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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Shadow to shadow

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Ràn Egildóttir
Ràn Egildóttir
déesse des tempêtes

ϟ MESSAGES : 5978
ϟ INSCRIPTION : 15/12/2013
ϟ LOCALISATION : à Asgard après de longues semaines d'absence
ϟ HUMEUR : plus fière qu'elle ne l'a jamais été

THE STORM BRINGER

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ϟ Mother of the Waves ϟ

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« Good enough to make the ocean look like it's a pond
Good enough to turn the valleys into mountain tops
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WITH WATER AND BLOOD



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MessageSujet: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyMer 14 Jan - 23:12

Shadow to Shadow
RAN & LOKI

Midgard. Le royaume méprisé, celui qui ne comptait pas. Si elle en occupait les profondeurs, elle se rendait peu à la surface. Elle n'aimait guère se mêler aux mortels, contrairement à bien de jeunes ases ils l'ennuyaient et elle ne trouvait nul intérêt à les côtoyer. Elle les observait toujours de loin, la plupart du temps alors qu'ils périssaient sous ses assauts maritimes. Depuis sept millénaires il était rares de la voir sur Midgard pour d'autres raisons que d'assouvir ses désirs de chaos. Mais à présent, seul le royaume des hommes semblait lui offrir ce qu'elle cherchait. La solitude. Elle ne supportait plus le calme oppressant du palais aquatique et refusait encore catégoriquement de se rendre à Asgard, Vanaheim ou tout autre lieu où elle risquait de croiser des indésirables. Alors une fois n'est pas coutume, elle s'était réfugiée sur Midgard, dans un lieu isolé qu'elle connaissait bien, un coin reculé du fjord qui bordait les alentours de Tromsø que les hommes nommaient la faille des naufragés. Les villageois racontaient un tas d'histoires à son sujet, de vieilles légendes selon les plus jeunes qui n'étaient pas moins effrayés à l'idée de pénétrer en ces lieux. La Tempétueuse était toujours très fière lorsque ses frasques frappaient à ce point les hommes. Elle se souvenait encore de ce naufrage, de cette violente tempête et des visages empreints de terreur avant que l'esquif ne se fracassent contre les récifs. Elle appréciait quand les naufrages spectaculaires dont elle était responsable marquaient durablement la mémoire des hommes, leur rappelant significativement que les dieux étaient aussi puissants que cruels. Un rictus étirant ses lèvres, Ràn observait le paysage mirifique qui s'offrait à elle. Elle avait le sentiment d'avoir le monde à ses pieds, seule face à la force et la quiétude des lieux. Un vent glacial vint balayer son visage tandis qu'elle fermait les yeux. Le froid, asphyxiant et reposant tout à la fois. Cœur de ses origines, il était pour elle un berceau et un linceul, rassurant et angoissant. Les yeux à nouveau grand ouverts, la déesse scruta le monde de son regard dur et imperturbable, plus glacial que l'air du fjord.

Sept jours s'étaient passés depuis la bataille de Nornheim. Un clignement d'yeux dans la vie des dieux, un grain de poussière dans l'immense sablier de leur existence. Et pourtant Ràn avait la sensation que l'éternité la séparait de cette tragédie. Depuis le temps s'étirait avec une lenteur difficilement supportable. Un calvaire nécessaire pour quiconque devait faire son deuil. La Mère des Vagues avait patienté quinze siècles pour faire face à cette épreuve. Elle avait obtenu les réponses qu'elle attendait depuis si longtemps et les excuses qu'elle n'attendait plus. Elle se sentait à présent vidée, sa vengeance n'avait pas été pleinement accomplie mais elle avait été beaucoup trop loin. Pour la première fois de sa vie, l'antique déité n'avait trouvé aucun réconfort dans le sang versé. Le massacre avait été vain, presque écœurant. A trop vouloir défendre l'honneur de son aînée, elle avait mis en péril la vie de ses huit autres filles et des rares personnes qui avait gagné son affection. Hefring et Asbjörn auraient pu rejoindre le Valhalla à cause de sa seule vendetta vengeresse. Elle se donnait la nausée. Vidée de sa rage contre Yggdrasil, vidée de toute envie de vengeance, il ne lui restait plus rien pour combler le trou béant qui lui faisait office de cœur. Sa colère contre Odin n'avait cependant pas désenflé mais dans un monde où chacun pleurait ses morts, il lui restait bien peu d'alliés. Elle espérait un face-à-face, elle n'avait pas obtenu tout ce qu'elle souhaitait, elle voulait l'affronter, affronter toute cette vérité, aussi terrifiante puisse-t-elle être. Et cela, sans les regards indifférents des jumeaux de Njörd ou la présence d'une autre mère bafouée. Dame Nature et Dame Tempête avaient beau être alliées, l'une et l'autre savait qu'il était temps de soigner ses blessures sans l'appui de qui que ce soit. Mais pour guérir de ses plaies, Ràn se devait de faire son deuil, dire adieu aux souvenirs qui hantaient constamment son esprit. Elle devait se débarrasser de son spectre et cela, elle n'en avait pour l'instant aucune envie. Dire adieu à Angeya était une chose encore inconcevable aux yeux de sa mère et pourtant, il ne lui restait que cela à faire.

Perdue dans ses sombres pensées, la Tempétueuse fut ramenée à la réalité du fjord par un renard qui venait guetter cette étrange intruse. L'animal au pelage incandescent plongea son regard ambre dans celui de la déesse qui ne broncha pas. Sans armes avec elle, elle n'avait aucune possibilité de le transformer en col et le petit mammifère ne représentait donc aucun attrait particulier. Cependant lorsqu'il décida de fuir sans raison particulière, son attention s'enflamma. Tendant l'oreille, elle perçut des pas en contre-bas. Depuis le légendaire naufrage, il était rare de croiser des mortels par ici, encore moins dans un endroit aussi escarpé que celui choisi par la Tempête en quête de solitude. Et alors qu'elle se redressait, cherchant à identifier l'intrus, elle se figea sur place. Elle n'eut aucun mal à reconnaître la silhouette longiligne et la chevelure d'ébène de celui que les hommes nommaient le Chaos. Loki Faurbautison, le Fils Déchu. Depuis son bannissement, son ancienne protectrice n'avait nullement cherché à le contacter, incapable de décolérer face aux vils agissements du Rusé. Sa surprise était donc entière lorsqu'elle le vit arpenter la pente rocheuse sur laquelle elle se trouvait. Il ne semblait pas l'avoir encore remarqué mais Ràn au contraire avait rapidement repéré son teint blême et ses traits tirés. La mortalité ne lui réussissait visiblement pas. Face à cette apparition, la déesse hésitait. Devait-elle lui faire regretter son odieuse trahison, devait-elle le railler ou l'ignorer ? Peut-être pouvait-elle aussi enterrer la hache de guerre, après tout ils avaient finalement un ennemi commun. Elle se contenta de le héler, lui signifiant ainsi sa présence. « Loki Odinson. Un serpent parmi les Hommes. Moi qui rêvait de solitude, les Nornes ont décidément un humour très particulier. » Son ton sarcastique ne plairait sans doute pas au Mensonge. N'importe qui aurait pesé ses mots en de telles circonstances car la déesse, aussi étrange que cela puisse paraître, n'était nullement armée et ses connaissances magiques étaient bien moindres face à celles de Loki. Tout affrontement pouvait lui nuire. Mais Ràn n'était pas n'importe qui et elle ne comptait pas s'aplatir face à un jeune dieu qu'elle avait en partie forgé. « Que fais-tu donc encore sur Midgard ? » Odin abdiquant, elle ne se faisait aucune illusion quant au sort de son troisième fils. Le jötun retrouverait toute sa place à Asgard une fois son frère aîné sur le trône.


