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Rumeurs
- Var a tourné le dos à son roi. Il parait que la déesse des Pactes préfère aujourd'hui les grosses faveurs de Frey !

- On dit que depuis que Tyr a pris les fonctions de son frère aîné, personne n'aurait encore osé lui proposer un coup de main .

- A Tromsø, on hésite à dire si la petite Brynja est maudite ou chanceuse, car après avoir manqué de se faire brûler vive par un dragon, elle a manqué par deux fois la noyade, dont une durant les raids !



 
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 Nécessité n'a loi, foi, ni roi.

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Arnórr Ormfrid
Arnórr Ormfrid
viking - leysingi

ϟ MESSAGES : 695
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ϟ LOCALISATION : Quelque part entre les vestiges du village et la sylve.
ϟ HUMEUR : La mousse aux lippes, enragé mais déterminé.

Nécessité n'a loi, foi, ni roi. 5bae

« La colère vide l'âme de toutes ses ressources, de sorte qu'au fond paraît la lumière. »



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MessageSujet: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyMer 24 Déc - 11:39

   

Flashback - An 846



Q
ue les vénéneux chardons de la haine dilacèrent l'âme d'un si jeune être, voilà qui était un crime contre l'humanité. N'avait-il point encore goûter à l'ichor de la vie adulte qu'il suçait celui de la rancoeur à grands gorgeons, dipsomane à en devenir d'une substance qui aurait tôt fait d'occulter son innocuité juvénile au profit d'affects autrement moins nobles, autrement plus venimeux. La vie était ingrate, une pédagogie que son modeste père lui avait toujours enseignée, mais quand bien même... il avait omis de lui conter à quel paroxysme culminait sa cruauté. Le Seigneur Dieu n'était-il pas censé être empli de miséricorde ? En bon petit fervent, il avait suivi les enseignements du prêtre de sa bourgade à la lettre, trop terrorisé de s'attirer les foudres du Créateur en songeant à faire le mal ou encore à l'un de ces cultes païens qui faisait rire plus d'un catholique. Comment le récompensait-on pour sa conduite exemplaire ? En portant l'estocade à son hameau, en morcelant sa famille comme l'on arracherait ses louveteaux à une meute sans crocs, en le condamnant à l'exil à des lieux et des lieux de sa mère patrie, de sa belle Angleterre. Ses prunelles mordorées ne quittaient plus la houle de cet immensurable océan, dont le chant des ressacs suffisait presque à l'apeurer. Il était si souvent juché sur ce pont qu'il fusionnerait bientôt avec son bois rongé par l'écume, mais c'était un incoercible sentiment de détresse qui le poussait, à chaque temps libre, à venir contempler ce qui le séparait de son quotidien de jadis. Moins d'une année que les vikings s'en étaient venus le capturer, sa sœur et lui, mais il avait cette indicible sensation que cela faisait déjà une éternité. Le garçonnet souriant et sémillant avait abandonné son cœur sur les rives anglo-saxonnes, tant et si bien qu'il avait peine à se souvenir de la dernière fois qu'il avait ri... de la dernière fois qu'il avait été heureux. Son calvaire était loin d'être fini, de ce qu'en disaient les auspices, mais, dans sa candeur infantile, il voulait encore croire que l'on viendrait le chercher. Quelqu'un. Quiconque. Un bon samaritain, un être salvateur, ou même, un quidam ayant pris pitié de lui... Mais il ne resterait décemment pas ici pour le restant de ses jours, c'était une perspective à ses yeux improbable, raison pour laquelle il continuait pour l'heure de garder espoir – même vainement.

