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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 The price of Arrogance

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Sól Mundilfaridóttir
Sól Mundilfaridóttir
déesse du soleil

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MessageSujet: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyJeu 29 Jan - 17:08

The price of Arrogance

THOR & SÓL

Quatre millénaires. Quatre millénaires à endurer une immortalité imposée, à ressasser un passé révolu et à traîner un astre maudit. Quatre millénaires... Un malheureux grain de sable dans le sablier de l'éternité, qui ne cesserait jamais de s'écouler, Ragnarök ou pas. Jour après jour, année après année, siècle après siècle, je m'étais acquittée de la tâche qui m'avait si injustement été imposée, sans jamais faillir à répandre la lumière et la chaleur du Soleil dans les royaumes d'Yggdrasil. Pas une fois je n'avais manqué à mes devoirs, pas une fois je n'avais refusé de lever la première étoile de l'Arbre-Monde. Chaque course dans les cieux était égale en tous points à la précédente, nul écart n'était ni envisageable ni tolérable, les journées défilaient et se ressemblaient. C'était d'une monotonie à vomir, et la solitude était telle que je n'aurais guère été étonnée de perdre la raison. Le contraire était, en fin de compte, plutôt surprenant. J'avais conservé tous mes esprits – du moins en étais-je persuadée – et peut-être était-ce là ma plus grande tragédie. J'aurais pu être une imbécile heureuse, hélas c'était une femme irascible et aigrie que j'étais devenue. Depuis le premier jour, je n'avais eu de cesse de vouloir briser mes liens, afin de retrouver ce dont j'avais si injustement été privée. Il me semblait avoir été suffisamment patiente avec mes bourreaux, quoi que l'on puisse dire de mes humeurs, j'avais toujours fait en sorte qu'aucun royaume ne fasse les frais de mon malheur. Si l'on portait un regard objectif sur mes actions, je n'avais rien fait de répréhensible, rien qui mérite que j'endure de nouveaux siècles d'esclavage. À moins que rejoindre le camp de Jörd soit un crime si terrible qu'il faille punir ceux qui s'en étaient rendus coupables de façon exemplaire ? Auquel cas, c'était la moitié du panthéon qu'il fallait châtier, et pas seulement l'insupportable Déesse du Soleil. Et encore ! Ce n'était certainement pas ma présence qui ennuyait les Ases, puisque j'évitais la cité d'Asgard comme l'on évitait la peste.

C'était pourtant au cœur de ce royaume que j'abhorrais que je me trouvais, voilà que je déambulais dans le palais d'Asgard, passant d'un couloir à une allée, me fondant dans la masses des hauts dignitaires qui regagnaient leurs demeures pour la nuit. Máni avait pris ma place dans le ciel un peu plus d'une heure plus tôt, précédé par Nótt et ensuite accompagné par les Étoiles. Comme à mon habitude, j'avais été déposer mon astre dans la chambre-forte lui étant réservé, et laissé Árvakr et Alsviðr profiter d'un repos bien mérité dans les écuries d'Asgard. J'avais ensuite pour habitude de quitter Asgard pour rejoindre Midgard, à travers l'un des passages secrets de ma connaissance, ou par le Bifröst, si mon humeur s'y prêtait. Je quittais le royaume des Ases aussi rapidement qu'il m'était possible de le faire... Mais cette nuit, j'avais fait une exception. Quand bien même cela m'avait coûté, plutôt que de quitter le Palais d'Or, j'en avais rejoint le cœur, sans toutefois être certaine du lieu où me menaient mes pas. J'ignorais parfaitement où aller, les quelques souvenirs que je gardais de la demeure d'Odin n'étaient pas des plus agréables, ainsi j'errais au hasard, escomptant tomber sur l'aile du palais que je cherchais tôt ou tard. Demander mon chemin... ? Il n'en était pas question, moins je m'entretenais avec les Asgardiens, mieux je me porterais ! D'autant plus que je si parvenais à tomber sur celui que je cherchais, j'aurais besoin de toute la patience que j'avais à disposition pour ne pas m'enflammer – littéralement. Ce n'était pas par envie, ni même par une curiosité morbide, que j'étais restée au royaume d'Asgard pour la nuit. Non, si j'y étais restée, c'était pour obtenir une réponse à la question que je n'avais cessé de me poser depuis que la guerre avait éclaté : étais-je digne ou non, selon les critères de la royauté, d'être affranchie ? Rien n'était plus incertain, j'avais ainsi soigneusement évité de laisser un élan d'optimisme m'emporter. Je m'attendais bien plus à essuyer un refus qu'à voir mon souhait exaucé, aussi préférais-je avoir une bonne plutôt qu'une mauvaise surprise.

Odin finalement déchu de son trône après six millénaires, c'était à son fils et héritier qu'il me fallait m'adresser, ce qui était loin de m'enchanter. Les relations que j'entretenais avec Thor était pour le moins houleuses, je ne le supportais pas et il me le rendait bien. Nous nous entendions comme chien et chat, et la responsabilité quant aux origines de cette mésentente m'incombait en grande partie. Aveuglée par ma haine pour le père, j'avais envoyé le fils sur les roses alors qu'il n'était encore qu'un bambin aux yeux brillants d'admiration et de questions pour la Dame de Feu. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'il m'ait rangée dans la catégorie des "vilaines personnes", quant à moi je ne l'avais jamais regardé autrement que comme le Fils d'Odin. J'avais traité le reste de sa fratrie avec les mêmes égards, à l'exception de Loki, pour la simple et bonne raison qu'il avait lui aussi trompé et injustement traité par le Père de Tout. C'était à travers le regard de Jörd que j'avais pu découvrir Thor sous un autre angle, la déesse m'avait assuré que son fils était bien différent de son père, plus juste et sensible... Je ne pouvais qu'espérer qu'elle ait raison, car j'avais l'intention de jouer de la sensibilité du Tonnerre pour obtenir ce que je désirais, tout en m'adressant à lui de sujet à souverain. Je n'étais pas particulièrement enjouée à la pensée de devoir respect et obéissance à un enfant véhément et capricieux, mais comme les habitants des Neuf Royaumes, je devrais bien m'y faire.

Au terme d'une errance qui m'avait parue interminable dans le dédale de couloirs du palais, je tombais enfin sur l'aile au cœur de laquelle se trouvaient les appartements royaux. L'huis principal était gardé par une légion d'Einherjar, vers lesquels je m'approchai naturellement et sans prendre une minute pour prendre le temps de la réflexion. Je m'immobilisai devant un binôme qui me mira d'un œil surpris, puis d'un même mouvement ils abaissèrent leurs lances pour me barrer le passage. Je haussai un sourcil perplexe. « Je souhaite m'entretenir avec le roi. » « Sa Majesté Odin ne désire voir personne. » Ce fut plus fort que moi, je soupirai d'exaspération et roulai des yeux. « Non. Je viens voir le roi. Allons, ne me dites pas que la nouvelle vous a échappée ? » « Ma Dame, il est tard. Si vous souhaitez vous entretenir avec l'un des membres de la famille royale, je vous conseille de revenir en journée. » « En journée ? » « …En journée. » Un ricanement franchement moqueur m'échappa. « Par les Nornes, moi qui était persuadée que la Garde Royale était composée des hommes les plus brillants du royaume... Ainsi donc la rumeur est fondée, l'on ne peut posséder muscles et cervelle en même temps. » Naturellement, l'homme s'offusqua, mais son camarade intervint avant qu'il ne puisse s'emporter. « Dame Sól, veuillez excuser l'ignorance de mon ami... Je regrette, mais Sa Majesté Thor est absent, il avait quelques affaires à traiter. » Ah, bien sûr ! Il était déjà fort occupé, notre roitelet... A peine remis de ses blessures – ou peut-être pas – et déjà sur ses pieds, à faire front. C'était tout à son honneur, mais pour l'occasion cela n'arrangeait ni mes affaires, ni mon humeur. Saluant grossièrement les Einherjar, je rebroussai chemin, fulminant et sifflant comme une vipère dont aurait piétiné la queue.

Profondément agacée par cette perte de temps, je traversai les halls à l'opposé au pas de course, poings et mâchoires serrés. J'aurais mis le feu au tout Asgard d'un regard si j'en avais été capable, je me sentais à deux doigts d'imploser, c'était bien pour ne pas faire d'esclandre et disparaître aussi vite que j'étais venue que je me contenais. Regardant droit devant moi de façon à occulter tout ce qui m'entourait, je manquai bien de louper le Tonnerre lorsque je le croisai au détour d'une galerie. Piquée au vif par je ne sais quel instinct, je jetai un regard en arrière pour m'assurer que je n'avais pas fantasmé cette rencontre fortuite, et pour le moins inespérée. Immédiatement, je fis volte-face et m'élançai à la suite du Tonnerre, sans me soucier de savoir s'il serait d'humeur à parlementer ou non. « Mon Seigneur ! Vous tombez à point nommé, vous êtes justement celui que je désirais voir. » J'accélérai le rythme de mes pas pour m'adapter au sien, tout aussi ennuyeux que cela puisse être pour l'un et l'autre. « Vous semblez en forme, je ne m'attendais pas à vous trouver si... vif, après votre, hm, accident. » La déférence était approximative, comme à chaque fois que nous avions le malheur de nous croiser, lui témoigner soudainement d'un respect exagéré aurait paru douteux. J'avais bien des défauts, mais l'hypocrisie n'en faisait pas partie. Auprès du jeune dieu, j'avais l'impression de galoper, il me dépassait de deux bonnes têtes et me distancer ne semblait lui poser aucun problème, bien au contraire. Loin de lui en vouloir, je ressentais la même chose, plus vite nous en aurions fini et mieux ce serait. Parvenus non loin de lui l'huis, les Einherjar ne furent pas bien heureux de me revoir si vite, encore moins aux côtés de leur souverain, que j'importunais visiblement. Prenant les devants, je décidais de dépasser Thor de quelques pas avant que les gardes ne puissent seulement songer à me mettre dehors.

Plantée au beau milieu du chemin du Tonnerre, je pris un air mi-sérieux, mi-exaspéré. « Je vais nous épargner la parlotte inutile, vous ne m'appréciez guère et la réciproque est tout aussi vraie. Au plus vite je vous expose les raisons de ma présence sous votre toit, au plus vite vous pourrez rejoindre votre épouse et votre fille, et au plus vite je pourrai retourner pester contre tout Yggdrasil. » Un sourire narquois étira mes lèvres, puis je poursuivis. « D'après votre mère, votre vraie mère, vous êtes un homme bien plus juste et sensible que votre père. Je n'y mettrais pas ma main à couper mais passons, après tout il n'existe rien de plus fort que l'instinct maternel... A ce sujet, Jörd se rongeait les sangs à votre sujet à Alfheim, la dernière fois que je l'ai vue. » Il ferait ce qu'il voudrait de cette information, si je la lui donnais c'était uniquement parce que Jörd était chère à mon cœur. « Je suppose que vous vous en doutez, mais je ne suis pas venue vous importuner sans raison. À présent que la couronne est sur votre crâne, ou presque, les grandes décisions vous appartiennent. Je viens m'adresser à en tant que sujet, un sujet injustement puni pour des crimes qui n'étaient pas les siens. Voilà près de quatre millénaires que je m'acquitte d'une charge qui me fut imposée par votre père, alors que je n'étais rendue coupable d'aucune offense, si ce n'était d'exister. Je suis venue discuter des termes de ma libération. Vous connaissez mon histoire et celle de mon cadet aussi bien que quiconque, vous savez donc que mon sort ne connaît aucune justification. Aussi déplaisant que soient mes manières et mon caractère, je me suis occupée du Soleil aussi bien qu'il me fut possible de le faire, sans manquer une seule fois à mes devoirs. Quatre millénaires de solitude imposée, et de bons et loyaux services en dépit de tout. Vous me pardonnerez donc de me faire pressante, mais je ne pourrais pas tolérer l'astre solaire ne serait-ce qu'un siècle de plus. »
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Thor Odinson
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyDim 1 Fév - 19:56


