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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 À l'orée de nos cœurs pantelants

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MessageSujet: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMer 14 Jan - 0:48

À l'orée de nos cœurs pantelants

VAR & DARAKAN

***

Il n’y avait pas plus abominable désolation pour Darakan que celle de perdre toute maestria sur ses propres songes. De se sentir investi par sa peur et sa colère même dans les recoins de ses rêves les plus profonds et d’être sans cesse soumis aux diktats de sa culpabilité sans que le sommeil ne puisse lui porter secours. Trois jours s’étaient écoulés depuis l’avortement de la guerre ; trois pénibles jours où il ne trouva le repos que par à-coup, l’esprit bien trop tourmenté pour succomber à la quiétude de la sylve qu’il avait élue breuil aux prémices de sa misère. La paupière n’avait qu’à tomber sous le faix de sa fatigue pour que se libère un fatras d’abominations prisonnières dans l’ergastule de sa mémoire. Ce qui semblait être un éon était tout au plus un cortège de minutes écoulées avant que la panique ne l’empoigne aux tripes et qu’il se réveille en sursaut, une fine pellicule de sueur couvrant ce qui s’apparenterait être les traits d’un coupable. Car des crimes, il en avait commis une pléthore depuis le retour de sa sœur et d’en être hanté constituait encore le plus maigre de ses châtiments. En ses entrailles grondait toujours le feu de son ire, laquelle, à défaut de n’avoir plus rien à ravager, laissait s’écouler par les artères le poison d’une forte rancœur que le temps — et cela, il en était sûr — ne réussira pas à lénifier. Quoiqu’il se comptait dorénavant parmi les principaux responsables du massacre enfanté, il n’amputait pourtant pas à sa sœur sa grande part de responsabilité dans tout ce qui leur arrivait, cela nonobstant une âme toujours éprise. Quelle douleur de sentir son cœur balloter entre colère et amour, à la fois déchiré par une haine latente à son égard comme par un désir de lui offrir miséricorde et compassion. S’il arrivait que son visage apparaisse au tournant d’un songe frangible, son fantôme onirique n’était plus que le synonyme d’un cauchemar qu’il voudrait volontiers chasser loin de ses préoccupations. Elle ne méritait, pour l’instant, que le doux venin de ses plus noires pensées, et non la tendre attention d’un sentiment qui perdurait à travers les aléas. Il était pénible d’abhorrer l’être qu’on chérissait le plus. Si, à ses tristes yeux, il était dans l’incapacité de juguler le fiel qui bouillait dans ses varices, il crut possible d’annihiler cette passion aveugle dont il avait été l’esclave dès le premier jour de sa soi-disant vindicte.

Enlisé dans le précipice de son affliction, ce fut le motif très peu honorable que Darakan donna à sa quête lorsqu’il foula le territoire des Vanes le jour suivant, pistant autant que faire se peut une trace nébuleuse qu’il avait glanée dans le songe d’une vieille accointance. Var, déesse des pactes et muse durant un siècle régi par la légèreté et par l’oubli, était revenue hanter son train de réflexion d’un regard, un seul, lorsqu’ils se démenaient séparément sur le champ de bataille. Elle retrouva le chemin de ses pensées pour en troubler son esprit aussi abruptement qu’il l’avait chassée hors de son existence lorsqu’on clamait encore dans les rues la nouvelle du retour de Jörd. Injuste, c’était si peu dire pour définir le traitement dont elle eue droit de sa part lorsque sonna le glas de leur idylle quand, ensemble, ils avaient parcouru les temps et détruit les écueils, portés par un amour niais.

En guise d’invitation, il travailla sur l’image d’un endroit paisible dans les bois qu’il connaissait bien, non loin de la rivière, mais à l'abri du hourvari. Ceci fait, il en empreignit les rêves de la flavescente déesse avec la discrétion d’un larron émérite, semant dans son univers chimérique le désir immédiat, quoique sibyllin, d’y guider ses escarpins dès que poindra les premières lueurs. Ce vis-à-vis désiré représentait un risque, soit celui de subir le courroux d’une femme qui fut rejetée sans une once de vergogne, sans l’ombre d’un scrupule pour en ébranler les glaces de l’amant fallacieux. Mais, meurtri à son tour par le goût salé des larmes au bord des lippes et le cœur strangulé par le garrot de noirs affects, le Sommeil ne pouvait que regretter amèrement le comportement répréhensible dont il avait fait preuve naguère à l’égard de cette femme, et trouvait plus juste cette possible confrontation à la rapide fin dont il les avait destinés. De prime abord, il souhaitait panser les plaies qu’il avait lui-même creusées avec roideur et indifférence. Mais dans les abysses de son être, il était gourmand de plus ; ressasser le cœur pour y dénicher les esquilles de leur ancienne passion et, par nostalgie, regret ou colère, les recoller, la réparer et la retrouver. C’était son but lorsqu’il enjamba la verdure de Vanahelm pour y découvrir la silhouette séraphique de sa dame au cœur de la clairière, enveloppée d’un cocon de sérénité qu’il jalousait tant, lui qui souffrait atrocement. Viles étaient ses intentions de venir brimer sa paix pour des désirs égoïstes – qu’il avait lui-même grand peine à cerner et à avouer. Quand bien même il distinguait le mal qu’il s’apprêtait à semer derechef dans le cœur balafré de la déesse par son apparition impromptue, sa conscience ne réussit pas même à le sommer de faire demi-tour.

Les lieux étaient beaux et paisibles. L’atmosphère était à la fois frappée d’un lourd silence légèrement bouleversé par le clapotis constant de l’eau et noyée dans les houles de sentiments muets qui vagabondaient entre les deux acteurs. Darakan ne remettait pas en doute la perspicacité de la déesse pour reconnaître sans trouble la signature du Sommeil dans cette manière particulière de proposer un huis clos. De fait, il n’avait guère besoin de faire vibrer son phonème en guise de présentation, et se limita dans l’instant qu’à aligner quelques timides foulées en direction du spectre de son cœur. Se réverbéraient dans son crâne les échos de ses dernières paroles qui avaient impunément scellé leur tandem au néant ; « Var, tout ceci ne fut qu’un rêve. Un beau rêve. Mais quel rêve peut durer à jamais ? [...] Le nôtre se termine aujourd’hui. » Et ce rêve, qu’il crut incapable de survivre dans la réalité, était désormais ce à quoi son désespoir s’accrochait avec hargne dans les angoissantes secondes qui suivirent sa lente avancée. « Il est bon de te voir bien-portante, Var. » Entama sa voix, messagère de sincérité. « Je t’ai entraperçue au cœur de la bataille. Je n’ai pu t’atteindre dans la cohue, mais j’ai cohabité depuis avec l’horrible crainte que tu sois tombée, toi aussi. » Un discret trémolo trahit ses états d’âme, même s’il suffisait pour elle de se retourner afin de faire face au chagrin personnifié.
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Var Leifdóttir
Var Leifdóttir
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMar 20 Jan - 1:42

