lienlien
Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez
 

 Above all shadows rides the sun

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Sól Mundilfaridóttir
Sól Mundilfaridóttir
déesse du soleil

ϟ MESSAGES : 808
ϟ INSCRIPTION : 05/10/2014
ϟ LOCALISATION : Pour la première fois depuis bien longtemps, Asgard, de son plein gré
ϟ HUMEUR : Déterminée à briller plus fort que l'Injustice

Above all shadows rides the sun Gxvp

« I AM A CREATURE OF LIGHT AND FIRE
AND YET I LINGER IN THE DARK »

Above all shadows rides the sun Pv7z

☾ ☼
tell me the story of how the Sun
loved the Moon so much
she died every night to
let him breathe

Above all shadows rides the sun Habx

« THE SUN ALWAYS SHINES
ABOVE THE CLOUDS »



Above all shadows rides the sun Empty
MessageSujet: Above all shadows rides the sun   Above all shadows rides the sun EmptyDim 5 Avr - 2:27

Above all shadows rides the sun
ALDARIK & SÓL

Créature de feu et de lumière, j'abhorrais naturellement la saison froide. L'hiver avait ce quelque chose de triste et de lugubre qui m'avait toujours déplu, même alors que je n'étais encore qu'une simple mortelle. Les nuits hivernales, tout particulièrement, m'évoquaient les landes désertiques et infertiles de Svartalfheim, que ma chaleur et mes rayons n'atteignaient jamais. Les contrées nordiques de Midgard semblaient mourir après chaque automne, et si ce n'était que pour mieux renaître au printemps, cela n'en restait pas moins un spectacle désolant et triste. Les arbres morts aux branches nues, sèches et cassantes, le tapis de neige et de cendres qui recouvrait les bois, la faune silencieuse... La léthargie qui s'était emparée du Royaume du Milieu était communicative, si mon cœur n'avait pas battu à tout rompre dans ma poitrine, sans doute aurais-je laissé une dangereuse somnolence m'emporter. Une chance pour moi, depuis qu'un dragon avait pris ses quartiers dans la montagne qui surplombait Tromsø, Sköll n'avait plus osé s'aventurer sur ces terres. Ainsi, à chaque fois que je décidais de me rendre dans ce petit village viking, le loup s'abstenait de me poursuivre. Ce qui n'était point pour me déplaire, j'étais soulagée de pouvoir progresser dans la sylve dans laquelle Heimdall m'avait déposée sans craindre les crocs de l'animal. J'étais enfin libre de choisir le rythme de mes pas, un luxe qui ne m'avait pas été accordé depuis que Sköll s'était mis à me poursuivre. J'ignorais encore s'il me serait possible de m'en débarrasser, mais je me gardais de tout optimisme à ce sujet. Si le sort du canidé s'accordait avec le reste de ma malédiction, alors il était aussi lié au Soleil que je ne l'étais, et me poursuivrait jusqu'au Ragnarök. Inutile de dire que la prophétie apocalyptique n'avait rien de rassurant me concernant ; j'étais vraisemblablement destinée à être dévorée par l'animal, tout comme Máni par Hati... Ce n'était hélas pas le point qui m'horrifiait le plus, mais bel et bien celui qui évoquait celle qui prendrait ma place dans le ciel lorsque l'Arbre-Monde renaîtrait de ses cendres. Une perspective consternante, et cela bien qu'elle annonce tout autant la survie de Sunniva.

Sunniva.