Soudain, la cime d'une vague plus véhémente vint lui fouetter le galbe, le surprenant plus que l'effrayant. Gareth poussa un râle en expectorant l'embrun amassé dans sa bouche, il s'ébroua à l'image d'un chiot humide, puis s'élança au galot pour rejoindre la terre ferme, sous les regards nonchalants des pêcheurs qui auraient vite fait de l'oublier. Il se rendit dans l'artère principale de la ville, où il s'arrêta non loin de la forge pour discrètement profiter de la chaleur émanant des divers foyers allumés. Il se frictionna les épaules et réprima un frissonnement, décidément, même au printemps, le climat était outrageusement rude en comparaison à sa contrée natale. Aucun des autochtones ne semblait particulièrement incommodé, contrairement à lui qui était constamment emmailloté dans des nippes quasiment hivernales, n'en déplaise à son maître qui était exaspéré de la fragilité de son thraell. Hroarr était ce que son frère aîné aurait qualifié de « bel enfoiré », ce que ses homologues scandinaves, eux, considéraient comme un digne homme de leur septentrion. Apre et autoritaire, exigeant et perfectionniste, l'octave toujours haute et grave, il était devenu la bête noire aussi bien que le croquemitaine du prisonnier, qui ne se privait toutefois pas de le contrarier à la première occasion. La dernière en date l'avait rendu relativement fier sur le coup, puisque par sa faute, son propriétaire s'était pris les pattes dans un filet de pêche et s'était joliment étalé de tout son long, devant l'ensemble de ses camarades hilares. Une scène mémorable, mais qui lui avait valu une correction tout aussi homérique, qui lui avait laissé des hématomes et une grande plaie en voie de guérison sur la pommette. Les châtiments étaient fréquents uniquement parce qu'il les cherchait, lorsqu'il s'exécutait docilement, il avait remarqué qu'il était plus prompt à attirer à lui l'indifférence ou un répondant certes désagréable, mais non-violent. Mais même s'il était le responsable de ses propres peines, il se demandait, malgré tout, pourquoi personne ne lui venait en aide. Lui qui avait toujours bénéficié de la protection de ses frères, ne comprenait pas encore la raison pour laquelle il était toujours seul contre tous, alors qu'il n'était qu'un petit garçon... ses ravisseurs étaient-ils à ce point implacables ? A l'image de leurs dieux, disait-on...

« File de là ! Allez, ouste ! » Lui fit subitement un phonème guttural. Le forgeron balaya l'air de ses paluches pour chasser le thraell qui partit aussitôt vers d'autres horizons, en direction d'une place moins bondée, sur laquelle il s'arrêta en se tenant la panse. Par la Sainte Marie, son maître lui avait laissé le champ libre le temps qu'il termine sa besogne, mais il avait omis de le nourrir, et Gareth mourrait de famine. Personne à la maison, et il n'avait pas le droit de se servir seul, rationnement oblige, il fallait donc qu'il prenne son mal en patience... ou qu'une belle opportunité se présente. Ce fut justement le cas lorsque, en marchant un peu, il aperçut un individu assis sur un fût, en train de se bâfrer de viande et autres denrées qu'il aurait autrefois trouvé écoeurantes, mais qui l'appelaient inexorablement désormais. Un instant plus tard, des éclats phoniques s'élevèrent tel le tonnerre de la déité qu'ils nommaient Thor, et il eut tout juste le loisir de se retourner pour voir une rixe démarrer. « Barbarians... » Qu'il maugréa entre ses dents en opinant négativement du chef – toujours à se battre pour un rien. Il vit alors le précédent énergumène abandonnant sa gamelle pour pour accourir jusqu'à l'arène improvisée, et là, la tentation se mit à psalmodier son nom, de façon si térébrante qu'il en eut les tympans qui sifflèrent. A pas aussi feutrés qu'il put, il s'approcha du tonneau et se recroquevilla à moitié derrière, les calots fichés sur la pitance de laquelle s'échappait une légère fumée, signe que le plat était encore chaud et bon à déguster. Il hésita. Il n'était pas un voleur, ce n'était pas la voie que son père aurait voulu qu'il emprunte, mais... n'était-ce pas une nécessité ? Et s'il n'en prenait qu'une bribe, une minuscule bouchée, il n'aurait rien fait de répréhensible ? Aux yeux du viking, il n'en était pas certain, il suffisait généralement de peu pour les rendre furibonds, il l'avait compris à ses dépends. Et si l'on ne rossait pas les thraellar d'autrui, l'incident remonterait inéluctablement aux oreilles de son maître, qui lui, avait tous les droits sur lui. Un carcan ceignit sa gorge. Puis, ses doigts saisirent un morceau de carne qu'il porta hâtivement à son palais, une risette enchantée s'ébauchant instantanément sur son faciès.

