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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 We fear violence less than our own feelings

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Thor Odinson
Thor Odinson
haut-roi d'yggdrasil

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MessageSujet: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyMer 7 Jan - 14:46


L
es rangées de dents opalines grincèrent l'une contre l'autre sous une pression despotique, mais prompte à juguler les plaintes avec lesquelles il s'étranglerait bientôt. La psaume de l'acier, toutefois, susurrait quelques proses lénitives à son oreille, et le froissement du tissu pourprin qui vint orner son râble acheva d'appliquer l'onguent adéquat sur cette fierté régalienne rudoyée au paroxysme. Immergé dans ses pensées les plus abyssales, Thor laissa le bon soin à Thialfi de finaliser les attaches d'une cuirasse qu'il n'aurait jamais dû porter, pas maintenant, alors que son corps entier exhalait encore des fragrances médicinales d'Eir. Celle-ci se serait arrachée le crin si elle avait su, et que dire de Sif ? Il n'était apte à se lever que depuis l'avant-veille au matin, non sans être en proie aux maux physiques et à une fatigue chronique, qui le faisait blêmir à l'en faire ressembler aux cariatides de marbre qui jonchaient le palais. Tyr l'avait ramassé une fois, tous avaient comploté pour lui sommer de ne pas s'esquinter à la tâche, mais il en était incapable. Il avait juré, devant épouse et mère, tout en sachant qu'il dissoudrait son serment à la première opportunité, qui se présentait aujourd'hui. L'Inexpugnable pataugeait de nouveau dans le déni, celui d'être faible, au point de ne plus pouvoir faire ce pour quoi il était le meilleur. Si d'aucuns se complaisaient dans leur convalescence, lui, ne pouvait la tolérer, et désirait ardemment la combattre comme n'importe quel antagoniste sur un champ de bataille. Il ne connaissait guère que cette voie pour faire montre de sa valeur, même si son acte n'étincelait qu'à ses propres yeux, la nécessité de se prouver sa force devenait impérieuse. Il croisa les calots tourmentés de son homme-lige, qui ne disait mot, mais n'en pensait pas moins, et c'était bien parce qu'il préférait un mutisme déférent à des logorrhées vaines qu'il l'avait mis dans la confidence. Un sourire, une tape affectueuse sur l'épaule pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas matière à se ronger les sangs, qu'il n'était pas n'importe qui, puis le Thorfrid vérifia que nulle âme ne rôdaillait dans le corridor avant de permettre à son maître de passer, et de se frayer un sentier discret jusqu'au lieu où se tenait Heimdall.

Le seul éclat de l'armure princière avait suffit à la méfiance du gardien, qui s'était symboliquement interposé entre le blondin et l'un des entrées matérielles du bifröst, quand bien même celui-ci était clos. Et il n'avait fallu qu'une poignée de secondes supplémentaires pour que les phonèmes ne grimpent en octave, le différend avait de quoi être attisé, le guerrier se savait apôtre de la déraison, ce qui ne l'empêchait pas d'arguer en sa faveur et avec véhémence. « Ouvre ce pont Heimdall, ce n'est pas une requête, c'est un ordre ! » Le beau-frère sourcilla, non pas contrarié par l'injonction, mais bien par l'élan fantasque de son interlocuteur qu'il connaissait par coeur, et qu'il savait à mille lieues du comble de sa forme. « La fièvre t'est montée au bon sens Thor, je ne te laisserai pas passer. Je dois aller récupérer Mjölnir, je ne peux sciemment pas l'abandonner là-bas ! Tu n'as qu'à tendre le bras et le vouloir très fort pour qu'il apparaisse, ne me prend pas pour plus sot que je ne suis. » Une négation aussi péremptoire mit l'adonis en effervescence, ce n'était pourtant vers personne qu'il chérissait que son ire fielleuse devait obvier, les dommages collatéraux étaient suffisamment à déplorer comme cela. Il fit un pas de plus, sa gueule de fauve gauchie  par l'agacement, et feula d'un ton âpre. « J'irai de toute façon, que ce soit par le bifröst ou avec Tanngrisnir et Tannjnrostr, tu ne fais que me faire perdre du temps et de l'énergie !... Et c'est ton roi qui te l'ordonne ! Tu me dois respect et obédience, c'est à mes commandements que tu réponds dès à présent, alors obéis-moi... et ouvre-moi ce pont !! » L'argutie fit violemment tiquer l'Omniscient, presque navré que le Tonnerre se soit souvenu de l'abdication de son géniteur, plus encore qu'il use abusivement d'un pouvoir qu'il ne possédait même pas encore officiellement. Un silence circonspect régna, puis, la réponse se délia d'un timbre calme. « Tu n'es pas encore roi. Et tu ne devrais pas prêcher des droits intimement liés à des devoirs que tu déploreras bien assez vite, te connaissant. A de plus grands privilèges s'associent de plus grandes responsabilités, ne l'oublie pas. » Une péroraison ourlée d'une sapience que le Père de Tout lui-même aurait pu envier, et une certitude, celle que le futur souverain avait encore beaucoup, à apprendre. Sa pétulance jouerait en sa défaveur, mais il osait croire que ses ardeurs seraient étouffées par sa volonté de bien faire, une fois qu'il serait sur le trône, depuis lequel il n'aurait pas la même perspective des choses.

Se disant, Heimdall s'écarta, résigné malgré lui, car il avait bien assez expérimenté les lubies de l'Invaincu pour savoir qu'il n'en démordrait pas. Il ouvrit docilement le bifröst, cueillit un ultime regard de la part de son beau-frère, et l'observa disparaître dans le vortex astral en désapprouvant de la tête. Peut-être encore plus opiniâtre que jadis, Thor patienta que les lueurs versicolores se dissipent, au profit d'une vision autrement moins magnifique. A l'horizon, une contrée désolée et inféconde à laquelle il était – trop – familier, et qui ne lui semblait que plus sombre désormais. Ses traits se contractèrent lorsque les bourrasques poussiéreuses vinrent lécher son galbe, puis il se mit en route, pour traverser cette citadelle anthracite qui avait été le funeste gîte de Jörd, et déboucher du côté où le dernier Acte s'était déroulé. Il lui fut aisé de reconnaître le lieu, pas tant pour le traumatisme d'y avoir vu ses parents respectifs tentaient de s'entretuer, mais parce qu'une couleur plus vive que le gris maussade de ce royaume damné fit contraste. Il rejoignit la macule, qui ressemblait davantage à une nappe fossilisée, qui avait pourtant gardé tout son panache. Le rouge de son sang était toujours visible comme un triste agglomérat de rubis, y avait des mouchetures ici, et là, et même la parfaite empreinte de sa main niellée dans le sol. En comptant ce qu'il avait dû perdre en terme de quantité sur la route des maisons de guérison et dans celles-ci même, c'était à se demander comment il pouvait se tenir debout. L'idée de faiblesse avait beau être légitime à en voir tout ce fluide déversé, il ne voulait pas l'accepter, même si le funèbre théâtre de Svartalfheim avait quelque peu endigué son impétuosité. Pour peu, il se sentait sur le point de tout revivre, croyait ouïr les échos de la folie parentale et distinguait les reflets de sa propre vésanie. Sur le  plan émotionnel, il n'avait pas eu le temps de se remettre de ses plaies les plus intangibles, même s'il ignorait, au fond, quel genre de science il avait bien pu venir glaner ici. Ce n'était pas à lui de chercher l'expiation, et pourtant, il était seul, dans cette atmosphère livide et affligeante.

Des murmures l'arrachèrent subitement à sa réflexion, il pivota le chef en direction de l'arme de légende, dont la tête reposait sur la roche. Les glyphes qui en enjolivaient le fer finirent de luire lorsqu'il approcha, sa poigne s'enroula autour du manche et il le souleva, avec au moins autant de délicatesse que s'il avait eu Thrúd dans les bras. Mais son amante de guerre n'était pas fragile, et les aspérités féroces de son crâne destructeur fit sourire le maître, qui venait très probablement de retrouver le plus fidèle de ses alliés. Cependant, le bonheur des retrouvailles fut de courte durée, puisqu'une cacophonie hilare contraignit l'ase à se mettre en position défensive. Les échos provenaient de partout à la fois, ils résonnaient d'une paroi à une autre et le perdaient dans l'annonce d'une présence hostile, que le Fils Prodigue pensa pouvoir repérer, à tort. Une masse lui heurta brutalement l'échine pour s'y agricher comme mollusque à son récif, faisant bramer ledit roc d'une douleur indicible mais d'une fureur autrement plus térébrante. Il se débattit, des serres lui lacérèrent en partie le faciès avant qu'il ne réussisse à faire choir son adversaire à ses pieds, où il lui broya littéralement la cage thoracique d'un coup de marteau. Le geste l'élança sauvagement, il brimbala sur le côté et se rattrapa d'un genou à terre, devant une cohorte d'elfes sombres qui apparut enfin. Une paluche à hauteur de son abdomen, là où le mal lui donnait envie de perdre connaissance, il arbora une risette crispée mais narquoise. « Je savais que vous viendriez, l'occasion était trop belle, et vous vous êtes trop prévisibles. » Il ricana et s'obligea à se redresser, le souffle déjà erratique alors qu'il n'avait mené qu'un assaut – le combat se promettait laborieux, mais il avait foi en ses facultés. « Même les viscères à l'air, je vais vous expédier dans l'Helheim ! » Mais décidément, il manquait de précaution. D'autres sylphes noirs profitèrent de la diversion occasionnée pour l'attaquer en traître et lui bondir dessus à l'image du premier – ils étaient venus beaucoup plus nombreux qu'il ne l'aurait cru. Dans des râles furibonds, il se fit mettre au sol, et bien qu'il parvint à lancer Mjölnir et à faucher plusieurs de ses ennemis, il allait falloir redoubler d'efforts s'il ne voulait pas périr stupidement.
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Odin Borson
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« I have sacrificed much to achieve peace. So too must a new generation sacrifice to maintain that peace. »
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*Ceci est un compte PNJ, ne pas envoyer de MPs.