À l'orée de nos cœurs pantelants

VAR & DARAKAN

***

Elle décida de rester à Vanaheim, lasse du regard remplis de haine que lui lançait Aegir à chaque fois qu’ils se croisaient. La Déesse des pactes avait beau détenir une réputation de fer en ce qui considérait sa cruauté et son regard impassible, mais il ne fallait pas pour autant croire qu’elle ne ressentait rien au fin fond de son vieux cœur. Elle offrait un sourire aux vagues, qui l’avaient accueilli à bras ouverts comparativement à leur paternel. Lors de ses anciennes visites dans le palais de la mer, Var se sentait tout simplement comme si elle se trouvait dans sa deuxième maison. Elle n’y avait jamais vécu de mauvais souvenirs, du moins pas avant que toutes ses convictions concernant le Père de Tout soient éclairées et qu’elle découvre la vérité. Elle avait même tenté de convaincre ses deux amis du danger qui les guettait, mais même à cette époque, elle était aveuglée par les paroles d’Odin. Elle ne demandait pas une apologie quelconque, elle était bien consciente de ses fautes. Désormais, tout était différent, elle s’était réfugiée au palais dans le but de se réconcilier et de demander pardon à Aegir. Il ne le lui avait pas accordé et cela, depuis des semaines. Elle les comptait toutes, l’une après les autres, à vivre pratiquement terrée dans sa chambre. Elle souffrait, plus qu’elle ne le montrait à quiconque, mais elle ne savait tout simplement pas quoi faire. Elle s’était excusée, mille et une fois. Le remord la rongeait, du moins au début. Désormais, un étrange ressentiment l’empêchait de regarder son ancien ami comme autrefois. La déesse avait sauvé la vie d’Aegir, elle s’était chargée de ramener toutes les vagues à bon port, pendant la bataille des Cinq armées. Ne supportant plus cette peine qui l’empêchait de s’épanouir à nouveau, elle avait accepté l’invitation de son plus grand ami à le rejoindre à Vanaheim, Frey. La vérité était que tout n’était pas rose pour la belle non plus, elle vivait le rejet de gens qu’elle aimait, mais devait surtout se contenter de savoir sa sœur saine et sauve à la fin de la bataille. Elle ne l’avait pas vu depuis trop longtemps, elle ne rêvait que d’une chose, pouvoir la serrer dans ses bras à nouveau, comme elles le faisaient depuis des millénaires. Elle devait aussi se remettre du fait qu’on l’avait de nouveau laissé tomber, que son cœur, piétiné encore et encore, avait dû subir le regard froid de Tyr. Une chance qu’elle était vieille, qu’elle savait que tout finirait par s’arranger, car elle pouvait difficilement voir de quelle manière un beau jour se lèverait. Elle avait compté sur son ami pour lui remonter le moral et elle ne s’était pas trompé, le seigneur de Vanaheim la recevant avec un de ses festins qu’elle adorait et lui donnant accès à des litres d’Hydromel pour oublier tout le reste. Même le désintérêt d’Aegir lors de ce dit souper avait été mis d’un côté de son esprit, sans doute remplacé par les lèvres d’un autre, sur chaque parcelle de sa peau.

On pouvait dire que Frey avait tenu sa parole, elle commençait tout simplement à se sentir plus en paix avec elle-même. Une nuit passa. Une journée complète à Vanaheim finit même par lui faire dessiner un vrai sourire alors qu’elle parla avec ses anciens amis. Var se dit qu’elle devrait rester à ce royaume tant et aussi longtemps que son cœur le lui permettait, car elle ne se voyait plus retourner au Palais de la mer ou à Asgard. Ses songes étaient agités cette nuit-là, d’un rêve où se mêlait le sang et la chaire, lui apparut subitement une image d’une rivière qu’elle avait déjà visité sur Vanaheim. La fille de Leif se réveilla en sursaut, ramenant ses genoux contre sa poitrine, son souffle faisant bouger légèrement sa chevelure de blé. Elle savait que trop bien ce qui s’était produit, ce n’était pas la première fois que ses rêves étaient habités par une présence étrangère et pourtant familière. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait lui aussi choisi de l’écarter de sa vie. Son cœur se rappelait trop souvent du dos des hommes qui l’avaient fait battre, comme s’il se donnait un malin plaisir à souffrir. C’était à se demander si la Déesse des Pactes pourrait un jour avoir un serment bien à elle, qui l’unirait à une autre personne. Elle n’était plus jeune, elle avait tant d’amis autour d’elle qui avaient des enfants, qui vivaient le grand amour, mais quand était-il de celle qui devait punir les parjures? Elle voulait se marier par amour, fonder une famille certes, mais jamais seule. Si l’on regardait son passé peu glorieux, on pouvait se dire qu’elle n’aurait jamais cette chance. C’est avec ces pensées peu invitantes qu’elle se leva, demandant qu’on l’habille d’une robe vermeil, un peu trop pressée de quitter le Palais. S’il avait décidé de s’inviter dans ses songes, c’était parce qu’il souhaitait s’expliquer. Du moins, c’est ce qu’elle croyait, plus qu’espérait. Elle ne le lui laisserait sans doute pas lui dire quoi que ce soit d’autre de toute façon.

Ses pas la menèrent jusqu’à l’endroit tant attendu, passant par la forêt aux arbres gigantesques et aux lierres insistants, elle se demanda pourquoi Darakan n’était pas tout simplement venu au Palais pour la rencontrer. Était-il si dégoûté à l’idée que la populace l’aperçoive en sa présence? Se promener hors du château à cette heure n'était pas très recommandé, surtout qu'elle ne s'était même pas équipée d'une torche, remettant tous sur ses pouvoirs. Ils avaient vécu bien des choses, de longues années auparavant. Avant que le fils d’Odin fasse son apparition. Ils avaient connu plus d’histoire à des moments espacés qu’elle n’avait jamais vécu avec quiconque. Ces moments, justement, qui lui rappelaient sans cesse qu’elle ne pouvait servir qu’à la désolation et l’envie d’être entouré. Elle aurait presque souhaité que les Songes la laisse tranquille, une fois pour toute. Encore une fois, son cœur agissait comme bon lui semblait et l’avait impartit de cette idée qu’elle devait à tout prix le revoir, ne serait-ce qu’une dernière fois. Que ce soit de cri et de sang, ou d’amour et de tendresse. Son visage resta de marbre lorsqu’elle aperçut son amant au loin, l’un comme l’autre n’ayant changé depuis si longtemps. Elle serra la mâchoire en se rapprochant de lui, ne souriant pas lorsqu’il ouvrit enfin la bouche pour ouvrir le procès. « J’imagine qu’il en va de même pour moi, je suis tout de même surprise que tu utilises encore ce genre de stratégie pour devoir me parler. » Cassante, elle relève un peu la tête pour pouvoir croiser son regard. Douleur. Le vent caresse sa peau, ses cheveux laissés ouvertement sur ses épaules frémissent en même temps que les feuilles. S’il est heureux de la savoir en vie, on ne peut pas dire que Var en a pensé pareillement pour le Dieu. Elle tentait de l’oublier. Elle voulait repartir à zéro, mettre une bonne fois toutes ses histoires de cœur derrière elle. Pourtant, les Songes se trouvaient devant elle, peu bavard elle devait l’avouer. Ses paroles ne suffisaient pas, depuis longtemps maintenant elle avait attendu autre chose de cet homme. « Vraiment? Et si jamais mon cœur avait cessé de battre lors de cet affront, qu’est-ce que ça aurait changé ? » Un long soupire sortit de sa bouche et elle brisa enfin l’œillade pour observer la rivière à leurs pieds où elle s'était déjà baignée autrefois. « Tu n’as pas le droit de prétendre ressentir une telle crainte, pas depuis notre dernière rencontre… Si tu m’as vu vivante dans mes songes, alors pourquoi ne pas t’en être contenté? Que me veux-tu, Darakan? » Directe, elle l’était toujours, mais elle avait ses raisons et lui-même les connaissait par cœur.
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMar 10 Fév - 23:12

