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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Ghosts & bones in her head

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Jörd Annardóttir
Jörd Annardóttir
déesse de la terre

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MessageSujet: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyJeu 16 Juil - 10:57

L
e visage de la Terre se saisit d’une torpeur sans pareille lorsqu’elle réalise l’étendue de sa perdition. L’appréhension s’est faite suffocante lorsque dans sa caboche elle les a tous entendus crier et agonir. Ses enfants - arbres penseurs, faune et flore dévastés par les ombres. Les Elfes de Lumière, touchés par l’ennemi. La flavescente n’en revient pas. Elle a tant espéré que cette sensation nauséeuse se dissipe et ne soit qu’un spectre de son passé douloureux - Alfheim est loin et ses impressions probablement biaisées par une crainte latente de voir tout ce à quoi elle aspire disparaître. Et pourtant, lorsque le Nisse qu’elle a envoyé sur les terres de ses alliés lui revient, les quelques mots qu’il prononce la font retomber sur son trône noueux, l’émotion luisant dans ses calots braqués sur la petite créature. « Ce n’est pas possible... » Prononce-t-elle pour elle-même, le visage émacié par l’inquiétude. Les félons qui l’ont trompé pour atteindre son fils, qui lui ont fait miroiter leur soutien pour mieux lui cracher au visage et l’attaqué une fois le dos tourné - ils ont frappé l’une des racines de l’Arbre-monde et distillé leur poison pour se voir flétrir l’essence des vivants. Jörd sent ses membres trembler imperceptiblement - non pas de chagrin ou d’affliction mais de colère. Cette fureur sourde qui lui rappelle de quoi elle a été capable par vengeance, cette pente glissante vers laquelle elle redoute de se couler à nouveau. Mâchoire serrée, la belle se tend l’espace d’une seconde, phalanges vissées à ses accoudoirs d’écorce puis elle se résout à quitter son piédestal pour hasarder vers la passerelle menant à ses quartiers. C’est un silence morose qui règne dans le sanctuaire de sylve érigé non loin d’Asgard. Tous se taisent face au deuil qui strangule Mère Nature, l’accablant de nouveaux maux qui font bien d’inquiéter. Lentement, Jörd descend le dédale en colimaçon qui s’organise autour du tronc de l’arbre millénaire. Dans le creux de ses racines, niche une nappe d’eau cristalline scintillant au gré des rayons que filtrent les frondaisons des végétaux. Comme absente, la déesse s’avance sur le bord de la rive, l’eau froide lui chatouillant la plante des pieds comme un cataplasme apaiserait ses plaies. Elle regarde au loin, cette cavité dans le cœur de la terre, ce berceau de vie qui pourrait se révéler pernicieux si il venait à tomber entre de mauvaises mains. Même si la rage la consume en songeant à sa nature ainsi dévastée sans le moindre état d’âme, les lippes ne se desserrent pas même pour un soupir. La flavescente fait choir sa robe à ses pieds et pénètre dans l’ondée glacée sans l’ombre d’un frémissement. Que cela ankylose ses sentiments comme cela puisse saisir son corps dans la torpeur. Que ça lui fasse plus mal en dehors que cela la heurte en dedans. Elle s’immerge de la tête aux pieds, naïade du silence qui s’enfonce dans les profondeurs azurées pour mieux hurler envers le barbarisme. Elle se fait la promesse de venger les siens - sur la tête du Chaos lui-même, de faire payer le peuple des ombres pour avoir encore porté atteinte à tout ce qui lui importe. Ses muscles se tendent, un chapelet de bulles remonte pour cloquer à la surface et la véhémence tourbillonne avant de se tarir. Elle est lasse, fatiguée de la virulence exhortée par son impuissance. Elle se recroqueville, ramenant ses jambes contre son buste, comprimant son souffle dans un élan tortionnaire pour repousser ses limites ou oublier ses tracas. Puis, elle abdique. Elle émerge dans un râle bruyant et vient s’échouer contre la berge à la rocaille d’ébène, son corps nu reposant sur le flanc, les alentours rythmés par sa respiration haletante. Elle sait l’apprécier le silence qui ponctue son univers mais comme il peut parfois lui sembler oppressant. Cela peut facilement faire remonter toutes ses angoisses - celles qui l’ont maintenu éveillées après ces mille cinq cent ans à rester cloîtrée à Svartalfheim. Svartalfheim... Décidément, c’est le nid de tous ses maux. Il n’y a rien à y sauver. Rien à en espérer. Jörd se retourne à peine, clignant des paupières en direction du cœur de son sanctuaire qui la surplombe de ses nœuds de verdure. Les gouttes d’eau perlent dans ses cils diffusant une lumière étrange tout autour d’elle comme si elle évoluait dans un monde onirique. Il est difficile de s’accrocher à ce qu’il y a de plus beau lorsqu’il y a tant d’horreurs dans sa tête. Alors Dame Nature clôt les paupières et préfère laisser son esprit vagabonder car elle le sait, le mal est aux bords de ses contrées et elle désire plus que tout le traquer.
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Loki Farbautison
Loki Farbautison
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyDim 19 Juil - 16:38

I
l régnait en leur monde une quintessence de poix plus froide encore que les vicissitudes gorgeant Jotunheim, plus noire encore que les abysses du Ginnungagap, et plus trouble encore que le chaos inhérent au dieu félon. Cela le dépassait bien plus que toutes ses abjections réunies, car il s’agissait d’une force antédiluvienne ressurgissant des profondeurs où elle avait été claustrée. L’Arbre Monde se mourait sans d’autre motif que la résurrection des Ténèbres. Nul n’en revendiquait ses maux, nul ne prétendait avoir eu l’audace de repaitre ses funestes abîmes longtemps omises pas les peuples d’Yggdrasil. Et de ce bouleversement, une, en pâtissait le plus, celle qui entre tous buvait au calice des royaumes leur inestimable sève. De Vie elle était faite, et malgré ses tourments, de Lumière également. La Terre souffrait. Elle damnait cette putréfaction à l’odieuse pestilence, ce venin corrompant ce pour quoi elle était faite et ce pour quoi elle se battait depuis plus de deux millénaires. Cela également, le Freux le sentit, car comme une oraison à sa vilénie, le courroux de la belle galopa en Asgard comme un furieux aquilon avant de frapper l’esprit du dieu telle la foudre sa falaise. Il ressentit alors et la géhenne de Jörd, et le cataclysme ceignant son myocarde, celui-ci même qu’il avait décelé des lunes auparavant, lorsqu’il avait gîté auprès d’elle. Dans cette salle rocheuse au minerai nobiliaire, la naïade s’était confiée à lui de la plus vive des manières, saisissant chez Loki une adulation corruptrice qui avait été jusqu’à lui faire ravir un baiser de feu froid aux lippes pourprines. Cette adoration quasi sordide, plus jamais ils ne l’avaient évoquée, batailles et cycle de la vie poursuivant leurs fresques conjointes dans un tournoiement duquel il était ardu de s’isoler, plus encore de se retrouver.