A
la nitescence flamboyante d'une torche murale, la gueule du jeune lion était ravinée, un voile de désenchantement jeté sur les babines au rictus exaspéré, un autre morne sur les iris de givre qui scrutaient la salle orbiculaire. Du pas des immenses huis, il contemplait les vestiges du fugace conseil qui venait de se tenir en sa compagnie, et en celle de quelques conseillers qui n'en avaient vraisemblablement pas fini d'ergoter malgré le départ imminent de leur dorénavant supérieur. Une réunion pour une affaire triviale, au goût du principal intéressé, et brève, mais qui s'était au dernier instant ajoutée à l'incroyable kyrielle de coercitions à laquelle il avait dû faire face aujourd'hui. Aussi loin que remontaient ses réminiscences, il n'avait pas souvenir d'avoir été aussi interloqué qu'en ce jour, qui n'était que l'aurore d'une éternité nouvelle – ou tout du moins, de plusieurs millénaires dont il ne risquait pas de voir le bout tout de suite. Si l'impatience s'était très rapidement exhaussée de ses entrailles, elle avait fini par s'étioler en une résignation sans envergure, rien qui ne ressemblait de près ou de loin à l'idole qu'avait toujours été Thor, l'illustre égide divine. Encore fatigué par les labeurs de son organisme qui continuait de récupérer et littéralement assommé par la charge de besogne qu'il devait soulever à bout de bras, il se sentait de moins en moins paré à assumer la couronne et ses gemmes captieuses, car l'apparat de la royauté était un corpuscule à peine étincelant dans la galaxie de devoirs, de principes et d'intelligence qui gravitait autour de ce titre. Plus que la monotonie des obligations, y avait la peur de l'échec, car ce n'était plus avec sa seule vie ni son seul honneur qu'il jouait désormais. Prêt, il ne l'était pas, mais s'il avait la décence de le reconnaître en privé, sa vanité originelle était revenue au grand galop et il la portait tel un masque de grande occasion, pour persuader le monde, et aussi pour se convaincre lui-même en un sens. Il n'avait que trop longtemps fait profit de son statut princier pour ne pas assumer sa montée en substantialité, tout n'était qu'une question de temps, et de pédagogie, de vicissitudes à essuyer et de maturité à obtenir. Nonobstant ses craintes, il avait pris la ferme décision de relever le défi, et que ce soit en roi velléitaire ou en monarque révéré, ce serait drapé dans une cape régalienne qu'il mourrait.

Un soupir plus lourd que Mjölnir, qu'il n'avait d'ailleurs pas à baller à son ceinturon, sa plaie demeurait encore trop sensible pour qu'il s'amuse à mettre son équilibre à mal même avec son arme fétiche. Thor fit volte-face et abandonna définitivement les hauts dignitaires à leurs chicanes, desquelles ils auraient encore à débattre le lendemain, mais il avait décidé que sa journée de tracas s'achevait là. Il lui fallait le derme suave de sa fille, la fragrance sucrée de sa femme, ce n'était plus une question d'humeur, il s'agissait de survie. Un souverain tout dévoué qu'il était avait besoin d'accalmies, et plus que jamais, il se sentait l'envie d'aller ronronner contre les deux dames de sa vie. D'un pas pesant et d'un faciès relativement clos, histoire de dissuader les plus téméraires de lui adresser la parole sur le chemin, il s'enfonça dans le dédale cossu du logis universel en direction de ses appartements. En bout d'un énième corridor, il distingua et reconnut le galbe du Soleil personnifié, une présence pour le moins surprenante, mais dont il n'eut cure, tant et si bien qu'il passa à côté d'elle sans même lui adresser une lorgnade. Hypnotisé par son seul dessein de retrouver les siens, il ne l'aurait pas même entendue rebrousser la route si elle ne s'était pas mise à le héler, avec beaucoup plus de déférence qu'elle n'en avait jamais eue le concernant. Un sourcil courbé, il la guigna succinctement, la réciprocité d'un désir de conversation était à mille lieues d'exister et il le lui fit comprendre en poursuivant sa marche comme si elle n'avait pas été après lui.
« L'inverse vous aurait fait trop plaisir. » Argua t-il à son étonnement quant à son état de santé, occultant sciemment toute forme de bienséance. Il pressa ensuite légèrement sa rythmique pour parvenir à proximité des portes gardées par un couplet d'Einherjar qui se remirent plus droit qu'ils ne l'étaient déjà en le voyant arriver, avant d'échanger une oeillade confuse lorsque la déesse se mit en barricade entre le blondin et son havre.

Ce dernier en fut le premier pantois, et également le premier furibond, contraint de prêter l'oreille aux lamentations d'une sylphide qu'il dépréciait profondément et qui ne tombait point au bon moment. Il croisa les bras sur son poitrail, distillant sa colère à travers une expression assassine qui ne fit que croître en puissance au gré de la logorrhée, et il ne lui fallut pas une seconde pour prendre la parole une fois qu'elle eut terminé.
« Nous allons remettre les choses à leur place immédiatement, osez encore ne serait-ce que sous-entendre que sa Majesté Frigga n'est pas ma mère et je vous encastre dans le mur le plus proche sans avoir besoin de marteau, est-ce clair ?! » Les deux factionnaires se regardèrent derechef, bouches bées devant l'intempérance de leur nouveau dirigeant qui en oubliait totalement d'être un exemple de diplomatie pour les autres. « Ne prenez pas cet air de succube avec moi, vous m'interloquez à un moment totalement inadéquat, vous vous dressez entre mon intimité et moi, et vous me manquez de respect de surcroît, vous attendiez-vous à ce que je vous suggère d'aller siroter une pinte ensemble ?! La seule vision de votre gueule rogue m'échauffe de la pire des façons, opportuniste en plus d'être faraude, et vous avez ensuite le culot de vous plaindre à la face d'Yggdrasil. Vous avez autant d'arrogance que je n'en ai, à la différence que la mienne est légitime ! » Et elle risquait de longuement y goûter si elle voulait composer avec lui, après tout, c'était elle qui requérait son aide, et non pas l'opposé. Il regrettait qu'elle ne soit pas davantage comme son frère, Mani ne faisait jamais doléance de rien, il était courtois et attisé les curiosités, discret et philosophe, à l'image de son astre, et de par cette logique, l'on ne pouvait demander à Sol de lui ressembler. Ils étaient gémeaux contraires, un peu comme lui-même l'était avec Loki, à plus grande échelle sûrement. De sa quintessence ignée il n'avait nulle angoisse, après tout, du tonnerre naissait le feu, elle ne possédait rien apte à l'impressionner si ce n'était sa propension à se faire détestable, ce qui jouait fatalement en sa défaveur.

« Très honnêtement, je n'en ai absolument rien à faire de votre situation ! Vous ne m'avez jamais donné matière à nourrir une quelconque compassion et ce depuis la toute première fois où nous nous sommes rencontrés, alors ce n'est assurément pas parce qu'un petit oiseau vous a chanté à l'oreille que j'étais plus enclin à la commisération que mon père que je vais vous sauver de votre sort ! Que vous ayez des griefs à son encontre n'a jamais légitimé votre comportement exécrable envers le tout Asgard, vous ne glanez aucune sympathie parce que vous n'en méritez pas, voilà la vérité ! » Inconsciemment, il s'était approché, courbé sur la donzelle comme si elle avait été un antagoniste de bataille qu'il s'apprêtait à occire avec la véhémence qui le caractérisait. Il épanchait sur elle l'ensemble de ses contrariétés de la journée, de manière inique il était vrai, mais il lui tenait aussi grandement rigueur d'être ce qu'elle était, et cela ne lui ferait pas grand mal d'entendre la véracité. Thor ne se redressa qu'en entendant les Einherjar susurrer entre eux, ils l'observaient avec des calots béants, plus décontenancés qu'ils n'auraient dû l'être en ayant coudoyé le prince doré. Certes, mais il n'était plus cet homme, et jusqu'alors, c'était subjectivement qu'il avait glavioté son venin, contrairement à ce que suggéraient les apparences, il ne l'oubliait pas. Il soupira une fois encore et se frotta les paupières, avant de soubresauter en entendant les larmoiements soudains de Thrud à travers les huis. Son phonème, bien sûr, acariâtre telle la foudre, l'avait probablement réveillée et effrayée, et il faillit bien faire diligence à l'intérieur avant que les pleurs ne cessent, sûrement lénifiés par Sif. Sa pétulance ne profitait vraisemblablement à personne, aussi finit-il par se calmer et par adopter une intonation autrement plus placide. « Rah, vous m'exaspérez Sol, plus que vous ne l'imaginez. » Il posa ses yeux sur elle. « Mais si je vous déprécie particulièrement en tant que personne, je me vois dans l'obligation de vous considérer en tant que sujet de ce royaume... Seulement, sachez que votre requête aurait été immensément plus estimée si vous l'aviez fait dans les règles, à savoir en me demandant audience, comme tout le monde ! Et qu'attendez-vous de moi, au juste ? Que je claque des doigts pour que l'on vous libère de vos chaînes ? Donnez-moi une seule bonne raison pour laquelle je ferais cela, autre que votre illustre innocuité qui n'est plus un motif valable depuis que vous êtes devenue la femme la plus haïe de l'Arbre-Monde ? »
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyJeu 5 Fév - 14:36

The price of Arrogance

THOR & SÓL

Quel que soit le moment choisi, il aurait été inopportun. Je n'étais pas de celles que le Tonnerre aimait voir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, j'étais de celles qu'il aimait éviter autant qu'il lui était possible de le faire. Et l'inverse était vrai, je l'appréciais autant que j'aurais apprécié être mordue par une vipère. Mais puisqu'il me fallait lui faire face pour réclamer et éventuellement recouvrer ma liberté, j'avais pris mon courage à deux mains et décidé qu'il valait mieux prendre le taureau par les cornes au plus vite. Ma position faisait que je ne pouvais le rencontrer à aucune heure de la journée, et donc avais bien peu de chances de le trouver d'à peu près bonne humeur. Mais il n'y avait rien qu'il ne puisse me dire que je n'étais pas préparée à entendre, ou que je n'avais point déjà entendu. Je possédais un optimisme de nature relativement limitée, et dès lors qu'il était question de Thor, je ne m'attendais pas même au plus petit des miracles. Il était le fils d'Odin, et les chiens ne faisaient pas des chats. L'arrogance du père était devenue l'arrogance du fils, un bien triste héritage dont il n'y avait nulle fierté à tirer. Sans doute était-ce une chance pour Asgard et tous les autres royaumes qu'Odin ait négligé ses autres enfants, si tous avaient possédé la même suffisance que son aîné, il y aurait eu un Ragnarök avant l'heure. Allez savoir, peut-être le Crépuscule des Dieux commencerait-il ce soir, si d'aventure Thor et moi étions incapable d'avoir une conversation posée ; du moins autant que nos personnalités respectives nous le permettraient. Et autant dire que ce n'était pas gagné d'avance, puisque je semblais avoir mis les deux pieds dans le plat à peine aussitôt après avoir ouvert la bouche. Au moins avait-il un sens de loyauté exacerbée, il fallait lui reconnaître cela... C'était tout à son honneur de ne pas dénigrer la femme qui avait pris soin de lui et l'avait élevé, cependant je ne pouvais m'empêcher d'éprouver une certaine tristesse à l'égard de Jörd, sans doute avait-elle espéré qu'il se détournerait de Frigga en apprenant qu'elle n'avait jamais désiré l'abandonner, mais il n'en était rien... Le Tonnerre avait donc deux mères, une fois encore il possédait plus que quiconque. À croire qu'en plus d'être le favori d'Odin, il était celui des Nornes.

