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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Le Fruit de la Trêve

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Idunn Ivaldidóttir
Idunn Ivaldidóttir
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MessageSujet: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyMer 31 Déc - 0:49

La matinée encore jeune, prête à être cueillie.
Idunn se rendait comme tous les jours près du pommier dont elle avait la charge. Les bras libres de tout poids, n’ayant qu’à s’assurer de retenir les pans de la longue tunique blanche dont elle s’était parée. Elle ne souhaitait rien d’oppressant, s'étant vêtue de soie et de fils d’or qui se mêlaient avec grâce aux mèches de sa chevelure blonde. C’était son moment de sérénité. La lente marche qui la menait en direction de ce labeur qui n’en était plus un. Il était devenu un plaisir, un réel besoin de se consacrer à cette œuvre qui était probablement sa seule raison valable de respirer encore à Asgard. La déesse se morigéna silencieusement en son for intérieur. Elle ne devait pas songer à de telles choses. Sa vie était d’une tristesse et d’une banalité à pleurer, mais il y avait bien plus mal loti qu’elle. Pour se redonner du courage et de l’aplomb, elle songea à ceux dont les plaies n’étaient pas refermées. Elle songea à Thor et à la pénible convalescence de ce dernier. Logiquement, ses pensées la portèrent par la suite en direction de Sif. Puis d’Odin. Freyja. Frey. Tout ce qui pouvait lui éviter de songer à Bragi, à Loki ou aux complications entraînées par le retour de Jörd, elle s’y plongeait dans un soupir bienheureux.
Une fois près de l’arbre, sa paume en caressa l’écorce avec une tendresse non-dissimulée. Elle avait retrouvé le sourire. Lui, au moins, la comprenait. Elle rassembla les pans couleur de crème de ses habits pour les retrousser légèrement et s’asseoir au pied du tronc. Son dos s’adossa au géant végétal, avant que l’immortelle ne lève les yeux vers ses branches, innombrables et surtout agréables à contempler. Du bout des ongles, elle effleura une racine, se gorgeant de ce spectacle dont le souvenir lui avait permis de tenir dans les geôles froides et humides de Jötunheim.

« Bonjour, mon ami. »

Son seul ami ? Non… Non, elle ne pouvait pas se montrer aussi noire ni aussi amère, en dépit de son profond attachement pour le pommier sacré. Le cœur alourdi par une fatigue latente qu’elle cachait aussi bien que possible à ses semblables, ses paupières se fermèrent. Idunn inspira profondément la brise, emplissant ses poumons des odeurs familières, étrangères, sans cesse renouvelées. Un frisson caressa puis hérissa la peau de ses bras. Enfin, sa tête commença à dodeliner, sans hâte, telle une enfant endormie en proie à un rêve étrange et intrigant. Au bout d’un moment, sa voix se fit entendre, basse, paisible. Elle chanta en y mettant tout son amour, toute la confiance qu’elle ressentait encore envers la vie de l’arbre. Il ne l’avait jamais déçu. Lui. Il n’avait eu de cesse que de répondre favorablement à ses prières, à ses demandes. Aucun caprice, aucune angoisse, aucune peur ni aucun mal n’avait jamais été causé par lui. Pourquoi les dieux, ces êtres d’exception, étaient-ils alors capables de telles bassesses ? Pourquoi n’avaient-ils pas hérité de cette ingénuité dont les animaux et les plantes semblaient pourvus naturellement ? Leur orgueil avait-il été le corrupteur fatal ? Rapidement, Idunn comprit qu’elle était en train de se déconcentrer, et craignit d’influencer le pommier par ces ondes négatives qui ne serviraient en rien pour produire la prochaine récolte. Elle mobilisa donc ses efforts pour ne plus faillir, et chanta longtemps, jusqu’à laisser les sons de l’environnement reprendre leurs droits.

Ses prunelles se rouvrirent. Les couleurs mirent un instant à réapparaître. Et lorsque sa vision retrouva sa parfaite acuité, ce fut pour distinguer une silhouette, marchant dans sa direction. Ou plutôt deux silhouettes. L’une était plus petite, beaucoup plus petite. Idunn reconnut alors la princesse héritière, Sif, accompagnée de son enfant. Une vague de bonheur l’emmaillota de chaleur, et c’est dans un sourire chaleureux qu’elle se remit sur pied, sans vérifier qu’une feuille ou deux se soit accrochée à sa tunique. Une fois toutes deux à portée, elle inclina la tête sur le côté, dans un signe qu’elle désirait respectueux.

« Quel plaisir de vous voir ici. J’avais justement l’intention de passer prendre de vos nouvelles, un peu plus tard dans la journée. Comment se porte Thor ? »

Ce n’était pas la première fois qu’elle venait s’enquérir du bon rétablissement de leur futur souverain. Sachant pertinemment qu’elle ne tirerait rien de son époux, elle avait préféré prendre les devants et s’en assurer elle-même, trouvant par là l’occasion de converser plus régulièrement avec cette belle-sœur qu’elle aurait souhaité mieux connaître. Ses yeux se posèrent ensuite sur la petite fille, et Idunn ne put retenir la question qui brûlait ses lèvres, émue par la beauté de l’enfant.

« Quel âge a-t-elle, désormais… ? »
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Sif Vidardóttir
Sif Vidardóttir
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyMer 7 Jan - 21:21


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« Tollak ! Lève la patte... Tout de suite ! » Un petit couinement étouffé se fit entendre, sous l'énorme patte du lion à la robe d'opale. « Au secours ! Au secouuuuuurs !! » Un pauvre Nisse, l'un des trois que Thor avait un jour ramené après une excursion en forêt asgardienne, avait eu la bien mauvaise idée de passer sous la truffe de Tollak, qui n'avait pas perdu une seconde pour l'attaquer. Le petit lutin pouvait toutefois s'estimer heureux, Thor et moi avions passé une éternité à rabrouer Tollak à chaque fois qu'il posait les mirettes sur les Nisse, que nous lui avions formellement interdit de croquer. Ce qui ne l'avait pas empêché de guetter les petites créatures sur les meubles, au cas où l'une d'entre elles tomberait malencontreusement droit dans sa gueule... Lorsque le petit Nisse s'était retrouvé au sol pour une quelconque raison, la tentation avait été trop grande, les lutins l'avaient nargué trop longtemps pour qu'il essaie seulement de résister. « Tollak... » Le fauve me regarda avec un petit air de victime, puis miaula sur un ton plaintif tandis qu'une toute petite main s'échappait de sous sa patte. « … AU SECOURS ! » La situation était pour le moins cocasse, je gardais les lèvres pincées pour ne pas éclater de rire et risquer de faire mourir de honte sa petite victime avant qu'elle ne soit morte de peur. Les Nisse étaient des créatures si frêles et fragiles qu'il était étonnant que leur race ait survécu si longtemps dans les sombres forêts d'Yggdrasil. Soulever sa patte sembla demander à Tollak un effort considérable, aussitôt que ce fut fait le lilliputien se précipita dans ma paume ouverte, tremblant comme une feuille en automne. « C'est un monstre ! Il allait me dévorer ! Me dévorer tout cru, en une bouchée ! » « Mais non, mais non... », tentai-je de le rassurer tandis que j'allais le porter jusqu'à un meuble, où il s'empressa de s'affaisser contre un épais ouvrage. « … Fini ! Plus jamais je ne mettrai un pied par terre ! Fini, fini, fini ! » Les gazouillis de Thrúd s'élevèrent depuis son berceau, comme pour apporter son soutien au Nisse au bord de la pâmoison. Tollak, quant à lui dépité, s'en retourna dans la chambre où Thor se reposait pour veiller sur lui. Je me serais attendue à ce que Tollak profite de la convalescence de Thor pour tenter de s'accaparer toute mon attention, mais à ma plus grande surprise il avait instinctivement pris la place du garde-malade au pied du lit, et quiconque entrant dans la pièce n'étant pas moi avait à faire à ses griffes et à ses crocs.