Sa voix était cassante et ses mots, des esquilles de vitre acérées venues mordre le cœur abimé du Sommeil. Il n’y eut pas de surprise à la vue de ce minois hermétique et de ces palabres incisives lorsque répondit à son appel la flavescente déesse. Il n’y eut, en vrai, que l’étayage des blessures semées lorsqu’il avait décidé de trancher dans la bataille du cœur en faveur de sa sœur et au détriment de sa passion pour le Pacte. Ce fut la douleur de la vénus qui parla, celle qui avait crû dans le silence, nourrie par l’incompréhension et l’injustice de voir se mourir l’idylle qu’elle avait imaginée immuable. Sévère, impitoyable, Darakan ne lui tint pas rigueur d’exister, conscient que cette déferlante lui était destinée depuis des siècles, mais qu’elle fut incapable de s’exprimer à temps à cause de la distance qu’il imposa. Il avait fui. Lamentablement, il avait étouffé leur flamme sans préavis, et jamais jusqu’à aujourd’hui il n’avait trouvé essentiel d’effacer le mal causé, pensant peut-être que Var allait pouvoir tourner aisément la page. En vérité, la rancœur s’était propagée comme une moisissure, et maintenant l’ancien tandem trempait dans un chaudron bouillant d’amertume, tous deux à cause de ce vain sentiment qu’était l’amour.

Son regard trouva le sol face à la froideur à laquelle il se buta. Prostré par la culpabilité de voir à nue toute l’étendue des maux qu’avait causé son indifférence, il la laissa s’exprimer sans chercher une seule fois à lui couper la parole d’une quelconque manière. Secrètement, il flirtait avec l’idée de faire demi-tour même s’il savait pertinemment ne plus y avoir droit. Les plaies étant ouvertes et les souvenirs hissés à la surface, il était bien trop tard pour entrevoir une fuite, et guère était son envie d’envenimer davantage sa souffrance en quittant de ce pas comme il l’avait lâchement fait autrefois. S'il devait partir, ce serait suite à son ordre, pas sous les coups de fouet de la peur. Le silence avait régné trop longtemps au-dessus des affronts et survivait encore dans un recoin de son esprit l'idée insane de trouver réconfort contre sa chair. Malgré le voile de ténèbres jeté par l’heure très matinale, Darakan ne rata pas une seule sinuosité de son doux visage lorsqu’il se dévoila par l’entremise de cette nouvelle proximité. Il en admira chaque ligne et chaque trait malgré l’opprobre, peaufinant contre les parois de sa vieille mémoire un portrait ébréché qui s’était altéré par les temps. Fut une seconde où il se demanda par quelle folie il avait osé rejeter cette vénusté. Ah cette folie, il la connaissait sous les traits d’une sœur qu’il aimait éperdument, et dont l’amour avait condamné à néant celui destiné à Var en plus de le consumer jusqu’à sa perte. Écrasé de honte, anéanti par les récents événements, il n’était plus qu’un pauvre animal blessé rampant aux pieds de son ancienne maitresse en glapissant de douleur et de chagrin afin de glaner un zeste d'attention. Et de prétendre avoir été guidé dans cette sylve par l’inquiétude ne relevait point d’un mensonge bien élaboré comme elle déduisit toute seule qu’il aurait pu s’y prendre d’une autre façon pour s’enquérir de son état. Aussi il ne s’enlisa pas davantage dans un imbroglio de fausses vérités lorsque sa colère eut fini ses diatribes, et il laissa sa voix se fendre dans la sincérité : « Je voulais te revoir, Var. » Le murmure de la rivière non loin se fit comme un entracte, donnant à Darakan les secondes nécessaires pour trouver des mots adéquats pour cette délicate entrevue. « Ne pense point de choses pareilles. Tu sais que j’aurais été le premier à te pleurer. N’en doute pas une seconde. » Aussi aurait-il certainement été le premier à se blâmer de ne pas lui avoir porté assistance. Les regrets se seraient ajoutés à ceux qu’il portait déjà comme un horrible faix sur ses épaules. « De te revoir au sein de la mêlée m’a rappelé qu’il fut un temps, tu étais une source précieuse de conseils ; une oreille attentive dans laquelle il faisait bon d’y verser ses peines et ses joies. Ce fut une erreur de me départir de mes sentiments pour toi. J’étais l’heureux détenteur du plus beau des trésors. Ce n’est qu’après que j’en mesure toute sa valeur. »

Et il parlait, et il parlait, ce dieu au verbe adroit qui, noyé sous la houle de confusion, forçait son cœur à l’amour quand son cœur aimait déjà. Mais dans ses yeux naissait déjà la flotte des remords et dans sa voix prenait place le chagrin sous forme de trémolos. Sa parole n'était pas totalement factice sans être entièrement vraie. Il se faisait à contre-cœur vil manipulateur des sentiments en cette matinée où il ne souhaitait, au fond, que chasser sa tristesse et sa solitude dans les bras d'une ancienne amante. Habile parleur qui savait maitriser les mots pour en faire de puissants philtres, d'user de ce talent pour replonger cette déesse dans l'ivresse d'une passion impossible relevait d'un égoïsme à son apogée. Ce fut d’une dernière phrase qu’il la convia à le chasser pendant que sa main vint chercher la sienne pour en caresser le derme. « Si mon visage ne rappelle que tes douleurs et si mes mots ne ravivent que ta rancœur, alors tu n’as qu’à me le dire pour que je parte sans me retourner. Je comprendrai que tu ne veuilles plus accorder d'audience à mon cœur égoïste. » Il abandonna sa main comme s'il pressentait déjà sa réponse comme il prit soin d'ajouter : « Je regrette sincèrement. » Mais depuis quand la sincérité portait le goût âcre du mensonge ?
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMar 24 Fév - 3:51