Cela allait de soi, ses menaces me laissèrent de marbre, au moins autant que son légendaire manque de délicatesse et ses paroles débordant de morgue. Son arrogance était justifiée, mais pas la mienne... ? Eh bien, voilà une bien belle nouvelle ! Après tout, de quoi pouvais-je me vanter, sinon d'éclairer et de réchauffer les Neuf Royaumes chaque jour depuis près de quatre millénaires ? C'était bien peu de chose comparé à ses formidables exploits guerriers, en effet... Il était peut-être le Protecteur d'Asgard et Midgard – et concernant ce monde-ci, son œuvre laissait à désirer – mais j'étais celle qui les éclairait. Et lui comme les autres avaient tendance à l'oublier. Ce n'était pas de gaieté de cœur que je réclamais son aide, il m'était suffisamment difficile de devoir reconnaître en avoir besoin sans qu'il ait en plus besoin de me faire sentir à quel point il m'était supérieur. Du haut de ses quinze siècles, c'était à peine s'il avait eu un aperçu de l'éternité, à peine s'il savait ce qu'était la guerre et les responsabilités. Depuis mon char, j'avais assisté à la grande guerre entre les Ases et les Vanes, j'avais été le témoin des massacres perpétrés au nom de la paix, j'avais... Tant vu et appris, plus qu'il ne pouvait seulement l'imaginer. Aussi aimé et admiré des mortels que Thor puisse être, pour nous autres divins, il était encore bien jeune, à peine adulte. Faire preuve d'un peu de modestie n'aurait pas pu lui faire de mal, mais de toute évidence l'humilité n'était pas dans ses gênes. Quel genre de souverain clamait haut et fort n'avoir rien à faire des doléances de ses sujets ? Un bien piètre souverain, si Thor escomptait être un roi différent de celui que son père avait été, je pouvais d'ores et déjà affirmer qu'il empruntait le mauvais chemin... ! « … Mon comportement exécrable envers le tout Asgard ? » Un sifflement furibond m'échappa, puis un petit ricanement moqueur. « Et moi qui pensais faire une fleur à tous en brillant par mon absence... » J'eus un roulement d'yeux profondément agacé ; par tous les dieux, comment pouvais-je bien m'être montrée insupportable en ne mettant jamais les pieds à Asgard ? Si la sympathie se méritait, alors c'était à se demander comment il pouvait en être si digne ! À chaque mot prononcé je me voyais enterrer mes espoirs les uns après les autres, la liberté me filait entre les doigts comme de l'eau, de toute évidence j'avais été naïve de croire que le fils serait plus enclin à rendre justice que le père.

C'était tout juste si je ne souhaitais pas qu'il me torde le cou, que l'on en finisse une bonne fois pour toutes. Je préférais encore errer dans Helheim éternellement plutôt que d'endurer une journée de labeur supplémentaire. Ce que cela me coûterait ? Une provocation de plus devrait lui suffire, puisque la patience n'était de toute évidence pas son point fort ! La subtilité ne l'était pas davantage, et s'il voulait faire preuve d'un peu d'ironie, pourquoi ne pas me libérer du point de la vie, tout simplement ? Ah ! Tout en lui me donnait envie de rendre gorge, qu'il soit courbé au dessus de moi ne m'impressionnait nullement, tout ce dont j'avais envie c'était de lui cracher au visage, pour lui faire goûter à un peu de mon humiliation millénaire ! J'aurais cru qu'il pourrait au moins essayer de comprendre les raisons de mon attitude imbuvable, puisque lui aussi risquait fort de payer pour les erreurs de son paternel. Ce n'était tout de même pas de ma faute si Mundilfari s'était vanté de la beauté de ses enfants à en perdre l'esprit et le sens des priorités ! Encore moins de la mienne si Odin avait cru bon de punir ses enfants au lui de l'affliger lui de la charge des astres ! Où était la Sagesse et la Justice dans de tels actes ? J'aurais cru que Thor soit au moins capable de reconnaître l'injustice de ma situation, et cela quand bien même il n'était pas connu pour être un homme d'esprit.

De façon pour le moins étonnante, ce furent les pleurs de sa fille et l'inquiétude murmurée des Einherjar qui interrompirent son sermon, et d'une certaine façon, le forcèrent à retrouver un semblant de placidité. Pour un peu, j'aurais presque oublié que Thor était devenu père un peu avant de devenir roi. Les bras croisés sur la poitrine, je haussai un sourcil provocateur. « Je serais donc la femme la plus haïe d'Yggdrasil ? Diantre, et dire que j'étais persuadée que cet honneur revenait à Hel... Il ne me reste plus qu'à aller fêter cette nomination en compagnie de l'homme le plus détesté, je suppose. » Nul besoin de citer un nom, à moins d'avoir perdu la mémoire Thor saurait que c'était à son cadet que je faisais référence. Cadet avec lequel j'étais amie, Loki et moi nous étions rapprochés après qu'il ait appris qu'Odin lui avait menti toute son existence. Je n'avais pas eu la folie d'entretenir la flamme de sa rancœur, et de toute façon je n'en aurais pas eu besoin, la haine que Loki éprouvait pour celui qui s'était prétendu son père n'avait besoin de personne pour brûler. Il était fort dommage que sa douleur se soit exprimée à travers une guerre, mais loin de moi l'envie de le juger pour cela, je comprenais que le désespoir puisse pousser au pire. Profondément agacée par la stérilité du dialogue, je secouai doucement la tête, avant de prendre une grande inspiration. « Jörd m'a conté l'histoire de votre première rencontre. Vous lui avez dit que personne n'a le droit de séparer une mère de son enfant. » Baissant d'un ton, je me rapprochai de lui, non pas pour forcer une quelconque proximité, mais pour m'assurer que les gardes n'entendraient pas un traître mot de ce que je m'apprêtais à lui dire. « Vous voulez une bonne raison pour me libérer ? Eh bien, je vais vous en donner une. Ma fille. » C'était une confession qui me coûtait, ce n'était certainement pas à lui que je voulais avouer l'existence de mon enfant, mais cet aveu était peut-être mon unique chance d'obtenir ce que je voulais.

« Vous souvenez vous de l'éclipse autorisée par votre père, il y a de cela cinq ans ? C'était une manœuvre fort habile de la part de Máni pour m'aider à mettre au monde mon enfant dans le plus grand secret. Croyez-le ou non, un homme fut suffisamment courageux pour partager sa couche avec moi... » Une grimace aux faux airs de sourire déforma mes lèvres, puis je poursuivis. « J'ai donné naissance à une petite fille sans que nul autre que Máni ne le sache, après avoir dissimulé ma grossesse au vu et au su de tous. Une tâche plutôt aisée, puisque j'ai toujours évité Asgard avec le plus grand soin... Mais toute intrigue a ses limites, j'aurais été bien en peine de cacher l'existence d'un enfant pendant tant de temps. Cette enfant, je n'ai eu d'autre choix que de l'abandonner... Et avant que vous ne disiez quoi que ce soit, je vous interdis de me juger... Je ne l'ai pas fait de gaieté de cœur, la laisser fut la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à faire. Mais comment aurais-je pu offrir une vie décente à mon enfant ? Je suis contrainte de vivre la nuit, lorsque tout et tous sommeillent, je suis porteuse de lumière et de chaleur, mais mon domaine est celui des ténèbres et du froid... Il n'était pas question de lui imposer cela. Encore moins la menace constante que représente Sköll. De deux peines, j'ai choisi la moindre. Ma fille... Elle a vécu sur Midgard, en sécurité, depuis le jour de sa naissance. Pour elle, je ne dois être que l'horrible femme qui ne voulait pas d'elle. Je n'existe pas autrement, je ne suis rien qu'un spectre cruel... » Un instant, je gardai le silence. L'émotion qui transparaissait sur mon visage n'était pas feinte, la douleur qui me saisissait à chaque fois que je parlais de Sunniva était vive, mon âme de mère était à l'agonie. « Que feriez vous, si demain l'on arrachait sa mère à votre fille... ? Pourriez vous le tolérer un seul instant... ? » La réponse me semblait toute trouvée. « Je ne serais guère étonnée que vous ne me croyiez pas, après tout, c'est bien la première fois que je confesse l'existence de mon enfant. Si vous désirez avoir des preuves de ma bonne foi... Interrogez Heimdall. Lui qui voit et entend tout saura confirmer mes dires. Je suis bien des choses, mais certainement pas une menteuse. »
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Thor Odinson
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptySam 14 Fév - 16:06


V
oilà ce qu'était la pire des macules sur la toile royale, celle de devoir ployer tempérance et attention à des énergumènes qui n'en valaient guère la peine, du moins de son point de vue enfatué. Tonnerre et Soleil auraient pu devenir d'excellents comparses, si seulement l'astre luminescent n'avait pas brandi l'oriflamme hostile plutôt que celui amical. Aux yeux du presque souverain, elle méritait le plus abject de ses dédains, et si l'on disait de lui qu'il savait avoir un cœur généreux, le contraire pouvait s'avérer tout aussi véridique. La passion, c'était aimer sans lisières, et exécrer sans plus de limites, n'y avait aucune barrière aux mouvances de l'âme du divin blondin qui était en position de faire ce qu'il désirait. Et s'il s'était écouté sans une volonté bien meilleure qu'elle n'y paraissait, voilà longtemps qu'il aurait abrégé ses misérables souffrances pour débarrasser le tout Yggdrasil d'une femme haïssable. Mais son prédécesseur l'avait prévenu, ses coercitions n'étaient plus celles d'un spectateur diplomatique, et il ne pouvait plus jouer de nonchalance en déléguant des besognes au Père de Tout. C'était aujourd'hui à son tour d'endurer, les mâchoires contracturées et la poigne loin de Mjölnir, avec une tolérance toute relative qui n'en demeurait pas moins plus opportune que celle qu'il avait eue en étant prince. L'évolution se ferait au gré des âges, mais la sapience et l'expérience ne s'acquéraient qu'au prix de violents tumultes, dont il était en train de goûter l'embrun acidulé. Et sa patience d'être gaiement rossée par les commentaires narquois de la présente indignée, trop stupide ou fière pour faire taire son irrévérence et brandir une demande d'amnistie, ce qui aurait inéluctablement fait pencher la balance en sa faveur. Mais la lionne étant lionne, elle continuait de s'envaser dans sa bêtise désinvolte, et les anciens dieux savaient qu'elle n'aurait pas matière à se lamenter si d'aventure, cette conversation s'achevait pas le son de sa nuque se faisant briser. Oser mentionner Loki même tacitement en pareilles circonstances, il en aurait jadis fallu bien moins pour encolérer le titan qui bouillonnait, doucement, mais sûrement. Elle avait tout intérêt à revoir son argutie si elle espérait de lui une quelconque faveur, justice ou non, là n'était selon lui pas la question. S'il fallait ergoter d'équité, c'était auprès de Tyr qu'elle aurait dû se presser, et non aux abords du plus véhément des enfants d'Odin, coiffé de la couronne ou non.

Il concédait toutefois qu'il ne lui avait pas facilité la tâche, l'acrimonie appelait l'acrimonie, raison pour laquelle son paternel avait toujours eu cet indicible quant-à-soi. Ce fut derechef de bien mauvais augure que le nom de Jörd s'extirpe des lippes de Sol, mais contre toute attente, ce ne fut point pour une énième satire ou maladresse qui aurait été malvenue. Il se souvenait parfaitement de cette fois où il avait rencontré sa mère, sans rien savoir de sa véritable identité, et qu'il avait inconsciemment condamné les actes du Borson au cours de leur discussion. Qu'avait-elle donc en cervelle pour lui remémorer une scène qui ne la concernait sous aucun angle ? Un sourcil courbé, l'Inexpugnable tendit légèrement l'oreille, plus curieux que réellement intéressé, et la nouvelle fut pour le moins inopinée. Abasourdi, Thor ne souffla mot et écouta, dans un mutisme religieux, le récit d'une naissance inusuelle, tapie au revers d'une éclipse. Les Nornes semblaient décidément avide de tourmente maternelle, pour peu que cette narration ne soit pas inventée de son aube à son crépuscule. Nonobstant les vertigineuses émotions qui ondulaient sur le minois de la sylphide, une part de lui-même se refusait à croire aveuglément, sans l'ombre d'une preuve. Une possible réaction escomptée par l'Astre Diurne qui prit les devants et sustenta son honnêteté par la plausible visite chez l'Omniscient, apparemment prompt à corroborer. Une fois n'étant pas coutume, l'adonis se vit franc, et pas moins acerbe. « Ne parlez ni de ma fille, ni de ma femme, vous et moi ne sommes pas comparables. Absolument rien dans cet univers ne me ferait les abandonner, que vous vous soyez gorgée de fausses convictions pour vous persuader que cette solution était la meilleure à adopter, cela vous regarde. » Elle ne remontait en rien de sa considération pour cette confession, pour ce choix qu'il voyait comme le pire envisageable, et plus que pantois, il était désormais outré. Qui plus est, son jeu était limpide, et se servir de son propre enfant comme d'une allégation pour fuir ses responsabilités – imposées ou non – était d'une ineffable lâcheté. Même si, il le savait, il s'esbignerait de temps à autre du trône pour être auprès de Thrud, il n'avait nulle intention de déserter les devoirs qui l'incombaient.