Mon humeur s'améliorait à mesure que Thor se rétablissait, quoiqu'il soit encore très faible il allait bien mieux, à présent il s'agissait surtout de laisser son corps se remettre, et pour cela il n'y avait qu'une solution, le repos. Ce qui en soi était bien plus problématique qu'il n'y paraissait, Thor n'était pas un adepte de la passivité, le convaincre de garder le lit était une bataille de tous les instants et toujours loin d'être gagnée d'avance. Si je ne guettais plus le moindre des mouvements de sa poitrine, je craignais en revanche qu'il ne profite que j'aie le dos tourné pour s'esbigner de nos appartements pour aller cavaler dans le palais – si ce n'était pas la cité. L'envie impérieuse de s'arracher aux draps et au calme dérangeant de la chambre, je pouvais la comprendre, lui et moi avions été taillés dans le même marbre, la lave du guerrier coulait dans nos veines... A ce point que l'un comme l'autre, nous étions incapables de voir plus loin que le bout de notre nez dès lors que nos santés étaient concernées. Je n'étais certainement pas la mieux placée pour lui faire la leçon, être enceinte jusqu'à ne plus pouvoir voir mes pieds ne m'avait pas empêchée de m'échapper de l'enceinte du palais pour aller rencontrer Jörd, et c'était tout juste remise de mon accouchement que j'avais repris les armes. Nous étions remarquablement bien assortis, nul ne pouvait le nier. C'est pourquoi je savais pertinemment qu'en dépit de tous mes efforts et tous mes discours, et malgré sa sincère bonne volonté, il ne pourrait s'empêcher de saisir la moindre occasion qui se présenterait à lui. Et ce n'était qu'une question de temps avant que son arrogance et son assurance légendaires ne réapparaissent... Je devais bien avouer qu'il me manquait, mon prince si sûr de lui.

Sur la pointe des pieds, j'entrai dans la pièce où Thor se trouvait, aussi bien pour m'assurer qu'il n'avait besoin de rien que pour vérifier qu'il se reposait bien comme il me l'avait affirmé en ronchonnant. Qu'il ferme l’œil pour me tromper ou qu'il se soit réellement assoupi, je ne lui fit pas l'affront de vérifier, je récupérai simplement la petite couverture de laine de Thrúd qui se trouvait près de son épaule, puis tout aussi discrètement que j'étais entrée, je quittai la chambre. Si je déposai la couverture sur notre petite merveille, ce ne fut que pour mieux l'emmailloter dedans en la prenant dans mes bras. Car en cette belle journée, il me semblait fort dommage que nous restions enfermées, et cela malgré les températures de plus en plus fraîches. Thrúd bien au chaud, et le Nisse hors à l'abri de la gueule de Tollak, c'est presque sereine que je quittai nos appartements. Presque, car je me demandais déjà s'il me faudrait courir après mon époux une fois notre promenade terminée.

Flanquée de plus d'Einherjar qu'il n'en fallait, je traversai l'immense aile du palais royal qui contenait tous les appartements pour atterrir au cœur de l'immense bâtisse, où les hauts dignitaires Asgardiens s'activaient comme des fourmis. Du coin de l’œil, il me sembla apercevoir Odin en grande discussion avec ceux qui étaient à présent les conseillers de son fils – et les miens, et cela bien que je souhaite garder le titre de reine aussi loin de ma tête que possible jusqu'à notre couronnement – cependant j'eus vite fait de me détourner lorsqu'il nous aperçut ma fille et moi. Par respect pour leur petite princesse, ou dissuadés par mon escorte, les Ases n'osèrent pour une fois pas m'approcher pour m'assommer avec leurs griefs et autres revendications. D'un pas léger mais précautionneux, car le paquet que je portais contre ma poitrine était des plus précieux, je pris le chemin des jardins, où j'escomptais trouver calme et tranquillité en plus d'air frais. Au milieu des arbres et autres bosquets dépouillés de leur feuillage, les rosiers de Frigga dénotaient presque cruellement, car éternellement fleuris qu'importe la saison. Au milieu des roses aux teintes vives et variées se tenait le Pommier d'Immortalité. Un arbre sans lequel les dieux ne posséderaient pas leur précieuse longévité – autrement dit, sans lequel nous côtoierions la mortalité au même titre que les Hommes. Que notre immortalité repose sur les branches d'un simple pommier et sous la forme de fruits dorés forçait à la modestie. À la modestie et à la prudence, l'enlèvement d'Idunn par Loki avait au moins eu le mérite de nous ouvrir les yeux sur la précarité de notre éternité.

Au pied du pommier se trouvait la déesse, aussi seule qu'elle semblait l'avoir toujours été. Peut-être était-elle assoupie, si bien que je n'osais bouger pour aller jusqu'à sa rencontre qu'après qu'elle se soit relevée. Idunn serait pour Thrúd un nouveau visage, puisque nous n'avions toujours pas eu l'occasion de la présenter officiellement, pas même à la famille. Non pas que la principale intéressée s'en soucie, elle en était à un stade où elle n'accordait que bien peu d'attention et d'intérêt à quiconque n'était pas son père ou moi. « Bonjour, Idunn », saluai-je poliment la déesse qui s'approchait de nous, lui rendant le respect qu'elle m'offrait, car si j'étais à présent sa reine, elle n'en restait pas moins celle qui nous offrait à tous notre extraordinaire longévité. Comme beaucoup, elle se souciait de l'état de santé de Thor, et ses questions m'étaient adressées, puisque j'étais celle qui distillait au compte goutte les informations quant au rétablissement de mon époux. « Il recommence à ronchonner, ainsi je pense pouvoir affirmer qu'il va de mieux en mieux. » Nul besoin d'ajouter que Thor était encore faible, Idunn n'était pas sotte. Je ne pus m'empêcher d'afficher un large sourire lorsque le regard de la déesse se posa sur Thrúd, qui semblait s'être assoupie contre ma poitrine. « Elle a un tout petit peu plus d'un mois, à présent. Elle semble encore minuscule, et pourtant elle l'est bien moins qu'à sa naissance... Elle grandit de jour en jour et je n'ai de cesse de m'émerveiller... C'est un discours ridicule et commun à tous les jeunes parents, j'en ai parfaitement conscience ! » Un rire léger m'échappa tandis que je caressai la joue ronde de ma fille du pouce, la réveillant ainsi accidentellement. Toutefois, plutôt que de larmoyer, elle préféra faire la grimace et chercher aussitôt à enfouir de nouveau son visage contre moi. Mon regard s'attarda sur son adorable bouille un instant, puis je relevai les yeux vers mon interlocutrice. « Je suis venue ici pour que nous prenions un peu l'air, je n'en peux plus du huit clos de nos appartements... Si votre tâche auprès du Pommier est terminée, peut-être voudriez vous nous accompagner durant notre promenade ? » Il était bien rare que je me retrouve seule – ou presque, c'était sans compter Thrúd les Einherjar veillaient non loin de là – en compagnie d'Idunn, aussi il me semblait naturel de lui proposer de marcher un peu avec moi. Si nous avions toutes deux épousé des fils d'Odin, nous n'étions pour autant pas réellement proches. Un problème qui ne s'était pourtant pas posé avec Sigyn et Nanna, ses deux jeunes sœurs.