Sa pensée, et celle de son père, ne m'avait plus quitté depuis que j'avais quitté le Tonnerre, après qu'il m'ait fait ces terribles révélations quant à ma destinée maudite. Il fallait que je change. Pour elle, pour lui. Pour eux. Comme Máni, ils étaient ma famille. Une famille que j'avais bien trop longtemps négligée, bernée par la certitude de faire ce qui valait le mieux pour eux. Une attitude que d'aucuns jugeraient égoïste et lâche – et à présent que j'y regardais de plus près, sans doute n'était-ce pas tout à fait faux. J'avais toujours eu une vision manichéenne des choses ; tout était bon ou mauvais, blanc ou noir... De feu ou de glace. Mon entrevue avec le nouveau souverain d'Asgard avait au moins eu le mérite de m'ouvrir les yeux sur bien des choses ; la condition irréversible de mon sort, entre autres. Bercée par le fantasme qu'il me serait un jour possible de regagner ma liberté, je n'avais jamais songé – pas une seule fois – qu'il me faudrait peut-être envisager une autre solution pour pouvoir jouir des miens quotidiennement. Ainsi, Thor avait offert à Aldarik et Sunniva une place à Asgard. Une place dans le Royaume Éternel et sa cité dorée ; ce dont la plupart des mortels rêvaient. Mais pas Aldarik. Aldarik voyait les dieux du même œil que moi, et ce qui serait un honneur pour la plupart ne serait sans doute qu'une proposition déplaisante pour lui. Une proposition que je m'apprêtais pourtant à lui faire, car j'en étais venue à la conclusion que nous ne pourrions éternellement vivre comme nous le faisions. Il serait libre de refuser s'il le voulait, je ne le forçais en rien à me rejoindre parmi les dieux, cependant... Je n'avais nulle intention de lui cacher le fait qu'un jour, Sköll risquait fort de se mettre à traquer Sunniva. Et quand bien même j'étais la première à avoir toutes les peines du monde à le reconnaître, c'était entre les murs d'Asgard qu'elle serait le plus en sécurité. Et nous pourrions passer des millénaires ensemble... N'était-ce pas là ce qu'il voulait, ce que nous voulions tous les deux ? Je supposais que lorsque l'on n'avait pas l'esprit tâché de haine et de vieilles rancœurs, l'idée d'une existence paisible à Asgard était alléchante.

Voilà deux nuits que j'avais promis à Aldarik de bientôt revenir, après notre courte entrevue à cette fête, où l'alcool avait coulé à flots. Sans doute aurais-je pu le rejoindre la nuit suivante, mais il m'avait fallu mettre plus d'ordre dans mes pensées que je ne l'avais tout d'abord cru. Comment lui avouer qu'en dépit de toutes ma bonne volonté, de tous mes efforts, je n'obtiendrais jamais cet affranchissement tant désiré ? Je lui avais promis de regagner liberté et mortalité, et que les Nornes m'en soient témoins, j'avais essayé... Mais comme Thor me l'avait si bien dit, contre certaines forces, nous ne pouvions lutter. Mais il y avait d'autres alternatives, que je me devais de lui présenter, pour au moins avoir la conscience tranquille. En raison d'un violent blizzard qui soufflait, contre lequel j'étais heureusement immunisée, les rues de Tromsø avaient été désertées par les villageois, qui avaient préféré rester au chaud dans leurs demeures. Aussi eus-je tout le loisir de rester plantée devant la porte d'Aldarik de longues minutes, hésitante, sans que quiconque ne me remarque. Pourquoi hésiter... ? À travers les murs de bois, je percevais les éclats de rire d'un père et de sa fille. Celui d'Aldarik, je ne l'avais plus entendu depuis ce qui me semblait être des décennies, et celui de Sunniva... Son petit rire cristallin et enfantin suffit à faire fondre les dernières glaces qui retenaient mon cœur en otage. Dieux ! N'étais-je pas la plus sotte des femmes et des mères, de rester ainsi loin de l'homme que j'aimais et de notre enfant ? Il était grand temps que je prenne mon courage à deux mains, et cesse de me cacher derrière une couardise que je dissimulais sous un masque de croyances erronées.