À l'orée de nos cœurs pantelants

VAR & DARAKAN

***

Elle n’aurait jamais cru rencontré son ancien amant sur ces terres, encore moins après tout ce qui s’était passé entre eux. Lorsqu’elle songeait à son passé, elle ne pouvait ignorer ses années passées en compagnie de Darakan. Pour bien des façons, elle avait associé ces moments avec une joie pure, de ces moments de la vie où on ne se pose aucune question. Ça lui semblait tellement loin qu’elle n’arrêtait pas de dire que c’était le bon temps, croyant qu’elle ne pourrait jamais revivre une telle chose. Le Sommeil avait une façon bien à lui de mettre un terme à leur relation aussi vite qu’il était revenu vers elle. Cette fois, ça avait été plusieurs mois plus tôt, lorsque Jörd était revenue. Var appréciait la déesse de la terre, elle avait d’ailleurs cherché se faire pardonner pour ce qu’elle avait pensé d’elle et d’Odin, mais les deux étaient ce que l’on pouvait appeler des amies. D’une manière qu’elle n’arrivait pas à expliquer, Var pouvait sentir que le Sommeil était très loyal à sa sœur ce qui l’empêchait de rester dans ses bras lorsque la Terre veillait près. On jouait souvent avec son cœur, un peu trop sans doute. La cruauté qui la faisait vibrer à chaque fois qu’elle punissait des Hommes qui avaient brisés leur serment. La violence qui prenait part de son être à ces moments-là prenait naissance dans ces désolations amoureuses. La Déesse des pactes étaient reconnue comme appréciant la chaire, il n’en était le secret pour personne, mais qu’en était-il de ce qu’elle ressentait vraiment? La Déesse avait toujours été fervente du fait que plus on parlait d’elle, mieux c’était et que ce soit en mal ou en bien. Elle avait aussi cette manière d’afficher un air indifférent, à toutes les fois qu’elle le devait. Pourtant, tous ceux qui connaissaient bien la déesse savaient qu’un sourire illuminait si souvent ses traits et que rien n’était plus important pour elle que la loyauté envers ses amis. C’était, on pouvait dire, le seul serment qu’elle s’était donnée. Si ce n’était cet écart qu’elle avait eu avec Odin, mais elle préférait ne pas y penser pour le moment, se concentrant sur le Sommeil en face d’elle.

Il lui avait manqué. Elle ne l’avait pas remarqué à la Bataille et c’était tant mieux. Var aurait aussi bien pu mettre sa vie en danger inutile et elle ne pouvait s’imaginer une seule seconde ce qui aurait pu se produire si elle n’avait pas sauvé les vagues. Tout ce qu’elle voulait en cet instant précis c’était de se servir de sa force pour lui tenir tête. Les hommes avaient toujours été sa faiblesse, elle avait seulement une excellente façon de le leur cacher. Darakan avait fait battre son cœur, par ben des façons elle souhaitait le prendre dans ses bras, lui sommer de se taire et qu’ils se concentrent à oublier le passer, alors que l’autre partie voulait séparer sa tête de son corps. Var aurait voulu détenir la force de le faire souffrir, de lui montrer ce que ça faisait de se faire piétiner le cœur. Lorsqu’il l’avait laissé, elle n’avait jamais accepté son départ. Encore moins son retour. Il lui disait tout ce qu’elle voulait entendre, il la connaissait sans doute mieux que quiconque dans tous ces royaumes. Comment était-il possible de détester et aimer autant une personne à la fois? Si elle avait été qu’une pauvre mortelle, elle aurait prié les Dieux pour qu’ils lui donnent le courage de se tenir devant le Dieu. Chaque mot, son ton, les regards qu’il lui lançait l’enfonçait un peu plus dans la terre. Il ne pouvait plus s’arrêter. La déesse cacha ses mains derrière son dos pouvoir serrer ses points, qui chauffaient doucement, telle une braise qui ne souhaitait que revivre flamme. La magie qui coulait sans ses veines lui suffirait à rendre inepte le Dieu qui lui faisait face. Elle pouvait le faire aussi facilement qu’il pouvait lui offrir des mots caressants. « Arrêtes… » Réussit-elle à souffler, la douleur transparaissait dans sa voix. Cesserait-il un jour de lui faire mal? Darakan ignora son murmure, se rapprochant davantage et s’emparant de sa main pour la caresser avec son pouce. Le Sommeil avait toujours eu cette façon d’enivrer complètement la belle, c’était ce pourquoi elle se retrouvait devant lui aujourd’hui.

Maître de chacun de ses mouvements, son cœur cessa de battre à l’instant où il lâcha sa main. Pourquoi n’arrivait-il pas à vivre ne serait-ce qu’un instant sans la chaleur de sa peau contre la sienne? « Je devrais te torturer jusqu’à ce que tu n’arrives plus à rajouter quoi que ce soit. » Vipère, ses mots l’attaquèrent rapidement, mais il s’agissait plus du fait qu’il venait de lâcher sa main de ce qu’il avait pu lui faire subir par le passé. Il l’avait dans sa paume, comme toujours. Elle pouvait lire le mensonge dans chaque Homme, déceler parcelles de manipulation mieux que quiconque. Pourtant, lorsque le Sommeil lui dévoilait qu’il était désolé, pourquoi ne pouvait-elle que s’accrocher à cette possibilité? Aussi factice soit-elle, Var préférait croire ce qu’on lui offrait plutôt que découvrir la vérité. « Lorsque je te vois, je ne peux m’empêcher de penser aux bons moments que nous avons vécus côte à côte. Tu sais plus que quiconque que je devrais te laisser partir. » Et elle supprima une fois pour toutes cet espace qui les séparait, prenant sa main comme il l’avait fait quelques instants plus tôt. « Je suis faible, Darakan. J’en ai assez de me faire violence pour devoir t’oublier une fois pour toutes. Je ne peux pas te dire que je te pardonne, pas maintenant, mais je ne te laisserai pas me quitter à nouveau. » Elle leva la tête, ses prunelles se dardant dans les siennes, souhaitant l’affronter, le prévenir de ce qui pourrait se produire. « Mais dis-moi quelles garanties aurais-je que tu ne coures pas à nouveau dans les jupes de ta sœur? » Elle aurait pu continuer de l’amadouer, mais elle ne voulait pas revivre la même histoire une autre fois. S’il devait lui briser le cœur, ce serait avant de le détenir entièrement.
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMar 17 Mar - 23:02