À présent néanmoins, l’appel sibyllin de la Flavescente madone ne pouvait qu’aimanter la malfaisance du Parjure, car si son cri n’était fait d’aucun mot, il s’accompagnait toutefois de bien des cors. Le rugissement que son cœur lança à la nuit suborna la Meurtrie et, malgré son inconscience, invoqua le Déchu. Et comme le Mal ne vient jamais plus vite que sommé par la haine, dans les tréfonds du vénérable sanctuaire se matérialisa la silhouette oblongue d’un monstrueux serpent, plus grand et gros que n’importe quel autre de ses semblables. La créature, mussée par la pénombre de l’antre, sillonna le sol dans un silence d’horreur jusqu’à ce que son museau ne coule subito dans la nappe d’eau et que tout son corps ne suive le mouvement. Ne trahirent la bête que quelques remous à la surface, mais la déité, trop occupée à se morfondre dans ses atours d’Ève, ne vit guère sa chimère nager de vénéneuses ondulations jusqu’aux courbes de Vénus. Usant de sa magie par-delà toute forme, le sorcier métamorphosé enlumina l’atmosphère d’une brume transpirante qui déposa sur le derme nu de la femme une pellicule de gouttelettes lénitives. Il n’était pas question de rebuter son ouaille, mais bien de répondre à ses suppliques par la quiétude chthonienne du diable voulant enjôler. La sérénité introduite, il perçut les muscles de la gracieuse se détendre et, profitant de l’accalmie, il rompit la distance les séparant en glissant sur la carne ; frôlant les lombes, il déborda sur les hanches, inonda l’hypogastre ivoirin de ses écailles smaragdines, laissa une caresse taboue filer sur le ventre, et remonta entre les deux plantureuses voûtes, langue sifflant une litanie alléchée, pour terminer autour de la nuque, enroulant une partie de son corps comme l’aurait fait un bras aimant. La tête, alors, se redressa et guigna les orbes lui faisant face en laissant le doute planer ; était-il nuisible, ce serpent d’outre-monde, ou s’ambitionnait-il paix sauvage dans l’algie de la Terre…?
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Jörd Annardóttir
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyMar 21 Juil - 11:19

Q
uelle cacophonie dans son esprit tourmenté par la perte des siens. Quelle douleur lancinante dans son cœur perclus d’amertume. Ses bourreaux ne cesseront d’être légion à s’en prendre à la terre et à en tirailler ses natifs. Tout ce qu’elle a créé, ils s’enhardissent à le détruire. Tout ce qu’elle échafaude, les Elfes Noirs se décident à le piétiner sans le moindre égard. Comment a-t-elle pu être aussi aveugle ? Comment a-t-elle pu croire au soutien de ces engeances ténébreuses motivées par les abysses de la désolation. Sous les paupières closes de la belle, ses yeux roulent de droite à gauche tandis que son esprit galope à travers cerf et renard pour traquer la moindre trace de ses ennemis. La flore suinte le sang des empoisonnés dans un cloaque putrescent. Elle ne s’attarde pas sur leurs globes vides tournés vers le ciel clément, elle entrevoit seulement les empreintes des ignobles qui la mènent vers le couvert végétal. ça glisse, ça rampe, et la conscience projetée de Jörd vient coudoyer la réalité dans un trouble passager. Un vague réconfort vient à détendre sa charpente tandis qu’elle exhale un soupir résigné, sa tête basculant vers l’arrière sur le récif froid. Son souffle s’apaise et son cœur fissuré par le chagrin se fait absent de toute complainte. Immobile, Jörd se raccroche vainement à sa quête désespérée avant de sentir la présence filer contre son derme et ceindre son abdomen. Elle inspire brutalement et ouvre les yeux, lèvres glacées pincées d’incompréhension. La Terre n’esquisse aucun geste brusque, trop occupée à détailler le serpent massif aux écailles luisantes qui s’est enroulé autour d’elle. Elle sait que son désarroi a toujours le don d’attirer la compassion de ceux qu’elle chérit dans son sanctuaire de verdure mais l’esprit de la belle se heurte au mutisme du reptile aux prunelles de feu et au mystère incandescent de sa présence à ses côtés. Il n’est pas l’un des siens et la méfiance flotte un instant dans ses yeux plissés. Si l’animal d’apparence monstrueuse aurait pu faire naitre l’angoisse chez n’importe quel asgardien, il n’en est rien pour la Terre baignant dans son élément.

« Qui es-tu ? » Murmure-t-elle en articulant chaque mot, redressée sur ses coudes. Ainsi enroulé autour d’elle, il aurait été facile pour le serpent de lui rompre la nuque s’il avait été envoyé par ses ennemis mais les suspicions se dissipent au gré de cette langueur sensuelle avec laquelle il s’approprie chaque parcelle de son épiderme. Un frisson lui ébranle l’échine, élan pusillanime qu’elle réfrène en mordant ses lèvres glacées. La flavescente ne quitte pas une seule seconde l’animal des yeux, sommant à son corps de rester immobile malgré la caresse subtile des écailles contre sa peau. Son pouls s’emballe imperceptiblement et après avoir dardé ses yeux dans les globes hypnotiques du serpent, Jörd finit par étirer un sourire en coin. « Est-ce le chaos résonnant de mes prières qui t’ont mené à moi ? » Elle dresse une main pour effleurer la tête de la bête mais esquisse le geste à quelques centimètres seulement, comme si elle n’osait briser le sortilège. Cette aura lui semble familière même si l’incarnation sauvage a de quoi rendre ce face à face énigmatique et intrigant. Ainsi glissé entre ses rondeurs, le caractère inquisiteur et impudique de l’animal lui fait finalement plisser les yeux d’un air réprobateur. « Es-tu seulement là pour t’abreuver de mes faiblesses ? » Car le dieu facétieux est sommé par le chaos lui-même. Que signifie donc la mort et la solitude pour celui qui s’est vu enfanté par le souverain royaume des glaces et du désespoir.

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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptySam 25 Juil - 16:47

C
ette carne ruisselante, breuil de l’infrangible serpent, requerrait plus que quelques contorsions pour l’en déloger. Mais l’ondine, occupée à réclamer l’identité de l’intriguant, ne semblait point vouloir s’esbigner des flots comme un quidam hautement bouleversé. Fière de sa prépondérance naturelle sur toute faune et flore d’Yggdrasil, elle guignait l’oblongue créature non pas comme elle aurait miré un quelconque désobligeant personnage, mais plutôt comme un convive négligeant, ayant omis d’aviser son nom avant de délasser sa longueur sur les arches féminines. Les orbes ocre du reptile sondèrent pesamment l'inquisiteur regard et l'on eut dit que, dans ces prunelles animales, ne cornait aucune alarme sinon que l'arrogance despote d'un être parfaitement vil. La bête, fallait-il croire, jouissait de l'entrevue faite et des émois extraits. La dextre frôlant non loin sa tête vipérine lui arracha toutefois un sifflent de langue pour le moins menaçant ; l'Horrible s'ambitionnait triomphateur de la chair conquise, mais nullement objet de douceur. Et sur la nuque enlacée se nouèrent ostensiblement les muscles césariens du serpent, répondant à la fois au geste, mais aussi à la question de savoir si c'était bien le mal engendré par la colère de la Terre qui l'avait sommé. Indubitablement, c'étaient les vicissitudes, les affres et le courroux endigués chez Jörd qui avaient éveillé ce trouble protecteur, et maintenant que siégeait ce diable dans l'ombre de Dame Nature, plus rien ne pourrait le révoquer. D'une lenteur spectrale, la carcasse squamée descendit derechef par la voie empruntée – entre ces monts et vallons auréolés de perles rubicondes –, se divertit à cintrer les lombes de sa queue et, pesant son poids sur l'abdomen, serpenta de bas en haut sans lâcher une seule fois les billes diaphanes lui faisant face. Le muscle lingual sitôt carillonna entre la mâchoire serrée du Chaos, mais au contraire d'un sifflement, ce fut un lointain phonème, inconnu de la vénusté, qui en échos parut bruire entre toute la paroi du sanctuaire. Venue d'une sombre dimension, elle décontenançait le tangible et mordait la réalité à pleines dents. Car ce chuintement parla et se fit doucereux malgré sa sournoise intensité. « Tu es une rose que l'on condamne d'épines. Et tes pétales, en lenteur, s'abreuvent du poison de leurs pointes. Quel terrible gâchis fais-tu, drapée de tes lambeaux d'angoisse, de frustration et de glaire, alors que tu pourrais être, au-delà de la Terre, l'incoercible volcan des Neuf Royaumes. N'as-tu point engendrée la Foudre, fléau des cieux que craignent jusqu'à ces immémoriales montagnes ? Eh bien, Jörd...? Je t'entends maugréer tes peines comme ces dits rochers le font les nuits d'orage, mais ne vaux-tu pas mieux que tous ces ignominieux éclairs, ces kyrielles d’humiliations que l’on t’assène impunément ? »