La gorge serrée par une étrange angoisse, je décidai d'entrer discrètement, et sans frapper. Dos à dos contre la porte, je restai spectatrice silencieuse de l'adorable scène qui se jouait sous mes yeux. Trop occupée à chatouiller et couvrir de baisers bruyants notre fille, Aldarik ne remarqua pas immédiatement ma présence. Mais lorsqu'il tourna enfin le regard vers moi, je crus perdre tous mes moyens, car Sunniva fit de même – quoi qu'elle eut l'air bien plus surprise que lui de me voir plantée là. Après tout, qu'étais-je pour elle sinon une parfaite étrangère ? Je me forçai à sourire, aussi bien pour eux que pour me donner tout le courage dont j'allais avoir besoin. « Aldarik... Je pensais... Je ne pensais pas... » Je soupirai, frustrée par mon incapacité à m'exprimer clairement. « J'ignorais que Sunniva serait encore éveillée à une heure si tardive. » Autrement dit, je n'étais absolument pas préparée à cette rencontre, cette confrontation. « Je... Je suppose que puisque nous y sommes, autant cesser de repousser l'inévitable. » Nerveusement, je lissai les plis de ma robe et m'approchai de Sunniva d'une démarche peu assurée. Arrivée auprès d'elle, je m'agenouillai pour être à sa hauteur, sous le regard curieux de son père. Elle avait l'air de ne rien comprendre, et je ne pouvais pas l'en blâmer. Mais tout aussi inquiète qu'elle fut, elle souriait. Un sourire qui aurait fait fondre toute la glace de Jötunheim, et attendri le cœur de n'importe quel monstre. Et elle me ressemblait. Par tous les dieux, ce qu'elle pouvait me ressembler... « Bonsoir petite merveille... Tu te demandes certainement qui je suis, et ce que je fais là... Je suis certaine que ton père t'a parlé de moi, du moins, je l'espère... Je suis partie pendant longtemps, très longtemps, parce que je n'avais pas le choix... Mais je suis là, maintenant, et je n'ai plus l'intention d'aller nulle part. Mon adorable Sunniva... Je... Je suis... » Ta mère. Je suis ta mère. Ces mots là, je semblais incapable de les prononcer, tant il me semblait que je ne les méritais pas.
Revenir en haut Aller en bas
avatar
Invité
Invité


Above all shadows rides the sun Empty
MessageSujet: Re: Above all shadows rides the sun   Above all shadows rides the sun EmptyDim 26 Avr - 15:31




Above all shadows rides the sun





Voilà deux nuits que je patientais, qu’elle fasse son retour, alors qu’elle m’en fit la promesse. Je devais avouer qu’avec Sól, je ne savais pas à quoi m’en tenir. Pour un être éternel, « bientôt » pouvait signifier des années, il semblerait… Et la part de mystères qu’elle possédait devait faire partie du métier de divinité. Cela me frustrait au plus haut point. Je rêvais d’une famille réunie, heureuse, riant aux éclats. Une famille comblée. Mais désunie ? Non, jamais, cela ne pouvait plus durer. Il fallait que cela cesse. Malgré tout l’amour que je portais au fond de moi, tout l’amour qui me fait vibrer, vivre, j’avais bien trop besoin d’elle à mes côtés, pour moi ainsi que pour Sunniva. Je ne savais pas quelles possibilités s’offraient à nous, mais il était nécessaire de trouver une solution à ce problème. Quand bien même la Déesse du Soleil venait frapper à ma porte chaque soir, comme c’était le cas autrefois, elle manquerait la présence de sa fille, notre fille… Et la finalité serait la même. Un couple, une famille, à nouveau déchirée. Je pensais que l’on survivrait aux chaînes qui liaient les mains de Sól, mais il fallait se rendre à l’évidence… Cela n’était pas une éventualité envisageable. Cependant, j’osais garder espoir. Espoir en ce que l’on pouvait construire malgré cette situation déplaisante. Nous avons survécus des années, gardant en nous un amour immensément intense, puissant. Une connexion telle que celle que nous partagions ne sera pas vaincue par de piètres obstacles aussi divins soient-ils. Nous sommes plus forts que cela, et nous le prouverons. Une fois de plus.