Mais d'aucuns savaient que parler d'enfants était tirer sur la corde sensible, Thor possédait un instinct paternel immensurable contre lequel il était incapable de lutter. Et désormais, il ne voyait plus les intérêts de Sol, mais bien ceux de ladite fillette privée de son parent. Même s'il savait tomber droit dans son piège, ce fut plus fort que lui, et il expira un râle rauque qui signait le paroxysme de son agacement. « Vous êtes une vile opportuniste. Suivez-moi. » Il n'attendit pas de savoir si elle se hâtait sur ses talons ou non pour prendre la route, sous les oeillades toujours aussi dubitatives des Einherjar qui venaient d'assister à un conflit armé d'affects. Contrarié et épuisé, l'Odinson fit silence tout au long du trajet, jusqu'à l'antre d'Heimdall qui, décidément, ne semblait jamais sommeiller. Il allait faire l'affront d'exiger vérification de la version de son interlocutrice, qu'il refusait de croire sur parole. Après tout, elle était pour lui félonne jusqu'au bout des ongles, elle n'avait cure d'Asgard et du reste du monde, sa liberté était un joyau plus précieux que tout autre trésor.
Thor arriva auprès de son beau-frère, qu'il avait par ailleurs déjà vu aujourd'hui, et comme d'habitude, il se passa de formalités en allant au vif du sujet. « Je viens d'avoir une conversation avec Sol, elle me dit que la dernière fois que Lune et Soleil se sont rencontrés dans les cieux, ce fut pour donner naissance à une petite fille. Sa fille. Te souviens-tu de cela ? » Car si cela s'était vraiment produit, alors, le gardien en avait été témoin, et avait comme souvent choisi de garder le secret. La Sentinelle obvia ses prunelles sur la nymphe aux côtés de son roi, qu'il sonda avec le calme qui le caractérisait, avant de se prononcer avec simplicité. « Je m'en souviens, effectivement. Tu attestes donc ? » Il passa cette fois sur le guerrier qui, le regard dur, mandait une réponse limpide. Alors, Heimdall opina positivement du chef, essouchant par là une once de fierté chez l'héritier qui s'entendit grogner. Admettre qu'elle avait raison et qu'une innocente créature souffrait d'une absence maternelle étaient deux choses avec lesquelles il s'étranglait, bien outre le fait qu'il n'appréciait pas se fourvoyer. A tel point que, gondolé d'orgueil, il se rehaussa et somma en tout impunité. « Montre-moi. »

Il voulait voir de ses yeux voir, et pousserait même le vice jusqu'à aller vérifier sur place s'il le fallait, l'on ne badinait pas avec la vie d'un enfant. Le cerbère du Bifröst s'écarta donc, et d'un ample geste de la main, leur fit profiter de son don Dans la faille mystique qui s'étendit sous leurs yeux, ils virent l'instant présent à même Midgard, dans un humble logis terrien où l'heure était à la quiétude nocturne. Lové dans ses couvertures, le visage encore poupon d'une fillette aux cheveux flavescents, qui dormait sans crainte, tandis que la patte de son père lui caressait le crin en guise de berceuse muette. Et bien au-delà de la frustration de s'être trompé, émergé la surprise la plus manifeste, sur la gueule du futur monarque qui se décomposa. « Sunniva ?! » Il pivota vers Sol. « Attendez, Sunniva est votre fille ?! » L'étonnement était complet, et son interlocutrice pourrait potentiellement l'être de constater qu'il connaissait la chair de sa chair, peut-être même mieux qu'elle. Car s'il ne doutait pas qu'elle s'était chaque penchée pour veiller depuis le firmament, lui, avait maintes fois coudoyé la fragile poupée avec laquelle il s'entendait à merveille. « Nom d'un orage, maintenant que je le sais, c'est impensable comme elle vous ressemble ! » Aucun fiel derrière cette tirade, il s'agissait d'une constatation qu'il avait été idiot de ne pas remarquer plus avant. Tout sentiment pernicieux envolé au profit d'un intérêt cette fois bien réel, il reprit. « Même si cela me semble évident maintenant que je vous contemple, je n'aurais jamais pensé que vous puissiez être sa mère. Elle m'a tant parlé de vous, vous savez, je lui rends visite à chacun de mes passages sur Tromso. Je connais aussi son père, Aldarik, plutôt méfiant et désenchanté, mais je pense que c'est un homme bon. » Il se rendit soudainement compter que ses propos pouvaient être déplacés, ou du moins susceptibles de saupoudrer les plaies de la déesse d'une poignée de sel malavisée. Une expression confuse et désolée pointa sur ses traits, la première du genre pour la harpie que cette dame était. « Pourquoi ?... Pourquoi n'avoir rien dit ? »
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Sól Mundilfaridóttir
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyMer 18 Fév - 10:15

The price of Arrogance

THOR & SÓL

Thor et son paternel étaient sans conteste les derniers dieux auxquels je voulais confier l'existence de Sunniva, hélas si je voulais un jour avoir l'opportunité de la serrer dans mes bras quand l'envie me prendrait, c'était un sacrifice qu'il me fallait consentir à faire. Thor était – de mon point de vue tranché – exécrable, mais il avait la réputation d'adorer les enfants, aussi avais-je décidé de tirer sur la corde sensible de sa personnalité, avec le mince espoir que l'existence de ma fille ferait pencher la balance en ma faveur. Sans quoi, je n'aurais plus qu'à prier et espérer qu'il garde mon secret et ne cherche pas à l'user contre moi à l'avenir. Il fallait tomber bien bas pour se servir d'un enfant innocent, mais après tout, n'était-il pas le fils d'Odin... ? Ma confiance en sa personne et en son jugement était plus que limitée, et le resterait jusqu'à ce qu'il m'offre une preuve de sa bonne foi, ou du moins qu'il ne démontre avoir l'intention de me traiter comme n'importe lequel de ses sujets, sans égard pour notre mésentente millénaire. Je n'attendais nul miracle – Asgard ne s'était pas construite en un jour – mais j'osais espérer que ma sincérité serait un premier pas vers la fin des hostilités et, pourquoi pas, un armistice durable. Si par un quelconque prodige Thor était en mesure de me libérer de mon fardeau, il était certain de pouvoir s'assurer de mes éternelles gratitude et loyauté... Non pas qu'elles l'intéressent en quoi que ce soit, cela dit. Et s'il fallait que je sois honnête jusqu'au bout, si je pouvais ne plus jamais avoir à faire avec les dieux une fois débarrassée du Soleil, je serais une femme comblée, et sans doute les Ases seraient-ils soulagés de ne plus avoir à composer avec mes humeurs. Mais tout ceci n'était encore qu'un fantasme, une douce utopie à laquelle je ne cessais de rêver... Le chemin du songe à la réalité était long et semé d’embûches, comme j'avais eu tout le temps de le découvrir. Et qu'adviendrait-il du Soleil, si Thor me rendait ma liberté ? Qui serait assez fou pour s'acquitter de la tâche qui avait été la mienne pendant près de quatre millénaires, qui ? Se déciderait-on enfin à débarrasser les astres des menaces constantes que représentaient Sköll et Hati ? Ces maudits loups en avaient autant après le Soleil et la Lune qu'après Máni et moi, je m'étonnais chaque jour de ne pas être dévorée et de ne pas apprendre que mon frère l'avait été. Quoi que Thor puisse en dire, et quoi que j'aie pu dire ou faire, nos cas avaient été traités avec bien peu de considération ; ce qui représentait à mes yeux une grossière erreur, car sans nous les Neuf Royaumes ne bénéficieraient d'aucune lumière pour les éclairer.

De toute évidence, mon choix quant à l'abandon aussi volontaire qu'involontaire de Sunniva n'était pas pour me faire remonter dans l'estime de mon nouveau souverain. Une légère grimace déforma mes traits à sa remarque, et c'est tout juste si je trouvai la force de ne point rouler des yeux. Évidemment, de son point de vue d'être supérieur pour lequel toutes les portes étaient ouvertes, ma décision était celle d'une mère indigne... ! Il n'avait point idée de ce que c'était de ne pas pouvoir déambuler sur Midgard ou ailleurs quand bon me semblait, point idée de ce que c'était que d'être impérieusement attirée par mon astre lorsqu'il était temps de lever le jour sur les royaumes... Je ne doutais pas qu'il ait ses propres contraintes, mais par les Nornes, de quel droit se permettait-il de me juger comme il le faisait ? Si je n'avais pas craint de finir encastrée dans une colonne ou pire, foudroyée, c'est bien volontiers que je l'aurais giflé pour remettre les idées à leur place dans son crâne d'enfant arrogant à qui la vie avait tout offert sur un plateau en argent. Mieux valait serrer les poings et les dents, ce qui je fis sans ajouter un mot car il ne me semblait pas nécessaire de jeter plus d'huile sur un brasier déjà incontrôlable. Cependant, et aussi déplaisant que cela puisse être pour le Tonnerre, mon stratagème semblait avoir porté ses fruits. Il pouvait me taxer d'opportuniste autant de fois qu'il lui plairait, j'assumais parfaitement d'essayer de le manipuler pour pouvoir arriver à mes fins. De plus, je savais que le Gardien ne pourrait que lui confirmer ce que je venais de lui affirmer, Sunniva n'était pas un produit de mon esprit dérangé, mais bien celui de mes entrailles. Et je n'ignorais pas qu'il la connaissait, je l'avais vu la côtoyer et cela avait éveillé en moi une rage folle car, par tous les dieux, ce n'était pas juste !

Je ne perdis pas un instant pour me hâter à sa suite, nous voilà en route pour rendre visite à Heimdall, dont la veille ne semblait jamais prendre fin. Pas un mot ne fut échangé durant le trajet, ce qui nous seyait l'un comme l'autre – le Ragnarök débuterait avant que Thor et moi n'ayons une conversation plaisante et amicale. Comme bien souvent lorsque je me trouvais en compagnie d'Ases, je restais en retrait et à distance respectable de l'Omniscient, le laissant à son conciliabule avec Thor, lequel semblait déterminer à remettre ma parole en doute jusqu'à avoir eu la preuve vivante – littéralement – de ma bonne foi sous les yeux. Je n'avais rencontre Heimdall personnellement qu'à de rares reprises, et la question de son silence ne s'était jamais posée, car à l'instar de Frigga, il n'y avait nul secret qu'il ne révélait à moins qu'Asgard ou les royaumes ne soient en danger. Sunniva n'étant pas même l'ombre du menace, il avait gardé le mystère de sa naissance et de son existence pour lui, ce dont je lui étais gré. Lorsque enfin la vérité eut défilé sous les yeux du Tonnerre et qu'il s'en étonna, un sifflement agacé m'échappa. « Sunniva est tout autant ma fille que Thrúd est la votre. Je vous l'ai dit, aussi détestable que je sois, je ne suis pas une menteuse. Et croyez-moi, si j'avais pu garder son existence et le village où elle vit un secret, je l'aurais fait. Mais puisqu'il me faut faire des concessions pour tenter d'obtenir ma liberté et retourner auprès d'elle... Eh bien, soit. » Il n'empêchait que l'aveu avait laissé un goût bien amer sur mes papilles. « Je n'ignore rien de l'amitié qui vous lie à ma fille. Nul besoin de vous dire que cela me rend malade de savoir que vous pouvez la faire rire, la prendre dans vos bras et même la laisser tresser vos cheveux si cela peut lui faire plaisir. Ma place est auprès d'elle et son père, non pas sur ce maudit char dont la seule vue suffit à me donner la nausée. Aucune enfant ne devrait avoir à grandir sans sa mère... Je ne prétends pas être la meilleure personne qui sois, mais je pourrais être une bonne mère si la chance de le devenir m'était donnée. Vous savez comment Sunniva parle de moi... Je ne suis que l'étrangère, la vilaine femme qui ne voulait pas d'elle et qui l'a abandonnée... Louées soient les Nornes, Aldarik est un bon père en plus d'être un homme bon. Mais aux yeux d'un enfant... Rien ne remplace une mère. » Tout aussi bon père qu'Aldarik ou même Thor soit, une mère était essentiel à l'épanouissement de tout enfant. Aussi fier que le Tonnerre puisse être, je doutais fort qu'il puisse accepter de voir sa fille grandir sans sa mère en raison d'une injustice que personne ne jugeait bon de réparer.