La faim eut finalement raison de lui, et ce fut avec une mine gourmande qu'il s'apprêta à dévorer le reste de l'assiette, lorsqu'à brûle-pourpoint, une poigne s'abattit sur son bras pour endiguer son geste. Si son soubresaut fut phénoménale, ce ne fut rien à côté de la peur qui naquit dans ses viscères, pris en flagrant délit, et avec la chance qu'il avait, ce ne serait nul autre que Hroarr en personne. Gareth se débattit, les paupières closes et la tête basse comme s'il refusait de confronter son adversaire contre la force duquel il ne pouvait absolument rien, car il eut beau gesticuler comme un beau diable, la main qui le tenait ne le lâcha pas. « I didn't do anything, let go of me ! Let me go ! » Jura t-il dans son dialecte maternel, puisqu'il s'exprimait encore très laborieusement dans la langue commune. Il tenta un subterfuge en passant entre les jambes – fichtre grandes ! - de celui qu'il prenait pour son bourreau, mais si celui-ci dut se contorsionner et faire appel à sa souplesse ainsi qu'à son opiniâtreté, il réussit malgré tout à retenir le garçonnet, qui eut alors un réflexe contristant. Le Bradford installa son bras libre devant sa truffe, en bouclier chétif pour se prémunir d'un éventuel coup voué à le punir pour sa témérité. « Pas taper ! » C'étaient sans doute les premiers mots qu'il avait appris en arrivant à Tromso. Il leva ensuite timidement ses iris mordorés sur le norvégien, qui n'était pas son propriétaire, mais, qui restait un norvégien...
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyDim 28 Déc - 23:59

   


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L
e monde de Valdimárr était vide se saveur, dénué de couleurs. Depuis le retour des raids, son cœur dévasté ne parvenait plus à battre au rythme du village, ni même à aucun autre... Ce n'était pas une vie, ce que les Nornes lui infligeaient. S'il continuait à se mouvoir et à respirer, ce n'était que par réflexe ; un mécanisme bien rodé qui ne lui demandait aucun effort pour fonctionner... Mais son existence se trouvait à présent dénuée de sens, privée de but. Lorsque tout s'effondrait autour de soi, la notion de survie remplaçait l'envie d'être. Le viking avait longuement songé à ce qu'il adviendrait de lui tandis que tous les siens lui avaient été arrachés. L'idée de les rejoindre à Helheim lui frôla même l'esprit, mais il ne put s'y résoudre. Il se devait de continuer pour eux, lui seul pouvait honorer leur mémoire et l'idée d'imaginer leur passage dans ce monde tomber dans l'oubli l'insupportait. Ainsi avait-il su trouver la force de se lever, matin après matin, en dépit de l'abhorrée douleur qui harassait son âme. Sans le drame qui venait de secouer sa vie, Valdimárr aurait sans doute pu accéder à l'une des plus prestigieuses places de la société de Tromsø, au lieu de quoi l'homme se retrouvait plongé dans une spirale de déchéance, aux antipodes du destin qu'il croyait que les dieux lui avaient réservé. Que savait-il des immortels et de leurs desseins, après tout ? Trop peu de choses. Sa ferveur se trouvait passablement ébranlée par ce que les Nornes lui faisaient traverser... Oh, il n'était cependant pas homme à abandonner sa foi, et cela finiraient certainement par s'apaiser dans son esprit, mais quelque chose s'était brisé, malgré tout.