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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyJeu 8 Jan - 16:34


We fear violence less than our own feelings

Il n'existait pas plus de bonne guerre que de mauvaise paix. Nornheim ne semblait plus être qu'une immense macule écarlate, où les corbeaux et autres charognards se disputaient les derniers morceaux de chair. L'odeur de la cendre et les fumées flottaient encore dans l'air asgardien, comme pour rappeler à tous que l'on n'avait pas encore fini de brûler et d'inhumer les morts. Les valkyries avaient eu fort à faire, des millénaires s'étaient écoulés depuis que les guerrières avaient dû escorter tant d'âmes au Valhalla. Quand à Hel, les portes de son royaume lugubre étaient grandes ouvertes, pour laisser passer les malheureux qui n'avaient pas eu la chance de périr directement sur la plaine. Les Maisons de Guérison ne désemplissaient pas, Eir, Frigga et autres guérisseurs elfes devaient redoubler d'efforts pour sauver les blessés et les mourants dont les râles étaient comme une triste symphonie qui résonnait dans le palais. Les atrocités de la guerre, Odin les avait presque oubliées. Voilà près de trois millénaires que plus aucune guerre de cette ampleur n'avait éclaté. Trois millénaires de paix, parfois préservée par de lourds sacrifices, tous – ou presque – consentis par le Père de Tout. Le plus grand d'entre eux ? Incontestablement, celui qui l'avait contraint à préférer un fils à un autre, à enchaîner une jeune asyne innocente et à l'âme encore trop innocente. Protéger et servir Yggdrasil était une tâche de tous les instants, un fardeau plus lourd qu'aucun ne pouvait se l'imaginer. Tous avaient été enclins à juger et à condamner, sans un seul instant songer à ce qu'eux auraient fait s'ils s'étaient trouvés à sa place. Régner sur la plus haute branche de l'Arbre-Monde n'était pas une mince affaire, les responsabilités qui incombaient au Haut Roi n'étaient pas négligeables, car c'était le sort de millions d'âmes qui reposait entre ses paumes. Ainsi, il ne fallait pas s'étonner qu'Odin ait l'apparence d'un vieillard là où d'autres dieux du même âge, parfois plus âgés, avaient gardé les traits de jeunes gens fringants sur lesquels le temps n'avait aucune emprise.

Le temps... Voilà plus de six mille ans que le fils de Bor foulait les terres de Neuf Royaumes, et pour la première il lui semblait qu'il lui en manquait, qu'il lui en avait manqué. Pour la première fois il se sentait vieux, tellement vieux... Abdiquer, abandonner le trône et la couronne, cela l'avait certes déchargé d'une charge bien pesante, cependant cela l'avait laissé seul avec sa conscience, et tous les démons et spectres qui l'habitaient. La Régence ne semblait être que de la poudre aux yeux, une façon officielle de rassurer les uns et d'apaiser les autres, car les pouvoirs décisionnels ne lui appartenaient plus. Non, ils appartenaient désormais au Fils Prodigue... Au fils mutilé. Il n'avait pu se rendre au chevet de Thor depuis que celui-ci avait été installé dans ses appartements princiers à la demande de son épouse, qui n'avait alors pas perdu une seconde pour lui en interdire l'accès. La rancœur et la haine de Sif, il les comprenait et les respectait, et c'était bien pour ne point jeter de l'huile sur un brasier déjà incontrôlable qu'il n'avait pas outrepassé les droits qui étaient les siens pour se rendre auprès de son aîné. Les nouvelles quant à l'état de son fils, il les glanait auprès d'Eir et de Frigga, ou encore auprès de Tyr, qui l'avait informé avoir eu à le ramasser dans les couloirs du palais à sa sortie prématurée du lit. Au moins était-il en vie, à défaut d'être bien portant. Les Nornes, il les avait priées, suppliées d'épargner son fils. Il n'avait pas invoqué leur miséricorde au nom d'Yggdrasil, non, c'était pour une fois le père qui était tombé à genoux pour implorer les Tisseuses de laisser son enfant vivre. La culpabilité lui rongeait le cœur comme de l'acide, la scène s'était rejouée un millier de fois dans son esprit. Il le revoyait, son très cher enfant, se mettre sur le chemin de Gungnir, et la lance le transpercer comme s'il n'avait été qu'une poupée de chiffon, et le sang franchir ses lèvres pâles, gorger la terre stérile de Svartalfheim... Il en avait rêvé, cauchemardé, avait craint de devoir allonger son fils sur un bûcher funéraire jusqu'à être sur le point d'en perdre la raison. Thor était un sacrifice auquel il n'aurait jamais consenti, ni lui ni aucun de ses enfants n'auraient dû avoir à verser une seule goutte de leur sang. En dépit du favoritisme flagrant pour son aîné, Odin les aimait tous, ses précieux enfants. Même Loki, pourtant renié, même lui, qu'il n'avait pu se résoudre à condamner à l'exécution quant bien même il le méritait...

« Cesse donc de te torturer ainsi. Tu as fait de ton mieux pour tous les préserver. Tu as fait de ton mieux pour être juste. » Frigga égara une caresse dans l'échine de son époux, qui soupira longuement. « J'ai appris qu'il existe hélas autant de définitions de Justice qu'il existe de protagonistes dans les royaumes. » Jusqu'alors appuyé contre la balustrade du balcon, Odin se redressa lentement, chaque mouvement semblant drainer ses forces. « Nul ne sait mieux que toi à quel point il est difficile de régner sur un si grand royaume... » « Les débuts de son règne seront difficiles. » Un tendre sourire étira les lèvres de Frigga, dont la paume épousa la joue d'Odin. « Les tiens le furent également. Mais Thor ne sera pas seul, ni toi ni moi n'allons disparaître... Sif l'épaulera elle aussi, ainsi que ses frères. Il est jeune et impétueux, mais il apprend vite. Et il est plus sage qu'on ne le croit. » N'était-elle pas belle, la voix de la Sagesse ? L'on oubliait bien souvent que si Odin était le Père de Tout, Frigga était la Mère de Tous. Si le cœur d'Yggdrasil ne devait avoir qu'un visage, c'était assurément le sien. Il était bien heureux de l'avoir toujours eue à ses côtés, bien heureux de savoir que Thor avait lui aussi trouvé sa compagne d'éternité.

Les battants de l'huis du grand salon s'ouvrirent à la volée, si bien que le couple sursauta et fit volte face d'un seul mouvement, pour découvrir un Heimdall si furibond qu'il manqua de renverser une petite table qui se trouvait sur le passage. « Thor vient d'emprunter le Bifröst pour se rendre à Svartalfheim. » Le cœur de Frigga manqua un battement, elle blêmit. Odin se raidit, le rouge lui monta aux joues. « Les elfes l'ont déjà trouvé, je crains que même s'il a retrouvé Mjölnir il ne soit pas en état de les repousser... » « … Jeune imbécile ! », maugréa le père dans sa barbe, tandis qu'il s'élançait aussitôt vers Gungnir. « Va le retrouver, je t'en conjure... ! » C'était l'évidence même, la seule option logique. De la lave en fusion à la place du sang, Odin se précipita à la suite du Gardien jusqu'au pont arc-en-ciel, sans prendre la peine de lui demander pourquoi diable il avait laissé Thor emprunter le pont. Ce n'était pas une question qui nécessitait d'être posée, il savait très bien que Thor ne lui avait sans doute guère laissé le choix, borné comme il savait si bien être. S'il tenait à aller à Svartalfheim, ce n'était pas son beau frère qui l'en empêcherait. Grands dieux, à quoi pensait-il ? C'était tout juste s'il tenait debout, n'aurait-il pu se contenter de tendre le bras pour récupérer son précieux marteau ? Que cherchait-il là bas, à mourir ? Tout aussi furieux qu'inquiet, Odin se lança à travers le Bifröst pour rejoindre sa progéniture en bien mauvaise position.

Une fois n'est pas coutume, pendant une poignée de secondes la luminescence du Bifröst éclaira le sombre royaume d'une lumière à laquelle il n'était pas habitué. Il fallut un instant et quelques battements de cils au Père de Tout pour s'accoutumer au manque de clarté des lieux, mais lorsqu'il vit enfin clair, c'est une vision d'horreur qui s'offrit à lui. Un groupe d'elfes semblait sur le point d'engloutir Thor, qui était à terre, et le simple fait que le jeune dieu ne soit pas debout témoignait de sa présente faiblesse. Son sang ne fit qu'un tour et il se lança sur les perfides créatures, mu par une rage de berserkr qui ne l'avait plus envahi depuis bien longtemps. Un premier elfe vit sa jugulaire tranchée par l'une des lames de Gungnir, et tandis qu'il s'effondrait sur le côté en tentant désespérément de retenir l'hémoglobine à l'intérieur de sa carcasse, il en abattit un autre. Un troisième, dont le surin était bien trop proche du cœur de son fils, fut empalé sur la lance avant d'être littéralement projeté dans les airs pour aller s'écraser plus loin en contrebas. La paire d'elfes qu'il restait eu vite fait de prendre la suite, cependant Odin ne leur fit pas l’aumône de sa miséricorde. Deux orbes lumineuses et incendiaires naquirent au creux de ses paumes et allèrent faucher les fuyards sans qu'il n'ait eu à faire un pas.