Idunn avait épousé Bragi, et leur mariage n'était pas des plus heureux, cela n'était un secret pour personne. Pour un peu, je m'en serais presque voulue de lui mettre mon bonheur conjugal sous le nez, car en dépit des malheurs qui nous avaient frappés, Thor et moi étions plus heureux et proches que jamais depuis la naissance de notre petite merveille. « … Puis-je me permettre de vous demander comment vous vous portez ? La guerre nous a tous secoués, et je gage que ce ne fut guère plus aisé à supporter pour vous que pour moi... » Si j'avais eu le malheur d'apprendre que ma mère avait péri par la faute d'Odin, la sienne avait choisi de le trahir, imposant ainsi à sa progéniture un choix cornélien. Sans doute Freyja n'avait-elle pas songé à cela lorsqu'elle avait laissé trois de ses filles s'unir aux fils d'Odin. Aucune d'entre elles n'avait rejoint Vanaheim. Venant de Sigyn et Nanna, cela ne m'étonnait guère, elles aimaient leurs époux. La loyauté d'Idunn était cependant plus surprenante, elle qui me semblait si proche de Freyja, dont elle faisait la fierté... Était-elle à ce point liée au pommier qu'elle ne pouvait s'en tenir éloignée, ou s'agissait-il d'un choix personnel ? Je n'en savais fichtrement rien, et poser la question tout de go me semblait malvenu. « Voilà que l'automne se termine déjà, et c'est à peine si je me souviens avoir traversé l'été... J'ose espérer que cet hiver sera plus doux que le précédent, et cela sur tous les plans. »
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Idunn Ivaldidóttir
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyJeu 12 Fév - 21:58

Jamais Idunn ne s’était trouvée mal à l’aise, lorsque sa future souveraine se trouvait dans les parages. Au contraire, elle ne cessait de chanter les louanges de Sif dès lors que la question était abordée publiquement de la succession assurée d’Odin sur le trône. Si la déesse préférait se montrer des plus réservées sur le plan politique, il était impossible de la faire changer d’avis en ce qui concernait l’intégrité de celle qui s’était désormais avancée dans sa direction. Le couple pouvait s’assurer d’une loyauté sans âge ni faille, jusqu’à la disparition de la gardienne des pommes d’or. Aucune remise en cause. Lorsqu’elle avait juré allégeance, elle s’y tenait, coûte que coûte. L’amour qu’elle portait envers sa mère avait d’ailleurs beau être éprouvé malgré le temps passant, il n’avait guère pâli. Pas un instant. Les choses étaient bien plus complexes que cela. Et c’était bien ce qui pesait lourdement sur son cœur. Les jours ne changeaient rien à l’affaire. Par ailleurs, elle ne se rendait pas compte de la position qu’elle exerçait au sein de la communauté des dieux. Elle ne se considérait guère que comme l’un des maillons essentiels au pouvoir des siens, et se voyait davantage en moyen plutôt qu’en fin. Quelque part, elle se niait en tant qu’individu, et avait grandement tendance à minimiser son rôle au quotidien. Idunn était convaincue que l’empressement des dieux à la sauver résultait de leur besoin d’immortalité. N’importe quelle autre déesse aurait suscité la même détresse, le même élan pour venir à sa rescousse. Son orgueil et sa prétention avaient en réalité commencé à souffrir depuis son mariage. Si elles demeuraient en pleine santé concernant son apparence physique, elle se rendait bien compte du manque qui creusait une plaie béante en elle. Se sentait inutile pour tout ce qui ne concernait pas le fameux pommier. Sa seule fierté, qu’elle chérissait. Certaines déesses subissaient la fièvre de sa rage à prouver alors de sa valeur, à rasséréner son ego malmené. Mais pas Sif. Jamais Sif. Radieuse alors de pouvoir s’accorder un moment agréable en sa compagnie, son sourire ne tarit pas, et elle hocha doucement la tête en prenant des nouvelles de son glorieux époux.

« J’en suis heureuse… Très heureuse. J’espère pouvoir le lui affirmer bientôt. »

Elle fit taire ses inquiétudes, jusqu’à la prochaine fois. La future reine savait très bien ce qu’elle faisait concernant son mari. La maternité lui allait bien, et contrastait de façon extraordinaire avec l’aura de guerrière qui était la sienne. Comme quoi ces deux versants d’une même pièce n’étaient pas irréconciliables à ce point… Amusée, Idunn se plut à tracer encore et encore les traits de la petite poupée qui dormait sereinement entre les bras de sa mère. Le serait-elle un jour ? Cette idée jeta un froid brutal en son âme, et elle dut mobiliser tout son sang-froid pour conserver un faciès chaleureux. Non. Bien sûr que non. Bragi ne lui ferait jamais d’enfant. Puisque Bragi la touchait à peine. Pour ne pas dire plus du tout. Un frisson, qui ne devait rien à la brise, la fit trembler brièvement. Elle se prit à envier le couple que formaient Sif et Thor.

« Elle est magnifique, Sif… Vraiment. »

Elle se redressa pour embrasser du regard le visage de sa vis-à-vis.

« Non. Il n’y a rien de commun à devenir parent, je crois. J’en suis persuadée, même si je n’ai pas cette chance. »

La déesse croisa les bras contre sa poitrine, comme pour se prémunir de ce manque auquel elle évitait de songer, en général. La maternité lui semblait loin, pour ne pas dire impensable. Or, elle s’était découvert une faculté incroyable pour plonger dans le déni concernant certains sujets. Dont celui-ci. Néanmoins, certains jours comme celui-ci l’obligeaient à s’y confronter.

« Je me demande à quoi elle ressemblera, plus tard. Aucun doute que nous en ferons une remarquable combattante. »

La fille de Freyja ne songea pas un seul instant à se dérober à la proposition de l’accompagner. Son sourire revint, plus franc, et elle acquiesça avec gentillesse.

« Bien volontiers. C’est toujours un plaisir. »

Un peu de compagnie, pour la sortir de cet écrin de solitude qui lui collait à la peau comme jamais. Attisait-elle la pitié des autres dieux ? Elle en mourrait de honte si elle découvrait que c’était bel et bien le cas. Toutefois, elle n’osait pas demander à Sif de faire preuve d’honnêteté en répondant à cette interrogation qui la faisait rougir rien que d’y penser. Elle calqua sa démarche sur celle de sa compagne de promenade, un voile de mélancolie s’abattant brutalement sur elle. Il ne s’éloignait jamais vraiment. Et le cours que prit la conversation n’était pas pour l’alléger, malheureusement. Ses lèvres s’ornèrent d’une touche de tristesse qu’elle n’eut pas le courage de lui cacher.