« Sunniva, reste tranquille, je reviens dans un instant. » Soufflai-je à mon tendre enfant, déposant une main douce dans sa chevelure dorée. J’avais beau l’observer, elle ne tenait pas grand-chose de moi… Les gènes divins semblent écraser les gènes mortels, semblerait-il ! Comme la veille, je quittais la demeure au coucher du soleil. Je m’aventurais quelques minutes aux alentours du village, espérant retrouver une Déesse hésitante quant à rencontrer sa famille. Mais il n’en était rien… Aucune trace d’une aura divine et brûlante dans les environs. « Où es-tu… ? » Soufflai-je dans un soupir désespéré. Elle m’avait promis de revenir bientôt, après tout, cela ne signifiait ni « demain » ni « après-demain ». Je devais faire preuve de patience… Mais il me semblait avoir suffisamment patienté comme cela. Comment pourrai-je lui en vouloir ? Elle était la femme pour qui je donnerai tout. Pour qui je donnerai mon dernier souffle de vie, s’il le fallait. Après une vingtaine de minutes, je me résignais à rôder plus longtemps. Sunniva m’attendait, seule, dans notre demeure… Vingt minutes sans surveillance me rendaient infiniment inquiet. Je ne me pardonnerai jamais s’il lui arrivait malheur. J’avançais d’un pas pressé jusqu’à mon domicile, retrouvant une enfant souriante comme à son habitude. « Papa ! On joue à cache-cache diiiis ? » Me demanda-t-elle de sa voix cristalline et son regard enfantin infiniment persuasif à lui seul… Comment pourrai-je dire non à un être aussi mignon et doux ? « Mmh… D’accord ! Mais qui commence ? » Lui demandai-je habillant mon visage d’un sourire amusé. « Moi ! Tu comptes jusqu’à vingt et sans tricher heiiin ! » Fit-elle s’empressant de se relever, prête à partir se cacher à la vitesse du tonnerre. « Ne perds pas de temps je commence ! Un… Deux… » Commençai-je à compter alors que j’entendais les faibles pas de course de Sunniva. Je ne devrais pas… Mais je ne pouvais m’empêcher de me concentrer sur la direction qu’elle prenait. Etait-ce vraiment si terrible de tricher en jouant avec son enfant ? Oui, peut-être bien, mais que voulez-vous… Cela n’est pas forcément considéré comme de la triche, je couvrais mes yeux à l’aide de mes mains après tout, respectant les règles… « Vingt ! » Terminai-je alors. Je récupérais la vue et commença les recherches. Je fis mine de ne pas du tout savoir où elle se trouvait. Je cherchais alors dans la pièce principale… Sous la table, non. Derrière les rideaux, non plus. Véritablement, elle se trouvait dans ma chambre, là où je me dirigeais actuellement. J’ouvris l’armoire, personne. Je m’approchais du lit, alors que je percevais un petit rire venant d’en-dessous.  « Mais où est-elle ?! » Déclarai-je faussement surpris de ne pas la trouver, tout en tournant autour du lit. « Mmh… Peut-être en-dessous, qui sait ? » Demandai-je rhétoriquement, alors que je m’abaissais pour vérifier sous le meuble, là où j’étais certain de la voir. « Trouvée ! » M’écrirai-je alors qu’elle libéra un cri, avant de rouler pour sortir de l’autre côté, partant en courant. « Heeeeeeeeey ! Reviens ici tricheuse ! » Lançai-je me lançant à sa poursuite, tandis qu’elle contournait la table pour m’empêcher de l’attraper, se dirigeant dans le sens opposé à ma course. Finalement, je passais par-dessus la table et l’attrapa, la faisant quitter le sol pour l’attaquer de bisous de papa. La puissance de ses rires amusés ainsi que des miens, nous empêchèrent d’entendre la porte s’ouvrir, alors que quelqu’un fit irruption dans la demeure. Ce n’est qu’après quelques brefs instants que Sunniva et moi-même fîmes face à la personne en question, qui n’était autre que Sól elle-même. Je posais l’enfant au sol. Cette situation, je l’ai imaginé maintes et maintes fois, et voilà qu’elle devenait réalité. Enfin. Sól semblait entièrement perdue, loin d’être prête d’affronter le regard de Sunniva, qui elle avait un immense sourire au visage. Finalement, Sól avait l’intention de lancer l’ultime vérité… Mais elle s’arrêta. Incapable d’aller au bout. Elle était pourtant si bien partie. C’est alors que Sunniva s’approcha d’elle, posant sa petite et délicate main sur celle qui n’était autre que sa mère. « Ma… Maman ? » Fit-elle, un sourire étiré jusqu’aux oreilles. Un sourire que je me mis à partager avec elle, tant la situation me semblait idéale. Sunniva n’éprouvait aucune rancœur à l’attention de sa mère. Quelle intelligence… Un seul regard lui suffit à s’identifier à elle. Leur ressemblance était frappante, autant physiquement que par cette aura chaleureuse qu’elles dégageaient toutes deux. Sunniva comprit alors totalement, et se jeta dans les bras de sa mère. « Maman, je t’attendais tu sais ? Je t’aime déjà ! » Fit-elle joyeuse au possible. Elle semblait n’avoir jamais été aussi heureuse. Je m’approchais alors d’elles, heureux de voir ma famille réunie. « Je t’avais dit que tu n’avais aucune raison d’être effrayée de cet instant… Profites-en. » Lançai-je à Sól d’une voix infiniment douce. Les temps allaient changer dès maintenant… Pour le meilleur et pour le pire.