Pourquoi ? La question m'arracha un petit rire, à la fois triste et moqueur. N'avait-il rien écouté ou rien compris de tout ce que je lui avais dit ? Les bras croisés sous ma poitrine, la tête légèrement penchée en avant et la mine renfrognée, je haussai les épaules. « Pourquoi n'avoir rien dit ? Ah ! Les Ases ont ruiné mon existence et celle de mon frère. Avant que votre père et ses comparses ne viennent nous chercher, j'avais une famille. Des parents aimants, aussi stupide qu'ait été Mundilfari, un époux attentionné... Je vivais une vie simple et tranquille, si vous m'aviez connue alors vous ne me reconnaîtriez plus. J'étais heureuse. J'ai tout perdu à cause de la vantardise d'un autre... ! Ni Máni ni moi n'avons jamais corroboré les dires de Père à notre sujet, la seule chose à laquelle nous aspirions était son silence ! Je ne parlerai pas pour mon frère, car les dieux savent à quel point nous différons... Mais j'ai été condamnée à me charger de l'astre brûlant il y a près de quatre mille ans, et en dépit de toute ma haine, je n'ai jamais failli à ma tâche, pas une seule fois. Quatre millénaires... Plus de siècles que vous et votre épouse n'avez traversés à vous deux ! Pas un jour de repos, pas un jour loin de ce maudit Soleil... Je suis porteuse de lumière, mais condamnée à vivre dans les ténèbres une fois ma ronde terminée... N'est-ce pas ironique ? J'apporte chaleur et lumière aux peuples, mais je ne puis y goûter moi-même. Je me suis accoutumée aux ténèbres et à la froideur de la nuit car je n'ai pas eu d'autre choix. » Je m'y étais faite, certes, mais je ne les aimais pas pour autant. « Et chaque jour, inlassablement, Sköll essaie de me dévorer. Il y est presque parvenu, un jour... Un loup géant est à mes trousses et je vis lorsque les lumières se sont éteintes, imaginez-vous élever une enfant dans de telles conditions... ? J'ai choisi de ne pas imposer un tel train de vie à ma fille, et par pitié ne me dites pas que j'aurais pu trouver une autre voie que... l'abandon. Il n'y en avait pas, pas pour moi. Je suis pieds et poings liés au Soleil, ne comprenez-vous pas ? Tant qu'il en sera ainsi, Sunniva sera privée de sa mère. Quatre millénaires d'injustice rendraient la plus douce des femmes aussi détestable qu'une vipère. » Je soupirai, longuement, accordai un bref regard à Heimdall, qui ne semblait avoir aucune envie de se mêler à notre conversation. « Vous avez bien vu ce que quinze siècles ont fait à Jörd. Combien d'enfants et de mères doivent encore être séparés ? Par pitié, assez. Peu m'importe si je suis la femme la plus détestable de tout Yggdrasil, je ne demande rien de plus que de disparaître d'Asgard pour retourner à ma vie de mortelle et ne plus être qu'une épouse et une mère. » Et il me semblait que c'était bien peu pour la peine et le mal qui m'avaient été causés. Pour le moins désespérée et sincèrement à court d'arguments, je tournai mon regard vers la Lune et mon frère. « Vous avez le pouvoir de changer les choses, en bien... S'il vous plaît. Je ne mérite pas moins qu'une autre de serrer ma fille dans mes bras. »
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyMer 25 Fév - 21:31


S
i quiconque avait douté de sa filiation avec Thrud, lui aussi, aurait été furibond et prompt à feuler tel un lion prêt à bondir sur l'impudent. Et lui aussi, aurait remué cieux et landes pour retrouver la chair de sa chair si la fatalité la lui avait enlevée, à la différence qu'il n'aurait point attendu aussi longtemps. Cinq malheureuses années, un grain de sable dans l'immuabilité à laquelle ils étaient conviés, mais un grain de trop lorsqu'il était question de son enfant. A bien y songer, il ne savait plus s'il s'agissait de couardise ou de courage, dans tous les cas, il aurait été incapable d'emprunter la voie qu'avait choisi de suivre la déesse. Et pis encore que l'éloignement, la tourmente de pouvoir se pencher chaque jour durant pour le contempler, heureux dans les bras d'un quidam pour lequel l'on sustentait peu de considération. Midgard aurait été plongé dans un vortex de foudre et d'orage perpétuel s'il avait eu à subir pareilles affres, et plus les confessions fluaient des lèvres torsadées de Sol, plus l'adonis prenait conscience de l'ampleur de la situation. Lorsqu'un bambin entrait dans l'équation, il n'était plus en mesure de se tapir au revers de sa vanité ou de ses idées bien ancrées, son opiniâtreté se dissolvait comme pétales au vent et il ne pouvait laisser l'impunité durer plus longtemps. Dans la mesure où elle n'avait pas tenté de le mystifier, il ne lui en tenait nulle rigueur, sans pour autant être encore apte à comprendre ce qui lui avait pris tant de temps à se déclarer. Il l'écouta sans dire mot, lui narrer les conditions dans lesquelles elle survivait depuis des millénaires, bien avant qu'il n'ait lui-même éclos de la matrice de Jörd, et il aurait été d'une cruauté ineffable de faire vivre cela à un chérubin. Les Nornes se désopilaient au nez de la miséricorde, qu'importait la substantialité des protagonistes, et s'il l'avait pu, il les aurait toutes trois châtiées pour ces ères de labeur tissées au gré de leurs lubies. Mais tout ce qui s'offrait à lui, était d'apposer un semblant d'onguent sur les plaies suintantes – sur celles brûlantes du Soleil incarné, qui le suppliait littéralement. Une telle abnégation faisait montre de son désespoir, et de sa volonté d'en finir une bonne fois pour toute.

Les prunelles diaphanes du blondin obvièrent en direction de l'astre sélénite, que le spectre fraternel tractait religieusement depuis tout autant de décades. Jörd avait apporté la guerre pour ne pas avoir pu l'étreinte durant mille cinq cent ans, et même si la condamnation de plusieurs nations ne pouvaient être justifiée par aucune vésanie, il comprenait au moins une part de cette souffrance parentale. La décision lui revenait, non pas de droit, mais par devoir, et elle était peut-être la seconde plus essentielle après le choix qu'il avait dû faire concernant Vanaheim. Bâtir les prémisses de son règne sur des erreurs aurait été fort malvenu, raison pour laquelle son cœur et son esprit oscillaient sans cesse, comme piégés dans un naufrage sans accalmie. Et après de longues secondes d'une réflexion intense, son phonème finit par résonner dans la pièce. « Deux jours. » Il pivota son regard sur son interlocutrice. « Octroyez-moi deux jours. Votre cas est loin d'être usuel, et comme vous devez vous en douter je suis pris d'assaut toute la journée durant. J'ai besoin d'être certain de la réponse que je vous apporterai, d'autant plus qu'il s'agit d'une magie ancestrale, quand bien même est-elle du fait de mon père – entre autre. A la nuit tombée du second jour, lorsque les premières étoiles chamarreront le firmament, retrouvez-moi dans la salle du trône. » Il la contempla un instant, puis sans s'attarder davantage, il se détourna. « Il me faut y aller à présent. » Et il s'éloigna, rejoindre son épouse et sa fille qu'il n'avait pas embrassées depuis l'aube naissante.


ϟ ϟ ϟ ϟ ϟ


Deux jours, qui étaient passées en un éclair – un comble pour celui qui en était le maître. Si son état physique s'améliorait au gré des heures, son ataraxie, elle, s'étiolait au fil des audiences, des requêtes, de toutes ces dissonances cardinales ou frivoles dont sa voix était l'unique apte à trancher. Il comprenait aujourd'hui mieux l'accablement qui était venu raviner le faciès de son paternel, cette vieillesse apparente qu'il tenait des épreuves terrassées plus que des siècles traversés. Il avait sincèrement espéré que son concours dans l'affaire du Soleil porterait les choses vers une fin plus heureuse que l'issue du Ragnarök, qui, de ce que d'aucuns disaient, était la seule sortie plausible pour les personnifications des Astres. Ce qui était écrit n'était plus à rédiger, une conviction que Thor ne partageait pas, lui qui aimait à croire qu'il tenait les brides de son destin. Alors, il y avait cru, avec cette infrangible passion qu'Yggdrasil lui connaissait, et... il s'était fourvoyé. Ce qu'il avait découvert sur la malédiction de la Flamboyante avait occis son enthousiasme comme l'on soufflait sur la flamme fébrile d'un cierge, et ce conciliabule pour lequel il s'était presque langui, il le redoutait désormais. Il avait pris le loisir d'observer la flavescente sylphide achever sa course diurne, le flambeau universelle s'était assoupie pour céder sa place à la lanterne nocturne, et les premières mouchetures étincelantes s'étaient montrées, pusillanimes, sur la voûte céleste. Le début de la sorgue, mais aussi, le moment des révélations. Sif avait tout de go lu, comme dans un opuscule grand ouvert, la préoccupation sur les traits de son époux, et si elle s'était enquise de ses préoccupations, il n'en avait rien dit. « La fatigue », avait-il argué, une allégation qui était devenue habituelle plus vite qu'il ne l'aurait jamais pensé, et qui gardait malgré tout toujours une part de véracité. Puis, il avait baisé le front de leur fille, les lippes d'incarnat de sa prophétesse, et il s'était de nouveau drapé de sa cape régalienne pour se rendre dans la salle du trône. Une fois à l'intérieure de celle-ci, il eut tout juste le temps de grimper les marches qui menaient à la chaise royale, sur laquelle il ne prit cependant pas place, avant que les huis principaux ne s'ouvrent sur la nymphe qui était parfaitement à l'heure. Depuis son juchoir, il suivit sa mouvance, mutique et impénétrable, comme s'il refusait qu'elle puisse encore percevoir quelque éclat d'affect que ce soit, et ce ne fut que lorsqu'elle s'immobilisa à l'orée des escaliers qu'il déclara.

« Dame Sol, nous avons à discuter. » Aux enfers le décorum, il avait bien d'autres priorités en cervelle. Il guigna les Einherjar qui diapraient l'immense salle, droits tels des simulacres de pierre, mais une oreille toujours présente là où ils étaient en faction. « Que tout le monde sorte, laissez-nous. » Les gardes échangèrent de furtives oeillades, avant d'obéir sans se faire prier. Chaque binôme trouva sortie par l'une des nombreuses portes, qui se refermèrent presque de concert pour ne laisser qu'un silence pesant, deux âmes dans une salle chargée d'Histoire. Et à présent qu'ils étaient seuls, par où commencer ? Quelle formule adopter ? Elle ne voudrait ni de sa pitié, ni de sa nonchalance, l'harmonie des sentiments étaient ici laborieux à trouver. Tout d'abord, désireux de ne point l'écraser de sa superbe, il redescendit pour se mettre à la même hauteur, et passer d'audience officielle à conversation plus intimiste. Il ignorait si elle apprécierait l'effort, et il n'en avait au fond cure, car quoi qu'il adviendrait ce soir, il s'apprêtait à lui briser le cœur. « Je me suis longuement entretenu avec Odin, ainsi qu'avec les plus illustres conseillers en magie de la Cité. L'enchantement qui vous lie au soleil est loin d'être anodin, il s'agit de l'un des plus anciens et puissants sortilèges jamais conçu depuis la création de toute chose. La magie dont nous faisons usage aujourd'hui est... peu comparable, m'a t-on dit, et plus que cela... c'est un cadenas qui a été élaboré sans clé... » Et le futur roi de baisser les calots comme s'il en était couvert d'opprobre. Ce n'était pas à lui que devait revenir la honte ou les remords, mais il était celui chargé d'annoncer la sentence, une tâche des plus ingrates qui portait sa compassion à des nues insoupçonnées. Il n'aurait pas été contraint de poursuivre pour qu'elle comprenne, mais il lui devait d'être plus limpide, même s'il n'en avait pas l'envie. « Certains sorts sont faits pour demeurer, ils ne dépendent ni du temps, ni de la force du créateur, ni d'un pendant quelconque pour les annihiler. Votre âme a été liée à votre Astre, que vous le vouliez ou non, vous êtes devenue, cet Astre. Il n'existe... aucun moyen de vous en libérer, votre frère ou vous, si ce n'est votre mort. » Il plongea dans ses mirettes. « Je suis désolé, je ne peux rien faire... » Si elle ne pénétrait pas son palpitant d'une lame par elle-même, alors, le Ragnarök sonnerait à la fois son estocade, et son affranchissement.
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Sól Mundilfaridóttir
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyMer 4 Mar - 10:55