« Je vais. Ai-je le choix ? »

La réponse était abrupte, indigne d’elle, bien que sa voix n’ait pas changé d’un iota. Elle reprit donc :

« Votre sollicitude me touche. Mais je crois que je ne peux guère prétendre afficher une quelconque nouvelle triomphale à vos yeux. Je suis heureuse pour vous. Je me sens très concernée pour Thor et vous-même. Il n’y a pas un jour où mes pensées ne s’envolent pas dans votre direction. Croyez-en ma bonne foi. »

Elle tourna la tête vers elle pour l’en assurer avec force.

« Je suppose que je n’ai pas à me plaindre, pourtant. Que dire… ? Qui pourrait prétendre ne pas avoir souffert des derniers événements ? »

Sa mâchoire sembla se durcir quelque peu. Le visage de Loki la hantait encore. Elle se mit à souffler à demi-mots, comme si elle se trouvait indigne de poursuivre en ces termes :

« Je m’ennuie un peu. Je crois. Je n’ai guère de motifs de réjouissance qui m’aide à supporter le quotidien. Hormis la tâche qui m’incombe, évidemment. Je vais, je viens… J’accomplis mon devoir, et je m’en retourne. Inlassablement. »

Les décors somptueux qui les entouraient prirent une tournure différente à ses yeux. Là où elle s’émerveillait quelques instants auparavant de leur harmonie et de la chance qui était la sienne de pouvoir y déambuler en toute quiétude, voilà qu’ils lui apparaissaient désormais comme une charmante prison, mais une prison tout de même.

« Je suis navrée de ne pouvoir répondre à votre bonheur par une sérénité semblable. »
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Sif Vidardóttir
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptySam 28 Fév - 2:29


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Que mon discours et mon adoration pour Thrúd soient les mêmes que ceux de n'importe quel jeune parent pour son enfant m'importait bien peu. À vrai dire, rien de ce que l'on pouvait penser de la relation que j'entretenais avec ma fille ne m'importait. Je n'étais pas plus sourde qu'aveugle, je savais que certains – ou plutôt certaines – n'approuvaient pas mes choix, pourtant naturels pour une jeune mère, à savoir m'occuper tout personnellement de ma progéniture. Pourquoi aurait-il fallu que je délaisse ma fille pour le seul motif que j'étais une princesse, bientôt une reine ? Nourrir ou toiletter son enfant n'avait rien de dégradant, ainsi je ne comprenais sincèrement pas pourquoi l'on s'acharnait à vouloir entourer Thrúd d'une myriade de nourrices alors que j'étais là pour prendre soin d'elle... ! La logique d'un tel raisonnement m'échappait d'autant plus que la première reine d'Asgard n'était ni plus ni moins que la personnification de la Maternité et de l'amour filial. Ce n'était certainement pas parce que l'on pouvait faire les choses à ma place que j'allais laisser mes responsabilités de côté. Et tant pis pour celles et ceux qui n'approuvaient pas – Thor soutenait entièrement ma démarche, et c'était bien tout ce qui importait. Je n'avais nulle intention de négliger mon rôle de mère pour le bénéfice de mes nouvelles fonctions de reine. Si mon mariage avec Thor avait fait de moi une femme épanouie, c'était la naissance de Thrúd qui m'avait fait gagner en maturité, en patience et en douceur. J'avais grandi pour et grâce à elle, et tout aussi effrayée que j'aie été par ma grossesse et son arrivée – ou plus généralement la maternité, je n'aurais rien changé. Si Thor était la clé de mon bonheur, Thrúd était la merveille qui en résultait.

Une merveille qui visiblement faisait une envieuse... Comment passer à côté de la détresse d'Idunn ? Quiconque avait des yeux et un cœur ne pouvait ignorer qu'elle souffrait, et que de toute évidence son mariage n'était pas le plus heureux de tous. Elle admirait Thrúd avec une envie certaine, ce que je comprenais, moi-même ayant contemplé de nombreux poupons avec jalousie avant de finalement tomber enceinte. Il y avait toutefois une différence majeure entre nous... Thor m'aimait et ne rechignait jamais à partager un moment passionné avec moi. Nul n'ignorait que l'amour n'avait pas fleuri entre Idunn et Bragi, aussi cela compliquait fortement la conception d'un enfant... J'étais navrée pour elle, un mariage de convenance était sans doute la pire chose qui puisse arriver à une déesse – ou à un dieu, mais Bragi n'était pas celui avec lequel je conversais, existait-il plus cruelle condamnation que de devoir passer l'éternité aux côtés d'un homme que l'on n'aimait guère plus qu'un ami ? Nous autres dieux aimions rarement plus d'une fois, et avec une intensité telle que la mort de notre âme-sœur pouvait nous être fatale... Grands dieux, je n'osais imaginer ce que j'aurais pu ressentir à sa place. Qu'adviendrait-il, le jour où elle ferait la rencontre de l'homme qu'elle était destinée à aimer... ? Je ne l'enviais pas, la malédiction qui était la sienne était des plus atroces, et cela en dépit des apparences. Et tout cela pour satisfaire deux parents ambitieux... Qui étaient à présent en guerre l'un contre l'autre. Ah, que nos aînés n'avaient-ils pas encore fait ? « Sans doute sera-t-elle une fière guerrière, elle a l'art de la guerre dans le sang... Mais elle pourrait bien n'être qu'une petite fleur délicate, et cela ne me dérangerait pas outre mesure. Elle sera ce qu'il lui plaira d'être, et je m'en accommoderai parfaitement du moment qu'elle est heureuse. » Tout parent digne de ce nom ne souhaitait-il pas la plus simple des choses, le bonheur de son enfant ? Je me moquais bien que Thrúd devienne une déesse de renom ou une guerrière farouche, je me satisferai du moment qu'elle était épanouie.

À l'occasion d'une promenade, l'on préférait généralement une conversation badine pour ne pas risquer de gâter la légèreté du moment, et si j'aurais préféré ne pas encombrer mon esprit de plus sombres pensées qu'il en contenait déjà, je ne pouvais pas ne pas m'enquérir de l'état de santé d'Idunn. Que ce soit sur le plan moral ou physique, elle semblait diminuée depuis que Loki l'avait enlevée. Mais sans doute ne s'agissait-il pas que de cela, son mal-être semblait avoir d'autres sources, que je pensais pouvoir facilement identifier. L'indifférence de Bragi, la trahison de Freyja, les maux engendrés par les guerres... J'étais particulièrement bien placée pour savoir que trop de bouleversements, soudains et violents, pouvaient avoir des conséquences fâcheuses – sinon désastreuses. Ainsi, les réponses qu'elle apporta à mon inquiétude ne m'étonnèrent guère, mais elle ne me peinèrent pas moins. « Je suis navrée que votre quotidien ne vous apporte nul réconfort. Il me semble évident que vous avez besoin de... distractions ? » Là résidait le cœur de sa souffrance, elle ne possédait aucun loisir et bien peu de personnes l'entouraient réellement. Un comble lorsque l'on faisait partie de la grande famille royale d'Asgard, et pourtant... Pourtant, à bien y réfléchir, il n'y avait là rien de bien étonnant. La famille d'Odin n'était pas bien unie, les liens formés avec les deux plus grandes autres familles, celles d'Aegir et de Frey, ne l'avait en rien renforcée. C'était un couple par ci, un couple par là... Les apparences étaient toujours préservées à l'occasion de réceptions ou de grandes cérémonies, mais dans l'intimité, il était bien rare que nous prenions tous place autour de la même table pour partager un repas. « Je n'en ai hélas aucune à vous suggérer... N'avez-vous pas une passion, quelque chose qui vous éloignerait un peu de ces jardins et de votre pommier ? Vous me semblez si seule, c'est une situation qui risque de vous faire perdre la raison si elle perdure... Vos sœurs viennent-elles parfois vous rendre visite ? » J'attendais une réponse négative de sa part, car elle ne me semblait pas plus proche de Sigyn et Nanna que de ses quatre autres sœurs, mais peut-être me fourvoyais-je... Après tout, nous n'étions pas intimes. « Votre malheur me touche, il ne me plaît guère de savoir que vous n'êtes pas épanouie. » Je ne pouvais rien prétendre pouvoir faire pour elle en ce qui concernait l'indifférence de Bragi, mais peut-être Thor pourrait-il en toucher quelques mots à son cadet ? Ce serait bien moins étrange que si je le sollicitais, quand bien même ils n'étaient pas aussi proches qu'ils auraient pu l'être, ils partageaient le même sang et s'affectionnait mutuellement.

« Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? Ne craignez pas d'exprimer vos souhaits à haute voix, puisque je vais être votre reine, je me dois de vous écouter et d'apporter une attention toute particulière à vos demandes. Vous faites tant pour nous tous, il me semble que vous méritez un peu d'attention à votre tour. » C'était bien la moindre des choses, car sans elle, le pommier ne donnerait que bien peu de fruits et les moins chanceux n'auraient pas droit à l'éternité. Elle était essentielle à notre survie, qu'elle soit si vite mise de côté après avoir été sauvée me révulsait. Les guerres n'excusaient en rien le mauvais traitement dont elle était la victime. « Vous ne devriez pas vous enfermer dans la cage dorée qu'est le palais... Sortez-en sans crainte, vagabondez dans les rues, allez à la rencontre de ceux que vous aidez à vivre et qui, j'en suis sûre, vous montreraient plus de reconnaissance que les grands dieux trop vaniteux pour admettre avoir besoin de vous. Qu'une escorte d'Einherjar vous accompagne s'il le faut, mais changez d'air... Vous êtes... Comme une plante en pot, vous avez cessé de vous épanouir parce que vous étouffez. N'ayez pas peur de vivre, vous avez autant droit au bonheur que chacun d'entre nous. Ne vous embarrassez pas de ceux qui ne vous voient pas telle que vous êtes réellement, c'est leur erreur et leur perte, pas la votre. »
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Idunn Ivaldidóttir
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyVen 6 Mar - 2:39

Idunn comprenait la volonté de Sif de laisser le choix à sa fille. Pour sa part, elle n’avait jamais eu à subir d’une quelconque pression de la part de sa mère Freyja. Pas une seule fois elle ne l’avait sentie s’appesantir sur une possible voie de guerrière, à son image. Non. Pourtant, elle en aurait été bien capable. Elle se savait courageuse, patiente et tenace. Un bon entraînement aurait pu forger ses muscles et réveiller en elle le sang de la première Valkyrie d’Odin. Mais elle avait trouvé son propre chemin, sans recourir à l’usage des armes, et cela sa génitrice ne le lui avait jamais reproché, visiblement heureuse de la voir s’épanouir au service des dieux pour une si noble tâche. Elle espérait alors que cette petite fille serait aussi heureuse et insouciante qu’elle-même l’avait été dans ses lointaines et premières années. Ses pensées revinrent bon gré mal gré vers son cas, au fil de la conversation avec sa future souveraine. Il en coûtait à la déesse de ternir la beauté de cette journée par des considérations bien personnelles, mais il semblait bien inutile de faire semblant. Il était certaines personnes avec lesquelles l’hypocrisie coutumière ne prenait pas. Elle ne voulait pas commencer à utiliser ces méthodes avec Sif. Elle se serait sentie coupable de ce manque d’honnêteté.

« De distractions ? Oui. Oui, je pense que cela me ferait du bien, malheureusement… Je n’en vois guère, ces temps-ci. Et je n’ai pas envie de me montrer particulièrement capricieuse.»

Elle offrit un sourire entendu à sa compagne de promenade et dût se retenir de poser une main gracile contre son bras pour lui épargner trop d’inquiétude. Sa voix se chargea de cette chaleur propre à remplacer ces contacts physiques indélicats.

« Ne prenez pas cela trop à cœur, Sif. Je ne suis pas mourante, et je n’ai pas vraiment à me plaindre de mon sort, j’imagine. Après tout, la situation pourrait être bien pire. J’aurais pu ne jamais rentrer à Asgard… Ne jamais revoir les miens, les jardins. Si vous aviez échoué à venir me récupérer… Non. Je dois me montrer reconnaissante malgré tout. Je suppose que c’est à ce prix que… qu’une certaine sagesse s’acquiert, une prise de recul… S’apitoyer sur son propre sort n’est jamais très constructif, n’est-ce pas ? Ni très séduisant, paraît-il. »

Un rire léger, sans joie mais sincère à sa façon, lui échappa. Un rire qui blessa sa gorge un peu trop serrée pour son bien.

« Une passion ? Pas vraiment… Je suis curieuse de tout. Ce qui présente le paradoxe fâcheux de me pousser à papillonner vers tout… Je n’ai guère de domaine de prédilection. »

Par cela elle enviait Bragi. Son poète. Son époux. Son bourreau d’indifférence. Cette pensée fut comme une dague s’enfonçant douloureusement entre ses côtes, et elle en eut pour quelques secondes le souffle coupé. Son bras remonta instinctivement contre sa poitrine, le poing serré.

« Je semble seule parce que je suis seule… j’imagine. »

Disposait-elle réellement d’un ou d’une amie proche au point de lui livrer toutes ses confidences, tout le poids qui pesait sur son cœur ? Non. Elle ne faisait pas assez confiance à ses sœurs pour leur déverser l’intégralité de ses ressentis. Elle ne faisait pas assez confiance à qui que ce soit. L’idée de devenir folle un jour ne l’avait pas effleurée jusqu’à présent, mais maintenant que Sif en parlait à haute voix… elle n’en devenait que plus terrifiante. Idunn tourna la tête dans sa direction, lui offrant un regard à la fois troublé et incertain.

« Vous pensez vraiment… ? »

Elle, devenir folle ? Se mettre à œuvrer au service d’un chaos informe et monstrueux ? L’image de Loki apparut en filigrane dans son esprit, et sa peur augmenta, venant nuancer la lumière du soleil, les teintes florales et tout ce qui lui avait paru charmant et agréable à l’œil jusqu’à maintenant. Elle finit par croiser les bras contre sa poitrine, comme pour se réchauffer tandis que ses prunelles quittèrent Sif pour se river au sol, au fil de ses pas.

« Mes sœurs… Je ne sais pas. Je ne les vois guère, en ce moment. Je devrais peut-être… discuter un peu avec Nanna. En revanche, avec Sygin… »

Elle grimaça, ignorant si sa compagne de promenade était au fait des tensions qui nouaient la vie des deux sœurs depuis toujours.