made by LUMOS MAXIMA
Revenir en haut Aller en bas
Sól Mundilfaridóttir
Sól Mundilfaridóttir
déesse du soleil

ϟ MESSAGES : 808
ϟ INSCRIPTION : 05/10/2014
ϟ LOCALISATION : Pour la première fois depuis bien longtemps, Asgard, de son plein gré
ϟ HUMEUR : Déterminée à briller plus fort que l'Injustice

Above all shadows rides the sun Gxvp

« I AM A CREATURE OF LIGHT AND FIRE
AND YET I LINGER IN THE DARK »

Above all shadows rides the sun Pv7z

☾ ☼
tell me the story of how the Sun
loved the Moon so much
she died every night to
let him breathe

Above all shadows rides the sun Habx

« THE SUN ALWAYS SHINES
ABOVE THE CLOUDS »



Above all shadows rides the sun Empty
MessageSujet: Re: Above all shadows rides the sun   Above all shadows rides the sun EmptyVen 8 Mai - 13:05

Above all shadows rides the sun
ALDARIK & SÓL

Ces retrouvailles, je me les étais imaginées un millier de fois, sans jamais les autoriser à être autre chose qu'un fantasme. Lorsque j'avais abandonné Sunniva, j'avais renoncé à mes droits de mère, j'avais renoncé à faire partie de sa vie... Avais-je réellement le droit de chambouler son petit univers ainsi ? Ne faisais-je pas, une fois encore, preuve d'égoïsme... ? Sans doute que si, il semblait qu'il soit dans ma nature profonde d'agir pour ne penser aux conséquences que lorsqu'il était trop tard pour rebrousser chemin. J'avais envie de fuir et disparaître au moins autant que j'avais envie d'aller au bout de mes révélations. Tout comme son père, elle méritait la vérité, mais n'était-elle pas trop jeune pour comprendre autre chose que "je suis partie pendant longtemps", autrement dit "je t'ai abandonnée" ? J'ignorais comment fonctionnait l'esprit d'un enfant, j'ignorais comment fonctionnait le sien... Elle avait toutes les raisons du monde de me haïr, que je sois sa mère n'effacerait pas cinq années d'absence. Je ne savais pas ce qu'une petite fille de son âge pourrait penser de la femme qui n'avait pas assumé son rôle... En revanche, je savais parfaitement ce que la société viking pensait d'une mère qui délaissait son enfant, et les noms que l'on associaient à une telle parente n'étaient pas des plus avantageux... Sunniva avait eu bien de la chance qu'Aldarik prenne soin d'elle sans même savoir qu'elle était son enfant. Lorsque je l'avais déposée sur le pas de sa porte alors qu'elle n'était âgée que d'une poignée d'heures, l'éventualité qu'il puisse ne pas vouloir d'elle ne m'avait pas même effleuré l'esprit... Et pourtant, il aurait pu ne pas vouloir de la charge qu'elle représentait, il aurait pu se contenter d'aller la confier à une famille du village... Louées soient les Nornes, il avait adopté Sunniva et l'avait reconnue comme sa fille – ce qu'elle était, il ne l'avait simplement appris que cinq années plus tard. Et à présent, je me tenais devant cette petite tête blonde sans avoir la moindre idée de ce qu'elle pouvait bien penser de moi. À cet instant, le futur semblait dépendre des réactions de Sunniva, si elle me rejetait et ne voulait pas entendre parler de moi, à quoi bon proposer à Aldarik de me rejoindre à Asgard ? Je pourrais supporter bien des choses au quotidien, mais certainement pas la haine de mon unique enfant. Si elle ne voulait pas de moi, il n'était pas question de l'arracher à sa terre natale, à sa vie simple mais tranquille. Je n'étais pas sa mère, simplement une étrangère.