FICHE PAR ROMANOVA

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Loki Farbautison
Loki Farbautison
dieu du chaos

ϟ MESSAGES : 940
ϟ INSCRIPTION : 30/06/2014
ϟ LOCALISATION : Mêlé à la gouape d’Asgard, dans quelque taverne ou bouge qui soit.
ϟ HUMEUR : Triviale, décadente, hostile à toutes bonnes mœurs.

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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyVen 16 Jan - 8:17

Shadow to shadow
Ràn Egildóttir & loki farbautison

L
a vénusté de cette lande sauvage ne trouvait aucune grâce aux yeux de l’Obsidien, car s’il avait pu, par le passé, trouver nombre d’allégresses à mirer le panorama que Midgard pouvait offrir, ces derniers jours n’avaient été qu’écueils de l’âme et du cœur pour le Paria d’Asgard. Ruines était son être, lambeaux de colère et d’amertume qui flottaient dans l’aquilon des griefs. Il avait quittée son épouse avec, sur son faciès exsangue, le rictus d’un fauve prêt à tout pour mordre les chairs de sa proie, irrémédiablement résolu à ne plus être ce fieffé pantin d’une Fatalité qui ne l’abhorrait que trop. Il irait voir Sól, il irait à la rencontre de l’Astrale et trouverait dans son verbiage l’éclairage nécessaire à la compréhension des derniers faits. Cheminant d’un pas sec dans la sylve tarie par la fureur d’un hiver septentrional, le Freux imprimait son esprit d’une pugnacité fébrile ; il renaîtrait de ses cendres, il exhumerait les siens du caveau dans lequel ils sombraient à présent. Par sa faute ? Ire et orgueil l’empêchaient de voir clair. De voir juste. C’était là une tare qui l’avait, par de nombreuses reprises, conduit dans les abysses de l’insanité. Mais tel était son fardeau : être né dans un berceau d’aigreur. La révélation faite sur ses origines n’avait fait qu’attiser ce qui avait ronflé en son for depuis des lustres. Progéniture des Glaciers et fils d’un roi cruel, il avait ouvert ses yeux pour la première fois en constatant le trépas de son peuple. Éveillé dans le sang et la mort, ses prunelles jadis d’un grenat iridescent s’étaient imprégnées à jamais du mot courroux. Et un nom, un seul, voltigeait sur l’autel de cette rage macérée, celui qui avait eu l’audace de prendre pour fils ce bien glorieux trophée de guerre. Celui qui avait taillé, ciselé et damasquiné la moelle du Prince Oublié dans la quintessence du mensonge. Et Mensonge il était devenu. Symbolisé à jamais comme tel. Damné à le rester. Odin, Père de Tout, avait été le feu rongeant les brides de ce qu’il avait créé : le Chaos en personne. Furie sans patrie, sans aucun royaume sur lequel veiller.

L’attentat au Palais d’Or n’avait été qu’un fragment de plus dans cette mer agitée que représentaient ses affects. Et que la garde personnelle du roi se soit ralliée aux insurgés n’avait fait que consolider l'exécration du Farbautison pour le suzerain et dieu des dieux. Sa divagation allait jusqu’à le bercer dans l’haïssable illusion d’un complot régalien, une cabale dans laquelle avait participé feu son père et devant laquelle avait été proprement amblyope cette mère pourtant tendrement chérie. Il ne portait plus aucune foi en quiconque, et tous les visages d’Asgard s’étaient rapidement dévoilés, dans le raisonnement du Thaumaturge, comme étant des menaces, des nocuités à sa personne et à sa famille.
Aux abords d’une clairière, les pas du démiurge firent halte, rompant la cadence effrénée de sa marche pour lever un bras qui vint pesamment s’écraser contre un tronc séculaire. Tout aussi bilieux qu’il fût, tourmenté et pyrétique, sur ses épaules croulait un harassement méphitique qu’il avait jusqu’ici rudoyé par le déni. La perte d’un enfant. La fragilité de Sigyn. La calomnie exécutée sur sa personne. Cette cataracte rancie n’avait pas non plus épargnée sa carcasse, mais au lieu de s’écrouler, de dévorer le limon en geignant de chagrin tel un méprisable fripon, il avait contracturé son émail et avait enduré. Enduré pour soutenir à bras le corps ceux qui en avaient eu le plus besoin, faisant fi de son prépondérant égocentrisme et de son narcissisme patenté. Maintenant que la masure était loin, pourtant, maintenant que Sigyn et les garçons se trouvaient à des lieues d’ici, il sentait la densité de l’affliction craqueler son flegme et sa roideur. Pliant l’échine et dévalant son faciès, il scella ses paupières et laissa ses mèches d’un jais brutal couler le long de ses tempes. Ses muscles noueux frémirent de son épaule au poignet, et dans sa poitrine naquit un souffle roué par des larmes anhydres. Se pouvait-il que l’on abomine tant un monde que cette répugnance ne ronge et ne détruise sa propre essence ? Ce dieu destructeur ne pouvait décemment point exister sans être la première victime de son fléau. Lippes étirées en un sinistre masque éploré, il gronda dans son buste puis sa gorge un long et rocailleux grondement cathartique. Sous sa paume, l’écorce du résineux parut flétrir, jusqu’à ce que sa vie entière ne dépérisse sous le regard impuissant de ses semblables.

A l’apogée de ce paroxysme, un phonème latent stria toutefois son encéphale. Voix d’un être adoré, clarté dans la pénombre, faisceau d’une lucidité empirique, il sentit dans l’imbroglio de son crâne l’oraison d’un frère qui depuis toujours, n’avait été que son gémeau de Lumière. Les paroles de Thor, simulacres bienfaiteurs, cheminèrent jusqu’au myocarde strangulé pour l’alléger a minima de son pantagruélique supplice. Calots diaphanes rouverts sur le sol perclus d’une neige immaculée, il inhala, puis exhala. Ceci trois fois. Comme trois sons de cloche sonnant le glas de sa neurasthénie. Râble déplié, sa patte déferla jusqu’à rejoindre ses flancs drapés de ces mêmes nippes triviales en cuir bouilli et laine. Le Flavescent allait bien, au moins assez pour penser à son puîné. L’algie durait néanmoins dans l’esprit de Loki ; si l’Invincible n’aurait – il en était persuadé dur comme fer – jamais participé à quelque attentat ambitionné contre sa famille, persistait dans ses prémonitions l’angoisse de l’inconnu. Qu’était-il advenu d’Asgard ? De la royauté ? Du peuple ? Des Ases ? Il allait bientôt le découvrir.