« Nous ne nous entendons pas. Cela ne date pas d’hier bien sûr, et il n’y pas de raison d’attendre un changement d’attitude. Et puis… elle est l’épouse de Loki désormais. »

Idunn ne l’encaissait pas. Imaginer sa sœur cadette dans le lit de son pire ennemi, lui avoir donné des enfants… Dieu sait que sa nièce lui avait pourtant manifesté des preuves d’attachement manifeste, mais elles étaient si péniblement rendu de sa part qu’elle craignait ne plus parvenir à conserver cet équilibre précaire. Un jour, oui. La corde se romprait.

« Je vous remercie, en tout cas. Vous êtes bien l’une des rares à prêter un peu l’oreille à ce genre d’histoires. Même si c’est bien moins intéressant que votre maternité. »

Elle releva la tête et lui lança un regard de profonde reconnaissance. Avec Sif, elle ne se sentait pas seule.

« Alors ne vous en faites pas plus que nécessaire. Vous faites déjà beaucoup par votre sollicitude. Je ne l’oublierai pas. Jamais. Et je vous promets en retour de ne pas manquer de vous adresser d’éventuels vœux, pour l’avenir. Je vous servirai jusqu’au bout fidèlement. »

La proposition de sa vis-à-vis n’était pas à écarter, mais Idunn se sentait partagée. Elle répondit avec une légère moue, un peu amusée par la métaphore employée :

« Peut-être avez-vous raison… Je n’ai pas envie de me montrer plus présomptueuse que je ne le suis déjà. Et puis parfois je me demande… vraiment quel est le sens de ma vie. Pourquoi, je… »

Les larmes montèrent. Vite. Trop vite. Dans un sursaut d’orgueil et de pudeur, la gardienne se détourna pour que Sif ne les aperçoive pas.
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Sif Vidardóttir
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyVen 13 Mar - 2:37


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Idunn transpirait un mal-être contre lequel il me semblait ne rien pouvoir faire. Ses maux étaient ceux de l'âme et du cœur, et je n'étais pas celle qui en viendrait à bout, aussi concernée que je puisse être par son état. Par les Nornes, le moins que l'on puisse dire était que les grandes familles divines n'étaient nullement à envier, elles étaient aussi dysfonctionnelles qu'il était possible pour elles de l'être. Des mariages branlants ou désapprouvés, des relations de parent à enfant néfastes, des frères et des sœurs plus différents les uns des autres que le soleil et la lune... Je pouvais m'estimer heureuse ; j'avais fait un mariage heureux, m'étais toujours entendue à merveille avec Père et avec Heimdall... Si depuis peu les choses avaient tourné au vinaigre, je n'étais pas à plaindre. J'avais des bras dans lesquels me réfugier, une fille à choyer et des amis sur qui compter en toute circonstance. Je n'étais pas seule, je ne l'avais jamais été, la solitude m'était parfaitement étrangère et ce n'était pas pour me déplaire. Je ne pouvais ainsi me faire qu'une vague et triste idée de ce que l'Immortalité endurait au quotidien, dans l'indifférence presque générale. Il était navrant de constater que celle grâce à laquelle nous pouvions tous traverser les âges était à ce point ignorée, si peu considérée pour ce qu'elle était réellement, une personne, une femme. À partir du moment où elle avait été secourue de Jötunheim et ramenée à Asgard, nul ne s'était plus soucié d'elle. Une fois n'est pas coutume, Ases et Vanes brillaient encore par leur égoïsme et leur insensibilité. Bragi le premier, mon jeune beau-frère n'était pas le plus attentif des époux et sa propension à éviter sa femme faisait de lui un couard. Le mariage leur avait certes été imposé, mais ce n'était pas plus la faute d'Idunn que la sienne, la pauvre déesse ne faisait que de son mieux pour se rendre agréable à ses yeux.

« Ce n'est pas s'apitoyer sur son sort que de constater que l'on est malheureux. Vous êtes sauve, certes... Mais cela se saurait si la sécurité faisait le bonheur. Je ne vous trouverais personnellement pas capricieuse d'exiger un peu plus de la vie. » A sa place, j'aurais perdu l'esprit depuis bien longtemps, je n'aurais pas supporté de ne rien faire d'autre de mes journées que de m'occuper du pommier et des récoltes qui y étaient associées. De plus, nous n'avions rien fait de plus que notre devoir en allant la secourir, Déesse de l'Immortalité ou non, nul ne méritait de mourir entre les mains de Loki et ses acolytes Jötuns. « N'ayez pas peur d'élever la voix, Idunn. Pour quelque raison que ce soit... Affirmez votre place parmi nous, vous le méritez bien, vous qui assurez à tous la vie éternelle. Beaucoup n'ouvrent la bouche que pour se plaindre, croyez-moi, vous passeriez inaperçue si vous décidiez de le faire à votre tour... ! » Ou peut-être pas, les voix les plus perçantes étaient celles appartenant aux personnes d'ordinaire silencieuses et effacées. Ce que la fille de Freyja n'était que bien trop. Sa patience et sa gratitude étaient tout à son honneur mais je n'aurais pu emprunter le même chemin qu'elle. Nous étions diamétralement opposées, à sa place voilà bien longtemps que j'aurais fait avaler ses recueils de poèmes à Bragi !

La solitude était un fardeau qui ne s'amoindrissait pas avec le temps, mais gagnait en poids à chaque jour qui s'écoulait. Je ne pouvais que faire la grimace lorsqu'elle m'expliqua que les relations qu'elle entretenait avec ses sœurs n'étaient pas des plus épanouies, tout particulièrement avec Sigyn. Ce que je pouvais aisément concevoir, moi-même ayant eu toutes les peines d'Yggdrasil à comprendre comment elle avait pu s'éprendre de Loki. À cette question il n'y avait pas de réponse, l'Amour était certainement le plus mystérieux de tous les sentiments. L'on pouvait s'éprendre de son double comme de son contraire, et les paires les mieux assorties n'étaient pas toujours celles auxquelles l'on songeait tout de go. « Je dois vous avouer ne pas savoir plus que vous comment Sigyn a pu tomber sous le charme de Loki... Elle est si douce et bienveillant et Loki est... Eh bien, Loki est Loki. » Malveillant, menteur, manipulateur, cruel... La liste de ses défauts était bien longue, mais pouvait-on espérer mieux de la part du Chaos personnifié ? Mon aversion pour sa personne n'était hélas pas un sujet que je pouvais évoquer avec Thor, il affectionnait bien trop celui qu'il considérait encore comme son frère cadet. Aussi gardais-je mes pensées pour moi pour ne pas provoquer de querelle inutile, mais toujours était-il que je considérais Loki comme une mauvaise herbe nuisible à l'Arbre-Monde. Tout aussi inquiète que je sois concernant le sort de Sigyn, l'absence apparente de Loki dans le royaume n'était pas pour me déplaire, et je ne serais pas mécontente qu'il reste terré où il était. Hélas pour nous tous, Loki avait cette fâcheuse manie de surgir au moment le plus inopportun et je ne doutais pas de le voir réapparaître bientôt entre nos murs.