Des menaces et du poison, ce n’était qu’une image que le Pacte se donnait pour camoufler ce lot de sentiments terrés sous la peau. Sous cette simili-vipère, Darakan y avait débusqué une femme aimante, dont le cœur naïf se laissait souvent emporter par les passions sans mesurer réellement les risques. Une femme qui avait connu les revers de l’idylle auprès de plusieurs hommes, mais qui, chaque fois, ressortait un peu plus balafrée de ses histoires. Il comprenait la raison d’être de ces paroles teigneuses, aussi l’esquisse d’un sourire réussit à se faire une place sur les lippes scellées de tristesse, ne serait-ce le temps d’un battement de cils. Combien de fois avait-elle feint de sortir ses griffes pour juguler l’émergence de ses affects ? Sitôt la commissure étirée, les affres effacèrent l’ébauche aussi vite qu’elle fut apparue. Les déclarations parvinrent à ses oreilles quand dans son poitrail hurlait une voix muette pour l’exhorter à résister. Il aurait voulu être chassé quand bien même son besoin de compagnie devenait urgent en ces heures sombres. Pour son bien à elle. L’interrogation de la fin n’était qu’une diatribe à ses choix passés ; s’il regrettait l’avoir jetée de la sorte, il ne pouvait se blâmer d’avoir mis au-devant les intérêts de sa sœur avant ceux de sa courte passion. Mensonge qu’il se faisait à lui-même, il était le seul à connaitre la vérité sur cet abandon, et jamais il n’oserait en faire part de peur d’être jugé pour des sentiments dont il n’avait point contrôle. Un silence s’installa, et aussi court fût-il, on devina qu’il était nécessaire pour glaner un zeste de franchise, ne serait-ce qu’un peu pour saupoudrer ces retrouvailles à la base malsaines et pleines de mensonges. « Aucune. » Car si, en son for intérieur, la rancune imprégnait toujours ses artères, le jour où elle se dissipera, il se savait assez faible pour retourner au chevet de sa sœur bien-aimée, qu’importe les maux et la honte qui nimbaient désormais leur relation. « Mais là, maintenant, c'est avec toi que je veux être et non avec elle. » laissa-t-il échapper d’un souffle timoré, laissant planer vaguement l’hypothèse que tout ceci n’était une fois encore qu’éphémère.

Le Sommeil abandonna la proximité qu’il cultivait auprès de Var pour faire face au ruisseau coulant paisiblement dans son lit, sous les lueurs d’argent que larguait une lune moribonde. Son regard se perdit dans les reflets, comme s’il lisait dans les courants quelque avertissement que seul son œil pouvait débusquer. Le chant cristallin de l’eau et toute la vie qu’elle abritait lui parvint aux oreilles, et la mélodie lui fit tant de bien qu’elle l’exhorta à s’ouvrir, à partager ce qui le tourmentait en oubliant, le temps d’un moment, les caprices de la chair à l’appel de la chair. « Je n’ai pas l’impression d’avoir fait les bons choix, ces dernières années. La guerre étant terminée, je m’éveille face au mal que j’ai impunément encouragé et je suis rongé par la culpabilité. » Il marqua une pause, observant l’olympe qui se bigarrait des premières couleurs semées par un soleil en éveil. Sous peu, la lune allait céder son royaume au jour ; une magnifique vue s’annonçait. « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour elle. Et quand bien même tout ceci n’a été qu’un lot d’erreurs impardonnables, j’aurais été incapable de lui tourner dos. Je l’aime bien trop pour ne pas l’appuyer dans ses initiatives, qu’importent les cicatrices qui en germeront. J’espère que tu comprends. C’est ma sœur, c’est tout ce que je possède dans ma vie. » Et ce seul trésor, aussi précieux soit-il, était en train de lui glisser des doigts et de lui coûter la peau.

« Cessons de parler d'elle ou de moi. » Darakan abandonna le serpent d’eau qui courait à ses pieds pour visser derechef ses lazurites sur la flavescente déesse. Une rare beauté que la lune encensait de ses mille rayons. Il fronça légèrement des sourcils comme s’il venait de se rappeler avoir omis les bases d’une introduction en bonne et due forme. Que se cachait-il sous cette fierté et cette vénusté ? Quels maux trimbalait-elle sur ses frêles épaules qu'il ne pouvait discerner à travers cette image ? Une question tardive se fit entendre. Inquiet quant à sa réelle condition alors que le monde venait de subir de graves bouleversements et que des éons étaient passés, marqués par l’absentéisme et le mutisme, il voulait savoir et, pour une fois, être là pour elle. « Comment vas-tu Var, depuis ? Dis-moi. »
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyDim 22 Mar - 0:22

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VAR & DARAKAN

***

Si la belle déesse pouvait sembler des plus forte, c’était parce qu’elle avait toujours été en mesure de jauger ses sentiments. À travers les ères qui lui avait été données de vivre, la Déesse des pactes était chargée par Odin de punir les parjures. D’autant plus, elle devait s’assurer que ses serments étaient respectés. Il serait tellement facile pour les Dieux, Mortels ou toutes autres créatures du royaume de la sommer pour effectuer un pacte qu’ils ne tiendraient pas. Si on faisait des pactes à la légère, on pouvait s’assurer qu’elle finirait par ne plus rien servir. Var était largement connue pour sa cruauté lorsqu’on brisait un serment, surtout lorsque ces derniers n’étaient de simples mortels. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait d’eux, ses pouvoirs les dépassaient et rien ne pouvait ternir sa colère. Elle avait tué un nombre incalculable de gens, mais elle en avait autant gardé en vie en s’assurant que leur punition soit des plus sadiques. Elle voulait qu’on la respecte et c’était à l’aide de la violence qu’elle s’était fait écoutée à travers le temps. Il y aurait eu un miracle qu’elle soit encore où elle était aujourd’hui et qu’elle ait un cœur en or. Toute cette impassibilité qui régnait sur son visage n’était qu’un masque, elle avait d’ailleurs opté pour le calme en cette matinée où Darakan l’avait surpris par sa présence. Les hommes avaient toujours été la faiblesse de la belle, et il en serait sans doute ainsi jusqu’à ce qu’elle pousse son dernier souffle. Lorsqu’elle lui demanda quelles garanties il avait qu’il ne la laisse pas tomber du jour au lendemain, le Sommeil lui répondit avec autant de sincérité qu’il le faisait pour n’importe quoi. C’était d’ailleurs à cause de celle-ci qu’ils avaient été séparés aussi rapidement, il n’y avait pas de doutes là-dessus. Il lui avait dévoilé qu’ils ne pouvaient plus se voir. Il aurait pu faire comme si de rien était et l’oublier au fil du temps, peut-être même que Var aurait essayé de se battre pour le retrouver. Il lui en avait empêché à l’instant où le feu de ses paroles lui avait embrasé le cœur.