The price of Arrogance

THOR & SÓL

Deux jours. Une éternité sous couvert d'une poignée d'heures. Les minutes s'étiolaient à une lenteur démesurée, comme si le Temps lui-même avait décidé de se rire de moi. L'attente était interminable, insoutenable, des pensées toutes plus incohérentes les unes que les autres se bousculaient dans mon esprit tourmenté. Les Et si ? n'en finissaient plus de naître, les hypothèses, les désirs et les chimères se mêlaient les uns aux autres comme des serpents dans un nid. La patience n'était pas mon fort, j'avais pourtant dû m'en armer, car le Tonnerre avait apparemment besoin que j'achève deux de mes courses dans les cieux pour s'informer sur la magie qui me liait à mon astre. J'ignorais si ce délai était une bonne ou une mauvaise chose, une preuve de bonne foi ou au contraire de son manque de volonté de s'occuper de mon cas. Quoi qu'il en soit, je n'avais d'autre choix que d'attendre, car je ne pouvais me permettre de débarquer telle une tornade dans le palais pour harponner Thor de mes interrogations, comme je l'avais fait à l'occasion de notre première entrevue. Puisqu'il faisait apparemment l'effort de se pencher sur mon cas, je me devais de lui rendre la pareille en attendant que les deux journées se soient écoulées. Mais chaque course supplémentaire était un véritable supplice, et parce que toutes mes pensées étaient tournées vers l'ultime vérité concernant mon sort, les rayons du soleil brillèrent avec moins de vivacité et la chaleur que je dispensai aux mondes sensiblement diminuée. Mon abattement étant communicatif, Árvakr et Alsviðr galopèrent moins vite, si bien que Sköll manqua de nous croquer par trois fois. De tout mon cœur, je priais pour ne plus jamais avoir à craindre sa morsure une fois ces deux jours arrivés à leur terme.

Toutefois... L'impatience eut vite fait de laisser place à l'appréhension lorsque j'entamai ma descente vers Asgard. Le regard que je lançai à Máni lorsque nous nous croisâmes se voulut rassurant et optimiste, mais en réalité je n'en menais pas large. Mon destin n'était pas le seul en jeu, celui de mon cadet l'était tout autant. Voilà bien longtemps que Máni avait cessé de se plaindre de sa condition, mais peut-être lui pesait-elle plus qu'il ne le laissait paraître à travers sa mine résignée et ses sourires polis. Tout comme moi, il était esclave depuis quatre millénaires, tout comme moi il avait été arraché à son royaume d'origine. Ni lui ni moi n'étions nés divins, même après tous ces siècles écoulés nous étions toujours différents, pas tout à fait des Ases, mais plus de simples mortels depuis bien longtemps... J'en avais assez d'être une paria, assez de ne vivre qu'une moitié de vie, assez d'être tenue éloignée de l'enfant que j'avais mise au monde et du mortel qui avait su me réconcilier avec les tendres sentiments. N'avais-je pas été punie assez longtemps... ? Les étalons pouvant enfin goûter au repos des écuries asgardiennes, et le Soleil à l'abri des crocs de Sköll dans sa chambre-forte, je pus emprunter le chemin qui menait à la salle du trône. Le rythme de mes pas était lent, au contraire de mon cœur qui battait dans ma poitrine comme un furieux tambour de guerre. Toute mon arrogance et mon insolence semblaient s'être volatilisées, je ne me sentais pas bien différente de la petite mortelle terrifiée que j'avais un jour été. Tout comme le jour où j'avais quitté Midgard, mon existence était sur le point de changer radicalement. Pour le mieux ou pour le pire, c'était bien ce qu'il restait à déterminer. Liberté ou servitude éternelle, il n'y avait que deux options possibles, et aucun entre-deux. Au moment de faire mon entrée dans la salle du trône, je m'arrêtai un instant, les yeux clos. Je pris plusieurs profondes inspirations pour calmer les battements de mon palpitant, puis je recomposai mon air fier ; il n'était pas question d'apparaître comme une enfant effrayée devant le jeune dieu.

Thor m'attendait à la place qui était la sienne, ou presque, car pour une raison qui m'échappait et qui m'importait de toute façon bien peu, il n'avait pas pris place sur le trône d'or sur lequel Odin s'était assis pendant près de six millénaires. Même moi, je devais bien avouer qu'il aurait bien fière allure une fois qu'il s'y serait installé... La gorge serrée aussi sûrement que si quelqu'un avait refermé ses doigts autour, je m'approchai pour m'immobiliser en bas des escaliers qui menaient au trône, sans mot dire, car il me semblait préférable d'attendre qu'il prenne la parole. Je fronçai légèrement les sourcils lorsqu'il intima aux Einherjar de nous laisser, qui s'exécutèrent et disparurent, pour ne laisser qu'un silence lourd et angoissant derrière eux. Instinctivement, je reculai de quelques pas lorsque Thor descendit de son piédestal, comme s'il me semblait nécessaire de toujours laisser une distance sécuritaire entre nous, et cela bien que j'apprécie à sa juste valeur l'effort qu'il faisait pour ne pas m'écraser de toute sa prestance. Tout comme j'allais apprécier qu'il aille droit au but et ne s'embarrasse pas de formules toutes faites ou n'enjolive les faits pour m'énoncer ce qu'il avait découvert dans sa quête de vérité concernant mon sort et celui de Máni. Je le savais... Et pourtant...

Chacun de ses mots fut un surin qui me lacéra le cœur.

J'eus l'impression d'avoir été précipitée du haut d'une falaise pour m'écraser sur la rocaille en contrebas. Le souffle me manqua, par réflexe je portai une main à ma poitrine, et le sang quitta mon visage d'un coup à ce point que je dus lui sembler sur le point de rendre l'âme – ce qui ne m'aurait point dérangée outre mesure. Un cadenas sans clé. Le sortilège qui me liait à mon astre avait été élaboré avec tant de puissance et de soin que ceux-là mêmes qui l'avaient créé ne pouvaient le défaire. Il n'existait aucun moyen de me libérer... pas la moindre issue pour moi... j'étais piégée, esclave pour le reste des temps... Quatre millénaires de souffrance et de servitude qui n'étaient rien de plus qu'un grain de sable dans le sablier de l'éternité. Autrement dit, mon calvaire venait tout juste de commencer. J'aurais voulu qu'il s'achève, voilà que j'apprenais qu'il n'en était qu'à ses prémices. Pendant une poignée de secondes, ou peut-être de minutes, je ne saurais dire, je restai parfaitement immobile et aphone, le temps de piétiner mes rêves et espoirs jusqu'au dernier. Et lorsque j'ouvris enfin la bouche... Le rire digne d'une hystérique fut la seule chose qui en sortit, aux tonalités pour le moins criardes et stridentes. N'était-ce pas hilarant ? Ce vieux fou d'Odin s'était assuré que rien ni personne – pas même lui, au cas où il se serait adouci avec l'âge – ne serait en mesure de changer la décision qui avait été prise le jour où Máni et moi avions été enlevés. L'injustice perdurerait aussi longtemps qu'Yggdrasil lui-même, jusqu'à ce que le Ragnarök nous emporte tous. Mon histoire avait été écrite sans que je n'ai mon mot à dire, j'étais pieds et poings liés au Soleil, j'étais le Soleil. Si Thor se disait désolé, il ne l'était certainement pas autant que moi.

Ne dit-on pas des malheurs qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer ? Je m'appliquais à faire honneur à ce principe, du moins jusqu'à ce que l'air me manque et que de violents sanglots ne m'étranglent, me rappelant que l'heure n'était certainement pas aux réjouissances. Le spectacle devait être bien triste, j'oscillais littéralement entre le rire et les larmes, et il aurait sans doute pu en être ainsi pour longtemps si quelques flammèches ne s'étaient pas mises à danser sur ma peau à nue. Et sans que je ne le veuille, ni n'aie aucun contrôle sur le phénomène, mes poings et ma chevelure s'embrasèrent si soudainement et avec une telle puissance que je m'écartai de plusieurs pas pour ne pas risquer de blesser le jeune roi auquel je n'avais toujours pas adressé la parole. Horrifiée par mes propres dons, je tendis les bras autant qu'il m'était possible de le faire et tentai d'étouffer les flammes, sans succès. Si j'avais pu articuler quelque parole, j'aurais supplié le Tonnerre de noyer le brasier sous un orage, mais l'incendie était remonté jusqu'à ma gorge et pour la première fois en quatre mille ans, la Torche fit honneur à son nom. Le feu se propagea sur tout mon corps, dévorant mes vêtements sur son passage, il n'y avait plus que les flammes pour m'habiller complètement. Sous mes pieds, je sentis les dalles de marbre craquer et éclater sous la chaleur intense que mon corps produisait, chaleur que j'étais surprise de pouvoir supporter moi-même. De mes jambes ou de mes nerfs, je ne saurais dire lesquels lâchèrent les premiers, mais je finis par tomber à genoux, les bras passés autour du corps. Et je hurlai, je hurlai jusqu'à en avoir mal, jusqu'à ce que la saveur métallique du sang prenne le pas sur celle des cendres, jusqu'à ce qu'il me soit physiquement impossible de produire une note de plus.

Le feu s'éteignit aussi subitement qu'il s'était allumé, il mourut en même temps que mon hurlement, pour ne plus laisser qu'une malheureuse à la peau nue, rougeoyante comme la braise et fumante comme des cendres encore chaudes. Recroquevillée comme un animal blessé, lorsque je me décidai enfin à parler, ma voix était rauque et tremblotante. « Je suppose que vous allez vous aussi devoir apprendre à vivre avec les erreurs de votre père. Pour votre salut, j'espère qu'elles ne sont pas toutes impossibles à défaire. » Je mourrais d'envie de sangloter comme une petite fille et par Yggdrasil, que n'aurais-je donné pour retrouver les bras rassurants de ma mère... « Pouvez-vous au moins faire quelque chose pour les loups... ? Qu'arrivera-t-il le jour où Sköll et Hati parviendront à nous engloutir, Máni et moi ? » J'osai relever la tête et lancer un regard hostile – quoique ne lui étant pas personnellement adressé – à Thor. « Que deviendriez-vous sans vos précieux phares otages ? Puisque Fenrir a été enchaîné, ne pouvez-vous nous débarrasser de ces deux cerbères avant qu'il ne soit trop tard ? Qui se chargerait du Soleil et de la Lune sinon nous, puisque nous en sommes apparemment les esclaves attitrés pour l'éternité ? » Noyer mon chagrin dans la colère était ce que je savais faire de mieux, et pour cette fois-ci, il me semblait qu'il s'agissait d'une question de survie. « Si j'avais su... Si j'avais su... J'aurais étouffé cet imbécile de Mundilfari dans son sommeil, je l'aurais éviscéré comme un animal, je l'aurais... Le fou !! Le vieux fou, cet imbécile de vantard... ! C'était lui le coupable, il méritait d'être puni, pas nous... ! Que les Nornes le maudissent, qu'il endure tous les supplices de Helheim pour autant de siècles que nous aurons à traîner les grands astres divins ! Comment un père peut-il faire cela à ses enfants, comment ?! » Si j'avais eu ce parjure de paternel en face de moi, j'aurais fait de lui une torche humaine et j'aurais craché sur ses cendres !