« Je vous en prie. Je n'exige de vous aucune servitude éternelle, quand bien même votre dévotion ma va droit au cœur. Vous semblez avoir davantage besoin d'une amie que d'une reine. » Sa souveraine, je le deviendrai de toute façon. Mais il n'était pour moi point question de m'enfermer dans ce titre, j'avais l'intention d'être aussi proche de mes sujets qu'avait pu l'être Frigga, et cela commençait avec mon entourage proche. Je n'avais guère offert beaucoup d'attention à la Gardienne jusque là, une erreur que j'étais bien décidée à corriger. Tout aussi pudique qu'elle voulût être, ses larmes ne m'échappèrent pas, et je regrettai un instant de ne pas pouvoir la rassurer d'un geste tendre, Thrúd occupant mes deux mains. « Idunn... Ne laissez pas vos maux vous accabler plus que de raison... Vous êtes une grande déesse, une femme dont le courage et la dévotion sont des exemples pour nous tous. Vous êtes bien plus que la figure de l'Immortalité, vous êtes un modèle pour nous tous. Il ne tient qu'à vous de montrer au reste d'Asgard ce que vous valez. Confrontez Bragi, Freyja, Sigyn... Tous ceux qui continuent de vous blesser aube après aube. Certaines personnes ont besoin d'être confrontées à leurs erreurs pour les réaliser. Ne soyez plus silencieuse face à vos tortionnaires... Je n'irai pas vous conseiller d'être aussi franche que moi, cela risquerait de vous attirer quelques tracas... Mais cessez de courber l'échine. Relevez la tête et soyez fière de ce que vous êtes. Vous êtes princesse d'Asgard, fille de l'Amour et Immortalité personnifiée. Vous avez bien plus de valeur et de force que vous ne le soupçonnez. »
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyJeu 16 Avr - 23:13

Idunn aimait attirer l’attention sur elle. Jamais la déesse n’avait perdu ces élans de coquetterie, digne d’une adolescente. Elle aimait lire l’appréciation dans tous les regards, à commencer par celui de sa mère. Et pendant longtemps, très longtemps elle avait cru pouvoir lire un jour une chose similaire dans les yeux de l’homme qu’elle épouserait. Par amour, n’est-ce pas ? Forcément par amour… Mais la réalité les avait rattrapés, les avait fait chuter de leur glorieux piédestal. Les deux époux infortunés pouvaient en effet au moins se targuer de disposer d’un orgueil commun, et ils se battaient encore l’un contre l’autre pour le garder intact malgré les fêlures largement apparentes, pour jouer la carte de la bienséance et de l’harmonie. Cependant, plus personne n’était dupe. La situation était des plus catastrophiques, et il était devenu clair qu’Idunn craignait en permanence qu’un dieu ne s’avance à lui en faire la remarque, jusqu’à souligner les dissensions évidentes qui les séparaient Bragi et elle. Le déshonneur serait alors complet, et elle n’aurait plus qu’à raser les murs, rouge de honte, n’osant sortir de leurs appartements que pour s’occuper du pommier des dieux. Oui. Plus les minutes passaient, plus sa certitude se raffermissait en ce qui concernait les propos de Sif. Elle ne pourrait pas tenir encore ainsi durant des lustres. Son esprit en finirait rongé. Cela avait déjà commencé, et ce qui ressemblait au prémisse d’une peur innommable se répandit alors dans ses veines, glaçant tout, jusqu’à ralentir les battements de son cœur, pour mieux les accélérer l’instant d’après. En proie à sa frayeur spontanée et à la remontée de ses émotions au grand jour, elle parvint toutefois à tourner la tête en direction de son interlocutrice, interpellée par ses paroles. En silence, s’empressant de récupérer du bout de ses doigts les perles salées au coin de ses paupières, elle l’écouta. Sans l’interrompre.

La première chose qui vint rompre le silence fut l’inspiration tremblante qui émana de sa poitrine oppressée. Un souffle de profonde gratitude gagna ses lèvres, sans qu’elle n’y puisse rien.

« Merci. »

Elle se reprit, redressa ses épaules et tâcha de joindre ses paumes contre son abdomen, veillant à récompenser l’épouse de Thor par une mine qui se voulait convaincante et solide. Elle parvint même à étirer la commissure de ses lèvres en un sourire pâle mais volontaire.

« Je vous remercie pour votre patience et votre écoute. Je sais que ce soir, je me sentirai coupable d’avoir ainsi gâché votre promenade. J’aime parler avec vous. Et je prie pour que notre prochaine entrevue ne soit pas ternie par ce genre de... de discussion. »

Elle hésita, puis rajouta dans un murmure.

« Vous ferez une reine formidable, Sif. »

Ses yeux s’empressèrent de quérir les siens, bourrés d’une honnêteté qui la dépassait elle-même. Pleine d’une reconnaissance difficilement qualifiable, elle baissa les prunelles vers l’enfant que la future souveraine pressait contre son sein. Avec de tels parents, nul doute que l’avenir de cette descendance se présentait sous les meilleurs augures.

« J’ignore si je suis digne de tous vos compliments. Mais je tâcherai dans tous les cas de l’être, à l’avenir. Je compte… Je compte bien confronter Bragi, oui. Très prochainement. Je crois que nous ne pouvons plus, et que nous devons plus nous permettre de laisser cet abcès gonfler encore. Je vais prendre les devants. Après tout, je suis son aînée, et… »

Elle s’arrêta, opérant immédiatement un lien entre le mot et une réalité toute particulière.

« Vous savez, je pense qu’il m’en veut également pour ça. Parce que je suis bien plus âgée que lui. Je ne suis sûre de rien, évidemment, mais… c’est quelque chose que je perçois, très vaguement. »

Son sourire s’affadit, plus triste que jamais.

« Mais je suppose que je ne serai jamais sûre de rien si je ne tente pas d’en avoir le cœur net, n’est-ce pas ? »

Elle croisa les bras contre sa poitrine et reprit sa marche, songeuse.

« J’aimerais m’entretenir avec ma sœur et ma mère, mais je crois que j’ai peur des conséquences. J’ai peur de m’emporter… notamment par rapport à Loki. Je ne comprends pas que Sigyn n’ait pas… qu’elle ne m’ait pas adressé ne serait-ce qu’une seule formule d’excuse, quelque chose qui m’aurait permis de penser qu’elle regrettait réellement ce qui s’était passé. À la place, j’ai presque eu le sentiment qu’elle m’en voulait. Que j’étais responsable de la mise en disgrâce de son époux. Tout est allé tellement vite… Et le fait qu’elle et moi n’ayons jamais eu de relations très cordiales… Cela n’aide en rien, j’en ai conscience. Je manque d’objectivité, de clarté. J’aimerais me sentir plus détachée. »

Quant à sa mère, c’était bien plus que de la peur. Freyja revêtait un aspect tellement sacré à ses yeux. Un sacré qui avait été profané par ses derniers agissements, qu’Idunn n’encaissait toujours pas.