L’atmosphère sylvestre fit promptement place au zéphyr marin. A la terre meuble et les flocons, la rocaille du brisant vint recueillir les bottes du vagabond. Ah, comme le Prince avait perdu de sa prestance. Il aurait volontiers travestit son apparence dès le pied posé sur Asgard, non pas pour quelque fard d’anonymat, mais bien pour ses étoffes smaragdines et augustes. Las, ce ne se pouvait. Il allait devoir se rendre jusqu’à Sól dans son plus piètre apparat. Notion qu’il n’appréciait que trop peu. A quelques mètres du chenal intra-mondes, massé entre deux hauts flancs de falaise, un appel pour le moins inconvenant figea le Chaos jusqu’ici en pleine progression. Un feulement qui assombrit subito les ridules anémiques du Freux, et qui, serrant ses deux poings comme deux massues, détourna son crin noir pour scruter au-delà la divine silhouette. Ràn, Typhon des Mers, se tenait bel et bien là, et de son timbre corrodé, avait proféré l’ultime anathème sachant débusquer chez le fils de Farbauti des élans courroucés. Les multitudes de roches, les kyrielles de minerais composant leur parterre se fissurèrent de craquements patibulaires, égaux à la symphonie d’os broyés que sa sorcellerie molestait. Il n’avait point revu la Tempétueuse depuis qu’il avait lâché sur le patrimoine d’Asgard les crocs acuminés des ostrogoths ennemis, et savait depuis que la naïade avait perdu pour lui l’estime naguère entretenue. Il l’avait tant portée aux nues, tant admirée – voire même guignée avec un désir sourd d’homme envoûté –, qu’il s’était longtemps promis de racheter la confiance de la madone. Mais voilà que les cartes avaient changées, voici que sa patience geignait d’une douleur vive qu’aucune pugnacité n’aurait pu soulager. Aussi les propos vitupérés par la Trombe eurent-ils raison de son impassibilité. S’il était habituellement parangon de placidité, ses colères pouvaient, elles, déborder de ses pores comme sa diablerie le faisait de ses paumes. « Nous sommes deux à maudire Les Nornes, dans ce cas, de toute la blanchaille échouée sur la grève, il fallait que je tombe sur toi. N’as-tu donc aucun blizzard avec lequel dansotter, aujourd’hui, qu’il me faille te croiser à la surface des eaux ? » Fielleux à en crever, il articulait ses lèvres avec l’irritabilité d’un squale. Il eut un vague signe du chef, mirant l’océan puis de nouveau la frêle et néanmoins gracieuse silhouette. Poursuivant, il glaviota, la prunelle doublée d’une déconsidération quasi entièrement fallacieuse. « Ton palais de planctons aurait-il finalement été rasé par ce putrescent Saigneur de Tout ? » Il eut un ricanement vicié. « Diables, j’ai donc bel et bien raté toutes les réjouissances de cette grandiloquente mêlée. » Et dans son élocution, une légion de surins coléreux qu’il aurait tout aussi bien pu envoyer au vide des falaises.
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Ràn Egildóttir
Ràn Egildóttir
déesse des tempêtes

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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyLun 16 Fév - 23:41

Shadow to Shadow
RAN & LOKI

L'affrontement de deux cœurs de glace pouvait s'embraser en un rien de temps. Une moindre étincelle et tout était terminé. Les deux martyrs d'Odin ignoraient tout des tourments de l'autre et dans leur égotisme ne se laisseraient aucun répit. Ils n'étaient plus que des ombres vagabondes, errants dans les landes désolées de Midgard. Les loups de Jötunheim étaient blessés mais le plus infime des sursauts leur permettrait sûrement de se sauter à la gorge. Leurs paroles acerbes en étaient la preuve. Un genou à terre, plongés dans des ténèbres dont ils ne semblaient plus voir la fin, ils n'en étaient l'un et l'autre que plus dangereux. Piquée au vif par les railleries du Serpent, la déesse releva le menton avec un air de défi. Ce palais de planctons dont il semblait espérer la disparition, il oubliait un peu vite qu'il avait été pour lui un refuge quand Asgard lui tournait le dos. Il oubliait qu'il y avait fait couler le sang sans que la maîtresse des lieux ne hausse le ton. Elle avait même volontiers fermé les yeux, comme tant de fois auparavant. La remarque vipérine du Chaos la mettait donc hors d'elle et son regard de glace s'enflamma aussitôt. « Baisse d'un ton face à moi, Loki. Tu oublies à qui tu t'adresses. Tu n'y es peut-être plus le bienvenu mais chacune des tourelles de ma demeure se portent à merveille. Quant à sa Majesté Odin... » Elle baissa la tête, étouffant un rictus. Le sarcasme était évident et révélait parfaitement les pensées de Ràn concernant le souverain déchu. « Disons qu'il n'est plus vraiment en position pour raser quoi que ce soit. » Son ton persifleur dénotait de son état d'esprit. Elle se réjouissait de la montée de Thor sur le trône mais la Tempête n'arrivait pas à voir ces événements autrement que comme une demi-victoire qui laissait sur son palais un goût aussi amer que celle de Jötunheim. « Ainsi donc la nouvelle n'est point arrivée jusqu'à Midgard ? Ne te rends tu pas à Asgard pour pavaner aux côtés de ton frère ? A moins que l'envie de cracher au visage de ton fourbe de père ne soit plus forte. » Un sourire ironique se dessina sur son visage. « Il semblerait en effet que tu n'aies pas le monopole du mensonge et malgré tous les reproches que tu peux faire à ce misérable, il t'aura formidablement bien enseigné cet art délicat et n'a rien à t'envier. Mais même à Asgard les traîtres finissent par choir de leur piédestal. » Elle tourna un temps le dos à Loki, admirant le paysage de désolation qui s'offrait à eux. Drapée de noir, la Tempête était tel le corbeau perché sur un branchage, mirant la lande avec le regard avide du charognard affamé. Tout n'était que cendres à sa bouche et rien ne semblait la rassasier. Pas même cette rencontre fortuite avec celui qui avait tant alimenté ses colères. Elle avait vitupéré contre le jeune dieu durant des lunes, crachant son venin sitôt qu'elle posait les yeux sur les derniers vestiges de sa trahison. Mais bien vite, les agissements du père effacèrent ceux du fils. Loin d'être pardonnés, ils étaient devenus moindres aux yeux de Ràn dont le cœur pourrissait par la faute du roi félon.

Une brise vint faire voler ses cheveux d'ébène tandis qu'elle fixait le vide du fjord, le dos toujours présenté au fils d'Odin. Le dieu dans toute sa fourberie aurait pu sans mal la pousser vers les abysses mais elle ne s'inquiétait pas. « Tu as en effet raté bien des « réjouissances » et je doute que la survie de mon palais fasse partie de tes préoccupations premières. Je ne te retarderais donc pas plus longtemps, va donc fureter à la recherche d'informations plus croustillantes.Tu n'as certainement pas envie de les entendre de ma bouche, ma présence semble t'incommoder. Quel comble ! » Elle ricana avec une ironie certaine. La réaction de son ancien protégé la laissait en effet perplexe. Elle était persuadée que sa propre rancune était la plus légitime. N'avait-elle pas été une victime indirecte de son terrible complot ? Par son âge avancé, n'avait-elle pas été de ceux à avoir le plus souffert de l'absence des pommes ? N'avait-elle pas risqué sa vie pour retrouver et sauver Idunn malgré le mépris qu'elle lui réservait habituellement ? Et lui, qu'avait-il à lui reprocher en dehors de cette colère dont il n'avait jamais eu le loisir de souffrir jusqu'ici ? Longtemps favorisé par la Mère des Vagues, l'Odinson avait en effet été protégé des humeurs de la dame qui pourtant n'épargnait généralement personne.