Le cœur battant la chamade, il baissa enfin les yeux vers le jeune dieu rudoyé. L'écarlate de son sang contrastait avec la pâleur de sa peau, sa respiration était rauque et erratique, impossible de voir si sa plaie s'était rouverte, mais cela n'aurait guère étonné son paternel. Un sifflement réprobateur s'échappa d'entre ses lèvres pincées. « Par ma barbe, as-tu perdu l'esprit ? À quoi t'attendais-tu en venant ici... ? » Le ton était sec, sévère, cependant ses traits trahissait la terreur qui l'avait saisi lorsqu'il avait appris que Thor était venu à Svartalfheim. « Je puis songer à au moins trois femmes qui s'arracheraient les cheveux de te savoir ici... ! » Sif la première, puis Frigga, Eir, Jörd... Était-il inconscient, ou simplement dans le déni de son état ? Quoi qu'il en soit, il s'était mis en danger, et rien que pour cela, Odin avait bien l'intention de le sermonner. « Relève-toi », ordonna-t-il en tendant la main au jeune souverain... qui refusa tout bonnement de s'y accrocher. Odin haussa un sourcil, s'écarta d'un pas, et abaissa le bras. « Eh bien si tu n'as pas besoin de mon aide, relève-toi donc seul. Allez, debout. » Sa fierté, Thor ne l'avait pas héritée d'un inconnu.
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyMer 14 Jan - 22:33


L
eurs rauquements voraces étaient un cantique maudit et térébrant qui semblait annihiler tous ses sens, et pour la première fois, ses propres rugissements ne réussissaient pas à percer dans cette cacophonie elfique et meurtrière. S'il avait voulu s'offrir en pâture, il n'aurait point mieux fait, mais sa volonté de faire plus que ce que même un dieu ne pouvait l'emportait sur tout bon sens, et la mort n'était pas une perspective qui l'épeurait, tout simplement parce qu'elle était une issue impossible. Lui, trépasser ? Même la funeste prophétie du Ragnarök n'arrivait à l'en convaincre, il était bien trop Grand pour épouser pareil sort, bien trop Lui pour que quiconque ou quoi que ce soit ait un jour raison de sa magnificence. Le fait qu'il ait naguère sustenté les mêmes certitudes envers Odin et qu'il se soit fourvoyé n'étouffait pas pour autant sa vanité intrinsèque, pour conquérir le coeur des gens, il fallait d'abord apprivoiser le sien, et connaître sa valeur n'était qu'une porte ouverte vers la victoire. C'était la raison pour laquelle il continuait de refuser de se soumettre, que ce soit au fatum, à ces Tisseuses ou à quelque adversaire juché devant lui. Bon sang ne savait non plus mentir, et il n'était pas le fils d'individus lambdas comme l'on était susceptible d'en trouver dans le tout Asgard. Plus que jamais, il en avait pris conscience lorsqu'il avait contemplé ses parents guerroyer, ici-même, face aux mêmes antagonistes, il n'y avait pas si longtemps. Puissants, indomptables et fiers, ses géniteurs lui avaient transmis ce qu'ils gardaient de mieux en eux, tout n'avait toujours été qu'une question d'héritage, du trône à la génétique. Alors, là où d'aucuns se seraient nichés dans l'excuse d'avoir été meurtri par Gungnir, lui, aspirait à prouver que même la lance régalienne n'était encline à altérer sa gloire. C'était l'orgueil qui était depuis l'aube de sa vie sa rose des vents, ce serait l'orgueil qui le mènerait à sa perte, un jour ou l'autre.

Cette outrecuidance qui lui faisait occulter la douleur et l'urgence de la situation pour se concentrer sur une riposte qui, précautionneusement, s'amoncelait dans les cieux. Bientôt, ce serait l'omnipotence du firmament qui porterait l'estocade à cette vermine qui s'apprêtait à le transpercer de mille aiguillons mortifères. Cependant, ni l'un ni l'autre n'en eut l'occasion, puisque la voûte préféra lui adresser une aide autrement plus impersonnelle, bigrement plus royale et impromptue que des éclairs échouant à terre. La lueur du pont arc-en-ciel, il l'aperçut sans réellement la voir, ce fut finalement la psychose véhémente du paternel qu'il eut en spectacle exclusif, juste sous ses prunelles. Et tandis que, pour une fois, le Père de Tout s'occupait du gros de la meute, son fils premier se débarrassa tant bien que mal des importuns restants avec une brutalité probablement exacerbée, qui ne fut pas sans dommages sur son propre galbe. Le coude d'un elfe sombre dans son abdomen l'ankylosa pourtant, mais il vit à peine l'éclat du serin menaçant qu'une lance – beaucoup trop – familière le faucha. Sans véritablement comprendre, le guerrier se retrouva au sol, cahoté par affects et sensations qui l'empêchèrent de se remettre en lice, et heureusement que le pater fut présent pour parachever ce piètre combat. Plus personne, si ce ne fut le créateur et la création. Le prince cherchait son souffle dans des tentatives désespérées, expectorant brumasse et presque poumons à chaque goulée, un brasier incandescent pilonnait sa ceinture abdominale et il se sentit même avoir froid, frémir sous sa cuirasse étincelante. L'invective chut comme un couperet inexcusable, le sermon de trop dans une atmosphère magmatique qui ne fit faire qu'un tour à ce sang qui perlait le long de son faciès. Il vit la poigne s'approcher, et il la condamna d'un râle furibond tout en reculant légèrement, avec la grâce d'un orque coincé sur la banquise. Ne fut-ce que pour contrarier les exhortations du roi déchu, il aurait eu envie de se vautrer plus encore sur le sol pour feindre l'étoile de mer, mais sa dignité lui sifflait tel un cobra dans l'oreille. « Je n'ai pas besoin d'aide ! Je n'ai pas besoin de toi ! » Que le fauve offensé cracha entre deux plaintes animales, une paluche sur sa panse. Toutefois, l'action fut plus délicate à exécuter qu'exposer la conviction de pouvoir se débrouiller seul, et à quatre pattes, front en appui contre la rocaille noire d'aniline, l'Inexpugnable flirtait avec le pathétique. Il souffrait, indubitablement, un tel tableau ne serait sûrement visible qu'une fois dans l'éternité, et il était mécontent que quelqu'un y assiste.

Il prit le temps, mais il finit par vaincre et se retrouva sur ses pieds, blême comme un draps, de la sueur, de l'hémoglobine et de la poussière en guise de masque. Il serrait les dents et ne parvint à s'en cacher, bien qu'il pivota en direction de la Sagesse qu'il observa un court instant, le crin fouetté par les bourrasques. « Je ne suis pas du menu fretin pour la raclure de Svartalfheim !! Je n'ai pas érigé ma réputation sur mon patronyme ou ma gueule de lion, rien ne peut me déchoir, pas même Elle» Il pointa Gungnir en contrebas, animé par une fièvre encore plus psychique qu'elle n'était physique. « Je suis THOR !! Je suis le Guerrier dans son idéal brut, Je suis l'étymologie de la force barbare, j'ai un rôle, je DOIS jouer mon rôle ! » Submergé par une blessure morale primitive, le blondin en égarait jusqu'à sa dernière jonction synaptique, et il se tourna sèchement vers le paysage, les poings serrés et irradiant d'une colère qui trancha le ciel d'une zébrure luminescente. Etre digne, toujours digne, une priorité maladive, un opium duquel il n'arrivait pas à se libérer. « Où êtes-vous ?!! Venez, dressez-vous devant moi si vous en avez le toupet et le courage, je ne vous crains pas ! » Un vif élancement le fit subitement grimacer, et il se sentit partir sur la droite. Odin fut contraint d'agir et de le rattraper avant qu'il ne s'écrase derechef sur un lit de résidus minéraux. Appuyé de presque tout son poids sur son père, Thor réprima un grognement endolori, mais il ne lâcha pas le morceau et lutta contre lui-même pour se redresser, tant bien que mal. « C'était mon combat ! Tu n'avais pas le droit de m'en priver ! Il m'appartenait de leur montrer qu'aussi mal en point il est, le futur roi est l'égide constante des peuples ! » Il ne laissait aucune place aux potentielles réponses du Borson, son timbre était profond et écorché, pour peu, l'on aurait pu jurer qu'il était à l'orée de l'implosion émotionnelle, ou qu'il se dépêtrait comme il le pouvait pour exprimer l'ineffable. Il se détacha du pilier dont il fut sourd à toute exclamation, et s'avança de quelques pas dans l'arène désertée, paré à mener la croisade qu'il s'était fixée envers et contre tout.

Il tendit le bras pour rappeler Mjölnir, qui se désincrusta de la roche pour le rejoindre sans tarder. Cependant, l'arme s'immobilisa nette à un mètre de son propriétaire, qui écarquilla les yeux face à ce refus pour le moins inattendu d'obtempérer. Lors d'une fraction de secondes, son coeur rata un battement, et il attendit, dans l'angoisse et l'incompréhension, que le plus fidèle de ses compagnons ne lui assène l'estocade – tout en sachant qu'à celle-ci, il n'y survivrait pas. Le marteau finit par se rendre dans la paume de Thor, mais lentement, presque prudemment, comme s'il désirait, à son tour, ne pas l'écharper plus qu'il ne l'était déjà. Parfois, il fallait se demander qui était réellement le maître de qui, il ne s'agissait pas seulement d'un bretteur et de son arme, la relation qu'entretenaient les deux était plus abyssale et indicible que quiconque à la surface d'Yggdrasil n'aurait pu s'en douter. C'était la première fois que l'ouvrage de guerre faisait preuve de réticence, même bienveillante, mais c'était aussi la première fois que l'adonis se retrouvait dans cet état de santé, et cela ne pouvait qu'être lié. Violemment, mais calmement, remis à sa place, le jeune homme se sentit totalement démuni, si même Mjölnir jugeait que le temps n'était pas au labeur inconsidéré, que devait-il en penser ? La pulpe de ses doigts traça les runes, à chaque fois, à l'image d'un enfant qui redécouvrait un cadeau qu'il connaissait pourtant sous toutes les coutures, une scène éternellement touchante.
Pacifié aussi vite qu'il s'était emporté, l'Invaincu se frotta les paupières, il renifla, se mordit la lippe, puis s'orienta d'un quart vers son père, les yeux bas... et la mine coupable.
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyVen 16 Jan - 21:38