Le viking avait besoin de temps pour reparaître en société égal à l'homme que ses pairs attendaient. Pour l'instant, il n'en était qu'une pâle copie, à peine plus substantiel qu'une ombre. Les habitants du village connaissaient son histoire, leur habitat n'était pas assez étendu pour que quelqu'un puisse passer à côté de ce genre d'événement et puis tout le monde se connaissait alors les nouvelles allaient bon train. Le soutien de ses amis ne s'était pas fait attendre, ce pour quoi Valdi fut reconnaissant, mais il se trouvait dans l'incapacité de leur promettre qu'il parviendrait à surmonter l'événement dans un futur proche, ni même d'y arriver un jour. La seule chose pour laquelle il se découvrait un don était la dissimulation. Il ne serait plus le commerçant plein de vie et d'entrain, certes, mais il tenterait de conserver son amertume pour lui. Cela donnerait, par la suite, naissance à cet homme un peu taciturne qui trouvait un certain attrait à la solitude et au silence... Pour l'instant, il empruntait à peine cette route, et il savait le chemin jusqu'à la parfaite contenance laborieux.

Ce jour-là, ses pas l'avait mené dans les alentours de l'une des petites places du village. Tromsø était agencé de telle manière que, même en comportant un faible nombre d'habitants, la bourgade regorgeait de lieux semblables à cette place : insoupçonnés, pas forcément des plus utiles, mais pourtant bel et bien là. Adossé contre un baraquement, l'homme s'efforçait de porter son attention sur son environnement, et non pas sur ses pensées. Ce n'était pas chose aisée, et son regard se perdait dans le vague à de nombreuses occasions, mais le viking s'était imposé cet exercice de pseudo-socialisation : il devait faire des efforts pour sortir de l'infernale torpeur. Il ne savait depuis combien de temps exactement son esprit s'était absenté, mais une bagarre le ramena à sa place. Deux de ses congénères s'insultaient à grands éclats de voix, mais Valdi n'avait pas vraiment le cœur à déchiffrer leur sens. Peu importait les raisons, les affrontements étaient quotidien dans leur culture. Le marchand haussa les épaules, observant l'arrivée d'un troisième combattant dans la mêlée. Curieux, son regard se porta alors sur le lieu d'où provenait ce nouveau rappliquant... Et ce fut à cet instant qu'il le vit. Le gamin semblait aux abois et semblait hypnotisé par l'auge fumante, il ne fut pas difficile pour le viking de comprendre ses intentions. En quelques secondes, sa décision fut prise. Le temps pour lui de rallier l'endroit où se trouvait le garçon, ce dernier avait déjà goûté aux mets se trouvant sous son nez. Valdimárr fronça les sourcils, mais ne pipa mot. Il arriva juste à temps pour empêcher le malheureux de réitérer son geste, empoignant fermement son bras chétif à mi-parcours.

Aussitôt, le thraell tenta de se débattre, jurant dans une langue étrangère. Le commerçant serrait les dents, conscient de la responsabilité qui lui incombait désormais. Le gosse avait volé, et aussi peu plaisant que cela puisse lui paraître, Valdi se devait de dénoncer le délit, ne serait-ce que pour faire en sorte que le fautif retienne les règles. Le viking se souvenait de lui, cependant, Hroarr l'avait récupéré lors du dernier raid, celui qui avait scellé la destinée du marchand. Il ne relâcha pas son emprise en dépit des gesticulations et de ce qu'il supposait être des supplications émanant du garçon. « Tais-toi donc ! » ordonna-t-il, anxieux de me point attirer les regards alentour. Il tint bon même lorsque le rusé étranger tenta de lui filer littéralement entre les pattes. Il ne devait pas mesurer l'ampleur de ses actes, ni à quel point il pouvait s'estimer chanceux que la bagarre éloigne l'attention de leurs personnes. Finalement, il sembla s'avouer vaincu et, dans un mouvement de désespoir, ou du moins qui en avait tout l'air, fit mine de se protéger le visage. « Pas taper ! » ajouta-t-il, ce qui fit grimacer le Norvégien. D'ordinaire, ce dernier n'aurait même pas hésité une seconde à faire ce que l'on exigeait de lui, mais les circonstances actuelles le laissait entrevoir des alternatives à l'accomplissement de son devoir. Le fait de croiser le regard anxieux du gamin acheva de le décider quant à la marche à suivre : poussant un grognement, il jeta un regard par-dessus son épaule pour vérifier que la voie était libre, puis il s'engouffra dans une ruelle, entraînant le chapardeur à sa suite.