Les maxillaires bestiales s'étaient hissées jusqu'à l'oreille de la dévoyée pour qui besognait ardemment la créature ; il voulait distiller du flavescent kaolin son limon le plus malsain, cette nocuité recelée sous chairs et dont il avait, par le passé, succinctement été témoin. Loki, tout affublé de sa métamorphie, ne perdait guère en perfidie, et malgré sa propre ignorance de la situation, il savait pouvoir – du moins l’escomptait-il – abîmer la déité dans les entrelacs de la perdition. Si longtemps son esprit s’était encombré des réflexions sagaces qu’un prince d’Asgard élaborait, dorénavant sa nature intrinsèque d’héritier des Glaces Barbares prenait fâcheusement le dessus ; qu’en avait-il à faire, lui, que les mondes brûlent, tant qu’il était là pour en mirer le spectacle ? Peu lui importaient franchement quels étaient les instigateurs de ces résurgentes Ténèbres – encore que, il était consterné que ces faquins ne l’aient guère mis au parfum –, et peu lui importait aussi l’issue de cette nouvelle promesse de guerre. Quels qu’en seraient les vainqueurs, lui, par les Nornes, ne serait jamais plus que l’éternel galeux. Alors, de ce carnaval des forces, autant se récréer, autant alimenter les braises qui feraient de cette fulmination un sempiternel chef-d’œuvre de chaos. De l’Annardóttir, il ne souhaitait que le pire. Il ne désirait que le désastre mussé en elle, que le cataclysme dont elle était bien malgré elle capable. Et il l’obtiendrait. D’une manière, ou d’une autre. D’une forme… ou d’une autre.

Car la nappe pellucide se muait déjà en veules remous, désincarnant les reflets de l’eau pour corrompre les éclats d’ondes grossissant à mesure qu’elles cavalaient à la surface. La silhouette reptilienne, subito galvaudée, se tordit contre le derme nu et substitua à son allure longiligne l’aspect animal pour ne régurgiter qu’une toute autre effigie. Se matérialisa l’homme tout aussi peu vêtu, troquant ses écailles contre une carnation humaine et dilapidant plus lourdement encore son poids contre l’Abordée. Sans non plus l’écraser, il fit de son poitrail et de ses bras un étau cancéreux diminuant toute volition, et ses lippes, gardées à hauteur de tympan, couronnèrent d’un murmure licencieux. « Je suis venu m’abreuver de ce que tu me donneras à lamper… » Ce disant d’érafler la joue féminine et de darder un instant ses froides lazurites sur la pulpe charnue gisant en-deçà, hélant une pulsion naguère trop prématurément abrogée et dont il souhaitait manifestement réitérer le méfait.
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyLun 27 Juil - 13:19

A
sa question répond tout d’abord le silence de son sanctuaire. L’animal reste immobile à darder ses prunelles dans celles de Dame Nature, doté d’un souverain savoir qu’il ne compte manifestement guère partager. Lorsqu’elle approche sa main mais n’ose effleurer les écailles du reptile, ce dernier lui fait comprendre qu’il est maître de la situation tel un indomptable dictant ses besoins. Il resserre son emprise autour de sa nuque et elle clôt ses paupières dans un soupir résigné. Lénifie-t-il ses affects ou vient-il pour faire sonner son envie de vengeance ? Jörd demeure intriguée malgré sa circonspection. Elle ne saurait dire si cette présence est un signe irrévocable de menace ou de soutien. L’animal se met alors à serpenter de nouveau sur ses formes et les muscles de la belle se crispe dans l’ondée glaciale. Elle pourrait se tendre et dilapider quelques soupirs dans ce huis clos peu commun mais préfère se mordre les lèvres jusqu’au sang pour se préserver des faiblesses. Une voix résonne dès lors contre la pierre et le bois pour entonner le fruit d’une déception. Qu’est-elle devenue, elle qui n’est autre que la Déesse de la Terre, capable du meilleur comme du pire, maintenant qu’elle s’est résignée aux rangs d’Asgard ? Le timbre grave appuie sur sa douleur pour mieux lui soutirer la violence. Jörd plisse les yeux et serre l’émail, sentant l’irritation aiguiser sa perception. Qui d’autre que le Chaos puisse revêtir sa peau de perfide pour venir lui susurrer quelques suggestions engendrant le pire ? Elle ne saurait dire ce qui le lie à lui - si c’est cet élan maternel vain ou plutôt son goût pour les déchus. Quoiqu’il en soit, incarnant à merveille son effigie, le Dieu prend manifestement du plaisir à lui susurrer à l’oreille pour susciter de torrentielles émotions. Le souffle de la belle se trouve happé par le jugement qu’il prononce. Elle pourrait lui sommer d’arrêter mais aucun mot ne sort de ses lippes serrées. Car elle la sent, cette fureur qui se réveille au contact du Chaos - cette envie de se jeter corps et âme dans un gouffre qui lui ferait perdre pieds. Quelle folie...

« Loki... » Elle daigne finalement le prononcer, le nom qu’elle avait sur le bord des lèvres depuis le début de cette entrevue. Qui d’autre pourrait avoir l’impudence de la rejoindre au moment de son bain alors que son cœur réclame une fois de plus vengeance ? La lascivité avec laquelle le reptile l’aborde est aussi un indice qui rappelle sans mal le baiser qu’il lui a volé à l’ombre de ses tourments. L’ondée frémit alors dans une apparition nébuleuse - le serpent s’étiole pour ne laisser que l’homme, qui de chair et d’os, pèse contre la silhouette féminine. Jörd reste stupéfaite l’espace d’une seconde, ne réalisant pas encore le danger de cette promiscuité. Ce n’est que lorsqu’elle sent le corps dévêtu du Chaos tout contre le sien et le souffle de ce dernier lui chatouiller l’oreille que Dame Nature réalise le problème épineux qui vient de se poser à elle. Un baiser interdit volé est une chose, un baiser assumé en est tout autre. Elle darde ses yeux dans les orbes cristallines du prince déchu et inspire profondément pour redevenir maître des frémissements incontrôlés qui surprennent son derme. Son corps épousant ainsi celui d’un homme a vite fait de lui rappeler sa courte idylle avec le Père de Tout. N’est-elle pas lasse des infidèles ? De ceux qui fuient la couche conjugale pour venir soupirer contre son oreille. Elle le croyait.
La Terre remonte instinctivement une jambe à la hanche du Dieu Pernicieux et lui saisit la mâchoire avant même qu’il ne se trouve tenté d’embrasser ses lippes jusqu’à déraison. Dans les prunelles de la belle, danse un avertissement tacite guerroyant avec une envie fiévreuse qu’elle essaie d’éclipser au mieux.

« Jubiles-tu de me voir ainsi affligée ? » Le questionne-t-elle, susceptible. Elle fixe la glaciale matoiserie de ses calots avant de s’humecter les lèvres. « Cela te plait-il de me pousser à guerroyer pour te bâfrer de toute cette discorde et de ce chaos ? » La déesse est en colère - contre lui comme ses ennemis. Parce qu’ils aiment se draper de ténèbres et aiment à voir les royaumes tomber dans la décadence. Ressent-il ne serait-ce qu’une miette de compassion à l’égard de la Terre et de l’amour qu’elle porte à son élément ou préfère-t-il la voir heurtée, blessée pour qu’il ne subsiste que colère et tempête en son for intérieur. Jörd sait que la vérité peut se révéler plus complexe - que Loki est maudit par l’image qu’on a de lui et dans laquelle il se conforte malgré lui. D’une impulsion, la Terre renverse le Dieu sur le côté pour prendre l’ascendant. Elle reste une poignée de secondes penchée sur lui, suspendue à ses lèvres, ses seins frôlant son poitrail puis se redresse pour l’enjamber et rejoindre la berge. Elle attrape sa robe laissée à terre et l’enfile sur son corps encore ruisselant d’eau. « De combien t’es déjà tu vengé ? Et pourtant, n’as-tu pas encore soif de tous ces conflits ? N’es-tu pas las ? »