We fear violence less than our own feelings

Jamais père et fils n'avaient été plus opposés, et pourtant... Plus que jamais, Odin se reconnaissait en son fils. La rage, l'arrogance, la certitude d'être ce que l'univers avait de mieux... Lui aussi avait été ce jeune homme qui portait sa fierté en guise de couronne, persuadé de pouvoir conquérir chacune des terres qu'il foulerait, et bien évidemment prêt à se damner dans l'Helheim plutôt que d'accepter une main tendue ! Si le Père de Tout avait perdu de sa superbe, que dire du Tonnerre avachi dans la souillure de Svartalfheim ? Le jeune prince n'était soudainement plus aussi doré que cela, et son paternel en était le premier navré car il savait parfaitement être la cause de toutes ses tourmentes. Il n'en restait pas moins son père, et tout furibond que le jeune homme puisse être, sa fierté égratignée n'était pas un motif valable pour s'adresser à son père comme s'il n'avait été qu'une raclure de Midgard. Il se tut, cependant, garda les bras croisés sur son poitrail, tandis que le lion blessé se redressait avec toutes les peines du monde, certes, mais seul. Au moins fallait-il lui reconnaître cela, Thor était un garçon obstiné qui allait au bout des choses, aussi peu sages que puissent être ses décisions. Mais pour son père, le lion tenait davantage du lionceau, un lionceau bien mal en point. S'il n'avait pas craint d'empirer les choses, il aurait volontiers attrapé son enfant sous le coude pour le reconduire auprès de la Médecine aussi sec, car à force de gigoter et de bramer comme il le faisait, il se blesserait plus qu'il ne l'était déjà. En dépit de la mine sévère qu'il se forçait à afficher, Odin se tenait prêt à devoir rattraper son fils s'il devait chanceler, et à le traîner pieds et poings liés jusqu'à Eir s'il fallait en arriver là pour s'assurer de son bien-être. Il souffrait, c'était aussi évident que le nez au milieu du visage et toute sa volonté de le dissimuler n'était rien comparée à l'inquiétude paternelle. Mais puisqu'il tenait encore debout et semblait décidé à cracher sa bile, soit !

Un sourcil légèrement haussé marquant son scepticisme, il écouta au moins autant qu'il observa Thor, certain que s'il était si prompt à se draper dans sa morgue et à clamer haut et fort qui et ce qu'il était, c'était aussi bien pour se distancier de son père que pour se rassurer. Comme tout fauve blessé, il montrait les crocs et rugissait plus fort que de coutume. Mais il en fallait bien davantage pour l'impressionner Lui. Il avait combattu et vaincu Ymir, fait face à des légions de Jötuns et d'Elfes Sombres, mené la plus grande des armées dans les plus grandes des guerres, son nom avait été scandé à travers les royaumes et les âges, il était l'incarnation même de la Victoire... Thor aussi grand soit-il, n'était qu'un enfant comparé à son père, un enfant qui n'avait pas encore appris toutes les leçons de la vie, et qui avait encore besoin du soutien de son père... Littéralement. La poigne d'Odin fut là pour empêcher le jeune dieu de perdre pied, et pendant une seconde il fut indéniablement ému, car quand avait-il étreint son fils pour la dernière fois... ? Cela remontait à bien trop longtemps à son goût, et ce contact n'était pas des plus tendres, ni des plus longs car Thor eut vite fait de se reprendre pour se redresser et échapper à son père. Ce dernier soupira longuement, navré de constater que son fils n'était prêt à accepter aucune aide, et certainement pas la sienne. Trop orgueilleux, ou honteux... ? « Par les Nornes, fils ! Cesse donc de débiter tant d'inepties ! Même un roi a parfois besoin d'aide, et il est plus honteux de le nier que de l'avouer ! » Lui-même n'avait pas bâti son empire avec ses simples pouvoirs et vanité en guise d'armes. L'Histoire l'omettait bien souvent, mais à l'aube des royaumes tels que Thor les connaissait, il avait eu ses frères à ses côtés, Vili et Vé. Ceux-ci disparus – ou chassés – il s'était entouré d'autres, qui l'avaient aidé et épaulé, fait office de conscience et parfois pris la place de l'oeil qu'il avait perdu. Vidar, Frigga, Heimdall, d'autres dont les noms avaient été effacés et oubliés en même temps qu'ils disparaissaient, mais jamais, ô grand jamais, le Père de Tout n'avait été seul. Diviser pour mieux régner n'était pas tant un proverbe que l'on pouvait décider d'appliquer ou non, mais une règle élémentaire de tout règne qu'il fallait apprendre et ne surtout pas oublier. « Si je ne t'avais pas privé de ton combat, petit, les elfes t'auraient peut-être privé de la vie, et sache que je préférerais être frappé mille fois par ta foudre plutôt que de devoir annoncer à ton épouse qu'elle est devenue veuve à cause de ton manque de discernement... ! »

Odin secoua la tête, maugréant dans sa barbe contre l'impétuosité de la jeunesse, et observa de son œil moins appréciateur que d'ordinaire le Tonnerre ramener son arme à lui... Et l'improbable se produisit. Pour le coup, le cœur d'Odin manqua un battement en même temps que celui de son fils, car Mjölnir n'avait jamais eu qu'un seul porteur, Thor, et de ce qu'il savait ce devait être la première fois que le marteau rechignait à regagner la dextre de son porteur. Ce dernier fut calmé plus rapidement qu'Odin ne l'aurait espéré, remis à sa place par son plus fidèle compagnon. L'air penaud et coupable que le jeune dieu afficha firent peine au père, qui soupira longuement. Cette mine déconfite, il ne la connaissait que trop bien ; combien de fois Thor l'avait-il attendri, bien plus jeune, en le regardant de ses grands yeux azur, les épaules voûtées, comme s'il était le plus indigne des fils ? Ah ! Il s'était fait avoir un nombre incalculable de fois, il se souvenait avoir tapoté l'épaule du bambin avec affection pour le rassurer, et toutes les bêtises étaient oubliées... Cinq ans, mille cinq cent ans... Pour Odin c'était du pareil au même, ou presque. Thor avait bien grandi, mais il n'en restait pas moins son fils, et il avait encore beaucoup à apprendre.

Une fois de plus, Odin soupira à en expirer tout l'air de ses poumons et se rapprocha de son fils perdu dans la contemplation de son arme fétiche. « Force et grandeur ne sont rien sans l'humilité. L'Humilité. Te souviens-tu de ce que je t'ai dit lorsque tu es parvenu à t'emparer de Mjölnir pour la première fois... ? Il t'appartiendra tant que tu t'en montreras digne. Et si tu ne cesses d'affirmer à qui veut bien l'entendre que tu es le seul digne de le porter, il se pourrait bien qu'il ne daigne pas bouger la prochaine fois que tu l'appelleras à toi. Tu possèdes bien des qualités, mon fils, je suis le premier à le savoir et à les vanter. Mais l'arrogance est la première ennemie de l'humilité, et si tu ne veux pas l'apprendre à tes dépends, tu ferais mieux de faire preuve d'un peu plus de modestie. Le peuple t'adore, mais tu comprendras bien vite que la couronne du roi est infiniment plus lourde que celle du prince. » Il était aisé d'être aimé lorsque l'on pouvait se faire le protecteur et défenseur des peuples sans avoir à se soucier de devoir prendre les décisions qui changeraient la face d'Yggdrasil. Thor était le fer de lance d'Asgard, mais en cas de bévue, blâmait-on l'arme ou celui qui la maniait ? La réponse était toute trouvée. Thor n'avait pas encore conscience de toutes les responsabilités qui seraient les siennes, et Odin le premier aurait aimé les lui éviter pour encore un millénaire au moins... Son couronnement été précipité, il n'était pas tout à fait prêt. Il n'aurait pas droit à l'erreur, et c'était bien cela qui inquiétait son père. Car les erreurs étaient l'apanage de la jeunesse. « Une trop grande sensibilité est aussi néfaste pour un roi que l'est un manque de pitié et de compassion. Toi, mon fils... Tu es bien trop sanguin, bien trop passionné. Il faut que tu cesses de ne penser qu'avec ceci... » Il pointa le cœur du jeune dieu, puis sa main remonta pour lui tapoter doucement la tempe. « Et commence à raisonner avec cela. Tu en es parfaitement capable, et à prouver à plusieurs reprises posséder d'excellentes facultés de raisonnement. Il serait bon que tu uses ton esprit avant ton marteau plus souvent, à l'avenir. Un roi qui parle avec ses poings est un mauvais roi. »
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Thor Odinson
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyDim 18 Jan - 23:49


L
a voix de l'ouvrage de guerre avait outrepassé toutes les autres, ce grand choeur qui clamait sans cesse au lion fougueux de pacifier ses désirs de rugir et partir en guerre vaine. Peut-être était-ce dramatique, mais il accordait une considération ineffable au marteau qu'il ne voulait plus quitter de l'éternité, il instillait davantage de confiance dans leur relation fantasque au détriment de ses proches, tout bienveillants qu'ils étaient. Le Père de Tout et surtout le Sien aurait pu bramer toute la journée, vaincre les bourrasques dans des vocalises qui seraient probablement restées vaines aux tympans de l'opiniâtreté filiale. Sif et Frigga auraient été aussi impuissantes que le pater, car la rage incendiaire de batailler avait été plus forte que tout appel à la raison, avant que Mjölnir ne fasse incursion dans l'affaire. Ce n'était qu'à présent qu'il se sentait sot, comme trop souvent lorsque son sens commun émergeait de l'écume de sa véhémence, et il prenait conscience que ses actes n'étaient parfois que trop effrénés. Pour autant, cette frustration contre laquelle il luttait demeurait, il en sentait les flammèches lui lyncher les entrailles et la bile remonter, et soudain il eut hâte – hâte, grands dieux, d'achever sa convalescence et de réintégrer son statut de guerrier, sans dédaigner l'ensemble des nouveaux devoirs qui lui incomberait. Quelques fois, il avait cette sensation que nul n'était apte à le comprendre, pas même celui sur les traces duquel il marchait, pas même la déesse aimée qu'il chérissait plus que lui. Se sentir seul, et fureter pour l'éternelle compagnie de ses comparses, de ses sujets, de ses amantes d'autrefois, un cautère comme un autre pour pallier à ce sentiment de mal-être qu'il ignorait légitime ou non. Mais bas comme il avait chu dans l'abîme, il ne pouvait aujourd'hui qu'exhausser, descendre encore signifierait creuser sa sépulture de ses propres mains et comme l'avait démontré le destin, son heure n'était pas encore arrivée. Celle de l'aparté philosophique en revanche, pointait comme le petit jour au commencement du cycle de Sól, puisque que géniteur et fiston n'avaient eu l'opportunité de débattre ensemble depuis bien longtemps maintenant. Une session qui se promettait intéressante, dans la mesure où Thor était, des deux, celui qui avait subi le plus de métamorphoses.

