Marcher parmi les dieux, voilà une idée qui plut longtemps à de très nombreux midgardien. Nombreux espéraient mourir honorablement au combat afin d'être recueilli par une valkyrie et ainsi être amené jusqu'au Valhalla. Les plus méritants d'entre eux cependant, recevaient un honneur bien plus grand. Voyez-vous, il arrivait quelque fois qu'un homme ait suffisamment impressionné les dieux durant son existence pour mériter sa place au sein de la garde royale d'Asgard. Les femmes guerrières quant à elles pouvaient devenir des valkyries, bien entendu. Recevoir un tel privilège permettait de vivre auprès de toutes ces divinités que l'on avait pu prier durant sa vie mortelle. Cela permettait de devenir à son tour, divin. Et comme toute choses, il y eut un premier. Un certain Lothar, l'homme qui fut le premier jarl. Celui qui unifia des tribus de chasseur-cueilleur pour en faire un peuple sédentaire et ainsi pouvoir combattre avec efficacité les géants de glace, alors présent sur Midgard. Contre toute attente, ce fut Odin lui-même qui descendit le chercher et fit de lui un Einherjar. Lui qui faisait parti de l'élite martiale des humains, atteint, peu à peu, l'élite des Ases pour enfin devenir maître d'armes de ce prestigieux ordre. En l'espace de quelques décennies, notre homme était devenu incontournable en Asgard. Preuve vivante que n'importe quel homme, avec une volonté suffisante pouvait devenir important, et respecté. Ce respect l'avait côtoyé assidûment de nombreux grands noms du panthéon scandinave, devenant tantôt amis avec certains, tantôt ennemis, il forma même de grands dieux à l'art du combat. Notre homme en vint même à se lier avec la déesse de l'immortalité, Idunn. Une princesse dont le soldat n'aurait jamais espéré pouvoir approcher. Ces asgardiens finirent même par devenir plutôt proche, se rendant visite l'un l'autre régulièrement, parlant à cœur ouvert, comme ce fameux jour.

C'était une journée qui semblait être comme de très nombreuses avant elle. L'ancien s'était rendu à la garnison, inspecter le matériel, s'entraîner face à quelques mannequins, l'espoir de ne pas perdre ne serait-ce qu'un peu de sa technique. Dans l'espoir d'être capable de former n'importe quel guerrier, avec n'importe quelle arme, aussi étrange soit-elle, le maître d'armes faisait son possible pour ne pas oublier une quelconque façon de combattre. La première fois que notre ami se retrouva face à un homme, dont son style de prédilection lui était complètement inconnu, Lothar se trouva bien embêté pour pouvoir aider le nouvel arrivant. Alors, depuis, il était le premier à arriver aux entraînements afin de n'avoir aucune faille. Après une bonne heure et demie d'entraînement solitaire, les premiers soldats commencèrent à montrer le bout de leur nez, récupérant armes et protections, avant de suivre les directives de ce pilier de la communauté. De temps à autres, il lui arrivait de reprendre l'un des guerriers, lui montrant aussi la raison d'agir de telle façon plutôt qu'une autre, bien souvent, une brèche s'ouvrait, ou le fameux mouvement déstabilisait, dans tous les cas, ce n'était pas une bonne idée, loin de là.

Après deux nouvelles heures, où le maître avait finit par se joindre lui-même aux exercices, et ce, sans la moindre retenue, espérant les préparer au mieux, ce dernier prit un de ses élèves à parti. Un homme arrivé récemment dans la garnison. Un Ase de naissance contrairement à lui, qui suite aux récents événements avait voulu s'engager pour faire gonfler les rangs de la garde. Moins expérimenté que les autres, le jeune homme avait, de fait, plus de lacunes, mais semblait disposé à écouter, apprendre et à ne jamais roupiller devant la rigueur du premier jarl. Alors que la conversation sur divers exercices à faire dès qu'il lui était possible se poursuivait, une silhouette se dessina peu à peu dans le dos de l'enseignant, qui ne la remarqua donc pas. L'élève, quant à lui, la remarqua bel et bien, la bouche grande ouverte, et les yeux écarquillés. Finissant par reconnaître la mimique étrange du soldat, notre ami finit par se retourner et remarquer la princesse. Princesse, qui, comme à son habitude était resplendissante de beauté, bien qu'affichant un visage froid. Cela fit doucement sourire Lothar qui s'inclina respectueusement, heureux. C'était la première fois que la belle venait le voir entre ces murs, cela lui faisait grandement plaisir. « Princesse. Votre présence fait honneur à nos murs. » Se relevant avec délicatesse, comme le protocole le voulait, il finit par donner congé au nouveau soldat. Le vieil homme n'était pas très friand de ce fameux protocole, préférant la simplicité des mots, allant jusqu'à tutoyer ses élèves, préférant qu'eux aussi le tutoie. Selon lui, le vouvoiement avait tendance à dénoter une certaine distance, qui ne lui plaisait pas beaucoup.

Rangeant sa lance sur le râtelier le plus proche, l'homme finit par se rapprocher avec délicatesse d'Idunn, le visage finalement inquiet. Bien que plutôt heureux d'une telle visite au premier abord, le doute avait fini par prendre le maître. Pourquoi être venue jusqu'ici ? Après tout, la princesse ne l'avait jamais fait. « Peut-être puis-je faire quelque chose pour vous ? Je … Ne vous ai jamais vue venir en ces lieux, quelque chose serait-il arrivé ? »