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Loki Farbautison
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyMar 28 Juil - 0:37

C
ette nuit noire, cénotaphe de leurs souffles, offrait à leurs bouches un requiem distordu où sonnaient d’amoraux carillons. Prélassé comme une sépulture sur sa couche de nimbes, il strangulait la divine carcasse d’un poids géant et néfaste, gorgé d’ondes poisseuses filtrant en chacun des pores de la Terre. Elle ne signifiait plus rien, là, comme ça, la Terreur des faunes, la Mère des flores, perdue dans la sulfureuse étreinte d’un séraphin corrompu. Et parmi ses cris rebiffés que rauquaient ses yeux blêmes parvint à s’enfuir le geste de trop, traitre et stupide, qui démolit les herses furieuses montées devant bastion ; cette jambe exquise nouée sur la carne masculine, lance de fer trouant l’orgueil de la déesse. Elle ne put le réfréner, cet appel des chairs, cet élan d’érotisme, et sur les lippes voraces du Parjure pendirent deux sourires accolés. L’un pour la victoire, l’autre pour l’amertume. Car il sut, ce prince d’ombres, que le succès serait bref. Jörd ne luttait que trop bien, là où un chapelet de jouvencelles se seraient déjà pâmées sous la poigne dépravante du Freux. Alors il profita, il jura paume contre cuisse tous les serments orgastiques qu’il aurait pu lui offrir – lui sacrifier sur l’autel de la piété –, serrant ses phalanges contre la carne molle, ses serres contre le gibier. Planant sur le portrait convoité, il parvint presque à lui ôter une morsure aimante dont il aurait roulé le suc entre ses papilles. Mais elle s’en révulsa, peut-être, et le condamna à la noyade. Les corps se murent, se tordirent, se firent un peu la guerre, et puis, pesant, Loki faiblit dans les remous frondeurs – cette kyrielle d’écumes hilares. Le souffle, il le perdit, boule de fiel qui roula dans sa gorge avant d’émettre un grognement puéril ; et non mois grave une fois vidé sur ses lèvres. Il aurait pu savourer cette lutte, croire en l’aube d’un acte suave – tout aussi bestial qu’il eût été – mais l’insipidité d’une telle initiative ne fut qu’un pugilat de plus dans ses ardeurs crâneuses. Ultime prérogative ; sentir ces rondeurs l’accabler un moment, cet hypogastre se presser là où geignait une terrible appétence, et ces seins réclamer des caresses sans toutefois l’y autoriser. Ah, cruelle diablesse ! C’était à son tour de jouer avec ses rivages de stupre, de l’incendier comme on noircit une sylve ; brûlé jusqu’aux racines, et plus que les cendres pour s’en remettre. Si fin orateur qu’il était, plus aucune palabre ne rompit ses mâchoires. Au contraire de quoi il baisa la Vision d’un regard paresseusement hâtif. Et puis elle s’enleva à lui, elle courut la frontière et quitta leur précieux et silencieux secret de honte. Les bras du Farbautison s’ébaudirent dans le néant avant de retomber dans l’eau éthérée qu’une bruine magique drapait toujours autant. Fin de l’agape, fin de l’extase, évanescente elle fila, le laissant seul, pauvre amant éconduit, dans sa vase de hargne et, avec pour seule compagnie, une violente turgescence que fort heureusement le bain recelait…

Alors ? Jubilait-il donc, le sombre prince ? Plus tellement. Encore que ce jeu pouvait l’amuser, mais il n’en connaissait point les règles. Il était laborieux de voir clair dans les ridules féminines, et même s’il se sustentait incontestablement des maelströms cintrant le cœur de la madone, elle parvenait, adroite, à musser les arcanes de ses émois. Là-dedans, dans cet entrelacs de nœuds, dans cette cabale renégate, il n’arrivait que piètrement à déraciner les faiblesses de la dame virginale. « Las ? » Reprit en écho la gueule du bellâtre décidément astreint au bassin. Les sourcils churent en un ravin de morgue tandis que le râble se décollait de la paroi. Quelques pas exécutés dans l’apesanteur humide, et il se tourna pour guigner l’hôtesse du castel, arrimant une paluche sur l’orée qui les avaient maintenus, caressant la pierre en s’imaginant avoir pu cajoler les rotondités féminines de l’offusquée. « Et toi ? Es-tu lasse des feuillaisons qui bruissent dans l’encre nocturne ? Es-tu lasse de l’embrun que l’aurore cueille, et qui dépose sur les tapis de verdure pléthore de larmes cristallines ? Es-tu lasse des pépiements que charroie le vent, des arômes dont émane la terre après l’ondée, du bourdonnement que tes enfants-arbres font lorsqu’ils jouissent d’un rai solaire forant les cieux ? Non. Je ne crois pas. Car telle est ton essence. Tu es née, et tu vis pour elle. Alors, pourquoi est-ce si inepte pour vous autres de comprendre qu’à ma nature, je suis enchaîné, et, que Les Nornes me gardent, jamais je ne pourrai en rompre les maillons ? » Oui. Pourquoi s’obstinaient-ils tous à damner l’argile dans laquelle il avait été façonné ? Que l’on regrette encore son existence, il pouvait le concevoir, car quelle lumière ne se lamente pas des ombres qu’elle engendre ? Mais que l’on s’ulcère de ses marottes… allons. Il était temps pour tous ces encéphales tant obtus que puristes de réformer leurs dogmes et revisiter leurs jugements. Nouveau roi, nouvel entendement. Le buste ivoirin vint se confronter à la rocaille et s’y installa, fixant les coudes sur le sol et les orbes sur la naïade. « Voyons, Jörd… » Au phonème quelque peu roide instigué pour son plaidoyer suivit le timbre enjôleur qu’une risette consolida. « Mon verbe te heurte parce que tu le sais vrai. Je ne dis pas que des mensonges. La réalité suffit parfois amplement à mon escobarderie puisque je ne suis pas le seul détenteur des maux universels. Cela me navre de savoir que l’on te dupe. Et j’en suis d’autant plus affecté que je te sais d’une puissance redoutable. » Un silence brima la verve du jötun, avant qu’il ne décide – enfin – de s’ériger à la force de ses bras des vagues quiètes. Une salve suivit l’initiation et des eaux il naquit, se redressant de toute sa hauteur et de toute sa grâce altière. Des ruisseaux galopaient sur ses membres à nus et force fut de constater qu’il n’était guère insensible au charme de la sylphide – bien que son laïus lui avait permis de décroitre son adoration

Redoublant d’efforts, il tendit le creux de sa dextre comme lorsqu’un pauvre hère souhaite dompter le sauvage, et s'avança lentement jusqu’au flavescent félidé. « Redoutable, et magnifique tout à la fois… Combien peuvent se targuer d’aimer ta rage ? Combien peuvent se targuer de chérir toutes les vicissitudes qui composent tes nuances ? Combien peuvent se targuer de ne porter sur toi ni jugement, ni appréhension, car lorsqu’on est le Pire on discerne ce qu’aucun ne voit dans le mal ronflant en tout être : son évidence, sa nécessité, et par-dessus tout sa beauté. » Il n’était déjà plus qu’à un souffle d’elle, mais au lieu de l’aborder, sa main ne fit que l’effleurer, l’index simplement tendu pour couler sur une épaule, d’une pudicité nouvelle, d’une estime arborée ; et probablement d’un intérêt minutieusement réfléchi.
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Jörd Annardóttir
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyMar 28 Juil - 23:56