Ce gosse était bien trop jeune et bien trop loin des siens. Sa physionomie svelte et les quelques marques de coups visibles laissaient entendre le genre de traitement que son maître lui réservait... Et celui qu'il lui réserverait si Valdimárr dénonçait la faute. Soupirant, il intima au thraell de se taire par un signe de tête, n'étant pas persuadé que ce dernier saisisse déjà plus que les rudiments de la langue norvégienne. Il se refusait à lui lâcher le bras par peur de le voir détaller comme un lapin, et pourtant il aurait pu se contenter de ce geste, de laisser le gosse s'enfuir... Mais il devait s'agir du jour de chance du gamin, car le viking était disposé à en faire plus. Toisant silencieusement son vis-à-vis, il desserra son emprise pour ne pas l'effrayer plus que de raison. Puis, sans prononcer un son, il se remit en marche. Une chance que son échoppe ne se situât pas trop loin de la petite place, car il sentait bien les réticences du thraell à le suivre. Peut-être ce dernier s'imaginait-il que Valdi le conduisait tout droit à son maître ? Comment pouvait-il deviner que les intentions du marchand étaient tout autre, après tout ! Il ne suffit que de quelques minutes de marche pour regagner l'antre du commerçant. Ce dernier en ouvrit la porte, fit rentrer le garçon à sa suite puis referma le battant de bois derrière eux. Sans un regard, il le fit asseoir sur une chaise qui traînait là, assez fermement pour lui signifier qu'il ne devait pas bouger. Le gosse n'était pas attaché, cela dit, et le Norvégien n'avait aucunement l'intention de lui courir après si il décidait de fuir... Mais il n'en fit rien, sans doute dirigé par sa curiosité.

« Toi. Attends là. » grommela le viking tandis qu'il s'éloignait plus en avant dans son antre. Il revint vers le garçon quelques secondes plus tard, une écuelle remplie de viande séchée à la main. Cela ne valait certainement pas l'assiette fumante de tout à l'heure, mais c'était la première chose un tant soit peu consistante sur laquelle il était tombé durant sa quête de pitance. « Avale ça. » annonça-t-il d'un ton un poil bourru, tandis qu'il refourguait la gamelle au gamin.
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyLun 29 Déc - 22:54

I
l craignait que les poings vindicatifs ne martèlent son faciès poupon, car il avait cru comprendre que c'était par l'office de la violence que les quidams se forgeaient, ici, comme les bons ostrogoths qu'ils étaient. La brutalité, surtout gratuite, subsistait partout dans le monde, il ne le déniait pas, mais cette plèbe aux teints de nacre et aux gueules hirsutes semblait particulièrement encline à cette notion. Lorsque le vocable était lacunaire, qui plus est, ce n'étaient que par les gestes que l'on était apte à se faire comprendre, et quoi de mieux qu'une calotte derrière le crâne pour miroiter son mécontentement ? Les coups, les ires rutilantes, il n'avait pas fini d'en voir et d'en essuyer, mais ce n'était point demain qu'il jugulerait sa propension subversive, qu'importait le nombre de rossée qu'il collectionnerait dans l'année. Le temps aurait potentiellement raison de son opiniâtreté, l'âge, les tribulations, l'apprentissage... comme celui de ne jamais rien dérober à un citoyen septentrional, surtout pas au cœur même d'une ville qui, si elle n'était pas immensurable, n'en restait pas moins conséquente en terme d'individus. Sa bourgade d'origine comptait bien moins d'âmes – et encore moins depuis leur gracieux passage. Et s'ils avaient pu occire à tour de bras, un petit anglo-saxon de plus ou de moins, qu'est ce que cela représenterait-il ? Peut-être lui laisserait-on la vie sauve, l'on se contenterait de l'estropier d'une phalange, ou deux, ou d'un bras, histoire de lui faire retenir la leçon, et ils souperaient tous sa carne rôtie comme un vulgaire gibier – oui, l'imagination enfantine n'avait pas de lisière, ils les croyait capables de tout, surtout des pires ignominies de cette univers. A en voir le museau de celui qui l'avait interpellé en plein acte délictueux, il ne serait aucunement surpris qu'il soit anthropophage, sans doute était-ce même le secret de leur barbarie. Et voilà qu'il vérifiait les alentours, certainement pour s'assurer que cette livre de barbaque fraîche, il n'aurait à la partager avec personne que lui-même, voire ses chats – car Dieu tout puissant, il n'avait jamais vu des félins domestiques aussi dantesques que ceux qui peuplaient les masures des environs ! Et quel était cet attrait fantasque pour les matous, d'abord ? Quelle curieuse roture, de sanguinaires combattants qui se trouvaient l'âme poète aux abords d'un chaton, de quoi ruiner leur mythe de terreurs nordiques.