« Peut-être devrais-je biaiser… ? Par rapport à ma mère… Essayer de parler à Frey, mon oncle ? Qu’en pensez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Le Fruit de la Trêve   Le Fruit de la Trêve EmptyVen 22 Mai - 3:10


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IDUNN & SIF

La situation d'Idunn n'avait rien d'enviable. Elle avait beau être une grande déesse, elle n'avait pas la chance d'être une fille et une épouse accomplie. Je ne pouvais malheureusement que compatir sans réellement pouvoir la comprendre. Si je n'avais pas eu le bonheur de grandir avec ma mère à mes côtés, j'avais eu un père fantastique, avec lequel je m'entendais à la perfection ; je le regrettais chaque jour. Et si Thor et moi avions eu nos différends par le passé, c'était l'amour qui nous liait et non une quelconque obligation politique. Trois des filles de Freyja avaient épousé trois des fils d'Odin, Idunn était la malheureuse qui n'avait pas vu l'amour fleurir dans son mariage. Ce qui n'avait rien de bien étonnant pour moi, comment pouvait-on attendre de deux êtres que l'on unissait plus ou moins de force qu'ils s'éprennent l'un de l'autre ? Sans doute se sentait-elle captive de Bragi au moins qu'il se sentait son prisonnier, hélas, ils ne pouvaient se défaire du lion qui les attachait. À sa place, je ne me serais certainement pas pliée à la volonté de mes parents, peu importait qui ils étaient. En faisant ainsi, Odin et Freyja avaient sacrifié le bonheur de leurs enfants, et tout cela pour quoi... ? À présent que l'alliance entre Asgard et Vanaheim n'était plus qu'un lointain souvenir, ce mariage n'avait plus guère de sens. J'ignorais ce que l'avenir réservait aux royaumes divins, mais j'avais bien compris que Thor avait l'intention de laisser Frey se débrouiller avec son royaume, lui qui avait réclamé l'indépendance pendant si longtemps... Il risquait de découvrir Vanaheim bien plus vulnérable qu'il ne l'avait cru, qu'il veuille bien l'avouer ou non, c'était grâce à Asgard que son royaume avait prospéré et était resté sauf. Combien de fois Odin avait-il envoyé ses troupes prêter main forte à celles de Frey ? Qui protégeait les Vanes à présent que tous les Einherjar s'en étaient retournés à Asgard ? Je plaignais les Vanes qui allaient faire les frais de l'arrogance de leur seigneur, très sincèrement... Freyja à ses côtés, je me demandais combien de temps le royaume allait rester debout. Il était aisé d'être alliés en temps de guerre, bien moins de le rester en temps de guerre.

« Si Bragi vous en veut parce que vous êtes plus âgée que lui, permettez moi de vous dire qu'il n'est qu'un idiot... Nous sommes immortels, l'éternité s'étend devant nous, pourquoi nous soucier des siècles qui nous séparent ? Sans doute que cela semble facile pour moi de dire les choses ainsi puisque Thor et moi avons le même âge, mais... Prenez l'exemple de mes parents, il sera plus concret. Ma mère était des millénaires plus âgés que mon père, cela ne les a pas empêchés de s'aimer profondément. Au point que mon père n'a jamais regardé une autre femme qu'elle, même après sa disparition... » Ma mine s'assombrit un instant, avant que je n'affiche un sourire que je voulais encourageant. « N'ayez pas peur de lui rentrer dedans. Bragi est un poète, et comme tous les poètes, je crains qu'il ne soit... hm... idéaliste, rêveur... Trop à côté de la réalité pour avoir conscience de ce qu'il a et de ce qu'il manque. Secouez-le, il en a certainement besoin. » Si j'avais été à sa place, c'est à grands coups de recueils de ses propres poésies que je lui aurais remis les idées en place. Dans son malheur, Bragi avait de la chance, il était tombé sur une femme distinguée, qui n'avait pour arme que les mots. Mais à condition de savoir les manier, ceux-ci pouvaient faire bien plus de dégâts que n'importe quelle lame, et laisser des cicatrices que ni les remèdes ni le temps ne pourraient jamais estomper.

« Sigyn a beau être mon amie, je ne prétendrai pas savoir quelles sont les pensées qui l'habitent... Son amour pour Loki est une chose que je n'ai jamais comprise, alors, par respect pour elle et pour ne pas spolier notre amitié, j'ai décidé de taire mes pensées le concernant. » J'avais adopté la même stratégie avec Thor, car quoi que le Jötun fasse, son affection pour lui ne semblait pas diminuer. Je le savais, je le sentais, Loki n'allait pas tarder à refaire surface et Thor serait certainement incapable de prendre une décision sensée et objective le concernant. Et il risquait fort d'ignorer ce que j'aurais à dire sur le sujet, Loki était un être contre lequel je n'avais malheureusement que bien peu de pouvoirs. Je regrettais qu'Odin n'ait pas ordonné son exécution après qu'il ait enlevé Idunn et se soit rendu coupable de la mort de centaines d'Ases. Sa disparition aurait peiné Thor, mais Yggdrasil aurait été mis à l'abri de sa malice une bonne fois pour toutes. Ne pas savoir où il était, ce qu'il avait en tête, cela n'avait rien de rassurant. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il reste terré dans son trou, mais plutôt envisager un retour fracassant... Que pouvait-on attendre d'autre de sa part sinon le Chaos ? « Je ne suis pas plus objective que vous concernant son époux, mais ne laissez pas l'ombre de ce dernier ternir davantage vos relations. Je me suis querellée suffisamment avec Thor à son sujet pour apprendre cette leçon... Cela n'en vaut pas la peine. » Il fallait se faire une raison, en ce qui concernait Loki, Thor et Sigyn étaient hélas irrécupérables. « Avant que vous puissiez vous entretenir avec Sigyn, il faudrait déjà que nous la retrouvions, et ses fils avec elle. » Je soupirai longuement en secouant la tête. L'angoisse me rongeait, je ne parvenais pas à me défaire de l'idée qu'il avait dû leur arriver quelque chose de terrible, après qu'une mare de sang ait été découverte dans les appartements princiers, ainsi que les corps de plusieurs hommes. L'on semblait s'être attaqué à la Fidélité, et depuis non n'avions nulle nouvelle, Heimdall ne parvenait à trouver ni Sigyn, ni les jumeaux. J'avais honte de le reconnaître, mais leur sort ne m'avait pas préoccupée autant qu'il l'aurait fallu, ils faisaient partie de ceux dont mes pensées s'étaient détournées pour ne se focaliser que sur mon époux meurtri.

« Je ne connais que bien trop peu Seigneur Frey pour pouvoir me permettre de vous donner quelconque conseil le concernant... Mais si vous vous entendez présentement mieux avec lui qu'avec votre mère, je suppose que vous pouvez toujours tenter de passer par lui pour l'atteindre. Ou du moins essayer, je doute que cela soit aisé, à présent que Vanaheim est un royaume indépendant... Votre mère ne remettra pas les pieds à Asgard de si tôt, à moins qu'elle ne veuille faire face aux courroux réunis de mon époux et de son père. » La trahison de Frey avait été prévisible, celle de Freyja, beaucoup moins. C'était un miracle qu'elle ait toujours la tête accrochée aux épaules, il fallait noter la miséricorde dont avait fait preuve Odin la concernant. « Peut-être devriez-vous commencer par vous occuper de Bragi avant de songer à vos sœurs et à votre mère... Votre mariage est ce qui vous pèse le plus pour le moment, n'est-il pas ? Ne soyez pas trop prompte à tout vouloir résoudre trop vite. Un problème à la fois me semble plus que suffisant. »


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