Il redressa le museau lorsqu'Odin prit la parole, entamant une logorrhée chargée de remettre les idées en place du futur souverain, qui empruntait selon lui la mauvaise voie. Il lui aurait fallu être bordé d'ineptie pour ne pas apercevoir la sapience dans les paroles paternelles, ses failles, il les connaissait mieux que quiconque, et n'y avait peut-être que son présent interlocuteur pour les lui surligner sans crainte, ni tempérance. Il mira l'index qui échoua à hauteur de son palpitant, puis plongea dans l'oeil unique lorsque cette même phalange s'éleva jusqu'à sa tempe. Au point d'orgue, il sourcilla, détourna son attention vers le paysage et se mit ardemment à réfléchir, justement écartelé entre le verset de l'esprit et l'hymne du coeur. Il en avait toujours été ainsi, aussi loin qu'il s'en souvenait, et il n'avait jusqu'ici jamais déniché la clé de cette énigme. Et malheureusement, il doutait qu'en ce jour lui viendrait une révélation. « Tu n'as jamais que suivi ta raison, et regarde où cette quête d'entendement t'a mené. » Il le contempla, non pas accusateur, mais observateur de la déchéance du plus grand dieu qu'Yggdrasil ait jamais porté. Toutefois, il ne voulait pas être la lame amicale qui tailladait la chair avec sadisme, la Victoire avait très certainement eu son compte de réquisitoires pour les millénaires à venir. « Je n'ai pas l'intention de t'accabler, toi et moi n'avons que trop souffert de ce qui s'achève désormais. Mais, les éclairs naissent, vivent et meurent dans un éclat, ce sont les rejetons furtifs de la pétulance sous sa forme la plus naturelle, la plus pure. L'orage gronde et s'annonce, il préfère l'assaut franc au coup traître, et la foudre... elle tombe, mais ne décide pas où elle s'écrase. Elle est incontrôlable, parce que passionnée. » Par cette métaphore, c'était évidemment sa propre âme qu'il décrivait, il n'était que le reflet charnel de l'élément dont il était le maître, et que lui-même conduisait très laborieusement sans l'aide enchantée de Mjölnir. Le tonnerre ne se soumettrait jamais, ni ne changerait sa manière d'être, il continuerait à gouverner les cieux avec cette once de despotisme qui faisait frémir les spectateurs.

« J'entends bien ce que tu dis, Père, ne crois pas que je boude ta sagesse et ton expérience. Malgré tout ce qu'il s'est passé, tu restes à mes yeux ce que l'Univers aura forgé de plus admirable, et je pourrai m'estimer chanceux si j'effleure un jour ta grandeur. Je n'ai cure de ce que clament ceux qui t'ont tourné le dos, ceux qui t'incriminent et s'acoquinent à la délation parce que tu as déposé les armes et la couronne. Je n'ai jamais feint cet air béat que je mimais en te contemplant sur le trône, et je continuerai à te regarder avec les yeux d'un fils, envers et contre tout. Mais... » Le blondin se détourna, pliant légèrement sous l'âpreté de la douleur en ébauchant un rictus sur ses traits, mais toujours bien ancré sur ses jambes. Il se mit à observer Svartalfheim comme s'il avait été Asgard, comme si en contre-bas, se tenaient toutes les ouailles, les sincères et les benoîtes confondues en une masse populaire de grande envergure. « Bientôt je deviendrai ton roi, comme celui de tout le monde, et c'est à moi de décider ce qui inspirera mon règne. Tu ne m'as rien enseigné de l'humilité, me draper de modestie serait me mentir et me manquer de respect. Non, je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, et je le clamerai encore et encore, parce que c'est ainsi que je fonctionne. Je refuse d'être hypocrite pour sauver les apparences, là n'est pas la question de savoir si je suis capable de raisonner avant de frapper. La passion, c'est tout ce qui m'a guidé à travers les siècles, à travers les combats, si je l'ignore, si je la perds, je renie mon essence. J'agirai pour le bien commun avec ces mouvements de l'âme qui me caractérisent, et il faudra que tout le monde s'y fasse. » Evoluer, oui, changer non. Il y aurait Sif pour la diplomatie, pour adoucir les angles et harmoniser leur couple royal, elle serait la suavité qui épousera l'ardeur maritale, car elle en était bien plus capable que lui. Ils apprendraient, et les choses se feraient d'elles-mêmes, sans qu'il n'ait besoin de se trahir pour plaire à l'élite asgardienne et celle extramuros. Un monarque se taillait à la serpe des vicissitudes, il l'avait plus que jamais compris après ce qu'ils venaient de traverser, et déjà, on le saurait moins immature. Grandir, c'était l'apanage de tout être, et il n'y avait pas d'âge pour cela.
Son regard se porta subitement sur la sombre citadelle qui les jaugeait, chargée d'un récit qui ne se perdrait plus dans les méandres du temps et de l'indifférence. Il se demanda alors ce qu'en pensait et en penserait Jörd, dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis son réveil. Il lui ressemblait, à elle aussi, plus qu'il ne l'aurait jamais imaginé, mère et fils étaient des gemmes authentiques, tous deux détrempés dans un bain d'éréthisme qui ébranlait les mondes. « Sauf le respect que je te dois, il est temps que je cesse de faire de tes déclarations ma religion. J'ai été le fer de lance irréfléchi de ton autorité, et je ne veux plus dépendre de l'idéologie de quiconque. Un roi n'est certes pas seul, mais c'est à lui que reviennent les décisions, il faut que j'apprenne à être autonome. » A m'émanciper, faillit-il dire, premier surpris de se voir aussi sûr de sa volonté. Bondir hors de l'ombre de son paternel ne serait pas aisé, mais il avait l'intention de le garder auprès de lui, d'en faire une clé de voûte de sa plus grande aventure qui était sur le point de débuter.
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyLun 19 Jan - 15:37


We fear violence less than our own feelings

La trop grande prudence des aînés pouvait être tout aussi nocive que la véhémence de la jeunesse, tout n'était qu'une vaste question de juste milieu. Un juste milieu que même le Père de Tout n'était que trop rarement parvenu à trouver, et cela en dépit de sa sagesse – salement écorchée, semblait-il – et de tous ses efforts acharnés. Yggdrasil n'était pas un univers sur lequel il était facile de régner, la barbarie était de mise aux quatre coins de tous les royaumes, pour maintenir la paix il fallait paradoxalement savoir faire la guerre... Il avait appris des milliers de leçons au cours des âges, et Thor en apprendrait tout autant. Le jeune homme aurait un avantage certain, il pourrait bénéficier des conseils de son père, et cela bien qu'il ne tiendrait qu'à lui de les écouter ou non. Thor était parfois plus têtu que ses boucs, cependant il avait beaucoup gagné en maturité au cours de l'année écoulée, ce qui n'avait pas échappé à Odin. Si le père et le fils partageaient de nombreux traits de caractère, ils différaient également sur bien des points. Thor avait toujours été fougueux, passionné, et cela n'était pas à mettre sur le compte de sa jeunesse. C'était ainsi que son âme avait été façonnée, ainsi qu'il était, et rien ni personne n'aurait pu changer cela, et certainement pas son père. Il ne s'agissait en aucun cas de changer, simplement d'évoluer, de mûrir. De grandir, tout simplement. Nul être ne traversait les âges de la même façon qu'un autre, chacun avait sa propre perception du monde, sa propre sensibilité, ses forces et ses faiblesses. La métaphore de l'orage, Odin ne la comprenait que trop bien. Thor était indomptable, et en fin de compte pas même lui ne pouvait se vanter d'être parvenu à l'apprivoiser. Il avait su le plier à sa volonté des siècles durant, mais il avait perdu son influence sur son fils en même temps que son règne s'était achevé. Ce qui n'était pas une mauvaise chose, il était grand temps que Thor vole de ses propres ailes. Tout jeune qu'il était, un roi ne pouvait demeurer dans l'ombre de son père s'il ne voulait pas être décrédibilisé par son peuple.

Le père écouta le discours du fils en observant un silence presque religieux, buvant ses paroles comme si elles avaient été le plus sucré des nectars, car il était bien rare d'entendre Thor s'exprimer avec tant de sérénité... et de sagesse. Il était plaisant, bien sûr, de l'entendre dire qu'il lui vouait encore une admiration et un amour sans failles, car inutile de le nier, Odin avait bien cru avoir perdu l'affection et le respect de son premier né, comme il en avait été pour le reste de sa fratrie. L'amour filial, il ne le connaissait hélas que trop peu et il savait être l'unique à blâmer pour cela. S'il avait perdu le trône et les responsabilités qui y étaient associées, peut-être pourrait-il se permettre de d'adoucir et qui sait, l'occasion de réparer ses fautes se présenterait peut-être. Bien qu'il ne soit pas encore assis sur le trône, Thor semblait déjà mesurer une grande partie de l'ampleur de ses futures responsabilités, mais aussi de ce qu'il devrait représenter en tant que Haut-Roi d'Yggdrasil. Il allait sans dire que cela rassurait son paternel, sans pour autant que celui-ci ne puisse s'empêcher de s'inquiéter. Mais après tout, comme Thor le lui avait si bien dit... Le dernier mot ne lui appartiendrait plus. Si le jeune dieu préférait rester fidèle à lui-même plutôt que de plier l'échine pour plaire au peuple, eh bien soit ! D'autant plus que son raisonnement n'était pas sans logique ; Thor serait lui-même son premier sujet, et s'il ne se respectait pas, qui le respecterait... ? Il s'assagirait avec les âges, comme cela avait été son cas. Et si non... Eh bien, après tout nul roi n'est supposé ressembler à son prédécesseur. Le changement n'était pas une mauvaise chose, bien au contraire, du moment qu'il était adapté aux demandes et à l'époque.