L’
oiselle s’envole, refusant d’être prise au piège entre les mailles du filet de la tentation et elle laisse là le Chaos tout de frustration fait, s’en débrouiller avec son ardeur. Elle reste de dos un moment, prétextant s’affairer à ses frusques tandis qu’elle coule un regard bouillant d’émotions en direction de la cavité qui les garde dans les entrailles de la terre. Son pouls bat la cadence, à tel point qu’elle a l’impression que son cœur pourrait bondir hors de sa poitrine et venir mourir à ses pieds. Elle l’a maudite plus d’une fois cette sacro-sainte manie de s’enticher des pires, ceux pour qui elle serait capable de se damner avec passion. Ses paupières se referment avec désillusion sur la tristesse qu’engendre l’amertume. Il dit vrai - pourquoi se lasserait-il de ce qui lui appartient ? De ce bois duquel il a été fait. Les paroles de Loki sont justes même si la Terre peine à transposer sa situation à la sienne. Jörd abdiquerait-elle si son pouvoir se révélait être tyrannique et menaçant ? Probablement pas. Tout comme Loki a été bercé par les ombres et l’illusion, la belle a vu naître les montagnes et vu les arbres grandir. Ils ne peuvent guère lutter contre leurs affinités, moins encore dans l’unique but de plaire aux autres. Jörd n’aurait laissé personne contrarier son essence alors pourquoi faudrait-il qu’elle exige aux ténèbres de quitter le Chaos ? Dame Nature baisse les yeux un instant avant de s’incliner vers son interlocuteur qui la détaille, patiemment arrimé au roc dans l’ondée calme. Le reproche mussé dans les propos du prince déchu oscille vers une humeur badine et la déesse se sent dès lors redevenue cette enfant heurtée par la déception. « Je comprends... » Lui répond-t-elle à demi-mots, reportant son regard sur son portrait. « Mais j’imagine quelle pâle figure je ferai à tes yeux en l’absence d’ennemi qui viendrait à incendier mes plaines. » D’une œillade circonspecte, elle dévoile le fil de ses pensées obscures. Est-elle vraiment ainsi ? Vouée à combattre, résignée à hurler. Et probablement même que si elle n’avait pas eu d’adversaires contre qui se battre bec et ongles, elle aurait trouvé sur son chemin un Farbautison d’autant plus avide de piétiner sa quiétude pour n’en soutirer que pugnacité. A ses mots, la belle ne peut s’empêcher de répondre par un léger hochement de tête entre amusement et dérision. Il se dit peiné de la voir ainsi malmenée par ses affects et elle le sait déçu de la voir rester impuissante face à cet affront abominable. Mais voilà, elle se rappelle sans mal la fureur l’ayant bouleversé à Vanaheim, lorsque durant une même entrevue, Loki lui a arraché tout ce qu’elle avait de plus amer au sujet du Père de Tout et de ses méfaits. « D’une puissance qui ne suffit manifestement pas à décourager mes adversaires. » Il lui ont pris ses enfants et ont ravagé les landes enchanteresses de ses alliés. Le berceau de lumière n’est plus que peinture sinistrée par la mort et le poison. Fallait-il qu’elle parvienne à les écraser comme de vulgaires insectes, ces Elfes Noirs qui avaient tout fait pour saboter sa tranquillité. Si seulement...
La Terre passe une main sur son visage avant de darder ses callots sur la silhouette masculine qui s’arrache aux flots sans la moindre pudeur. Elle doit lui reconnaître une sacrée audace en plus de sa musculature saillante et longiligne qui attire son regard. Tout prête à croire que l’homme vient à elle comme il est - sans tour ni masque, mais Jörd préfère encenser cette prudence qui l’empêche de se pâmer devant le réconfort à la fois viril et intimiste qu’il lui offre. Le prince l’aborde d’un pas lent et d’une main tendue, désirant mater ses craintes de son verbe empli d’admiration. Immobile, Jörd détaille son expression avec perplexité avant de soupirer longuement, le portrait à demi-tourné vers les quelques rayons qui filtrent à travers les branchages. Le Chaos se délecte de la virulence et de l’acrimonie de ses ressentiments, alors qu’elle se hait quand elle devient cette harpie vengeresse. La paix n’est qu’une chimère - elle l’a compris bien assez tôt, mais cela doit-il justifier cette nécessité de livrer des batailles ? De celles qui coûtent la vie aux innocents.

« Puis-je vraiment croire en ta dévotion ? » Lui murmure-t-elle dans un battement de cils. Elle se perd un instant dans son regard profond et accueille ce doigt cajoleur d’un frémissement d’échine. Dame Nature sent de nouveau cette envie tempétueuse lui chatouiller les reins et son souffle s’emballe à mesure qu’il galope sur ses angles. Elle ne se rappelle pas - plus - comment deux corps peuvent s’enivrer respectivement. Bras serrés contre ses hanches, Jörd fixe les lèvres du beau parleur et réfrène cette envie soudaine de fondre contre lui pour laisser libre cours à ses envies. « Je me rappelle encore de celle qui m’a beaucoup coûté. Es-tu toi aussi ce genre de parjure ? » Lui demande-t-elle en soutenant son regard, l’embrun sensuel se dissipant au gré de ses insinuations. Elle s’y raccroche à ce passé terrible qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Odin l’a courtisé et elle lui a finalement cédé - malgré la Reine et sa dignité. La flavescente serre ses phalanges, ne parvenant à chasser l’image de Sigyn, Fidélité trahie et éprouvée. Une épouse respectable qu’elle aurait été indigne d’éclipser. « Honores-tu les batailles de ta femme comme tu imagines les miennes ? » Elle s’approche un peu, menton redressé pour plonger ses yeux dans ceux du Chaos qui la surplombe de sa stature. Elle voudrait lui extirper ses faiblesses. Elle aimerait le voir défaillir, regretter - comme ce jour où il s’est esbigné et où elle aurait voulu le retenir. Email serré, la belle se penche légèrement pour pouvoir susurrer à l’oreille du jötun, instiguant un léger contact avec sa peau nue. « C’est dans ses bras que tu devrais être, pas entre les miens. »



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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyVen 31 Juil - 2:35

L
oki n’avait toujours été qu’outrecuidance. Un genre de drapé qui lui lichait les épaules avec autant de panache que de poids, et qui rongeait tant son être que cet infâme renom le pourchassant comme son ombre. D’une fatuité infuse, il avait vraisemblablement hérité la morgue de ses ancêtres – ces dynastes de Jotunheim courbaturés d’orgueil s’étant jadis élevés contre la sacro-sainte Asgard. Car telle était sa profession de foi ; souhaiter et avoir. Ne jamais quérir. Prendre. Ravir. Ôter. Brigander l’existence et son chapelet de quidams pour sustenter de sa propre main la fringale de ses hauts et bas sacrilèges. Avec un tel crédo, nombre avaient été ses déconvenues et il ne comptait plus ce déluge d’ennuis que lui avaient coûté ses faramineux desseins – le dernier en date l’ayant tout de même vu passer à un doigt de la mort, si tel avait été le jugement de son Procès –. Las, dans cet insalubre cantique subsistait une bien néfaste séquelle, c’était qu’à trop convoiter et à trop se croire apte à triompher, ses défaites le faisaient durement chuter ; par conséquent il payait de sa fierté. Et payer de sa fierté, Loki le vivait mal. C’était même là une fieffée litote puisqu’à son opprobre répondait sitôt son fiel. Une colère frigorifiant ses victimes de tout le danger dont il était sciemment capable et qu’il mussait usuellement sous ses somptueuses risettes et son éloquent verbiage. C’était probablement durant ces instants, périlleux et cauchemardesques, que l’on comprenait pourquoi cet homme, ce prince, d’aspect si raffiné et altier, avait pu engendrer ces abominables et hideuses créatures, ces bêtes régurgitées par l’horreur. Cette nuit, Jörd faisait œuvre de sempiternelle déconvenue. Singulièrement combative, elle résistait au charme licencieux de l’éphèbe comme peu de vénustés en avaient eu l’audace. Nonobstant la lubie du Freux, ce ne fut pas cette poignée de rejets qui eut raison de son calme – si la flavescente madone s’échinait à dire non, il sentait le corps féminin réclamer son dû comme une glaise sèche son ondée diluvienne –, mais bien les insinuations finales dont elle cacheta sa logorrhée. Qu’est-ce qui, outre la vexation, pouvait bien exacerber l’ire du jötun…? Un cumul avec quelques troubles remords qu’une mauvaise foi stridente désirait trancher en rondelles. Et à l’évocation de la malheureuse épouse faiblirent en légions toutes les barricades distinguées du bellâtre, une cacophonie où, pêle-mêle, s’étripaient et s’égorgeaient des réflexions et émois tous plus antinomiques les uns des autres. Chose que n’entrevit pas la Nature, toute occupée à larder le lobe de cette toxine nommée truisme. Peut-être que distinguer les olifants de cette tempête vers laquelle elle se jetait à corps perdu lui aurait valu un abri sûr dans lequel se recueillir, et grâce auquel échapper aux bourrasques ; mais elle ne les discerna point. Là fut son erreur, une méprise que le sylphe lui fit subito regretter après qu’un silence abrasif eut morcelée la brume.

