Ida & Hrönn

You've got a friend in me.

S’il y avait bien un endroit que la déesse de la musique affectionnait plus que tout autre sur Asgard, c’était bel et bien les jardins royaux. Elle n’y avait jamais fait de mauvaises rencontres, bien au contraire, c’était même la scène que privilégiait la déesse lorsqu’elle jouait pour la Cour. Être entourée de toutes ces fleurs qui libéraient des effluves entêtantes dans l’air, quel délice ! Ce n’était pas Ida qui allait dire le contraire, elle aimait beaucoup les fleurs, tant qu’elle n’avait pas à les faire pousser. N’ayant pas du tout la main verte, elle s’appliquait davantage à saccager les parterres de fleur qu’à les embellir. Son empressement faisait d’elle une catastrophe ambulante concernant les choses délicates autres que les instruments de musique. Néanmoins, les fleurs occupaient une place chère au cœur d’Ida, tout comme son amie la Vague qui éclaboussait les mortels.

Hrönn avait été d’une aide précieuse pour la jeune Ida. En effet, avec plus de 3000 ans d’écart, la différence d’expérience était assez flagrante. La relation qui s’était bâtie entre elles deux remontait à des siècles, peut-être même un ou deux millénaires. La jeune Ida avait en effet eu la très bonne idée de laisser parler sa franchise face à une des sœurs de la Vague qui était asses susceptible. Elle s’était trouvée dans un embarras complet et ce fut Hrönn qui la sortit de ce mauvais pas. Depuis, cette dernière s’appliquait à apprendre à la déesse de la musique la patience et la diplomatie. En retour, Ida s’amusait à vouloir toujours l’embarquer dans ses aventures rocambolesques aux quatre coins d’Yggdrasil, lui reprochant d’être trop prudente et pas assez téméraire. Hrönn était un peu comme une grande sœur pour Ida et les deux déesses se partageaient des confidences et des conseils pour s’entraider. Ida s’appliquait à rendre son amie aussi joyeuse et heureuse que possible, comme une jolie ballade musicale.

En pensant à Hrönn la déesse plaqua la paume de sa main sur le front et s’écria « Oh non ! » avant de se mettre à courir. Peu de personnes furent surprises de la voir dans un tel état, ils avaient l’habitude de la girouette que devenait la déesse de la musique lorsqu’elle était pressée. A force d'être trop distraite, elle passait son temps à courir une fois le moment de distraction envolé. Et c’est une fois de plus en retard qu’elle parvint jusqu’aux jardins, où devait l’attendre Hrönn depuis l’équivalent de deux pages d’une berceuse terrestre. Et une berceuse, c’est très long mais ce fut tout ce qui lui vint à l’esprit. C’était devenu comme un rituel, arriver en retard et trouver une nouvelle métaphore pour s’excuser de ce cruel manque de ponctualité.

La Vague l’attendait effectivement à leur point de rendez-vous habituel. C’était sous un énorme arbre couvert de petites fleurs qui voletaient tout autour. Ida se mordit nerveusement les joues, sentant comme une réprimande sur le visage de la Vague. La ponctualité était devenu quelque chose d’impossible pour la Musique depuis que sa mère s’était entêtée à l’élever comme une parfaite lady.

« Bien le bonjour Hrönn ! Je suis navrée de mon retard, j'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre... », commença-t-elle, l'air presque gêné mais n'ayant rien perdu de son enthousiasme. C'était parfois étrange de tutoyer quelqu'un, mais les deux amies se connaissaient depuis si longtemps que tout le cérémonial du vouvoiement s'était vite avéré désuet.

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Ida & Hrönn

You've got a friend in me

Hrönn était toujours aussi belle, avec ses cheveux couleur d'or. Ida était vraiment contente de la retrouver car elle lui avait énormément manquée. Et oui, bien qu'Ida soit une déesse, elle vivait le temps presque comme une humaine. Si certains pouvaient passer des siècles sans se voir, Ida ne pouvait pas. Encore moins avec Hrönn, sans doute sa plus fidèle amie. « Bonjour à toi Ida, ce n'est rien. », lui dit-elle. La Musique savait qu'Hrönn ne lui tenait jamais vraiment rigueur de ses retards, c'était sa nature douce et bienveillante qui l'en empêchait. Alors que rien n'empêchait Ida de râler dès que quelqu'un la faisait attendre.

Son sourire se fit encore plus grand que le précédent en entendant Hrönn. « As-tu préparé une partition ? », demanda-t-elle. « Evidemment ma chère, si j'avais osé me montrer sans partition, quelle image aurais-je donné de moi ? Je suis certaine qu'elle va beaucoup te plaire ! », répondit Ida avec fierté et engouement. Elle l'avait en effet composée très justement pour la Vague, avec beaucoup de notes joyeuses pour lui apporter un sourire toujours plus lumineux. Ida savait que ces derniers temps n'avaient pas été faciles pour Hrönn alors elle s'appliquait toujours à la faire sourire par sa musique.

« Comment vas-tu ? », demanda Hrönn, affichant toujours son sourire empli de douceur. « Je suis toujours ravie quand je suis avec toi ! Ces derniers temps ont été plutôt paisibles pour moi, mes voyages se sont déroulés sans trop d'encombres. », expliqua Ida. Elle ne se doutait pas que cela devait rassurer la Vague, car la Musique se retrouvait souvent dans des situations compliquées lors de ses voyages. Pire encore lorsque c'était Hermod qui l'emmenait, les deux étaient si impétueux qu'ils en oubliaient d'assurer leurs arrières. Mais souvent Ida taisait les détails de ces voyages, ne voulant pas inquiéter Hrönn.

Celle-ci lui proposa une promenade, qu'Ida accepta avec grâce, acceptant le bras que son amie proposait. « Je veux tout savoir ! Cela fait si longtemps qu'on a point bavardé… », s'exclama Hrönn. Ida sautillait presque à l'idée de lui raconter son dernier voyage à Midgard. Elle avait fini par se faire démasquer par une jeune étrangère, Elfi. Mais avec le recul, cette situation avait été comique car Ida s'était cachée sous une autre identité, tant bien que mal. La déesse était plutôt mauvaise comédienne à cause de sa sincérité à toute épreuve. « Mon dernier voyage était assez comique avec le recul ! Obligée de prendre une identité mortelle, je me suis emmêlée les pinceaux dans mon scénario et j'ai été découverte ! Enfin, heureusement que les mortels savent à présent notre existence, sinon je pense que je ne serais même plus là pour en parler ! », rit Ida en racontant ses péripéties.

Elle lui parla brièvement de Darakan, qui était toujours fourré avec sa soeur Jörd depuis que celle-ci était revenue. Hrönn savait à peu près tout ce qui se passait dans la vie de la Musique, mais Ida lui faisait toujours confiance. « Et puis Darakan m'a encore envoyée promener... Enfin, je ne m'en formalise pas pour autant, tu sais à quel point je suis atrocement rancunière ! », fit-elle avec dérision, avant d'éclater de rire. Être rancunière était totalement à l'opposé de la déesse. Même après des crasses, celle-ci pardonnait toujours. Il n'y avait eu pour l'instant personne pour déroger à cette règle.

« Et toi comment vas-tu ? Moi aussi, je veux tout savoir ! Ayez la grâce de gâter un peu ma curiosité, ma chère ! Je vous en conjure ! », fit mine d'ordonner Ida sur un ton malicieux. Elle s'amusait souvent de son éducation très fine dispensée par sa mère. Education qu'elle avait longtemps détesté mais elle avait appris à en rire. Elle s'en servait toujours pour exagérer et rire avec son amie.

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