C'était du moins ce dont je m'étais intimement persuadée année après année, omettant tout à fait involontairement une donnée importante de l'équation... L'innocence de l'enfance. Je me figeai et cessai complètement de respirer lorsque la petite main de Sunniva se posa contre ma joue brûlante, anxieuse de ce qui allait suivre. Je crus que mon cœur allait bondir hors de ma poitrine lorsque le mot qui n'avait pu franchir mes lèvres franchit les siennes. Maman. Nul descriptif n'aurait pu décrire ce que ce simple qualificatif me faisait ressentir, une vague d'émotion venait de me frapper de plein fouet et je n'avais pas la force de lutter contre, ni même l'envie. Je crus bien être sur le point de défaillir lorsqu'elle se jeta ensuite dans mes bras, c'était une chose à laquelle je ne m'étais pas attendue et pour laquelle je n'étais pas préparée. Si bien que je restais pétrifiée un instant, les bras de Sunniva passés autour de mon cou, à la fois choquée et émerveillée par cette soudaine étreinte que je n'avais osé espérer et dont j'avais cessé de rêver. Finalement, après ce qui sembla être une éternité, je refermai les bras atour de la petite silhouette de Sunniva, que je serrai étroitement contre moi, mes doigts se perdant dans ses boucles blondes. Ma gorge se serra et les larmes me montèrent aux yeux si brusquement que je fus incapable de refréner le sanglot qui me secoua tandis que je berçais pour la première fois ma fille contre moi. « Je suis désolée, je suis tellement désolée... Tu m'as manqué, vous m'avez tellement manqué... Je suis désolée, je suis désolée... » De combien d'étreintes comme celle-ci ma vanité et ma méfiance m'avaient-elles privée... ? Bien trop, ainsi elles ne m'en arracheraient pas une seule de plus. Les temps changeaient, et moi aussi.

Sans lâcher Sunniva, je me relevai et me tournai vers Aldarik, auquel j'adressai un sourire plein d'émotion. Il avait tenté à maintes reprises de me présenter notre fille, mais trop effrayée par un éventuel rejet, j'avais repoussé l'échéance encore et encore. Quelle imbécile j'étais ! J'aurais dû écouter Aldarik au lieu de n'en faire qu'à ma tête... Il était plus que temps que je cesse de n'avoir confiance qu'en moi-même, que je m'ouvre enfin aux autres. Après quatre millénaires passés à me comporter comme une bête sauvage, l'exercice ne serait pas aisé... Mais il le faudrait bien. Pour Aldarik, pour Sunniva, pour Máni... Pour ces trois êtres auxquels je tenais autant qu'à la prunelle de mes yeux, cette famille pour laquelle je sacrifierais Yggdrasil tout entier sans remords. Cette famille pour laquelle j'acceptais de m'établir à Asgard en dépit de tous mes griefs à l'encontre des Ases et de leur famille royale. Je déposai un baiser sur le crâne de Sunniva, puis soupirai longuement. « La guerre entre les dieux est terminée », commençai-je sur un ton que je voulais détaché, quand bien même je savais pertinemment que ce que j'allais annoncer à Aldarik, et à notre enfant qui ignorait encore qui sa mère était, était tout sauf une excellente nouvelle. « Je crains ne pas faire partie des gagnants. » Je secouai légèrement la tête, levai les yeux au ciel. Comment avais-je pu croire un seul instant que je regagnerais un jour ma liberté ? Mes chaînes n'étaient pas faites de métal, elles avaient été forgées de la plus puissante des magies... Si puissante qu'il n'était pas possible de la défaire, pas même par ceux qui avaient lancé le sort. « Mon âme est éternellement liée au Soleil... Tout comme celle de Máni l'est à la Lune... Lui et moi sommes les éternels prisonniers et esclaves des Ases... » Il n'était pas nécessaire que je lui explique ce que cela sous-entendait pour moi. Je ne libérée de ma charge qu'au Ragnarök et lorsque ce que les mâchoires de Sköll se referment sur moi. Avant cela... Jour après jour, il me reviendrait d'apporter chaleur et lumière aux royaumes. Inlassablement. « Je ne serai jamais libre... Mais cela ne veut pas dire que nous n'avons nulle autre option... Le roi, le nouveau roi... Il vous offre une place à Asgard, à Sunniva et toi. Une éternité à mes côtés. Il ne pouvait m'offrir la mortalité, alors il vous offre l'immortalité. »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Above all shadows rides the sun Empty
MessageSujet: Re: Above all shadows rides the sun   Above all shadows rides the sun Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Above all shadows rides the sun

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Where the Shadows cannot reach
» SHIFTING SHADOWS
» (sg.) ☆ nightmares come when shadows grow.
» Deep shadows. (sigyn)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
war of the gods :: Archives :: Corbeille :: les topics terminés-