Il avait raison, la déesse avait du mal à oublier le passé et à se concentrer sur sa présence. Var était rancunière, elle arrivait mal à se défaire de ce qui se passait autrefois, tout comme elle ne se tournait pas vers l’avenir. La pauvre vivait trop dans le passé, il était difficile de voir comment elle pourrait se contenter de ce qui se trouvait devant elle. Il se tourna vers le ruisseau, ce qui lui permit de se concentrer sur ce qui l’entourait. Souvent, elle se disait qu’elle n’était pas assez en communion avec la nature, elle devrait suivre le calme de celle-ci. Un hennissement se fit entendre à quelques mètres plus au nord et un petit animal passa tout près d’elle, un [b]hérisson sans doute. Que se passerait-il si elle laissait tout tomber, si elle saisissait cette chance qu’elle avait de renouer avec son ami? « Tes paroles me font penser que chacun d’entre nous continue d’évoluer avec le temps. Si c’est la culpabilité qui te ronge, alors moi, c’est la colère et le ressentiment. » Un bref sourire apparu sur ses lèvres, un qui se conjugua si bien avec le ton de désolation. Ils avaient tous les deux des choses à oublier, à se faire pardonner, ou à passer au-devant, tout simplement. Les Dieux avaient une si longue espérance de vie qu’il était impossible de prévoir la manière dont on la vivrait. Certains étaient des plus las, tandis que d’autres prenaient la peine de savourer chacun instant. De la façon dont les deux protagonistes discutaient, ils étaient de vieilles âmes qui ne pouvaient être heureux longtemps. Il rajouta, comme pour s’expliquer, qu’il faisait tout pour sa sœur. Une jalousie prenait part de son être pendant son discours, mais ce dernier se transforma tout aussi vite en une compréhension sans pareille. « Je suis consciente que j’ai dit ces choses à la légère… Je m’en veux encore aujourd’hui de l’avoir laissé tomber des millénaires plus tôt. Je ne peux continuer de te demander de telles choses, comme je sais que je ne laisserai jamais tomber Silke. » Pour chacun d’eux, la famille était ce qui comptait le plus dans tout ce royaume. Elle lui avait posé cette question plus tôt au sujet de Jörd par pure colère, mais en réalité elle ne portait dans son cœur que de l’amour pour la Terre. Tout comme son frère.

Elle acquiesça lorsqu’il lui fit comprendre qu’ils devaient parler d’autre chose, elle en était entièrement d’accord. C’était la seule façon de cesser de penser au passé. Quand les prunelles du Sommeil se fichèrent dans les siennes, un long frisson lui parcouru l’échine et Var leva un peu la tête, comme pour contrer cette sensation. Si elle voulait oublier la colère qu’elle lui avait tant couvert autrefois, il lui suffisait de se fier aux sensations qui faisaient vibrer son être quand elle était près de lui. Un doux rire sortit de la bouche de la déesse à la suite de son questionnement. Comme si elle se laissait aller tout d’un coup. « J’aurais tellement aimé te dire que tout allait pour le mieux, si tu savais. » Une de ses mains vint ajuster une mèche de ses cheveux qui virevoltait au vent. « Mais ce n’est pas le cas. Je n’ai plus de maison. Quand j’ai appris la vérité sur Odin, je suis partie aussi vite que j’ai pu en laissant au passage une partie de moi-même au Palais Doré. » Et avec Tyr, au passage. Sa relation avec le prince d’Asgard avait été houleuse et surtout, ne s’était jamais concrétisé d’aucun des deux. Pourtant, la séparation avait été difficile, elle ne sut dire si c’était parce qu’elle éprouvait des sentiments pour lui ou parce qu’il n’essaya pas de la retenir, comme une nouvelle histoire qui ne faisait que se répéter de fois en fois. « Je me suis réfugiée au Palais d’Aegir et de Ran, sauf qu’il était déjà trop tard. Aegir et son orgueil… Je sais que je lui ai fait du mal, mais ce n’était pas comme si c’était voulu. » Elle avait toujours cru qu’elle faisait le bien, suivant les ordre du Père de Tout. « Il ne veut pas me pardonner. J’ai sauvé ses filles à la bataille et ça ne lui a pas traversé l’idée qu’il pourrait me perdre lui aussi. J’ai donc accepté l’offre de Frey de venir fêter chez lui. Depuis, je dors ici. » Sa mâchoire se serra, comme si elle retenait des larmes. Elle finit par rajouter, en lui offrant un regard qu’elle voulait remplit d’espoir. « Désormais, avec Thor et Sif sur le throne, la paix devrait revenir sur les royaumes. Ça ira mieux, n’est-ce pas? »


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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMar 24 Mar - 3:29

Colère. En ces temps où tout s’imbriquait dans la matrice du malheur, Darakan devait avouer que lui-même, dont la propension pour le calme était connue de tous, sentait se sédentariser entre ses deux tempes une ire néfaste et immuable. C’était un fiel qu’il avait glavioté au visage de sa propre sœur quelques jours plus tôt et qui s’était lentement mué en une émotion moins boiteuse, mais tout aussi mordante : la rancune. Encastrée dans sa chair pour en imprégner et le cœur, et l’esprit, il la sentait bourdonner quand Var s’épancha en quelques explications, comprenant que toutes les erreurs se justifiaient par la famille et la solidarité. Que se serait-il produit si, jamais en leur veine n’avait coulé un sang de fratrie ? Il supputait d’ores et déjà la réponse ; si sœur elle n’était point, il ne se serait pas jeté corps et âme dans la quête vaine de justice ou, tout du moins, aurait atterri à la fin du périple au creux de ses bras, sans rien pour juguler l’éclosion d’un amour. Il ne dit mot, peu intéressé à vouloir s’étendre sur un sujet qui ne faisait qu’accroitre ses blessures. De blessures, il n’était pas le seul à s’être échappé du cauchemar éclopé. Le Pacte semblait avoir eu son lot de conséquences. Comme, il n’en doutait pas, tout un chacun. La guerre avait scindé des parties, annihilé des amitiés de longue date et bouleversé un équilibre établi depuis des éons dans la vie de chaque participant. Il était atroce pour le Sommeil d’entendre le bilan des plaies que portait la déesse. Si impuissant fut-il à son sort, sa participation dans l’élaboration de cet enfer dilata sa culpabilité et, appelé à agir, il ne réussit qu’à commettre quelques pas pour que son parfum l’enivre derechef. Les poitrails forcés de s’avoisiner par la proximité retrouvée, Darakan, en lutte contre son impuissance, caressa de la cime du pouce le satin de sa peau, à cette joue qu’il ne voulait voir brimée par la naissance d’une larme. Ce premier contact ébranla la mémoire de sa chair. Teint d’une indicible douceur, tout n’exsudait que compassion dans ce regard azuré qu’il vissait au faciès de Var. Ses lippes s’étirèrent avec timidité en un sourire réconfortant et d’une voix qui en calqua la caractéristique, s’assura de répondre à sa question avec assurance : « Le temps effacera les maux ; ce qui aura été détruit se reconstruira. L’équilibre reviendra. Aie confiance. » Le couple royal qui succédera à Odin allait travailler en ce sens, le fils de Naglfari le pressentait, d’autant plus que la démission du Souverain allait lénifier les âmes blessées, dont celles de Jörd. Tout du moins il l’espérait. Les résultats, sans être ceux auxquels ils avaient aspirés en empruntant le layon de la vindicte, n’étaient pas pour déplaire au peuple heurté. À ses yeux, même si mille cinq cents ans volés et passés en geôle ne trouvaient pas une réparation aussi adéquate que la vie même du responsable, la couronne se nouant sur la tête de son neveu allait enclencher les rouages d’une nouvelle époque, plus prospère et juste que la précédente.