« Et ma fille... ? Elle ne saura jamais... Elle ne saura jamais qu'elle a une mère, elle ne saura jamais combien je l'aime, je... Elle ne saura jamais... » Peut-être était-ce mieux ainsi. Puisque je ne pourrais pas faire partie de sa vie, peut-être devais-je simplement disparaître, ne plus mettre un pied sur Midgard. Laisser Aldarik croire à ma mort, laisser Sunniva grandir en paix, et vivre parmi les siens... Puisque je n'avais de toute évidence pas droit au bonheur ni à la liberté, autant que je sois la seule à souffrir de ma condition. Une malédiction n'avait pas à en engendrer une autre. « Me faudra-t-il faire preuve de courage ou de soumission pour continuer à m'acquitter de ma tâche jour après jour, en sachant que seule la mort sera ma délivrance... ? Dites-moi, mon roi... Vous soumettriez-vous, à ma place ? »
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyVen 20 Mar - 23:26


A
nathème en couronne d'épines, et il pouvait presque voir le sang perler depuis son crâne ceint, le vermeil se mêlant à la diaphanéité des gouttes lacrymales. Un tableau innommable de la déesse qu'il visualisait depuis sa place de bourreau affligé, car contraint de maintenir les brides de son malheur alors même qu'il n'en avait pas l'envie. C'était aussi cela être souverain, porter à bout de bras ses erreurs comme celles du reste du monde, parce que si l'on devenait un être de privilège, l'on en était pas moins le bouc émissaire élu de l'univers. Tant de rôles à endosser, et la coercition de ne pas s'abandonner à de fantasques incartades, car chaque geste de sa main pouvait engendrer félicité comme désolation. Et il venait justement d'étouffer les derniers brandons d'espoir d'une femme au destin somme toute inique, là n'était plus la question de s'il l'estimait ou non, il suintait malgré lui d'une commisération qui finirait par lui coûter la vie, si elle sourdait ainsi à chaque injustice qu'il se devrait de traiter. Couvrir ses affects d'un linceul morbide mais protecteur dès lors que son séant se trouvait sur le trône, ne laisser la suavité de son être s'exprimer que pour ses proches – voilà pourquoi Odin s'était, au gré des âges, paré de nombreux masques, dont celui de la circonspection la plus infrangible. Nonobstant le serment qu'il s'était fait de ne rien laisser altérer ce qu'il était, serait-il lui aussi contraint de faire courbette face aux vicissitudes de l'éternité ? L'on disait de lui qu'il était fort et robuste, mais l'était-il seulement assez pour être la clé de voûte des différends mondes ? Il avait pensé devoir prendre sur lui, mais être parfaitement capable de résoudre l'affaire Sol sans que cela ne lui demande trop d'efforts – maudit fatum, et ce n'étaient que les prémisses de son histoire royale. Que faire à présent, si ce n'était patienter dans le deuil partagé d'une liberté qui, moribonde depuis des millénaires, venait d'exhaler son ultime souffle à même ses pieds.

La péroraison de cette histoire atteignait un tel paroxysme de drame qu'il n'aurait jamais subodoré pouvoir assister à spectacle plus contristant, et pourtant, la réaction de l'intéressée fut à la hauteur de la sentence énoncée. Tout de go qu'il entendit les notes hilares s'évaporer du gosier de la sylphide, il comprit que le rire n'avait rien d'enchanteur, bien au contraire. Les viscères torsadées de sincères regrets, il baissa les calots comme pour octroyer l'intimité morbide dont l'euphorique avait besoin, se détachant physiquement à défaut d'émotionnellement de la tragédie qui se jouait. Puis, les saccades se firent aussi éplorées, lacérant un peu plus l'âme du roi à en devenir qui aurait aimé être tout, sauf l'auditoire désolé du Soleil, qui rappela subitement de quelle quintessence ignée elle était faite. Aussi pantois que décontenancé par la fournaise organique qui faillit le toucher, il recula en symbiose avec la donzelle, qui semblait en proie à ses propres pouvoirs telle une flamme se surprenant à se brûler. Le brasier n'était pas sciemment exhibé, il n'était pas macule de colère mais preuve ineffable de la perdition qui l'avait désormais conquise. Et il alla de mal en pis, à un point tel que Thor craignit tant pour le palais que celle qui menaçait de le réduire en cendres fumantes. « Sol !! SOL ! » S'échina t-il vainement d'appeler, comme si son phonème térébrant suffirait à lui faire regagner la surface de la réalité. Rien n'y fit pourtant, et la fille de Mundilfari ne fut bientôt plus qu'une torche vivante aussi bien qu'une banshee dont les lamentations fendirent le firmament, aussi sûrement que si la foudre elle-même y avait éclaté. Les fissures des dalles vinrent effleurer les bottes du Flavescent qui n'eut d'autre choix que se protéger le faciès à l'aide de ses avant-bras, car la chaleur, même avec la distance, était dévorante à l'instar d'une coulée de magma sur la peau. Les huis de la salle s'ouvrirent avec fracas, les Einherjar réapparurent au triple galop et eurent le réflexe inné d'ériger une muraille autour de l'Odinson, qui se retrouva encellulé dans une corolle de boucliers – ce dont il se serait violemment plaint si les circonstances n'appelaient pas son attention à un autre problème. Problème qui s'éteignit subito, littéralement, ne laissant à la place de la torchère qu'une créature noircie, endommagée au plus profond de son être.

L'effervescence retomba, et un silence désarçonné régna en despote. Le Tonnerre ne perdit pas une seconde pour écarter les factionnaires de son chemin et mieux distinguer la martyre, dont le timbre rocailleux s'éleva. Le spectre d'une déesse, voilà ce qui s'adressait à lui, en des termes horriblement véridiques. Que faire de ces maudits lupins ? Etaient-ils seulement en mesure de faire quoi que ce soit contre eux ? La chasse sempiternelle que les loups menaient aux astres contraires faisait partie intégrante de leur malédiction, et par conséquent, du sortilège qui leur avait été lancé, tout n'était encore une fois question que de magie – et c'était parce que cette dernier était particulièrement traîtresse qu'il ne s'y était jamais intéressé outre mesure. Ils avaient agi contre Fenrir, mais les augures des prophètes ne le dispensaient pas pour autant de Ragnarök, et si l'on s'attardait sur le principe que leurs prédictions étaient vouées à naître, rien ne serait à même d'empêcher les mâchoires des prédateurs de se refermer un jour ou l'autre sur ceux qu'ils poursuivaient. Et qu'adviendrait-il d'Yggdrasil lorsqu'ils ne seraient plus ici ? Ce serait une aube sanguine mêlée à un crépuscule algide, le début d'une fin qui faisait frémir jusqu'au plus robuste des guerriers, jusqu'au plus avisé des sages. Aphone, il la laissa s'épancher de l'inéluctable rancoeur qu'elle sustentait à l'égard de son paternel, une aversion légitime qu'il ne chercha pas à dédire. Il patienta jusqu'à ce qu'elle ait achevé sa prise de parole, même s'il y avait encore tant dont ergoter, tant d'interrogations qui ballaient à leurs lippes respectives, déités mais impuissants face au Destin lui-même.
Sa première réaction ne fut pas verbale, le blondin détacha avec assurance la cape vermeille qui ornementait son galbe et s'approcha sans plus un iota de crainte de son interlocutrice, qu'il drapa de son vêtement d'apparat pour couvrir sa nudité et préserver ce qui demeurait de sa dignité. Tout en se faisant, il posa un genou à terre pour se mettre à sa hauteur, ses paumes apposées sur les épaules qu'il sentait encore ardentes nonobstant l'épais tissu qui les habillait désormais. Le cœur battant une eurythmie endiablée dans son poitrail et sous son apparence qui se voulait circonspecte, il plongea dans les mirettes azurées de la belle, non plus pour la dédaigner et l'affliger de toute la pesanteur de sa morgue, mais pour lui transmettre un peu de son courage, comme un maigre baume sur ses brûlures. « Non. » Répondit-il finalement dans un reflet d'incertitude. « Je ne me soumettrais pas, pas si j'en ai le choix. » Ses phalanges raffermirent un peu plus leur étau, communiquant ainsi l'intègre puissance des mots qu'il s'apprêtait à prononcer. « Mais nous ne l'avons pas. Vous tirerez le soleil, je deviendrai roi, qu'importe ce que nous ressentons et à quel point notre âme hurle à l'agonie. Nous ne pouvons décider de quel chemin emprunter, mais nous pouvons choisir de quelle façon l'arpenter. Je gronderai plus fort que mes tribulations, aussi déchirantes seront-elles, et vous vous devrez de flamboyer avec une nitescence telle qu'elle percera les ténèbres de la Répulsion. » Leur fardeau n'était pas le même, mais ils en connaissaient tous deux l'envergure démentielle, et ils n'auraient pas moins besoin de toute la résolution de l'univers pour venir à bout de leurs étocs. En guise de démonstration, Thor se redressa, et il l'obligea à le suivre dans sa mouvance en dépit de la faiblesse qui la faisait encore trembler. Il la remit sur ses pieds, symbole explicite de ce que devrait être chaque jour de sa vie, mais il lui laissa également l'opportunité de se tenir à lui pour ne pas chavirer et choir derechef, là encore, c'était un emblème nouveau de ce qu'il pourrait hypothétiquement être pour elle à l'avenir : un soutien. « Vous êtes l'étoile diurne par définition, vous portez le feu originel, la lumière de la Création. Vous y arriverez, ne serait-ce qu'avec la motivation de continuer à m'incommoder pour les millénaires à venir. » Il eut un furtif rictus, légèrement frivole, mais le sérieux reprit rapidement son trône. « Pardonnez mon impéritie, mais encore une fois j'ignore ce qu'il est plausible de faire concernant vos traqueurs. Soyez assurée que je vais me renseigner sur le sujet, cependant, je ne peux toujours rien vous promettre. »

S'il y avait bien une chose qu'il avait comprise, c'était qu'il lui faudrait dorénavant y songer à plusieurs fois avant de prêter serment pour quoi que ce soit, lui qui avait usuellement la promesse facile et la propension de toujours la respecter. Puis, il se contorsionna de manière à distinguer les gardes royaux, toujours présents, mutiques et aux aguets, il leur adressa un signe de la tête pour leur faire comprendre sans verbiage qu'ils pouvaient de nouveau disposer. S'ils se consultèrent mutuellement du regard, tous finirent par obéir, non sans rester particulièrement vigilants depuis l'extérieur du majestueux hall. Seuls une fois encore, il put orienter la conversation en direction d'un pan autrement plus privé, mais qui lui tenait à coeur. « Il existe un moyen pour que Sunniva apprenne votre existence, et plus concrètement, qu'elle apprenne la vérité. » Si la perspective lui paraîtrait sûrement improbable, l'expression niellée sur les traits de l'Invaincu aurait tôt fait de la convaincre du contraire. « Elle pourrait venir vivre ici. » Il leva légèrement le menton. « Avant que vous ne rugissiez, laissez-moi finir. Vous abhorrez Asgard pour ce qu'elle représente, mais elle est la Cité la plus sûre de tout l'Arbre-Monde, où l'indigence est une notion totalement inconnue, je ne vous apprends rien. Sunniva a du sang divin, et même si elle n'en avait pas, cela ne m'empêcherait pas de l'intégrer au peuple asgardien. Que je sache, il en va de ma seule et unique juridiction, désormais, et je suis disposé à offrir une place à votre famille au sein du palais. » Sa famille, car il n'était pas question de séparer la fillette de son père. « De ce que j'en sais, votre frère et vous n'avez jamais été interdits de trouver refuge ici même une fois vos astres assoupis, mais je consens à dire que vous n'y avez jamais été conviés non plus. A compter d'aujourd'hui, les portes vous seront grandes ouvertes, et je vous encourage à vous cacher de vos prédateurs dans notre enceinte, où vous pourrez avoir ce qui se rapproche le plus d'une vie de famille. » Il la contempla. « C'est tout ce que je puis vous offrir. »
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Sól Mundilfaridóttir
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyLun 23 Mar - 3:19

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THOR & SÓL

Eh bien voilà, mes inquiétudes étaient confirmées. Le destin de mon éternité avait été scellé au moment où le sort avait été lancé sur Máni et moi, nous liant à jamais aux grands astres. Il était tragique de constater que pareille injustice ne serait défaite, qu'esclaves nous étions et esclaves nous resterions. Espérances assassinées en guise de couronne, je ne pouvais que mirer le futur roi d'Asgard, avec au fond des yeux toute la haine que j'éprouvais pour son paternel et ses complices de l'époque. La prétendue Sagesse comme tous les autres, je rêvais déjà de leur faire payer au centuple mes souffrances, tout en sachant qu'il était parfaitement inutile de cultiver cette mauvaise herbe qu'était la Vengeance – il fallait que je l'arrache avant qu'elle ne finisse par m'étrangler. Mais par les Nornes, qu'il était dur de songer à offrir pardon et absolution alors que toutes mes plaies avaient été mises à vif et saupoudrées de sel ! Alors que, selon toute vraisemblance, nul coupable ne m'offrirait jamais le plus petit simulacre d'excuses ? Celles de Thor étaient peut-être sincères, mais elles n'avaient hélas pour moi aucune valeur. Ma servitude n'était pas de son fait, la faute revenait à Odin. Tout comme moi, il devrait apprendre à vivre avec les erreurs de son paternel, et en assumer les tristes conséquences. Pour notre salut à tous, j'espérais que tous les faux-pas du Père de Tout ne seraient pas impossibles à corriger, et qu'en dépit de toute son arrogance, son fils serait un meilleur souverain qu'il ne l'avait été. Yggdrasil avait besoin de voir une aube nouvelle se lever... Une aube nouvelle dont ma lumière serait l'annonciatrice, puisque mes chaînes ne seraient jamais brisées. La simple idée qu'il me faudrait répéter tout ceci à Máni me donnait envie de rendre gorge. Lui et moi avions rarement l'occasion de nous voir, lui et moi conversions rarement... Il n'en restait pas moins mon frère, mon petit frère, celui que j'avais bercé lorsqu'il était venu au monde, sur lequel j'avais veillé... Celui dont la présence douce et réconfortante me manquait. Chaque nuit, je levais le regard vers la Lune, vers lui. Nous ne nous comprenions pas et étions aussi différents l'un de l'autre que nos astres l'étaient... Mais je l'aimais, et aussi égoïste que je sois, si un seul de nous deux avait pu gagner sa liberté, j'aurais voulu que ce soit lui. Le savoir condamné à endurer les mêmes peines que moi me révulsais au plus haut point, tout comme savoir que je ne pourrais rien pour lui.