Elle espérait que le dieu s'éloigne sans demander son reste. Elle doutait évidemment qu'il s'abaisse à une telle chose, ils étaient faits du même roc et s'ils venaient à baisser les armes c'était souvent pour masquer d'autres manigances. Sentant toujours la présence du Chaos dans son dos, la Tempête se décida enfin à retourner son visage vers lui. « Mais si jamais l'envie de me faire une faveur te venait, n'hésite pas à cracher au visage d'Odin pour moi. Cela me soulagerait grandement, à défaut d'avoir mieux. » Aegir lui avait invectiver l'interdiction formelle de rendre seule visite à Odin. Il craignait sans doute que sa volcanique épouse ne termine ce qu'elle s'était juré de faire depuis que la vérité avait éclaté. Si elle ne craignait en rien la colère de son époux si elle venait à manquer à sa parole, elle savait pourtant qu'elle pourrait difficilement outrepasser cet ordre. Heimdall avait dû être mis au courant et veillerait personnellement à ce que son aïeule ne s'empêtre pas dans ce désir de vengeance inachevé. Le regard sombre et glacial, elle se tourna complètement vers le jötun. « Va donc, je ne voudrais pas te déranger plus longtemps. Asgard doit te manquer malgré tout, n'as-tu pas une épouse à revoir ? »


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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyMar 17 Fév - 20:49

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Ràn Egildóttir & loki farbautison

E
ntre engeances des neiges éternelles, ils se reconnaissaient fort bien, pis, même, ils s'abîmaient au mieux. Jamais le fils de Farbauti n'avait combattu pareille langue, car de tempétueuse, Ràn n'en avait pas seulement l'étoffe, mais aussi l'essence, et de fait le verbe. Infatuée comme bon nombre de ces hautes prééminences veillant sur les crânes des hominiens, elle exhibait avec fiel les ergots de son courroux. Et c'eût été un doux euphémisme que d'avancer chez le jötun un quelconque déplaisir, comme on lui rappelait sciemment l’asile qu'il avait jadis pu trouver chez le couple des mers. Il ne s'y était toutefois guère attardé, tout au plus quelques brèves échappées, pour que l'on ose avancer sur la tablée une bien injurieuse gratitude. S'il avait maintes fois engoncé ses exécrables marottes de dieu antipathique en face d'Aegir, nul doute ne persistait en ce peu d'admiration qu'il portait au seigneur. C'était un fait, il n'avait jamais eu pour le démiurge des ressacs qu'une estime tout à fait vénale, celle de rester sage pour ne point attiser l'écume. Mais pour ce dit palais, il ne portait aucune affection, pas même l'ombre d'une prédilection. S'y être abrité tout au plus trois petites fois en des siècles de sévices n'avait pas fait de la demeure marine un paradis à encenser. Surtout lorsqu'on n’en appréciait ni les hôtes, ni les autres convives – croiser la silhouette de son irréconciliable fille au détour d'une galerie avait achevé de convaincre sa répugnance. Y avoir été le bienvenu ? Ah ! Qu'il pouvait se gausser. La seule matrice où il avait pu un jour être ledit bienvenu avaient été les geôles du Castel d'Or. Et voici qu'en plus elle le sommait comme un enfant de baisser ce ton dont elle ne se complaisait vraisemblablement pas ; et pour qui diable le prenait-elle ? L'une de ses sacrosaintes ondines courant les versants du royaume des Hommes ? Il avait dépassé depuis des éons l'âge de se faire gronder, quand bien même elle fût la sagesse incarnée devant sa – bien relative – jeunesse. L'humeur de dogue n'arrangeant décidément rien, le paria eut sur les pourtours de son visage un rictus méprisant, aboutant de ses furieux orbes les cambrures de la naïade discourant à quelques soupirs de là.

Ses ridules flambèrent toutefois bien vite, lorsque Ràn niella son aparté d'une révélation cardinale, voire vitale. Venait-elle de lui concéder le trépas du roi ? L'idée, bien que fugace et ténue, traversa suffisamment vite la sapience du Freux pour alléger avec grâce la pesanteur de ses monstres – ceux-ci même tapis dans les tentures de son cœur. Il s'était même, d'élan enhardi, approché de quelques vains pas en direction de son interlocutrice, poings serrés et muscles bandés, attentif comme une bête, curieux comme une comète cinglant l'atmosphère. La prolixité du ton féminin le cloua néanmoins derechef sur les rocailles, ingérant les éclaircissements avec pénibilité et hérissement. Non, Odin n'était pas mort. Thor s'était emparé du trône mais avait vraisemblablement, dans une mansuétude que le puîné ne devinait que trop bien, laissé la vie sauve au bien-aimé pater. Comment, par tous les rampants du Helheim, avait-il pu croire un seul instant que l'héritier et non moins favori aurait l'audace de trancher la main qui l'avait porté aux sommets de sa gloriole ? Il s'était figuré que la colère du Tonnerre serait suffisante pour qu'il abatte une fois pour toutes l'oligarque de leurs maux, mais force était de constater que de noble, le Guerrier en avait toutes les prérogatives. Le régicide n'avait été qu'affaire d'illusion, quant au parricide ? Impensable, évidemment. Et l'affliction d'une telle nouvelle pesait sur Loki jusqu'à l'en suffoquer, l’époumoner d'un souffle odieux et rance qui filtrait de ses narines avec langueur. Prunelles démentes et délirantes, il lorgna le parterre avec frénésie et non moins circonspection, avant de broyer le soliloque fourni d'un puissant et mortifiant :

« Il suffit ! »

Auquel il aurait fait tonner sa sorcellerie, si par quelque miracle ou trouble obédience, la dame ne s'était point tue. Thor sur le trône. Odin vivant. Cela était trop, bien trop, pour supporter une autre salve de confabulations. Non. Ce n'était pas ainsi que cela devait se passer ! S'il ne s'était pas opposé à la vision de l'Invincible régnant sur Asgard, c'est parce qu'il avait soustrait au tableau la carrure de buffle que représentait ce Père de Tout ; piètre consolation à la malédiction de l'ombre qui lui aurait collé au râble, mais satisfaction notoire pour dulcifier une jalousie de prince né pour être roi. Son chaos, il le savait, aurait été rasséréné – du moins pour un certain temps, car il ne fallait pas être amblyope et sot pour savoir que, tôt ou tard, le fils des séracs aurait trouvé quelque riposte à émettre. Une fois le silence recouvré, les paroles de la sylphide trouvèrent néanmoins plus aisément le chemin de l'écoute, un layon loin d'être exclusif à ce nombrilisme pourtant bien pansu, chez l'Obsidien. Odin menteur, de cela, il n'était que trop au fait. Avoir recelé durant des lustres la véritable identité de cet adopté rendu trophée avait démontré toute le propension du monarque à se faire imposteur. Mais il sentait poindre chez Ràn une toute autre considération autrement plus concernée qu'une révélation datant maintenant d'un long et triste siècle. Quel était ce sarcasme qu'il pourléchait dans le timbre de la belle ? Que les Nornes l'emportent, il avait tant ourdi dans les couloirs que se savoir aussi peu averti l'agaçait profondément. Ni omniscient ni plus tout à fait sycophante pour son propre compte, il n'avait pu compter depuis son exil que sur les brefs et grêles retours venus d'oiseaux lui pépiant à l'oreille. Et autant dire qu'ils étaient bien peu, ces dits volatiles, car l'on craignait de perdre ses plumes, à trop côtoyer le félon – lorsqu'on ne l’exécrait pas carrément.