La toute dernière déclaration du Tonnerre surprit le Père de Tout, au point qu'il haussa les sourcils aussi haut qu'il lui était possible de le faire, avant qu'un léger éclat de rire ne le secoue. « Par ma barbe, il était temps ! » S'il n'avait pas craint de voir le jeune homme s'étaler dans la poussière, il lui aurait volontiers béni d'une grande tape dans le dos. « Par les Nornes et tous les dieux de la création, tu n'as pas idée à quel point il est plaisant de te l'entendre dire ! Voilà des siècles que j'espérais t'entendre exprimer ta volonté de suivre tes propres convictions. Ce n'est pourtant pas faute de t'y avoir encouragé, mais tu étais si prompt à suivre mes directives sans même remettre en cause mon jugement... Je suis fier de toi, fils. Tu as mûri plus que je n'aurais pu l'espérer. Les guerres ont cette triste tendance à spolier les âmes de leur insouciance et de leur innocence, mais, et sache que je t'admire pour cela, tu sembles être parvenu à en conserver une partie en dépit des malheurs qui t'ont frappé directement. Ton éternel optimisme m'a toujours fasciné, je dois l'admettre... » Thor n'était pas un garçon qu'il était aisé de démoraliser, Odin ne se souvenait pas l'avoir jamais vu abattu... Exception faite du jour où il lui avait avoué la triste vérité au sujet de Jörd et des choix qui avaient été les siens, et c'était un souvenir que le Père de Tout préférait enfouir aux confins de sa mémoire. Un sourire, presque triste, éclaira son visage fatigué, il flatta doucement l'épaule de son fils, puis s'éloigna un instant pour aller récupérer Gungnir, restée fichée dans le corps de l'elfe qu'elle avait fauché. Il bénissait mille fois les forgerons qui s'étaient occupés de la fabrication de l'armure de son fils, sans qui il n'aurait pas survécu à lance.

L'arme tachée d'une hémoglobine d'ébène, Odin rejoignit Thor, auquel il n'adressa que quelques mots avant de passer son bras autour de lui pour le soutenir – et cela que cela lui plaise ou non. « Nous n'avons passé que trop de temps sur ces terres désolées. Rentrons chez nous. » Il n'eut qu'à lever les yeux pour que le Bifröst les cueille à l'endroit où ils se tenaient, pour les ramener à Asgard. Heimdall jugea bon de les déposer sur le balcon des appartements princiers plutôt qu'ailleurs, la raison de ce choix était bien simple, et le duo la découvrir aussitôt qu'il mit les pieds à l'intérieur du palais. Frigga se tenait au centre du salon, pâlotte et les mains jointes. Un soupir de soulagement lui échappa lorsqu'elle posa enfin les yeux sur son fils, qu'elle s'empressa d'aller étreindre, presque trop brusquement pour le jeune homme malmené. « … Ce que tu peux être inconscient, quand tu t'y mets ! Et ta blessure qui cicatrise à peine... ! Te voilà couvert de coupures et de poussière, mais que va dire ton épouse lorsqu'elle apprendra que tu t'es rendu à Svartalfheim pour récupérer Mjölnir ? Elle sera... Tout aussi furieuse que moi ! Allons, il faut que nous te raccommodions avant qu'elle n'ait la bonne idée de venir voir comment tu te portes, et si tu te... reposes bien. Assis. » Aussi inquiète qu'elle puisse être, Frigga désigna un siège à son fils, qui n'eut d'autre choix que de s'y asseoir si il ne voulait pas qu'elle l'y asseye de force. Ceci fait, elle invita l'apprentie d'Eir à entrer pour venir s'occuper de ses blessures, le tout sans qu'Odin ne songe seulement à s'opposer aux directives de son épouse. La jeune apprentie et Frigga s'occupèrent de retirer son armure au jeune dieu, le tout sous l’œil attentif du père, qui observa l'étendue des dégâts par dessus l'épaule de Frigga. Frigga qui se redressa d'ailleurs pour s'occuper de désinfecter les coupures de son visage, avec le même air désapprobateur qu'elle prenait lorsqu'il n'était qu'un bambin prompt à faire des bêtises. Cependant, ses mains tremblaient légèrement, ses gestes étaient hésitants, comme si... comme si elle craignait de ne plus être en droit de le toucher, comme si elle avait perdu ses droits de mère depuis que Jörd était réapparue dans la vie du jeune dieu. Ce qui n'avait pas échappé à Odin. S'il égara une caresse dans le rachis de son épouse pour la rassurer, il fut par la suite distrait par les larmoiements moins lointains qu'il ne l'aurait cru d'une pouponne dont il avait presque oublié l'existence et pour cause : la petite Thrúd, il ne l'avait encore jamais rencontrée.
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Thor Odinson
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyLun 26 Jan - 1:12


V
oilà que l'étalon, pour la première fois de son histoire, se retournait pour mordre la poigne qui tenait ses brides, et dans un élan de vésanie salvatrice, s'esbignait au triple galop vers le point cardinal qu'il aurait lui-même choisi. Vers un horizon où luisait une aurore polaire, porteuse d'énigmes et de mystères qu'il était paré à confronter, la sève de l'Arbre-Monde en guise d'opiacé. Un libre arbitre salutaire mais tout aussi effrayant, car qu'adviendrait-il de sa carcasse, si par malheur, il précipitait l'univers dans un chaos indicible ? Il était l'oriflamme de la prospérité, selon les dires de son géniteur, qui s'était lui-même fait susurrer l'information par les Nornes, un titre que l'on ne pouvait être prêt à porter quelle que fut notre éducation. La couronne semblait à la fois plus éclatante et lourde que jamais, la pesanteur d'un macrocosme sur son crâne blondin et les espoirs de plusieurs populaces sur ses épaules, un habit régalien pour le moins encombrant, et qui le resterait nonobstant toute l'aide qu'il obtiendrait. Mais si Odin avait pu ériger son mythe grâce à sa seule volonté, alors, son fils premier serait tout aussi apte à édifier le sien, il voulait y croire de tout son soûl. Que le monarque désormais déchu le comprenne ou non, ce n'était plus à lui que revenait l'Ordre dans son sens le plus vaste, et il ne jouissait plus d'aucune hypnose sur son successeur. Ce dernier craignait quand même, aux tréfonds de ses entrailles, une potentielle rupture affective, lui qui avait été un sage épigone toute sa vie durant et qui se découvrait enfin une aspiration subversive. Malgré les vicissitudes qu'ils avaient endurées, il n'avait rien perdu de l'amour qu'il portait à la Victoire, et il osait croire que ce qu'ils représentaient survivrait à toutes les épreuves, celles du temps et de l'éthique, celles du cœur et de la raison.

Et la houle d'étonnement ayant assailli le Borson se transforma en un ressac d'une satisfaction soulagée, comme la genèse d'un événement que l'on a que trop attendu, une aube inespérée. L'exclamation autant que le rire franc laissèrent le jeune adonis pantois, et son faciès ne fit que poursuivre sa décomposition en entendant son interlocuteur le congratuler comme s'il venait de devenir un homme digne de ce nom. Le bambin bondissait enfin hors de la pénombre paternelle, prêt à se brûler les yeux à la lueur aveuglante du soleil qui ne pointait que lui, l'heure pour laquelle il était né et avait été élevé. L'optimiste, tel était donc la clé de voûte de sa personnalité, la qualité qui, peut-être, occultait l'ensemble de ses défauts les plus exécrables, car elle permettait de faire naître une flamme d'espoir dans le cœur de chacun. Pour sûr, ce n'était point cette réaction qu'il avait escomptée, et s'il accorda une risette pusillanime à son père, il le contempla d'un air penaud lorsque celui-ci quitta ses abords pour récupérer son arme. Plus il avançait dans cette étrange odyssée, plus les situations se faisaient ubuesques, c'était à se demander si les jötuns ne lui offriraient pas bientôt une corbeille de fruits en guise de félicitations. Egaré dans les méandres de ses affects, il ne répondit que d'un signe de tête, et se laissa ensuite happer par le vortex luminescent qui leur fit quitter ces landes infertiles, sans regret aucun, sinon celui de ne pas en avoir occis ses autochtones jusqu'au dernier.

Transportés dans les cossus appartements du palais, ils n'eurent qu'à faire quelques pas pour s'engouffrer dans l'opulence divine et trouver, au beau centre de la pièce, une souveraine plus blême qu'il ne l'avait jamais vue. Cette vision suffit à elle seule à le faire frissonner de culpabilité, inconscient qu'il avait été, comme toujours, à se mettre en danger sans passer outre sa vanité. Il lui semblait d'ailleurs qu'il ne l'avait que trop peu aperçu ces derniers temps, celle belle Maternité, qui vint s'en jeter dans son étreinte sans plus de façons. Ce fut tout naturellement qu'il l'accueillit dans ses bras, réprimant un grincement de dents quant à la douleur qui naquit de leur embrassade, trop heureux de pouvoir humer sa fragrance si lénitive. « Je vais bien, ce ne sont que des égratignures, et Sif, eh bien, elle ne dira certainement rien de plus ni rien de moins que vous. » Toutes les logorrhées se ressemblaient cruellement depuis peu, mais il osait croire que son épouse trouverait la force de le comprendre sans avoir à le vitupérer, car il en avair assez de s'entendre dire qu'il usait d'un surplus de véhémence pour trop peu de jugeote. Il se fit pour autant docile, bientôt dépourvu de sa cuirasse, quittant une fois encore les chausses du guerrier pour celles du patient. On l'ausculta de-ci de-là, le traitant tel un enfant qui avait eu l'excellente idée de chuter sur un par-terre de pierraille, et les mimiques qu'arborait Frigga venaient confirmer l'innocente allégorie. Si Thor se prêta à sourire à ces expressions, il remarqua l'incertitude dans les gestes, sentit l'âme suinter d'une souffrance bâillonnée, et se souvint que les récents épisodes n'avaient pas été une sinécure pour elle non plus. Ses maux avaient été omis, parce qu'elle était de ceux qui préféraient mourir de leur peine plutôt que l'exposer, une humilité incommensurable que le fils admirait mais qui obligeait l'intéressée à porter seule sa croix. Or, elle ne le méritait pas. Il s'apprêta à prendre la parole, lorsque des pleurs poupons vinrent l'interrompre. Son regard obvia vers l'huis, puis en direction de la Sagesse, et d'ici, il n'eut pas longtemps à réfléchir avant de prendre une décision.

