aldarik. Reste loin des bois, et quoi qu'il arrive... Méfie toi des dieux. » Aussi tentante que fut l'envie de l'étreindre, je préférais m'abstenir pour nous éviter à tous les deux des adieux plus déchirants encore. Je ne lui adressai qu'un simulacre de sourire avant de le quitter, et aussitôt la porte de son foyer refermée, les ténèbres de la nuit me happèrent. Je tressaillis, grimaçai, aussitôt sur la défensive au cas où Sköll aurait finalement décidé de braver la menace que représentait le dragon de Midgard. Le cœur plus lourd que lorsque j'étais venue, je m'enfonçai dans la noirceur de la nuit pour rejoindre le passage entre les mondes que j'avais emprunté pour venir depuis Asgard, sans certitude de le retraverser un jour.
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