L'éphèbe se mit à guigner l’allure assombrie qui se sustentait à présent du panorama sans plus un regard vers lui, et, brusquement, aussi vif qu'un éclair tombant dans les flots, il se souvint pourquoi il avait tant ardemment désiré et admiré cette dame. Quelque chose de magnifique et de terrible se dégageait sans cesse d'elle. Car elle était semblable à une tragédie en bord de falaise, semblable à un spectre vêtu d'une austère poésie, à un meurtre drapé de vent. Quel comble, oui, elle pouvait bien le dire. Où donc s'étaient envolées ces primes années où il la mirait avec la passion d'un fou qui se tait dans le silence de sa raison ? Où donc s'étaient envolées ces mémoires d'outre-temps, lorsqu'elle appliquait sur ses innombrables méfaits les panacées d'une défense qui lui avait semblée, naguère, absolue ? Oui, il avait pris l'affection et le loyalisme de Ràn pour acquis, et peut-être cela avait-il comblé sa fierté ; s'il n'avait pu prétendre un seul instant formuler à la déesse toute la passion qu'elle lui inspirait, au moins avait-il pu s'assurer, continuellement, de son soutien. Une victoire qui s'était finalement rompue, un triomphe qui l'avait mené dans le caniveau du rejet et de la rancœur. Elle lui avait tourné le dos comme elle le faisait à présent, blessée à l'égal des écores par l’effroi et la mort qu'il avait offertes aux racines d'Yggdrasil. S'était-il seulement excusé, non pas envers tous ces martyres, mais auprès de celle, incontestablement, pour qui l'estime comptait le plus à ses yeux ? Nullement. Entre incarcération, procès, condamnation et pénitence, il n'avait trouvé ni la force ni la bravoure de se rendre aux pieds de la Tempête pour réclamer indulgence et pardon ; deux trésors qu'il était de toute manière certain de ne jamais, jamais plus récolter de sa part.

« Ce ne sont pas mes glaviots, que je lui réserve. »

Il venait de répondre avec, sur les lippes, le nectar du dégoût, de la haute répugnance que rien n'égale, pas même l'aversion de sa propre quintessence, de ses propres péchés dont il était toutefois bien éclairé. D'une foulée lente, puis d'une seconde et ainsi, d'une kyrielle d'autres, il s'approcha de l’escarpement pour rejoindre à une distance neutre son gémeau de froideur. Mutique un long moment il contempla l’étendue et ses abysses nautiques en concassant les mâchoires avec courroux. Un courroux qu’il n'adressait d’aucune sorte à Ràn, mais au monde entier. Ou peut-être juste à lui, et à lui-seul.

« Asgard n'est plus pour moi qu'un précipice, un précipice qui attend avec patience ma chute. »

Son échine se plia et ses mèches de jais fluèrent contre sa carne ivoirine. En contrebas, les vagues mugissaient et fracassaient leurs cavaleries mousseuses contre la roche.

« Quant à mon épouse, je la quitte tout juste. Enfoncée dans des draps de sang, ensuquée de peur et d'agonie. » Et rauquant promptement, tournant le faciès vers la madone sans pour autant l'observer, préférant de loin lapider l'immensité de l'horizon : « J'ai pris à Asgard, mais Asgard à su reprendre son dû ! Que n'ai-je encore à endurer de plus douloureux que l'exil, la pauvreté, l'avilissement et la perte d'un enfant pour que vous en soyez suffisamment rassasiés ? Peu me chaut d'en arriver à ma propre mort, mais par les Neuf, que cela prenne fin. »

Retrouvant son flegme assassin, Loki allégua néanmoins, plantant cette fois bel et bien ses calots contre les traits de la vénusté, sourcillant de peu et mastiquant ses mots avec l’opiniâtreté d'un fléau.

« Mais à partir, sache-le, je ne partirai pas sans emporter avec moi l'effigie d'Odin. J'ai pu être pleutre, je le sais, mais la satisfaction de le voir enfin disparaître saura hautement compenser ma propre fin. Si je ne puis vivre roi, alors autant mourir en héros. » Il eut un rire amer, gondolé de corrosion. « En héros, entends-tu cela ? Il n'y a pas meilleure farce pour le Mensonge que de se mentir à soi-même. Eh bien si je ne suis le héros de personne, au moins serai-je le monstre vous ayant débarrassé de son créateur. »

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Ràn Egildóttir
Ràn Egildóttir
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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyLun 9 Mar - 22:13

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RAN & LOKI

Le phonème la cloua sur place un bref instant. D'autres se seraient alors demandé s'ils n'avaient pas été trop loin. L'allure du Chaos en ce jour inspirait la méfiance, plus que d'ordinaire. Depuis sa venue au monde, il semblait se complaire dans la noirceur des abysses mais à présent il semblait plus proche du précipice que jamais. Était-ce l'exil ou sa nouvelle mortalité qui pesaient donc à ce point sur son âme tourmentée ? La déesse l'ignorait totalement et n'en avait que faire. Autrefois lui aurait-elle tendu une main secourable au risque que le loup ne vienne la lui mordre mais depuis près d'une année, le Ténébreux pouvait crever la bouche ouverte qu'elle n'avait nullement l'intention de lever le petit doigt. Et peu lui importait son teint pâle, ses traits tirés et son air sinistre. Peu lui importait la dangerosité qu'il insufflait soudain. Elle n'était pas de ceux qui reculaient. Et elle savait que sa soudaine colère ne lui était pas réservée. Les effusions bilieuses du prince noir n'étaient destinées qu'à son sinistre père. Elle n'était pas sans ignorer la haine tenace qui liait Loki à celui qui l'avait sauvé du désert de glace qu'était Jötunheim. Elle l'avait vu enfler siècles après siècles sans jamais s'interposer. Elle avait laissé faire, satisfaite de voir Odin malmené par l'un de ses enfants. Mais à présent, elle devait l'admettre, elle ignorait jusqu'où cette haine destructrice mènerait Yggdrasil. Elle grandissait en lui de jour en jour et semblait ne trouver aucune apogée. Loki précipiterait le Ragnarök ou sa propre mort. Tel était le destin que lui réservait les Nornes, cela ne faisait aucun doute. Le prince maudit vint alors furtivement aux côtés de la reine des profondeurs. Plongés dans le silence du fjörd, ils se tenaient là immobiles et mutiques, perdues dans leurs sombres pensées. Étrange et funeste tableau que voilà qui pourrait glacer le sang de tout mortel s'aventurant dans ces landes désolées. « Nous ne sommes pas nés pour survivre à la lumière opulente d'Asgard. » commenta-t-elle distraitement avec un petit rire aigre. C'était la plus stricte vérité. Ils n'étaient pas faits pour l'éclat de la cité d'or. Et si la Tempête supportait les scintillements luxuriants du palais aquatique c'est qu'elle savait y trouver l'ombre nécessaire à sa félicité. Loki, lui n'avait connu qu'Asgard et la seule ombre dans laquelle il pouvait se réfugier était celle démesurée de son aîné. L'histoire insufflait une ironie proche du sadisme.