Il se perdit pendant quelques secondes dans sa laborieuse réflexion sur l’avenir et néanmoins, sa dextre ne trouva pas valable motif pour se détacher du visage de sa vis-à-vis. Comme si elle avait retrouvé le confort d’un nid longtemps abandonné et refusait maintenant de le quitter à nouveau, les doigts récoltaient par ces tendresses des souvenirs bienheureux, éveillant en ses reins un désir tout autre que celui, simplement, de calmer les tourments de la déesse d’une sincère caresse. Des yeux, on devina que Darakan avait retrouvé son chemin jusqu’à la réalité après une brève escale dans ses songes. Une lucidité nouvelle éclaira la pupille ; une lubricité discrète s’y cachait aussi. Commandé par cette nouvelle pulsion et subodorant là une opportunité, il s’essaya avec circonspection. Le quant-à-soi teinta alors son approche. Lente avancée jusqu’à la quête de ses lippes, il analysait le moindre signe pouvant trahir une réticence. Finalement, fou de ce trop long procédé, il laissa tomber toutes laborieuses précautions en épousant avec empressement ses lèvres à celles framboise de son ancienne amante, muant en brasier ce qui n’était jusqu’alors qu’une flammèche, comme si son soupir exalté avait contribué au phénomène. Une longue étreinte labiale fit suite à son initiative quand ses mains, plus désinvoltes, se firent comme un délicat étau ceignant le crin mordoré. Son cœur battait la chamade ; de révolte ou d’appétit, il ne savait dire et ne voulait l’entendre. Plus aventureux, enhardi par cette union, il parsema cette peau de vélin d’une pléthore de baisers, se traçant un chemin jusqu’à son cou, nid de chaleur et de grivoiserie. Et l’une de ses paluches, espiègle, d’emprunter la périlleuse route de sa colonne en destination des délicieux galbes du fessier.
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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyMer 25 Mar - 22:15

À l'orée de nos cœurs pantelants

VAR & DARAKAN

***

Elle ne devait plus penser à la tromperie synonyme du passé cauchemardesque de la belle déesse. Elle ne sut dire si le Sommeil avait usé de magie à l’instant où de quelques pas, il se rapprocha d’elle. Ils ne faisaient plus qu’un, la chaleur qui irradiait de leur corps pourrait rendre jalouse Sol. Il l’avait entièrement envouté, plus rien d’autre n’importait que sa présence. Même si ses pensées s’égarèrent vers le passé, ce fut pour se rappeler de toutes les fois où son cœur battait plus fort lorsque Darakan se trouvait à quelques mètres d’elle. Non sans un certain effarement, la déesse dû se rendre à l’évidence qu’elle ne pouvait lui tenir tête trop longtemps. C’était se voiler la face que d’espérer lui tourner le dos, et le présent obsédait chaque parcelle de son esprit. Elle ne pensa plus à la vengeance d’Angeya, Aegir qui lui tournait le dos ou bien le fait qu’elle n’ait plus d’endroit qu’elle pouvait appeler un chez soi. Ils avaient beau être dans une forêt des plus sauvages, plus aucun son ne les sortit de leur contemplation. Le souffle de la déesse était irrégulier, jusqu’à ce que les lèvres du Dieu viennent se plaquer contre les siennes. Ces dernières l’avaient tellement manquée. Comme un alcoolique qui avalait une goutte d’hydromel des années plus tard, Var voulu tout de suite en avoir plus. La lascivité des baisers de Darakan la forca à rejeter la tête vers l’arrière, laissant échapper un doux gémissement. Il embrassait chaque parcelle de son cou ivoire, au fil du temps, le Sommeil avait appris à connaître toutes les faiblesses de la fille de Leif. Rien ne comptait plus aux yeux de la déesse que de se retrouver dans les bras de Darakan. Un sentiment de bien-être parcourrait son être tout entier, était-ce ça se laisser aller? Impatiente comme jamais, les mains de la déesse décoiffaient déjà le Sommeil, forçant ses caresses davantage. Une brève lumière vibra des traits de la Belle, entourant les deux protagonistes d’une sorte de bouclier de deux mètres. La chaleur monta aussitôt en flèche, permettant à Var d’un coup d’épaule, de se délester de sa lourde cape. Un sourire espiègle bien destiné à lui faire comprendre qu’elle venait de s’arranger pour que le froid matinal ne les dérange pas davantage.

Ce fut au tour de la déesse des Pactes à s’intéresser à son vis-à-vis. Elle l’obligea à remonter rapidement pour lui voler un second baiser, plus puissant cette fois. Var devait se faire violence de ne pas presser davantage leur échange. Son corps collé au sien, plus elle s’appuyait, plus la passion l’empêchait de son contrôler. Ses mains allèrent plus au Sud, pour délacer le devant de sa robe. Elle voulait avoir sa peau contre la sienne, une fois son corset au sol, elle se retrouva en chemisette peu épaisse. Elle quitta les lèvres du Sommeil pour lui enlever à son tour sa veste et son gilet, elle contempla quelques secondes de trop ce torse qu’elle connaissait par cœur, avide. Si l’on ventait la beauté de la déesse des pactes, il ne fallait pas mettre de côté le physique sculpté de Darakan, ni de ses yeux qui l’envoutaient par sa couleur rappelant des eaux cristallines. Sa bouche lui offrit le même traitement qu’il lui avait fait quelques instants plus tôt, en même temps ses mains descendit habilement vers le pantalon du Sommeil, qu’elle commença à défaire. L’aura de chaleur qu’elle avait créée avait semblé les couper du monde extérieur, à moins que ce ne soit seulement grâce à l’omniprésence de son amant. On ne pouvait entendre que leur souffle, saccadés et les gémissements de contentement de la belle, jusqu’à ce qu’on vienne déranger la tranquillité de leur monde. Une branche qui craque. Le visage de Var se fixa dans l’orbite du sommeil, elle retint sa respiration. « As-tu entendu? » Lui murmura-t-elle, lâchant ses prunelles pour observer aux alentours. Ils étaient au fin fond d’une forêt bien garnie, assez loin du palais pour que leur disparition passe absolument inaperçu. Un sentiment d’insécurité la ramena à l’ordre, en même temps qu’un autre bruit, plus près cette fois-ci, se fasse entendre. La chaleur tomba, une brise glaciale fouetta le visage de la belle. Un long grognement s’en suivit…



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MessageSujet: Re: À l'orée de nos cœurs pantelants   À l'orée de nos cœurs pantelants EmptyVen 3 Avr - 4:23

Il déboulait promptement dans les bas-fonds du stupre, dans le gouffre ténébreux de la lubricité, là où les sentiments s’aveuglaient et où, de guides, ils ne devenaient plus que d’insignifiantes taches. S’abandonner aux besoins d’une chair en manque, répondre à l’appel de son appétit vorace et se laisser berner par l’illusion voulant que cela le guérisse. Dans le feu de l’action, toute cette manigance trouvait son sens et son efficacité. Le Pacte ne devenait plus qu’une bouée sur les eaux agitées de son existence. Plus de cœur qui puisse se froisser par ces manières mensongères ni d’espoirs appelés à être ranimés via ces élans passionnels. Que le sexe, sans artifice ni fioriture, libre de toutes inquiétudes ou culpabilité pouvant l’obombrer. Et de sentir contre ses lèvres les lamentations du cœur s’affolant et perdre la boussole ne vint pas même gâcher son moment. Ces frissons qui roulaient sur le derme de Var pour vibrer jusque sous ses paluches ne l’exhortèrent qu’à féliciter l’audace. On étouffait les sentiments dans les pulsions viscérales et animales. Qu’importe les raisons tant que dans la panse, le feu brûlait.