Les bras noueux s’étendirent en deux immenses griffes qui prirent leur proie sans une once de suavité, puis firent chavirer le corps devenu menu contre la hauteur du Bafoué. Le heurt du rachis contre torse brima l’ouïe d’un son draconien et humide tout à la fois, et puis une paluche conquit la gorge qu’elle suffoqua tendis que la dextre s’échouait sans retenue aucune vers la cuisse, l’hypogastre et puis enfin, soulevant le piètre habit la vêtant, la tiède déchirure moult fois louangée par tels félibres et telle gente masculine. Nulle célébration, pourtant, en ce geste, car sommé par une férocité de rapine, un pillage en bonne et due forme n’ayant pour lieutenants que la débauche et la fureur. Lui qui l’avait tant adulée quelques palabres plus tôt dorénavant profanait la Terre Mère comme ces Ténèbres les racines de l’Arbre-Monde. « Je te trouve bien aise à t’aspirer si sage. Sont-ce ces identiques semonces que tu as tenues à Odin, lorsqu’il te saillait comme sa pouliche ?! » Ses lippes avaient proférée l’offense d’un aboiement chthonien, saboulant la nuque écrouée avec roideur. En-deçà se poursuivait la frénésie de tyran, celle où jouxtaient érotisme et humiliation que le souffle vicié du Félon psalmodiait à l’oreille de l’Annardóttir. « Tu souhaites ma dévotion et prohibes ma forfaiture, mais que m’apportes-tu, toi, qui puisse brider le Chaos comme on mate un chien ?! » Quelques pas les entrainèrent vers la première paroi de roche qui accueillit la callipyge avec rudesse. Écrasée par le poids ennemi, elle fut d’autant plus houspillée que la patte libéra le jabot pour aplanir l’échine sur la cloison. « La tête du Père de Tout en bout de lance ?! J’en doute fort. Il s’est avéré que toi, comme ton satané fils-bâtard, vous ne soyez que bons à vous faire profondément mettre par la magnificence de cette enflure. L’un n’étant que trop noble pour occire sa main nourricière, et l’autre… » Seconde secousse qui échevela le champ de blé mêlé à la poix de jais, et amplifia le calvaire dans l’entrecuisse rudoyée. « … l’autre trop faible pour achever ce qu’elle a commencé. Je puis louanger ton obscure quintessence, Jörd, mais tu n’es plus qu’un feu de paille décati par les rafales d’un monde qui ne veut plus de toi. Cesse de t’apitoyer sur ton pauvre petit sort, de ressasser les chapitres de ta vie comme si plus aucune page n’était à écrire. Montre-moi que tu es autre chose qu’une âme mortifère, encellulée de contritions et de repentirs… ou bien j’irai moi-même glaner le seul prodige que tu es vraisemblablement apte à léguer ; ton cul. » Et ce disant de chasser plus encore l’étoffe pour mettre à nu la croupe, amorçant son début de sacrilège qu’un impitoyable courroux galvanisait.
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Jörd Annardóttir
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyVen 31 Juil - 16:58

L’
écho des vérités qui résonne dans leur promiscuité n’a finalement rien de lénitif pour la flavescente qui sent l’amertume distiller son poison dans leur entrevue. Le Chaos est une épée de Damoclès pesant sur sa tête - elle sait très bien de quoi il peut être capable mais se campe sur cette alliance fragile, celle qui les a rendu complices depuis son grand retour à Asgard. Si Loki ose prononcer cette vérité qui blesse - fouillant dans les affects de la belle de par son habile verbiage pour en soutirer ce qu’il désire, elle se permet d’en faire autant en évoquant cette épouse délaissée et devine la patience de verre se fragmenter d’un remord incisif. Tous deux se traînent leurs erreurs du passé comme leurs faiblesses du présent. Ils ne sont que deux entités qui luttent pour se faire entendre, fiers d’ergoter sur ce qui les motive. La Terre s’estime en droit de souligner le sacrilège, elle qui s’est drapée avec morgue de son effigie de fautive jusqu’à ce que vérité soit dite. Malheureusement, dans ce monde où trônent les hommes, c’est sans cesse elles, les femmes, qui sont brimées pour avoir incité à l’adultère et à n’en pas douter qu’elle serait encore une fois accusée du pire. Ne font-ils pas un couple apte à alimenter les médisances des asgardiens ? Elle, beauté venimeuse et lui, prince des ténèbres. Jörd pourrait en rire jaune en y songeant mais le silence qui retient les souffles présage le calme avant la tempête.

La déesse esquisse un mouvement de recul mais les mains du Chaos la surprennent avec brutalité pour la conglomérer rachis contre torse. Dans un élan de torpeur, la belle compte s’esbigner mais Loki passe un bras en travers de sa poitrine pour enserrer sa gorge et la retenir contre lui, se frayant ainsi un passage de sa paluche libre jusqu’à ses nippes qu’il retroussa pour atteindre son intimité. Si la belle aurait pu instiguer ce face à face telle une lutte de pouvoirs, usant de ses capacités charnelles pour se battre et dominer pour un plaisir partagé, l’initiative perd toute sensualité au profit d’une menace pressante. Lui qui aurait pu la conquérir la condamne maintenant d’un ton acerbe, crachant à son oreille ses présomptions médisantes. « Lâche-moi. » Lui rétorque-t-elle en nouant ses mains aux siennes pour l’arracher à ses chairs. Les doigts inquisiteurs l’entravent et elle n’a d’autres choix que de donner impulsion vers l’arrière et se trouver prisonnière du buste du jötun. Respiration haletante rythmée par la douleur que peut causer l’humiliation, la déesse essaie de jouer des coudes contre le râble mais voilà qu’il la saboule de nouveau, la dirigeant vers la paroi de rocaille pour l’y plaquer sans la moindre douceur. Effrayée par la propension du Chaos à ensevelir toutes ses bonnes paroles et toute illusion de compassion sous une couche de véhémence, la belle sent une rage indicible la consumer en réponse à la provocation. « LACHE-MOI ! » Au delà d’être offusquée par ce brutal revirement de situation, la Terre peine à entendre les paroles de celui qui caractérise Thor de bâtard et qui met le doigt sur son incapacité à tuer le Père de Tout dans sa quête vengeresse. Omoplates saillant tandis qu’elle se retient de ses coudes pour ne pas étouffer contre la pierre, Jörd baisse la tête et vient embrasser de la paume de sa main l’élément qui la tient recluse contre son ennemi. Faible - la belle tremble imperceptiblement, griffant de son autre main celle qui se referme sur son entrecuisse et la viole impunément. Quand elle ne guerroie pas, la Terre s’apitoie, comme tout être sensé qui ne brandirait pas son arme à chaque occasion. Et voilà que Loki la pousse dans ses retranchements, voilà qu’il se pense assez puissant pour abuser d’elle et marteler son esprit du mépris qu’il lui réserve. « Arrête. » Elle se perd dans un murmure, elle refuse de le supplier et seules des larmes de rage roulent sur ses joues pour prévenir le trépas qu’elle lui souhaite. Et qu’elle se brise, et qu’elle perd pieds.