Il en aurait volontiers ri, s'il ne s'était pas retrouvé emporté par l'olibrius qui ne lui offrait aucune issue, et où diable l'emmenait-il donc ? Droit dans l'âtre brûlant, assurément, et à cette perspective biscornue, Gareth fut peu enchanté et encore moins coopératif. Tandis que le bougre le tirait pour le contraindre à être sur ses talons, le garçonnet, lui, tirait pour s'esbigner, traînant même des pieds qui creusèrent deux sillons tout au long de la route, qui voudrait les suivre pourrait ainsi s'en donner à cœur joie ! Ses efforts furent néanmoins vains, et ce fut paradoxalement lorsqu'il cessa d'opposer de la résistance... qu'il fut relâché. Penaud, il contempla l'étrange personnage, et si sa raison lui brama de s'enfuir tant qu'il le pouvait encore, son intuition lui intima de ne pas céder à la peur ou à l'action irréfléchie. Cette fois, plus que l'obliger, on semblait le convier, un comportement inusuel depuis son arrivée en cette contrée, tant et si bien qu'il ne résista pas à la tentation de voir où cette rencontre le mènerait. Prudent malgré tout, il broda une distance de sécurité entre eux, le pistant presque plus que le précédant, jusqu'à aboutir à ce qui s'apparentait à une humble échoppe, dans laquelle il fut invité à entrer. Il le fit, mangeotté par l'appréhension, mais il le fit, doigts entremêlés les uns aux autres dans une contenance anxieuse, avant de se faire guider et asseoir sur une chaise qui bordait la table. Le premier réflexe du pré-adolescent fut de mesurer mentalement le nombre de coudées qui le séparait de l'huis, au cas où il lui faudrait y faire diligence avant de se faire gentiment dépiauter. Puis, il se fit surprendre et soubresauta lorsque la gamelle amarra devant lui, le tout accentué d'un couplet de mots rugueux dont il ne comprit pas le sens. Mais à en voir le propriétaire des lieux et les circonstances, il crut saisir que cette pitance lui était offerte, d'une manière infiniment trop facile pour ne pas cacher un piège ou une fâcheuse conséquente. Soupçonneux au plausible, Gareth alterna ses calots entre l'écuelle et le prétendu bon samaritain, avant de regarder autour de lui, au cas où Hroarr serait dans les parages. Il se pencha ensuite au-dessus des denrées, les examina sous toutes les coutures, en huma même le fumet, puis il en goba une infime parcelle qu'il était déjà paré à glavioter... mais, au final, le menu fretin était excellent, et inespéré.