Ses mains se levèrent pour saisir celles graciles de la reine une fois qu'elle eut fini de soigner son visage, puis il se leva à son tour, faisant comprendre d'une brève mouvance à l'apprentie d'Eir qu'il irait bien pour le moment. Sa paume épousa la pommette de la mère écorchée, la pulpe de son pouce la caressa, et il la contempla comme si elle avait été l'unique astre étincelant sur un firmament bien obscur. « Allons Mère, tu n'as pas à t'en faire, je suis un grand garçon. C'est à moi de te protéger, non pas l'inverse, tu as bien assez fait pour moi comme cela. Je ne serais pas devenu l'homme que je suis aujourd'hui si je ne t'avais pas eue, il est temps que Père et toi vous vous reposiez, au moins un peu. » Oubliant le vouvoiement du décorum, il désirait lui faire savoir qu'elle n'était en rien déchu de son statut à son égard, qu'importait la présence de Jörd qu'il avait l'intention de considérer à sa juste valeur. Les liens de sang étaient une chose, les liens d'amour en étaient une autre, et loin de lui la présomption d'omettre à quel sein il avait bu, tout autant de dans quel ventre il s'était épanoui. Il ramena la sylphide contre lui, une patte derrière son crâne et les lippes en son sommet. Puis, de sa paluche libre, il prit l'épaule d'Odin, signant par là une trinité affective qui se voudrait infrangible. Ses prunelles croisèrent l'iris céleste du géniteur, le garçonnet avait bien grandi il était vrai, mais ils n'en demeuraient pas moins une famille, que rien ne pourrait briser. « Je vais aller prendre du repos, c'est promis. Mais avant, Père et moi avons quelque chose à faire. » Dit-il finalement en s'écartant, une ride espiègle au coin des lèvres.

Après s'être rapidement vêtu d'un haut qu'il retirerait de toute façon bientôt, il convia le Borson à prendre sa suite, et ensemble, ils sortirent de la chambre pour se rendre dans celle contigüe. De celle-ci provenaient des larmoiements qui auraient tôt fait de faire comprendre à l'ancien monarque la rencontre qu'il s'apprêtait à faire. Lorsqu'ils entrèrent, un trio de nourrices semblaient suer sang et eau autour du berceau pour divertir ou ne serait-ce que calmer le bijou bruyant qui continuait de donner de la voix. Thor se fraya un chemin, et il n'eut qu'à doucement aplanir sa main sur le thorax de la princesse, qui reconnut immédiatement cette empreinte et couina plus qu'elle ne hurla. « Laissez-nous voulez-vous. » Somma tranquillement le jeune parent qui se fit tout de go obéir. Une sphère intime se forma alors autour des trois générations réunies côte-à-côte, un moment qui n'appartiendrait qu'à eux, une accalmie si suave qu'elle en paraissait fictive. « Tu sais... » Il soupira lourdement, les calots fichés sur sa fille. « J'en ai voulu à Yggdrasil tout entier que Sif n'ait pas pu avoir une grossesse sereine. Etre père, c'est tout ce que j'ai toujours voulu, sûrement avant d'être prince, et même avant d'être roi. J'ai passé des nuits entières à imaginer une pléiade de futurs pour la chair de ma chair, je ne veux que le meilleur pour ce petit bout de déesse qui a hanté mes désirs des siècles durant. Ceci, même si je m'étais persuadé que ce serait un garçon... » Il ricana à ce souvenir, puis se pencha pour récupérer le trésor qui ne tarda pas à fermement s'agricher au vêtement du colosse. Il la berça lentement, plus placide à son contact qu'il ne l'était avec quiconque. « Mais elle est comme son père, comme son grand-père, née pour devenir quelqu'un de Grand, d'Immense. Sa place est ici, dans notre lignée, dans notre panthéon. » Il se rapprocha de la Victoire, et plaça Thrud au creux de ses bras. « Il est plus que temps que vous fassiez connaissance. »
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyMar 27 Jan - 17:29


We fear violence less than our own feelings

Frigga était la victime oubliée, car trop humble et silencieuse, de la guerre. La Mère Courage, la souveraine exemplaire, la seule épaule sur laquelle son époux avait pu et osé se reposer. On n'accordait que bien trop peu de crédit à la Maternité, elle était bien plus forte que ses fonctions ne le laissaient supposer. Ne pas laisser les horreurs de la guerre et ses sentiments personnels corrompre son jugement demandait une force de caractère certaine, et dans un univers tel qu'Yggdrasil, pour savoir faire preuve d'autant de douceur et de compassion il fallait être plus brave que le meilleur des soldats. Les qualités de son épouse, Odin était le premier à les vanter, ainsi il n'avait vu aucun inconvénient à ce que Frigga assure la régence du royaume avec lui le temps que leur fils se remette, et cela bien qu'il aurait préféré éviter un nouveau lot de tracas à son épouse. Tout aussi pudique que la reine puisse être quant à ses propres sentiments, ses craintes de perdre l'affection de leur fils aîné n'avaient pas échappé à son époux, qui avait fait de son mieux pour apaiser ses tourments tout en sachant pertinemment que le seul en mesure de lénifier ses peines serait le principal intéressé. Lui aussi avait redouté de voir Thor tourner le dos à Frigga pour lui préférer Jörd, et cela bien que le jeune dieu n'ait jamais fait preuve d'ingratitude avec ses aînés. L'angoisse de Frigga était légitime, Jörd était le spectre qui planait au dessus de leur couple depuis près de quinze siècles, c'étaient les traits de la Terre et non de la Maternité que Thor possédait. Les gênes du père n'étaient pas parvenus à s'imposer sur la figure du Tonnerre, il s'était toujours démarqué du reste de sa fratrie, que ce soit par sa chevelure dorée ou sa propension à contrôler des éléments naturels là où ses frères et sœur avaient hérité d'un crin sombre et de dons plus subtils. Mais, et là était tout à l'honneur de la reine, tout enfant adultérin qu'il soit, Frigga avait offert à Thor la même affection qu'à leurs enfants légitimes, il n'avait jamais été question de le laisser de côté ou de lui faire sentir combien il était différent. Elle avait été à la hauteur de son titre, et plus encore.

Ainsi, il était bon de voir la mère et le fils partager un moment d'intimité ; pour cette occasion Odin ne regretta nullement ne pas faire partie du tableau. Après tous les écueils traversés, il était grand temps qu'ils se retrouvent, grand temps que les sentiments – tout inchangés qu'ils demeurent – soient exprimés. Frigga éprouvait le besoin d'être rassurée, elle qui n'avait eu de cesse de son ronger les sangs lorsque Thor et Sif avaient disparu, puis lorsque la guerre avait officiellement éclaté, et enfin lorsque le jeune dieu avait bien manqué de trépasser en s'interposant entre son père et la femme qui l'avait porté et mis au monde. Comme toute mère, elle avait craint pour la vie de son enfant, et continuerait à s'en faire pour lui jusqu'à la fin des temps. Spectateur silencieux de la scène pleine de tendresse réciproque qui se jouait devant lui, Odin observa avec grande émotion Thor rassurer Frigga quant à son amour filial pour elle, et eut un sourire ému lorsque la reine égara une larme sur le pouce de leur fils. Les lèvres tremblantes d'émotion, Frigga hocha doucement la tête et se laissa aller volontiers contre son fils qu'elle enlaça avec précaution. Odin se rapprocha à son tour lorsque Thor referma sa poigne sur son épaule et la trinité resta ainsi un instant, dans un silence perturbé uniquement par les pleurs d'une pouponne qui s'impatientait. Pour son grand-père, la petite Thrúd demeurait bien mystérieuse, Frigga avait beau vanter la beauté de l'enfant c'était tout juste s'il parvenait à se l'imaginer, car tout aussi âgé et rationnel qu'il soit... Imaginer l'enfant de son enfant rester une chose bien étrange, et pour le moins singulière pour n'importe quel parent.