Le tissu se froisse hâtivement alors que le dieu compte poursuivre son méfait. La Terre le sent pressant contre ses formes et elle se crispe dans un hurlement téméraire qui fait trembler son sanctuaire d’un frisson sinistré. C’est alors toute la sylve endormie qui jaillit tel un volcan pour s’en prendre à l’importun, s’enroulant autour de ses chevilles et lui mordant le derme au-delà du supportable. Jörd profite du flottement de surprise pour repousser le prince déchu et le braquer d’un regard noir de fureur. Tandis que les ronces tendent à attirer le Chaos vers l’eau, entravant ses bras et ses jambes pour l’empêcher de lutter, Dame Nature serre ses phalanges et abat son poing avec force contre la mâchoire du concerné. « Comment oses-tu ?! » Rugit-elle alors que son poing lui lance et qu’elle ignore si c’est son sang à elle ou celui de l’impudent qui perle le long de ses doigts. Un nuage de poussière se répand tout autour d’eux alors que l’arbre centenaire tremble et que la terre gronde à leurs pieds. Après avoir mises à terre le Chaos, les racines serpentent et l’attirent, malmenant son corps nu pour l’immerger dans l’eau glaciale. Jörd le dévore de ses yeux menaçants tout en faisant quelques pas, peinant à réaliser de quel affront il s’est rendu coupable. « Tu le montres enfin, ton vrai visage ! Crois-tu seulement pouvoir me soumettre comme tu abuses des jeunes effarouchées ?! Croyais-tu seulement pouvoir m’endormir avec ton petit laïus hypocrite ?! » Elle se mord les lèvres avec violence, les joues humides de ses larmes au goût de colère et d’inimitié. « Mon verbe te heurte parce que tu le sais vrai. » Répète-t-elle en secouant la tête. « La vérité, c’est que durant toutes ces années ou tu as coudoyé Odin, tu n’as jamais été capable de lui ôter la vie de ta propre main. Lâche. » Articule-t-elle, sa poitrine se soulevant au gré de ses émotions décaties. Elle ne le quitte pas des yeux, buvant sa lutte avec satiété carnassière, désirant le voir tressauter dans l’eau jusqu’à ce que le souffle lui manque.
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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptySam 1 Aoû - 16:14

L
a sédition n'avait guère trainé. Enfiellée, la dame vilipendée avait, sitôt l'acte amorcé, sommé ses engeances à la mutinerie, condamnant le faquin au procès du talion. Vigoureusement agrippé par les rhizomes sertis de dards, l'homme se retrouvait à présent si rudement enchaîné qu'il lui était impossible de poursuivre son forfait ; bras écartelés, il constatait l'amère cabriole d'une situation jusqu’ici bien conquise. Lorsque le poing serré de Jörd vint toutefois le cogner, les sourcils froissés du criminel fléchirent en une vive circonspection que le sang acheva de troquer en quelque prodigieuse exaltation. Nul doute que le Chaos était fait de démence pour ainsi sourire à l’horion encaissé…! Bien qu'à mieux raisonner, cette extase n'avait probablement rien d’insane. C'était en fait la manifestation claire d'un laïus plus tôt servi, cette vénération féroce que l'être d'ombres portait à la bête sommeillant en l'Annardóttir. Avait-il seulement été en colère ? Avait-il seulement convoité de si piètre et grossière manière les courbes de la divine ? Ou n'avait-ce été qu’un fallacieux schisme de ses attentes pour mieux tromper l'intellect enclos et raffiné derrière lequel se claquemurait la belle ? S'il avait bien assimilé une chose au fil de ses périples et péripéties, c'était que l'on n’extrayait jamais la sauvagerie d’autrui à grand coup d’affabilité et d’obligeance, on ne déracinait pas les vicissitudes en caressant mollement les orgueils respectifs. Toute cette rage qu'il avait rondement versée, effectivement préludée par ses propres escarres, avait essentiellement servi de combustible au précepte enseigné : celui de la colère, de la bile, de tout ce qui masserait au for intérieur de la Terre et qu'elle se refusait à dégurgiter. C'était là l'unique solution qu'avait entrevue l'Obscur, du moins celle radicale. Mais une visée, puisque ses calots brillaient à présent d'une lueur idolâtre, manifestement probante. Cette beauté qu’il avait antérieurement évoquée, il la constatait pleinement, là, devant lui, enchevêtrée sur ces ridules fermes, dans cette tignasse d'or, et sur ces plis nerveux de robe. Tout encellulé qu'il était Loki eut même l'audace d'articuler, spectateur épris par la cataclysmique vision : « Si tu voyais ce que je vois... » Le cruor avait beau sourdre entre ses gencives et sa lèvre enfler d’algie, son faciès, lui, justement exempt de toute fausseté, régurgitait une incoercible passion pour ce tableau Grandeur Nature. Ne lui avait-il pas dit qu'elle taisait en elle le magma d'un volcan ?

Et dans cette lave, il se noierait bientôt, l'idiot.

Car incessamment fut traînée sa carcasse, l'emmenant droit dans l'onde quiète – nappe cristalline prenant des airs de tombeau. Les milliers d'écorchures brimant sa carne lui ôtèrent un rire que l'on ne distingua point derrière l'épais grognement ; une hilarité mauvaise et néanmoins sincère, comme un enfant cruel s'amuse de l'exécution en omettant sciemment être le martyr. Mais, diables, qu'il sentait cette haute puissance ! Ces épines lui tranchant le derme, ces racines l'enserrant jusqu'à ce que la pigmentation ivoirine ne devienne bleue et mauve, contusionnée telle une mappemonde de souffrance. S'il se débattait, ce n'était pas pour se dépêtrer du châtiment, non ; s'il se débattait, c'était pour mieux sentir ces doigts végétaux l'étreindre avec malveillance et courroux, faire de sa charogne un arlequin désossé. Bientôt les flots l'avalèrent, et ses chairs, maculés de vermeil, gorgèrent l'eau de tâches insalubres. Il corrompait et souillait décidément tout. Jusqu'à son propre linceul. L'opiniâtreté triviale de la survie prit néanmoins le dessus sur le paganisme du Freux qui, immergé dans la noirceur du bain et strangulé de partout, prenait enfin conscience du péril dans lequel, une fois encore, il s'était jeté. Sa cage thoracique bomba de vains appels, et entres ses lippes s’esbigna un chapelet de colonnes à bulles, sortes de sagaies traversant le gosier pour aller se ficher aux remous frénétiques de la surface. Ses veines s'affolèrent, son myocarde battant chamade et ses muscles, sclérosés par l'appréhension, s'échinant à vaincre le berceau mortuaire dans lequel il gisait. Mais rien à faire. Ces satanés liens étaient tenaces. Plus le jötun se débattait, et plus, indubitablement, ils lestaient leur supplice. Naturellement, ce fut à cet instant que la sorcellerie du Mage se mît en branle, venant en aide au maître avant même qu'il ne sollicite le protectorat de ses diableries. Aussi, dans les alentours du sanctuaire naquit de la noirceur une conséquence d'entités nébuleuses émergeant du sol comme des murs, rampant debout comme ventre à terre, pour fondre sur la Nature. Des gémeaux du prince déchu dont on n'aurait pas même reconnu les figures tant ils étaient difformes, tout au plus des masses aux formes humanoïdes se traînant comme des spectres d'ignominie jusqu'au tortionnaire de leur sire. Parties comme elles étaient, c'était un analogue aller-simple pour l’Helheim qui attendait la vénusté… Mais avant de prendre en étau la madone, un ordre imperceptible et inécoutable immobilisa les créatures cauchemardesques. Une paluche tendue dans les eaux qui, entre nuages pourpres et nœuds de lierre venait d'endiguer l'exécution. Les phalanges tendues à l'extrême ne persistèrent pourtant pas, et se détendirent finalement dans leur royaume glacé qu’était ce sarcophage détrempé.