Quand enfin, le Chaos leva le voile sur le sort de son épouse, la Tempête tourna enfin le visage dans sa direction. Les traits figés par la stupeur et l'horreur. Le sang abandonna soudain le visage déjà pâle de l'Egildóttir. La révélation froide du prince déchu avait eu sur elle l'effet de la Foudre sur le chêne isolé. La haine sourde qui liait la Tempête à l'Amour était connue de tous à Asgard et depuis longtemps on évitait d'imposer la présence de la seconde à la première, au risque de subir leur courroux et leur mépris. Depuis des siècles la souveraine des océans ne ressentait que du dédain à l'égard de Freyja et des siens, excepté son jumeau depuis longtemps lié à Aegir par une amitié indéfectible. De tous les enfants de la cheftaine des Valkyries – titre pompeusement usurpé – la Fidélité avait été la seule à ne jamais souffrir du mépris de Ràn pour bien des raisons, à commencer par la relation tendue qu'elle entretenait avec sa mère. Voir l'Amour tenue en échec par l'une de ses propres filles était un spectacle délectable aux yeux de sa plus grande rivale qui ne s'en cachait évidemment pas. Plus jouissif encore que l'échec d'Odin face à Loki c'était bien c'était bel et bien l'échec de Freyja avec sa seconde-née qui lui apportait la plus grande satisfaction. Il fallait bien avouer que ces deux-là s'étaient finalement bien trouvés, quoique les médisants aient pu en dire. Savoir Sigyn entre la vie et la mort était pour Ràn une nouvelle effroyable. Combien de vies innocentes seraient prises pour la grandeur de l'Arbre Monde ? Elle jeta un regard furtif en direction de Loki. Longtemps, elle avait posé sur lui le regard d'une mère, un souvenir aussi nébuleux que le Soleil un jour d'éclipse. Pourtant, près d'un an après la terrible bataille de Jötunheim, elle semblait voir le Mensonge comme si elle venait de s'éveiller. « Je l'ignorais. » se contenta-t-elle de répondre, encore assommée par la nouvelle. D'autres devaient pourtant le savoir, une princesse d'Asgard ne pouvait quitter la Cité Éternelle sans que personne ne s'émeuve. La Tempétueuse grinça des dents. Tandis que la Mort hantait la plaine de Nornheim, des couards avaient eu dans l'idée de se faire justice eux-même. Odin pouvait être fier de ses ouailles. Formant une coupelle de ses mains, elle se masqua le visage durant un bref instant, souhaitant effacer vainement les marques du temps et des épreuves. Lorsqu'elle se tourna de nouveau vers le Chaos c'était pour lui offrir un rictus incrédule. « En héros ? Le monde n'est guère clément avec ses héros. Je croyais que tu l'avais compris mieux que quiconque. Les lâches vivent glorifiés, les héros meurent ignorés. On vient de t'en apporter la preuve une nouvelle fois. » Sa colère venait à nouveau de s'éveiller, elle tentait vainement de la fuir et elle revenait chaque fois plus forte et plus destructrice. La fuite n'était décidément pas pour elle. Les deux enfants de Jötunheim s'abîmaient dans la noirceur de leurs tourments. « Mort entre tes mains, Odin tombera en martyr. Les lâches qui ont tenté d'occire ton épouse seront alors élevés au rang de légende et gangrèneront bientôt l'Arbre Monde jusqu'aux racines. Est-ce donc cela que tu désires ? » Sa voix s'élevait entre les falaises escarpés du fjörd, plus forte qu'elle ne le voulait initialement. Mais elle n'y pouvait rien, elle ne supportait pas cette idée, simplement. Malgré toute la rancœur qu'elle ressentait pour le Farbautison, elle ne pouvait supporter l'idée de ce sacrifice stupide et irréfléchi qui offrirait un nouveau succès aux âmes nécrosées d'Asgard. « Sais-tu quels couards se cachent derrière l'attentat visant les tiens ? » demanda-t-elle alors. Si elle était sincèrement touchée par le sort réservé à la Fidélité et ses enfants c'était aussi son propre foyer qui la poussait à poser cette question. Il fallait visiblement s'attendre à tout à présent. Si la trahison du prince noir pouvait pousser des guerriers à assassiner une déesse sans défenses, qu'adviendrait-il de ceux ayant poussé Odin hors du trône ?


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Loki Farbautison
Loki Farbautison
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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyJeu 19 Mar - 19:15

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Ràn Egildóttir & loki farbautison

L
a prunelle du Freux vaquait à sa contemplation de la vaste étendue bleuâtre, mais son ouïe, affinée par nombre de voix passées, faisait tremper dans son crâne des échos réflexifs. Les contestations de la Tempête, il ne les prenait bien évidemment pas pour une quelconque sollicitude affectée, mais pour le seul desideratum inachevé qui leur laissait à tous deux le goût de l'amertume : Odin bel et bien vif. Et ce qu'elle arguait avec force savait trouver chez le dieu une certaine voie de raison devant laquelle il ne pouvait rester aveugle. Nombre de fois il avait été porté par le courroux, mais à aucun instant l'impétuosité de ses actes n'avait pris le pas sur ses idées savamment abouties. Et c'était bien là tout le reproche qu'on pouvait lui faire, car aucune de ses exactions ne devait être considérée comme étant pure aliénation, puisque l’on ne pouvait invoquer aucune déviance dans un si scrupuleux esprit. Las, il constatait à présent qu'un furieux démon nommé Affliction s'était emparé de cette rocaille, ersatz de cœur, et avait menée sa langue à fourcher de la plus insane des manières. Ràn désapprouvait fortement, et Loki ne pouvait qu'adhérer à ses semonces. Dans un silence taillé au fer, il rongea l'horizon durant un long moment avant d'écarter ses fines lippes, et de songer que cette entrevue fortuite – et entamée comme laborieuse – ne serait peut-être pas si vaine que ça.

« Les mêmes couards qui tiennent le palais royal en sûreté. »

Il ne s'agissait après tout pas d'un mensonge, car sa famille avait bel et bien été attaquée par les Einherjar du castel. Il omettait simplement l'organisation plus qu’occulte d'un tel attentant, pour faire sciemment couler l'horrible responsabilité sur les épaules d'un seul et même homme.

« Odin savait pertinemment où se trouvaient Sigyn et les garçons... Il savait pertinemment que je n'aurais jamais eu la démence de rejoindre Asgard, même si la guerre battait son plein. Il savait, pertinemment, à quel point j'aime me terrer dans la pénombre de l'exil après que Thor ait eu la folie de me délivrer. »

Il savait la divine suffisamment emplie de rancœur pour gober sans réserves l'entier morceau de sa fable. Le véritable assassin de son enfant – et agresseur de son épouse – courait toujours, un pendard poussé par le chagrin des crimes commis par le jötun, mais si le Farbautison comptait bel et bien abroger, tôt ou tard, la vie du faquin, c'était surtout Le Père de Tout qu'il souhaitait voir souffrir. Comment le monarque des dieux avait-il pu être intégralement sourd aux rumeurs s'élevant des rangs de ses fiers et loyaux sujets qu’étaient ces chiens de gardes ? Comment avait-il pu ne pas sentir dans l'atmosphère de son propre palais le fumet ranci du complot ? Ah, d'autres chats à fouetter, certes il en avait eus. Et puis l'on allait bientôt invoquer sa sénescence pour le disculper, aussi ! Dans tous les cas, il ne fallait pas demander au prince de trouver dans cette sordide affaire la moindre exégèse tout à fait saine, car, tout rongé qu'il était de son ire et de ses glaires, il avait trouvé chez Odin le perpétuel fautif ; d'autant plus lorsque tout se synthétisait avec cohérence.

« J'entends tes paroles. Les considère. Je me fourvoie parfois dans le canevas de mes pensées, et bien que j’en omette rarement les brèches, il m’arrive depuis quelques temps déjà de me perdre dans leurs abysses. »

C'était bien la première fois qu'il avouait de vive voix être corrompu de la moelle jusqu'aux chairs par les vicissitudes de ses tourments – tourments que la mortalité et l'ostracisme attisaient en son for intérieur. Sans défaire ses calots de l’onde, il reprit d'un masque roide.

« Mais il doit périr, tu en conviendras. Son être et sa présence entiers sont un affront au royaume, et, par-delà les lunes à venir, seront une ombre travestissant l’autorité de mon frère dans l'avilissement. Thor se rend-il au moins compte que son cœur noble ne le mènera qu'au déclin de son jeune règne ?! J'enrage de l'imaginer à la fois si magnanime et si sûr de son choix, une couronne ne repose pas uniquement sur un crin, mais aussi et surtout sur les appuis de vassaux et alliés. Où seront-il, ces dit alliés mortifiés en silence, lorsque la tension des feudataires sera hissée à son comble ? La peste les emporte, lui et son aplomb de lion, il ne connaît encore que trop peu le mot sacrifice pour mériter son trône. »

Si le phonème était resté d'une indicible quiétude, les ridules de Loki s'étaient, elles, tordues d'une hargne tout juste cadenassée. À son monologue vint feuler l'aquilon marin, saboulant les mèches noires cerclant son portrait, avant qu'il ne se taise, puis reprenne, tournant le regard vers la déesse.