Le cœur battant légèrement plus vite que d'ordinaire, Odin suivit son fils qui l'avait invité à le suivre dans la pièce adjacente, non sans lancer un regard enthousiaste à Frigga, qui l'encouragea d'un hochement de tête. Par habitude, Odin contint son impatience lorsqu'il pénétra dans la chambre où se trouvait sa première petite-fille, cependant l'envie de se précipiter au berceau était bien là. Mais puisque la demoiselle semblait troublée, il préféra rester quelques pas en arrière, le temps que le jeune père ne s'occupe de la calmer. Ce fut instantané, les pleurs cessèrent aussitôt qu'il posa sa paume contre la petite poitrine de sa fille. La tendresse et la délicatesse du geste arrachèrent un sourire à Odin, voilà que Thor n'était plus seulement un fils, un frère et un époux, il était père. L'on accusait souvent le Tonnerre, et à tort, d'être trop arrogant et ambitieux. Combien se seraient doutés que devenir père était sa plus vieille envie, son plus grand rêve ? Concrétisé depuis que la petite Thrúd avait vu le jour, en dépit des malheurs qui avaient secoué sa mère tout au long de sa grossesse. Lui aussi avait craint que Sif ne perde l'enfant qu'elle portait, et s'il avait toujours fait en sorte de rassurer son fils, il n'avait eu de cesse de s'enquérir de l'état de la déesse auprès de Frigga. Entre le père et le grand-père, la Maternité avait eu fort à faire ! Un rire, légèrement moqueur, secoua le monarque lorsque Thor lui rappela qu'il s'était fourvoyé quant au sexe de l'enfant ; lui qui avait espéré un fils avait hérité d'une délicate poupée de porcelaine. « Garçon, fille... Qu'importe tant que l'enfant est en bonne santé. » Odin se gratta la barbe un instant, puis une grande risette étira ses lèvres tandis qu'il se remémorait la naissance de sa seule et unique fille. « Je dois toutefois bien avouer que lorsque ta sœur est venue au monde, j'étais le plus heureux des hommes. Après cinq fils, une présence féminine n'était pas de trop dans la famille ! » Et cela quand bien même il n'avait su être le plus présent des pères pour ses enfants. Quoi que l'on puisse en dire et en penser, il leur portait à tous un amour indéfectible. À tous, sans aucune exception, pas même pour le Jötun renié.

Il retint son souffle lorsque Thor prit la princesse dans ses bras, par les Nornes, il avait oublié à quel point un bébé pouvait être minuscule, plus encore entre les bras d'un colosse comme son fils. Un fils qui imaginait déjà un bel et grand avenir pour sa fille, ce à quoi Odin se sentit obligé de répondre. « Je ne doute pas qu'elle devienne une grande figure de la royauté asgardienne, qui sait, peut-être sera-t-elle reine un jour... Mais je t'en prie, ne répète pas mes erreurs, ne l'accable pas de responsabilités trop vite, laisse-la grandir comme n'importe quelle enfant a le droit de grandir. Ne la prive pas de son innocence et de son insouciance trop tôt... » Ne sois pas avec elle comme j'ai été avec toi, manqua-t-il de dire. Il se tut soudain, et faillit perdre ses moyens – un comble pour un homme comme lui ! – lorsque Thor s'approcha pour déposer la pouponne dans ses bras. Plus précautionneux que s'il avait tenu une poupée de cristal, il prit Thrúd contre son poitrail, et pour la toute première fois, découvrit la dernière née de la famille royale. Il peinait à se souvenir de la dernière fois où tant d'émotions l'avaient envahi... Peut-être quand Balder était venu au monde... A moins que ce ne soit quand Vali et Narvi avaient vu le jour... ? Grands dieux, il n'en avait pas la moindre idée. Et cela n'avait pas la moindre importance... Elle était tout à coup bien silencieuse, la précieuse enfant. Ses petits doigts entremêlés les uns aux autres, elle observait son aïeul de ses grands yeux, du même bleu que ceux de son père. Ses fins cheveux blonds, Odin les caressa de son pouce, attentif à ses moindres réactions. « Elle est magnifique, fils. Et elle ressemble à sa mère. » Oh, bien sûr que la petite ressemblait à son père, c'était indéniable, mais elle avait la grâce de sa mère. La ressemblance aurait sans doute été plus frappante si Sif avait conservé sa chevelure dorée. « Frigga m'avait vanté la beauté de ta princesse, et je n'avais aucun doute quant à la véracité de ses propos, mais... Grands dieux, soit je deviens gâteux, soit c'est là la plus belle enfant qu'il m'ait été donné de voir. Sif et toi pouvez être fiers de votre petite merveille. Pour ma part, je le suis... Mais j'espère que vous ne comptez pas vous arrêter là, hm ? » Il rit doucement, et à son rire firent écho les babillages de la princesse, qui s'exprimait enfin, une fois l'inquiétude de la première rencontre avec son grand-père passée.

Grand-père qui se laissa aller à la bercer au gré d'une mélodie silencieuse, ce qu'elle sembla apprécier puisqu'elle soupira de bonheur et cessa de s'agiter. Odin la contempla un long moment, puis enfin il releva les yeux vers son fils. « En dépit de nos différends, j'ose espérer que tu prêteras toujours une oreille attentive à mes conseils... Si tu me le permets, je vais t'en donner un avant que ton règne ne débute. Quoi qu'il advienne, je t'en conjure, ne néglige pas ta famille. Ni ton épouse, ni tes enfants, ni tes parents, ni tes frères et ta sœur... Tu es un homme sensible, plus que je ne l'ai jamais été, et quand bien même je t'ai mis en garde contre cela... Ne les laisse pas de côté, jamais. Ma sévérité m'a coûté l'affection de la plupart de mes enfants, tu le sais bien. Quoi que tu sois obligé de faire, accorde leur du temps, écoute-les, sois attentif... Ils seront ta plus grande force et tes meilleurs alliés. Sois un bon homme de famille, et tu seras un bon roi. Un meilleur roi que moi, en tout cas. »
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MessageSujet: Re: We fear violence less than our own feelings   We fear violence less than our own feelings EmptyMer 4 Fév - 22:32


L
es affects s'enchevêtraient en une superbe arantèle, sur laquelle les gouttes d'une rosée avaient remplacé les perles saumâtres des pleurs dont les échos n'étaient malheureusement jamais loin. Au revers de cette porte qui gardait le havre de la nouvelle princesse, ils retrouveraient l'affliction et les doléances contextuelles, mais pas immédiatement. Thor désirait inscrire chaque détail de cet indicible conciliabule dans son esprit, comme une scène inespérée, un instant de félicité qu'il avait presque craint ne jamais voir poindre. S'il avait durant un temps sustenté l'idée d'éloigner la pouponne de ses racines divines, il prenait désormais conscience de quelle bévue cela aurait été, et du paroxysme de sa fierté d'offrir à son père une petite-fille, tout comme l'inverse était véridique. Il ne doutait pas qu'Odin serait un aïeul bienveillant, injustement plus qu'il ne l'avait été pour ses propres enfants, à l'exception de son aîné, lui ployant une pléthore de responsabilités à un âge inadéquat. Il ignorait s'il s'agissait là d'une erreur ou de la conséquence légitime d'un tel héritage, sans accabler Thrud, il faudrait qu'il lui fasse comprendre toute l'ampleur de son rôle ainsi que la valeur ineffable de l'ichor qui coulait en elle, des gènes qui ne trompaient pas. Il ne savait point encore quelle serait sa conduite éducative, et il n'avait guère l'intention de la prévoir, il laisserait, une fois encore, sa passion et son intuition décider pour lui lorsque l'heure viendrait. Il admirait son géniteur plus qu'il n'était possible de le faire en ce haut monde, mais il ne serait paradoxalement pas le même parent que lui, lui qui avait toujours eu un rapport unique et fantasque avec ces adorables créatures qui constituaient les générations futures. Et il rit à l'évidence même, que non, il ne compterait pas qu'un seul joyau dans son trésor familial. Sif n'était peut-être pas de ces femmes que l'on rencontrait à chaque venelle de la Cité Eternelle, mais elle avait toujours été au fait du vœu de son époux d'être à la tête d'une grande descendance, ce qu'elle avait accepté en même temps que leur union. « Si cela ne tenait qu'à moi nous aurions un nouvel enfant tous les neuf mois, mais je compatis un tant soit peu au labeur de la grossesse et de l'accouchement. Thrud est la première mais elle ne sera pas la dernière, cependant, j'ai l'ardent désir que notre second poupon arrive dans une atmosphère autrement plus saine. » Et une fois qu'ils se seraient accoutumés à leurs nouveaux titres, et à toutes ces coercitions et ce symbolisme qui sourdaient à l'horizon.

La placidité pantoise de la princesse fit naître une large risette aux lèvres du Tonnerre, convaincu qu'elle savait parfaitement qui était ce parangon de magnificence qui la contemplait. Il hocha évasivement le crâne lorsque la Victoire argua qu'elle ressemblait à sa mère, ce qui était tout bonnement vrai, mais beaucoup semblaient avoir omis que la prophétesse avait un jour eu la flavescence de son mari en guise de crinière. La beauté de chacun s'était harmonisée avec maestria sur les traits du bébé silencieux, une vénusté latente qui éclorait au gré des années à l'instar d'une fleur au contact du soleil et de l'eau – et il ne croyait pas si bien dire. Puis, soudain, la conversation se fit plus grave, et le vieux roi se fendit de conseils que lui n'avait pu suivre. Son fils l'observa avec attention et cette humilité qu'il ne réservait qu'à lui, il comprit, sans être surpris, ni même anxieux à la perspective d'aider un être à s'épanouir dans cette odyssée qu'était la vie. Non, il ne nourrissait en rien les angoisses de son pater, étrangement, l'éducation d'un enfant lui était autrement plus aisée et instinctive que ne pouvait l'être le rôle de monarque, même si cela viendrait avec le temps. Il était navré que ses frères et sœur n'aient jamais pu profiter de l'amour paternel comme lui en avait abusé, mais c'était une faute qui ne lui incombait pas. « Tu as été un bon roi, il ne tient qu'à chacun de se souvenir de tes bons actes et non pas des mauvais. » Mais le genre divin autant que le genre humain avait cette improbable propension à occulter le positif pour s'intéresser de trop près à son exact opposé, il ne le savait que trop bien. « N'aie crainte, je n'ai pas pour projet de négliger ceux que j'aime. » Il égara néanmoins une pensée pour ses frères, notamment Bragi, duquel il n'était pas fatalement proche, et de Tyr, avec lequel tout n'avait toujours été qu'inimitié. Et Saga, tous deux s'étaient éloignées par la force des choses, et que dire des amis qu'il avait malgré lui accusé et châtié lors de sa traque aux félons ? Lui restait moult plaies à panser, maintes réflexions à mener.
Mais en attendant, il demeura là, à s'abreuver du lien naissant entre son père et sa fille, ignorant avec outrecuidance la douleur qui le tiraillait vainement.
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