Le consentement de la déesse, silencieux et tacite, se manifesta dans l’effeuillage preste auquel le rêveur contribua dès que ses mains eurent quittées à regret les délicieux monts. Morceau après morceau, il libéra la vénusté du carcan de ses étoffes, éliminant avec hâte les barrières de pudicité pour mettre à nu le joyau convoité, celui qui, dans ses souvenirs, était d’albâtre et de savoureux galbes. Impatients, les doigts se glissèrent en tapinois à travers la dernière défense par l’échancrure de sa tunique comme des éclaireurs affectés à la reconnaissance du terrain, cherchant à tâtons leurs repères, semant caresses à foison pour finalement s’alanguir de contentement sur un sein. Et tout au long, les lippes demeurèrent scellées par le désir, écrin dans lequel se jouait l’union des deux langues.

Il se serait certainement livré jusqu’au bout à ses pulsions ici même, dans l’hostilité du monde ouvert, sous le projecteur ostensible du soleil montant et ce, malgré les dangers de l’aléa, si Var ne l’avait pas enjoint à cesser les échanges pour tendre l’oreille. La verdure trahissait une tierce présence, conseillait de quelques froissements la prudence, mais de ce tapage, Darakan accusa fissa les vents de vouloir troubler leurs jeux. Aussi retourna-t-il humer avec gourmandise le crin flavescent de sa belle, chassant une après l’autre ses mèches pour dévoiler à nouveau la peau, la surplomber et la combler de baisers. Quand bien même on l’avait frustré de la délicate attention que lui témoignait deux secondes auparavant la déesse pour la converger sur les fourrées, il crut pouvoir y remédier en doublant l’ardeur de ses approches, allant jusqu’à mordiller goulument le lobe d’une oreille. Mais aussi têtu fut-il à l’égard de ces avertissements, le dieu dû se rendre à l’évidence qu’ils n’étaient plus seuls lorsque des grognements indubitables résonnèrent jusqu’à eux pour faire planer une menace sans équivoque. Un soupire irrité s’échoua sur l’encolure de son amante et, enfin, la méfiance poigna ses boyaux. « Attends ici. » commanda-t-il quand, lentement, l’inquiétude se distillait en ses veines. Troquant la chaleur qu’irradiait sa déesse avec la froideur que l’anonymat diffusait sur lui, il procéda avec circonspection à quelques foulées en direction des bois, l’œil aux aguets. Par quel réflexe, il ne le sut exactement, lui dont l’amorphie l’étiquetait lambin, mais lorsque la masse cendrée tapie dans l’ombre se rua sur lui d’un bond, il parvint d’une rotation d’épaule à éviter de justesse la grosse patoche griffue, sans quoi la chair de son buste n’aurait été que lambeaux ensanglantés. Le loup, énorme dans ses proportions singulières, atterrit entre les deux acteurs, grognant à l’un et à l’autre son mécontentement abscons, les babines retroussées pour étayer une mâchoire dangereusement édentée. Et l’écume coulant à flots noya ce qu’ils avaient élu leur prochain lit conjugal de fortune.

Le théâtre de leur amour factice.
Là où on aurait dilapidé les fastes de la chair et où l’ivresse aurait mené à un lendemain de regrets.

Le danger était imminent et, pourtant, Darakan ne bougea pas d’un iota après sa fortuite esquive. Les billes azurées jonglaient entre le minois pantois de Var et les indices de leur fugace dépravation jonchant l’herbe à ses pieds. Le brasier en ses reins s’était éteint dès que les caresses avaient cessé d’être son combustible ; les ténèbres, quant à elles, se résorbaient et s’amenuisait le gouffre pour redonner aux sentiments tout leur sens. Sous leur diktat, qu’il trouvait insensé ce qu’il s’était apprêté à faire, avant qu’intervienne cette providentielle arrivée. La malheureuse, vue telle une bouée quelques minutes auparavant, méritait meilleure considération de sa part. Aussi vrais pouvaient être les battements de son cœur quand il s’était abandonné tout entier à elle, elle avait droit à mieux ; à un cœur plus authentique, moins fêlé, si opaque et pur en amour pour qu’il n’y ait que son reflet sur sa paroi. Et c’était loin de ses bras qu’elle le trouverait tant et aussi longtemps que guettait la réminiscence d’une sœur aimée au-dessus d’eux.

Le lupin finit par faire dos à la déesse des Pactes, subodorant la vulnérabilité du Sommeil, lequel s’était une fois encore égaré dans les méandres de sa contrition. Les griffes raclèrent le sol, mimique qui suffit à réveiller les sens du dormeur en laissant planer la rumeur d’un assaut imminent. L’offensive suivit immédiatement après et, l’animal se ruant sur ce veule personnage, crut bien avoir trouvé carne pour sa panse. Mais le reste se joua sur les derniers centimètres à dévorer lorsque les regards se croisèrent et que le sommeil frappa abruptement la bête. Cette dernière s’échoua la truffe dans l’herbe, immobile, sans que jamais ses crocs ne puissent goûter à son gibier. Assommé par le dieu sans que ce dernier ne sourcille. C'était toute l’étendue du pouvoir divin qui parvenait à lénifier même les instincts les plus bestiaux en les clouant au pieu. Il observa la carcasse de l’animal, complètement détendue, et, machinalement, laissa tomber un : « Rentrons. » avant de cueillir ses nippes au sol, se rhabillant à fond de train comme une âme prude qu’on aurait dépiautée sans consentement. Il ramassa les tissus appartenant à sa compagne, les lui tendant comme s’ils brûlaient dans sa paume. « Oui, rentrons au palais. L’endroit n’est pas sûr. » confirma-t-il avec plus d’assurance tout en invitant Var à emboiter le pas d’une main dans le dos. Contact si chaste et timide qu’on aurait cru que jamais il n’y eut braise en ses reins, ou que ce bref instant de débauche n’eut été le fruit que de leur imagination. Comme s’ils en avaient rêvé les secondes au creux de leur esprit et qu’il ne fallait point en parler tant elles étaient interdites. Comme si tout ceci n'était qu'une erreur ; une erreur qu'on pouvait trivialement effacer par un silence et une distance.

***

FIN
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