« Cette bataille. Veux-tu bien m’en conter les chapitres? Y a t-il eu des pertes conséquentes ? T'a t-on arraché nombre des tiens ? Et puisque tu me dis Odin encore en vie... Qu'est-il arrivé à Jörd ? »
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Ràn Egildóttir
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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyLun 6 Avr - 18:18

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RAN & LOKI

Les prunelles de la déesse ne tardèrent pas à s'animer d'un nouveau feu. Flammes dévorantes qui la consumaient chaque jour un peu plus, détruisant au gré de ses colères ce qu'il restait de son cœur noirci par la rage et gelé par la douleur. Odin avait donc récidivé en envoyant ses chiens occire l'épouse du Chaos tandis que lui-même avait quitté Asgard pour éliminer définitivement la mère du Tonnerre. Combien de femmes innocentes pouvaient être ainsi considérées comme des victimes collatérales à la gloire du Père de Tout ? Combien d'entre elles avaient finalement trouvé la mort par sa seule volonté ? L'orage grondait en elle tandis que Loki lui faisait part des éléments dont elle ignorait tout et ses paroles ne tardèrent pas à faire écho en elle. Un écho terrible et dévastateur. Le jötun avait habilement mené son opération et avait emprunté la brèche qui lui permettrait de rallier la Tempête à sa cause. S'il s'agissait d'un mensonge de plus sorti de sa bouche, du moins une vérité travestie, la déesse était bien incapable de le déceler. En vérité toujours fragilisée par les derniers événements qui lui firent perdre pieds, elle était prête à croire n'importe quelle histoire abracadabrante, pourvu qu'elle lui offre une nouvelle raison de haïr Odin. Aussi les paroles du Mensonge furent crues dès qu'elles furent prononcées et l'imagination de Ràn eut même le loisir d'enjoliver l'histoire à sa sauce. La brèche était ouverte et ne demandait qu'à croître encore davantage. D'une simple phrase, Loki se dévoila un peu plus et son ancienne protectrice prit alors conscience que tous deux se ressemblaient plus qu'elle ne l'aurait jamais crue. Tous deux étaient prisonniers des abysses dans lesquelles ils s'étaient enfermés. Malgré tous leurs efforts, ils semblaient incapables de s'en défaire complètement. Le cœur de la déesse se mortifia un peu plus face à cette douloureuse vérité.

Avec la volonté de chasser ces sordides pensées, elle préféra donc offrir au Fourbe le récit qu'il venait de lui réclamer. « J'en remercie les Nornes, aucune de mes filles n'a rejoint le Valhalla. Ma dernière née se trouve encore entre les mains de Eir mais elle semble tirée d'affaire. Le Félon ne m'en arrachera pas une de plus. » cracha-t-elle dans un phonème sourd. « La bataille fut terrible. J'ai vécu bien des guerres mais j'ai rarement connu un tel carnage. Notre fourbe de roi avait réussi à attacher les nains de Vanaheim et le dragon Nidhögg à sa cause. » Une légère grimace défigura ses traits tandis qu'elle repensait au charnier auquel ils avaient miraculeusement survécu. « Il n'eut même pas le courage de mener la bataille lui-même. Laissant la sale besogne à Tyr, sans doute trop fier de recevoir enfin l'intérêt paternel. La défaite était imminente pour les troupes de Jörd, Nidhögg décimant chacun de nos rangs à chaque assaut. Malgré l'intervention pacifique de Sif et des siens, parmi lesquels se trouvait ta fille, pour mettre un terme à la bataille, tout semblait joué d'avance. » Elle marqua une brève pause avant de poursuivre son récit. L'introduction devait finalement peu intéresser le Fourbe qui attendait sans doute avec plus d'impatience l'épilogue. Pourquoi avait-on laissé Odin en vie ? « Heimdall vint finalement sonner le glas des combats, annonçant que le Père de Toute Chose venait de céder sa place à son premier-né. Ce n'est qu'après que l'entière vérité nous fut dévoilée. Odin avait quitté Asgard pour Svartalfheim. Tandis qu'il avait conduit Tyr à décimer en son nom la moitié de l'Arbre Monde et qu'il avait ordonné l'élimination des tiens, lui avait eu l'odieux projet d'occire Jörd lui-même. La Terre fut sauvée in extremis par son unique fils qui s'interposa pour se faire empaler par Gungnir à la place de sa mère. Ton frère a frôlé la mort et on le dit encore très affaibli. » conclut-elle dans un soupir. Elle savait que de tous les enfants d'Odin, Thor était le seul pour qui Loki ressentait un semblant d'affection malgré les derniers mots sévères qu'il venait d'adresser à son égard. Tous deux étaient malgré tout lié d'une bien singulière façon et le fils déchu méritait sans doute de connaître le sort de son aîné.

Les traits de la déesse se figèrent ensuite en un masque de mépris. « La régence fut laissée à Odin en attendant le complet rétablissement du Tonnerre. » Elle fut alors secouée d'un rire jaune. « Frey et sa perfide de sœur ne voulaient que l'indépendance de Vanaheim. L'idée de le laisser sur le trône quelques semaines de plus ils n'en avaient cure du moment qu'on leur donnait ce qu'ils voulaient. Quant à Jörd, dévastée par le sacrifice de son fils elle n'était pas en état de revendiquer quoique ce soit de plus. Et de toutes façons, elle venait de jeter Odin hors du trône pour y placer son fils, elle avait obtenu tout ce qu'elle était venue chercher. Quant aux hommes de ma lignée, ce sont des êtres magnanimes et prudents, malgré la haine qu'ils éprouvent à présent pour le Père de Tout, ils ne voulurent pas créer d'esclandre en pleine négociation. Dans ces conditions, il me fut difficile de voir mon vœu le plus cher exaucé. Les Einherjars se tendaient dès que j'osais lever le petit doigt. » Un nouveau rire la secoua. « Dans ces conditions, m'en prendre physiquement à Odin aurait été aussi vain que stupide. Et depuis on m'éloigne d'Asgard du mieux possible. » Elle ne cherchait nullement à se défendre face au Farbautison, elle ne faisait qu'évoquer à haute voix un regret qu'elle taisait depuis des jours. Tournant en rond comme un lion en cage, elle se sentait plus impuissante que jamais. Elle voulait affronter Odin mais on la muselait. Comment voulait-on qu'elle passe à autre chose, comment voulait-on qu'elle aille de l'avant si on l'empêchait d'accomplir la seule chose qui le lui permettrait ? « Il doit payer, tu prêches déjà une convertie. Il est une véritable gangrène pour ce royaume. Mais s'il périssait maintenant de ta main ou de la mienne, je n'ose imaginer dans quel chaos nous plongerions Asgard. Le peuple est crédule et malléable, il se range à sa cause les yeux fermés. On dit Jörd haïe de tous dans les rues de la cité. Quant aux plus opportunistes, ne nous voilons pas la face, ils accueilleraient sa mort comme une aubaine mais ne tarderaient pas à faire tomber n'importe qui pourvu qu'on laisse leurs mains propres. Tu es un coupable tout trouvé à leurs yeux. » Un feulement dédaigneux et désapprobateur quitta ses lèvres. Elle ne supportait plus Asgard et tous ses hypocrites qui n'hésitaient pas à fermer les yeux si on les laissait vivre en paix. « Le peuple mériterait de voir leur merveilleux souverain sous le jour sous lequel nous le connaissons. Mais je vois difficilement comment obliger ce couard à avouer tous ses méfaits en place publique. Un coup d'épée dans l'eau serait sans doute plus efficace. » Elle poussa de nouveau un long soupir, plus impuissante que jamais. Quel curieux tableau, là voilà face à l'homme qui l'avait si profondément déçue cherchant vainement un moyen de faire tomber celui qu'ils haïssaient tous deux plus profondément encore. « Tôt ou tard, il devra affronter les victimes de son règne. Tôt ou tard, il devra payer pour la mort de ma fille et le sort réservé à ton épouse. Mais je crains de n'être dotée de la patience nécessaire pour attendre. »