Un frisson remonta le long de mon échine lorsque le Tonnerre déposa sa cape écarlate sur mes épaules, accompagné d'un soupir défaitiste. Je remarquai tout juste la présence d'un légion d'Einherjar, sans doute s'étaient-ils précipité autour de leur futur monarque pour le protéger de mon brasier, et je n'y avais prêté nulle attention, bien trop horrifiée par ma perte totale de contrôle. Pour ce qui était peut-être la première fois, je ne discernais ni aversion, ni suffisance, dans le regard du jeune dieu. Un semblant de sourire étira mes lèvres tandis qu'il me répondait finalement – bien sûr que non, il ne se soumettrait pas au sort. S'il y avait bien une chose que j'admirais chez lui, c'était son éternel optimisme et cette certitude qu'il était le seul maître de son destin. Certitude que j'aurais aimé partager, la peste soit des Nornes et de leur tapisserie ! Je perdis rapidement ce qui me servit de sourire toutefois, car il y avait finalement une chose contre lui-même ne pouvait rien ; son héritage. Bien différent du mien, certes, mais non moins lourd à porter. Il devrait endurer le poids de la Couronne et moi celui du Soleil, là était notre destin... Qu'il nous appartenait cependant de gouverner, quoique nous ne pouvions l'éviter. Briller plus fort que l'Injustice, voilà une tâche qui semblait pour moi bien ardue, mais réalisable pour peu que je le veuille bien. Puisque le dieu ne me laissa guère le choix, je me redressai avec son aide, et si autrefois son contact m'aurait profondément dérangée, je devais bien admettre que son soutien, aussi bien physique que psychologique, me serait cette fois-ci essentiel. J'ignorais pourquoi il se montrait tout à coup si bon avec moi, était-ce la culpabilité qui aurait dû appartenir à son père qui le rongeait, ou l'avais-je simplement bien mal jugé... ? Quoi qu'il en soit, je restai accroché à son épaule comme une naufragée à un roc providentiel. « Je ne serais guère étonnée d'apprendre que Sköll et Hati sont eux aussi liés au Soleil et à la Lune... Si j'ai bien compris une chose, c'est que la chance n'est guère de notre côté. » Il ne s'agissait non plus de pessimisme, simplement de pragmatisme. À présent, j'y réfléchirais à deux fois avant d'espérer quoi que ce soit, aussi tentante que puisse être la perspective. Cependant, et bien que je n'attende aucun miracle, je gratifiai Thor d'un hochement de tête révérencieux ;son implications et ses efforts méritaient d'être salués.

Ma contenance en partie regagnée, je libérai l'épaule du dieu et m'écartai de quelques pas, sa cape serrée contre mon corps nu, mes vêtements n'ayant pas résisté aux flammes. Les gardes furent congédiés une fois de plus, mais les regards méfiants qu'ils me lancèrent en quittant la salle du trône ne m'échappèrent pas. J'étais encore bien loin d'être la bienvenue entre ces murs, toutefois s'ils avaient été témoins de mon brasier inopiné, je ne pouvais leur en tenir rigueur, un peu plus et c'était tout le palais que je réduisais en cendres. Pour un peu, j'aurais pu m'embraser à nouveau tant je fus surprise par la tournure que prit ma conversation avec Thor. Puisque je semblais avoir gagné un tout nouveau respect pour lui, je me tus et le laissai s'exprimer, car de toute façon sa proposition me laissa bouche-bée. Aussi silencieuse que si l'on venait de me trancher la langue, j'observai le jeune dieu d'un œil nouveau, avant qu'une grimace qui ferait office de sourire n'étire mes lèvres. « Tout ce que vous pouvez m'offrir ? Votre père avant vous ne s'est jamais soucié de ma famille. À sa décharge, j'ai gardé l'existence d'Aldarik et Sunniva comme le plus secret des trésors... Tout ce que vous pouvez m'offrir, c'est déjà bien plus que ce que je n'aurais jamais cru pouvoir espérer. » Mais il y avait un mais... « Toutefois, vous vous en doutez, le choix ne m'appartient pas. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'Aldarik n'est pas votre plus fervent adorateur... Le votre ou celui de n'importe quel dieu, j'entends. Je ne peux le traîner à Asgard de force, et s'il ne le veut pas, il n'est pas question de lui arracher Sunniva. » J'étais sa mère, mais elle ignorait jusqu'à mon nom. Aldarik était le seul à l'avoir élevée, le seul parent qu'elle croyait posséder et le seul qu'elle avait appris à aimer. Plutôt laisser Sköll me dévorer que les séparer. « Je lui transmettrai votre offre, pour laquelle je vous remercie grandement. Je dois avouer que la perspective d'un véritable foyer en compagnie de ceux que j'aime est plus qu'attrayante. » A quoi bon mentir ? J'en rêvais depuis des millénaires. « Et si la prophétie du Ragnarök est vraie... Si Sunniva doit un jour hériter de mon fardeau... » A cette pensée, je grimaçai. « Sköll finira par se tourner vers elle, et c'est une proie bien plus facile à attraper que je ne le suis. Je veux la préserver de cette bête infâme aussi longtemps qu'il me sera possible de le faire. Je gage que ce sera également un argument de poids pour Aldarik. » Sunniva était, sans aucune exagération, ce qui avait tenu Aldarik en vie depuis ma disparition inexpliquée. Il tenait à elle plus qu'à sa propre vie, savoir qu'un loup géant et sanguinaire la prendrait un jour pour cible le convaincrait peut-être à quitter Midgard pour Asgard.

« J'aurais une dernière requête à vous soumettre, si vous le permettez... Je vous laisserai ensuite retourner auprès de votre épouse et votre fille. » J'attendis qu'il m'autorise à parler, puis je poursuivis. « J'aimerais pouvoir m'entretenir avec mon frère, quelques heures seulement. Il a le droit de savoir qu'il partage mon sort, et je préférerais que ce soit de ma bouche qu'il l'apprenne. Je ne réclame nulle éclipse, simplement l'autorisation de pouvoir lever le Soleil un peu plus tard que d'ordinaire. Ce sera là ma dernière demande, je vous promets de ne plus vous importuner à l'avenir. » Une promesse que je ne pensais jamais lui faire, mais que j'avais l'impression de lui devoir. « Mon petit frère me manque terriblement », avouai-je finalement, la tête basse.
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MessageSujet: Re: The price of Arrogance   The price of Arrogance EmptyLun 30 Mar - 0:04


C
'était plus que ce que le Père de Tout n'aurait jamais été enclin à lui ployer, il était vrai, mais cela ne signifiait pas que la suggestion lénifiait la frustration du prince doré, qui abhorrait par-dessous tout ce sentiment d'impuissance qui lui tiraillait l'âme. N'y avait pas que sur les ruines d'alliances immémoriales qu'il se devrait d'ériger les prémisses de son règne, voilà qu'il lui fallait également guetter le firmament duquel pleuvaient les brandons des décisions paternelles – pouvait-il les qualifier d'erreurs ? Odin avait probablement eu ses raisons, du même acabit que celles qui l'avaient lui-même poussé à s'emparer de Thialfi et Roskva iniquement. Un acte dont d'aucuns discutaient avec controverse, mais qu'il ne regrettait pourtant aucunement, et jamais il ne battrait sa coulpe concernant le frère et la soeur dont la vie aurait été tout autre sans son incursion. Lui aussi continuerait à se faire auteur de hautes et basses oeuvres, plus ou moins légitimement, tel était le privilège de celui qui posait son séant sur le trône de l'Arbre-Monde. Qu'importait la sapience dont un roi était gorgé, l'omnipotence agissait parfois tel un opium dont on aimait abuser dans une réalité altérée, personnelle. Posséder les brides de l'univers, pouvoir influencer jusqu'à la plus infime des existences, apporter la luminescence du ciel ou l'obscurité des ténèbres en un tintement de phonème, voilà tout ce qui patientait pour le monarque à en devenir dont la conscience forcissait à vue d'oeil.
Attentif, il opina positivement du chef à l'évidence même que le dernier mot de cette proposition reviendrait au mortel même, à ce forgeron qui portait une estime toute relative aux déités qui régentaient sa vie. Aurait-il davantage de considération pour elles avec cette opportunité de fouler la Cité Eternelle ? Avec cette perspective de passer les prochains millénaires en compagnie de celle qu'il aimait, de celle qui lui avait donné un enfant ? Et Sunniva... L'imaginer sémillante à courir dans ces corridors cossus suffisait à pacifier une partie de sa tourmente, la fillette méritait, comme tout à chacun, de s'épanouir sous l'amour de ses parents. « Je me languirai de vos nouvelles dans ce cas, dans l'espoir d'apercevoir Aldarik du haut de mon trône la prochaine fois que nous nous verrons. » Et il était sincère, il lui souhaitait qu'un zéphyr de félicité puisse chasser les nues de sa voûte céleste après cette pléiade de siècles à la sapidité âcre.

Il n'était évidemment point question d'essoucher la petite nymphette à son père si celui-ci déclinait l'offre, mais le cas échéant, le mestre fêvre ferait preuve d'une bien belle idiotie. Quant à l'hoirie de cette même blondine, Thor sourcilla, un rictus d'aversion ballant aux lippes en supputant que Sköll puisse un jour se mettre en chasse de la descendance de sa présente martyre. Et si ce n'était pas Sunniva, ce serait les enfants de ses petits-enfants, quiconque ayant dans ses veinures l'héritage de la déesse du Soleil. Une fois encore, il se promit en silence d'étudier cette hypothèse avec l'espérance folle d'en trouver la clé, avant que son interlocutrice n'énonce une nouvelle requête. Le crâne sensiblement incliné sur le côté, l'adonis lui donna son agrément. « Faites. » Et il trouva juste de sa part de demander pour une conciliabule avec la Lune, à laquelle elle devait apprendre la véracité vérifiée. Maintenant qu'il y songeait, il s'interrogea sur la réaction d'un Máni qui avait abdiqué sur ses affects depuis bien longtemps. S'en était-il toujours douté, d'une certaine manière ? Et plus qu'une question de lui communiquer ce que serait son avenir, c'était un manque fraternel qui hurlait. Le blondin eut un pincement au palpitant en sentant son propre déficit quant à la compagnie de Loki, disparu il ne savait où depuis ce jour où la guerre avait éclaté. « Bien sûr. Lever votre astre plus tard ou imposez une éclipse, je n'en ai cure, si cela peut vous permettre de vous entretenir avec votre frère. Je veillerai à ce que les royaumes en soient informés, juste au cas où. » Il plissa les paupières. « Je vais faire mander des domestiques, que l'on vous donne de quoi vous vêtir avant que vous ne partiez. » Il lui fit signe de prendre sa suite, et tous deux sortirent de l'immense hall où ne demeurait qu'une arantèle de fissures dans le sol, témoin éphémère de la détresse d'une victime indûment condamnée jusqu'à la fin des temps.
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