Le trépas, il ne lui souhaitait pas. C'était une réalité à laquelle il venait de se confronter, allongé là, en apesanteur dans ses abysses, tordu et déchiqueté comme un monceau de bois. Les poumons saturés avaient eu tôt fait de ralentir les pulsations cardiaques et les ultimes pensées s'étaient envolées avec sa dextre ; il n'y avait dorénavant plus que Le Silence. Et ce Silence, Loki ne l'avait pas ouï depuis des siècles. Depuis des âges immémoriaux, en fait. Il s'agissait de l’identique torpeur dans laquelle il avait été abandonné, cet absolu du Rien où n'avaient hurlé que les tempêtes de neige sur son couffin d'infortune. Il se le remémorait, à présent, cet instant où sa vie, cette farce d'existence, avait débutée. À la solitude, on l'avait offert. Et dans la solitude à jamais il était resté. Mais ce Silence, cette résurgence brutale, lui léguait un présent qui aurait fait perler des larmes d’allégresse s'il n'était pas déjà noyé : la paix. Elle se trouvait dans ce pleur retenu depuis des éons, dans ce renoncement sempiternellement honni. Il n'abdiquait pas, non. Car d'outrecuidance il était décidément fait : à contre-pied il prenait simplement les Nornes, décidant que cette fois, pourquoi pas, serait sa dernière pièce. La paume tendue se détendit complètement et plana, inerte, dans la mer graduellement calmée, tandis qu’alentour, en deuil, se retirait la sibylline armée, fuyant comme elle avait fleurit. Dans les ténèbres.
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Jörd Annardóttir
Jörd Annardóttir
déesse de la terre

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MessageSujet: Re: Ghosts & bones in her head   Ghosts & bones in her head EmptyDim 2 Aoû - 1:16

D
ans le tempétueux fracas de sa fureur écorchée, la Terre ne distingue pas la risette du Chaos qui goûte à l’hémoglobine de sa lèvre fendue. Dans ses globes luisent les seules flammes qui l’animent toute entière, la consumant d’une colère antédiluvienne qui ne demande qu’à être brutalement exprimée. La flavescente est aux bords de la destruction, vacillant dans son écrin de vénusté menue et gracieuse pour n’en garder qu’une aura profondément abrasive, nimbant les alentours d’une atmosphère oppressante et farouche. Le geste commis par l’adonis des ténèbres est impardonnable et les mots prononcés avec virulence et acrimonie ne cessent de résonner dans les pensées de la belle qui croit revivre sa captivité forcée. L’humiliation et le dédain que lui a fait subir le Père de Tout en lui arrachant son enfant et en la traînant à Svartalfheim. Le mépris avec lequel il l’a traité quand elle a réclamé vengeance et vainement espéré des excuses – tout ça transparait brusquement dans le comportement pugnace et insensé du prince déchu. Il n’est qu’un reflet parmi tant d’autres de son incapacité à trouver quiétude et discernement dans son âme tourmentée. Il est une raison de plus à cette folie qu’est sa persévérance à vouloir appartenir à ce monde. Aveuglée par son émoi, la belle ne peut discerner les intentions du quidam strangulé par les serres végétales. Elle le sait téméraire et terrible mais peu importe si le prince noir ne démontre rien de ses talents pour laisser libre cours à la sentence. Combien d’entre eux parviendront-ils à la détruire ? A piétiner le peu de bienveillance qu’il lui reste ? Celle-ci est la dernière fois, elle s’en fait la promesse.

Littéralement habitée par la cruauté, la belle fixe l’ondée dans laquelle le corps nu du Chaos est immergé malgré lui. Elle n’aurait supporté de le voir placide, céder à son funeste destin. Mâchoire serrée, la donzelle tourne et retourne, dardant ses yeux sur les quelques bulles qui viennent à cloquer l’étendue assombrie par la noirceur de son âme. Elle redresse le menton d’un souffle haché par le sarcasme, émail serré dans une grimace sauvage. Qu’il souffre le martyre, qu’il lutte contre l’effroi de se voir réduit à néant. Que cela lui fasse mal en dedans – que ça lui comprime les organes comme elle a essuyé sa traitrise. Elle l’embrasse finalement avec ferveur, cette nature terrifiante qui irradie de ses pores pour incendier la beauté de ses vestiges. « Tu n’avais pas le droit ! » Hurle-t-elle en réponse à la cacophonie qui l’habite. Elle presse ses doigts contre ses lèvres et y laisse le goût cuivré du sang. Les ronces resserrent peu à peu leur étau et les remous trahissent la dernière lutte des Ténèbres. Il gesticule, il suffoque, et Jörd ne peut que deviner l’impuissance hurlante de son devenir. Les ombres rampent et s’apprêtent à bondir sur elle dans un ultime élan de survie mais tout s’étiole dans un soupir glacial – laissant planer un embrun mortifère.

Jörd reste immobile, les tremblements furieux de ses membres se déliant dans une neurasthénie emplie d’angoisse. Elle chancèle un instant, ne demande qu’à s’écrouler sur ses genoux pour y étendre son corps meurtri mais au lieu de ça, la Terre redresse la tête d’un geste téméraire, sa menotte ensanglantée reposant contre sa gorge. Elle s’avance avec difficulté jusqu’à la berge et lutte contre le paradoxe qui la tiraille telle une obsession incessante. Sa Nature continue à contraindre la charpente sans vie de Loki, entaillant davantage les chairs dans une féroce pression tandis que la belle rentre hâtivement dans l’eau pour saisir le jötun et l’extirper de l’eau. Elle étouffe quelques grognements, peinant à trainer la carcasse jusqu’à la terre ferme, répudiant la sylve qui s’accroche comme vindicte vissée à ses calots. Sa victoire est bien insipide et la laisse terriblement sur sa faim. Comment aurait-elle pu réussir à évincer le Chaos, puissant mage du royaume, sans essuyer la moindre facétie en guise de rancune ? Non, à vrai dire, elle aussi désire se délecter de sa souffrance – comme il s’est évertué à lui rappeler la sienne. Après avoir tiré le corps de Loki sur la rocaille, la Terre détaille sa figure blême en respirant profondément. Les marques de sa sentence embrassent le derme ivoirien à bon nombre d’endroits, et le poitrail reste désespérément figé. L’impie n’a guère plus de venin à répandre sur ses plaies. « Non. Tu ne mérites aucun repos. » Lui susurre-t-elle, mauvaise. Peut-être est-ce la sérénité dépeinte sur le faciès masculin qui réveille en elle la rancœur éternelle – celle qui la façonne de son essence corrompue. Dans une inspiration, la Terre joint ses mains et esquisse un geste ferme pour relancer le palpitant éteint du concerné. Elle aide les poumons inondés à se comprimer d’instinct pour éveiller un vague regain de vie et draper les lazurites du Chaos de ce voile cauchemardesque qu’est la vie ici-bas dans l’Arbe Monde. Purement égoïste, Jörd refuse de le voir abdiquer, dédaigne l’honneur de le voir lui céder. Ils sont deux âmes errant dans le désert de leur cœur pantelant et peut-être qu’elle ne veut tout simplement pas être seule à devoir s’esquinter avec ténacité, espérer, déchanter et dépérir. Les bronches du jötun se libèrent dans un râle bruyant et Jörd darde sur lui un regard exempt de sympathie. « Nulle malédiction ne peut être levée. » Prononce-t-elle sur un ton grave. « Tu as voulu faire de moi ton ennemie pour fuir tes responsabilités et il va maintenant te falloir en payer le prix. » Œil pour œil, dent pour dent. Lui aussi mérite d’endurer ses peines, d’essuyer ses remords et recomposer son effigie brisée. Chaque âme en peine possède son chemin de croix – et la Terre se révèle finalement être bien trop sanguinaire pour soulager ses pairs. La déesse se relève avec morgue et tourne les talons pour s’éloigner du spectre de ses tourments. Disparaissant dans les frondaisons de son sanctuaire, refermant la cavité rocheuse d’un vague geste de main, la belle escompte bien arracher l’espoir d’une fin paisible à celui qui lui a volé l’utopie d’une miséricorde retrouvée.


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