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MessageSujet: Re: Shadow to shadow   Shadow to shadow EmptyVen 8 Mai - 17:04

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Ràn Egildóttir & loki farbautison

L
e venin délétère grondé par la gorge du Freux s'écoulait à présent dans ses prunelles diaphanes. Tu par l'attention extrême qu'il accordait à la Tempétueuse, il avait observé le faciès de l'exsangue vénusté avant d'en revenir au panorama, comme lui étaient contés les prémices d'une guerre manquée. Les paroles de la sylphide lui faisaient voir au travers d'un mirage ce que ses orbes n'avaient guère pu mirer, un champ de bataille vorace ingérant chaque fantassin telle une vile créature inassouvie de chairs. Toutefois, là où d'aucuns auraient exprimé dégoût et pitié ne se trouvait que l'inaltérable vilenie d'un cœur putride, qui au contraire de toute compassion morale se complaisait dans le récit qu'on lui livrait. Fers croisés, hurlements, courses affolées et cruors déversés étaient autant l'apanage des belligérances que le mets d'un dieu nommé Chaos. La couardise vraisemblable d'Odin interprétée par Ràn fit grimacer le jötun d'une risette noire, un rictus plus qu'un réel sourire, empreint d'une morgue et raillerie que seul un félon de l'identique étoffe aurait pu oser tisser. Il était cocasse de constater qu'à l'ère où le roi l'avait abjuré comme fils, il se révélait être plus semblable du rejeton de son ennemi Farbauti que jamais auparavant. Félon en tous points, il égalait voire dépassait l'effigie de Loki sur l'ambon des infamies. Cette odieuse jouissance parut néanmoins s'abroger à l'évocation d'une progéniture abhorrée, la reine d'un En-Bas que nul ne souhaitait fouler, et qui sommait chez son ersatz de père un perpétuel mépris que chacun partageait pour l'autre. Elle avait donc brandit l'oriflamme de la paix aux côtés de cette maudite prophétesse ? Les impairs de la fille s'épaississaient aux yeux du pater, qui balaya l'insoutenable vision en fermant puis rouvrant les yeux, les ridules burinées d'une exacerbation patente. Il ne fallait pas que ses réflexions traversent ses lippes, car il savait l'estime qu'avait le couple marin pour cette fieffée mauvaise graine.

La gorge vibrant encore de sa narration, la naïade l'informa ensuite du triste sort réservé à l'héritier, une nouvelle qui supplanta le sempiternel fiel qu'il aurait dû macérer en son for concernant l'obédience encroûtée de La Guerre, qui avait très certainement accouru glaive en main pour le salut de son adoré père. Thor entre la vie et la mort, valsant avec les Nornes au-dessus du précipice, voici qui morcelait le myocarde pourtant encoléré de son puîné. Il se remémora subitement l'oraison ouïe quelques heures auparavant, supputant le rétablissement vraisemblable du Tonnerre qui avait au moins eu la force de le prier. C'était là un réconfort d'avoir pu entendre sa voix de rogomme, une consolation qui, adjointe à ce qu'il venait d'apprendre, décroissait sa peine. Le seigneur de Vanaheim glouton, l'insipide triomphe de la Terre et l'ostracisme de Ràn, l'Obsidien niella chaque palabre dans le kaolin de son esprit sans émettre un seul son, sinon qu'en torsadant quelque peu la nuque pour mirer de biais le profil féminin. « Ils craignent sans conteste tes trombes vengeresses. » Le phonème de glace, brisant enfin son mutisme, avait émit l'évidence sans un iota d'émoi. Comptant parmi les parangons divins, la Tempête et son clan représentaient une force de frappe substantielle qu'il ne valait mieux pas froisser, ou du moins garder dans l'enceinte fragilisée d'Asgard. Il aurait sans nul doute opté pour la même décision s'il avait été une voix conseillère de la régence. Mais il ne l'était point, et cette aubaine politique signait une potentielle inclinaison en sa faveur. Si Jörd ruminait à leur instar, et que le peuple se ralliait à leur ire en apprenant quel truisme empuanti se cachait derrière leur suzerain, alors, peut-être, les belligérances reprendraient là où elles s'étaient arrêtées, et ne se concluraient que par le trépas définitif d'Odin. Qu'importaient les existences brisées, les cadavres entassés et les flammes rongeant chaque racine d'Yggdrasil, le Chaos sommait vindicte et était prêt à précipiter un monde entier dans les brasiers chthoniens si cela signifiait obtenir son dû. Pour l'heure, il lui faudrait confronter Thor et tenter de lui faire recouvrer raison – du moins celle qui l'arrangeait lui. Peut-être serait-il inutile de raviver le spectre d'une guerre tout juste achevée si son frère consentait à ployer ; chose dont il doutait fort. Ce n'était, d'une, pas le genre du colosse, et de deux, Loki doutait que l'Invincible se soit sciemment empalé sur Gugnir pour ensuite trahir pareille bravoure. Mais il lui faudrait tenter.

« Et moi je pense le contraire. Tout aussi torrentielle sois-tu, il règne en toi la sagesse des aînés. Panse tes plaies en retrait du royaume et laisse le fruit du destin mûrir comme se doit. Je besognerai dans l'ombre s'il le faut pour que vienne l'heure de le cueillir, mais ne m'exposerai pas sottement comme tu m'en a prodigué le conseil. »

Il s'était tourné vers elle, la dévisageant longuement, avant de poursuivre.

« C'est une moindre chose que je puis te promettre. »

Aux confins de ses vicissitudes luisait, dans les tréfonds de son regard, une improbable franchise. Rien n'avait jamais été réglé entre eux deux depuis les exactions du jötun, comme si le noir corbeau, par quelque fierté qui soit, s'était enterré dans la glaise de la félonie. Jamais le pardon de Ràn n'avait été quémandé, et bien qu'il en eut le furieux désir au sortir des cachots, les événements s'étaient ensuite ligués contre lui pour que ne lui soit plus accordé ni le temps, ni la foi. Ici et maintenant, il le pouvait, le devait même, puisque s'érigeait l'interlude inespéré proposant un huis-clos intimiste, mais il ne trouvait pas, dans l'acide corrodant sa langue vipérine, la vertu nécessaire pour articuler sa pénitence. À son serment il détourna le visage puis les épaules, reclus derechef dans un silence de plomb qui signait vraisemblablement le départ hâté du prince déchu. L'espace d'un soupir, pourtant, il désamorça ses lèvres et fit mine de se retourner, manquant dévoiler ce qui se mussait aux crevasses de ses herses labiales. Une inspiration, un regard pourfendu, mais pas un mot de sortir. Se contentant finalement d'un signe de tête policé, il prit congé de la plus abscons des manières. Lui qui de la verve se faisait maître avait lâché armes et fanions face à la Tempête, la délaissant avec ses tristes noyés et ses aquilons voraces pour s'en retourner à ses ténèbres. L'amitié brisée ne se consoliderait jamais plus, c'était là le présage dans lequel sa pugnacité s'était immergée.



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