Le bambin se jeta littéralement sur l'assiette, fourrant autant de bribes qu'il le put dans sa cavité buccale au point de faire croire qu'il possédait quelque abajoue secrète. Ce fut à peine s'il prit le temps d'apprécier les mets avant de les avaler, la faim ne le taraudait que trop pour qu'il use ses forces à savourer. Mais ce qui devait arriver arriva, et à vouloir se bâfrer à l'instar d'un mignon goret, une bouchée trop importante obstrua son oesophage et le secoua d'une violente quinte de toux. Son petit poing tapota son poitrail, mais il fallut celui plus âpre du viking dans son râble pour lui faire gober le problème et respirer à nouveau. Il toussota et consentit à reprendre son souffle durant de longues secondes où il vira rubicond, plus de peur que de mal heureusement, et l'épisode eut au moins le mérite de lénifier ses ardeurs voraces. « Water... » Il se racla la gorge, puis demanda entre deux grimaces. « Eau ? » Bon gré mal gré, son hôte lui ramena de quoi s'hydrater et surtout faire passer la désagréable sensation dans son gosier, dans un récipient qui devait constituer trois gorgeons de faro pour un homme adulte, et bien trop grand pour lui, à tel point qu'il manqua de se renverser le tout en pleine figure. Le drame aquatique évité, il reprit ses esprits et se prit d'un subit intérêt pour la pléthore d'articles amoncelés dans la pièce. Il semblait y avoir de tout, du n'importe quoi surtout, et une myriade de bizarreries, avec de nombreuses runes en ornementation. Il put distinguer Mjölnir, un freux devant symboliser Munin ou Hugin, ou bien Frigga tissant ses nuages – des emblèmes qu'il fut incapable de reconnaître, à juste titre. Il en revint ensuite à son vis-à-vis, qu'il observa tout d'abord dans un mutisme complet, avant de se frotter le menton comme s'il y trônait une toison.

« Feu. » Une allégorie gauche pour souligner que sa barbe était rousse. « Papa aussi. » De l'index il s'auto-désigna, signifiant par là que son géniteur avait lui aussi le crin et le poil rubigineux. Des détails triviaux, mais pouvait-on reprocher à un enfant de tenir un discours nigaud ? Le jeunot renâcla, et se mit vraisemblablement à chercher ses mots, mais il comprenait généralement mieux qu'il ne s'exprimait, l'immersion totale forçant les leçons. « Quoi tu vouloir ? » Il plissa les paupières dans un mime de suspicion, les autochtones ne lui étaient généralement que trop hostiles ou indifférents pour que cette situation soit normale, si jeune, et déjà plus enclin à faire confiance. Sa pogne s'écrasa derechef sur son thorax maigrelet, et il reprit. « Pas voleur. Voleur pas bien, papa dit... mais très faim ! » Tentait-il d'adoucir l'adonis dans l'espoir qu'il ne finisse pas par les livrer lui et son crime au maître ? Peut-être, sûrement, même si c'était avant tout lui-même qu'il essayait de convaincre. L'anglo-saxon secoua la tête, faisant voleter sa courte crinière aux reflets blondins, puis reconsidéra les babioles qu'il pointa d'une phalange. « Quoi, ça ? »
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyMer 7 Jan - 18:02

   


Flashback - An 846 ; suite.



L
e thraell ne semblait pas comprendre ce que Valdimárr attendait de lui et masquait à peine sa crainte, mais à quoi d'autre le viking aurait-il pu s'attendre ? Le gamin était loin des siens, étranger en territoire hostile, assujetti à l'un de ses congénères les moins commodes ayant occis sa famille sous ses yeux, qui plus était... Nul doute que chaque habitant de Tromsø s'érigeait en menace aux yeux du jeune garçon. Le commerçant ne tenta pas de s'épancher en explications rassurantes ni en discours protecteurs, cela dit, il n'était pas doué pour la chose et son interlocuteur ne comprendrait certainement pas un traître mot de ses élucubrations. Pour palier à la parole, il avait favorisé l'acte et ce fut dans ces circonstances qu'il avait déniché une écuelle de viande séchée pour le gosse. Ce dernier parut surpris, aux premiers abords, puis méfiant. Pensait-il que le Norvégien refermait un quelconque piège sur sa personne ? Les enfants étaient pourvus d'esprits tellement fertiles que cela n'aurait pas étonné l'adulte si son invité se préparait à se faire dévorer tout cru par sa personne.

Leurs regards se croisèrent à plusieurs reprises tandis que le thraell hésitait à goûter la pitance, Valdi demeura immobile et muet. Il s'agissait d'une décision que le garçon devait prendre seul, et tant pis pour lui s'il décidait finalement de ne pas profiter d'un des rares sursauts de pitié dont faisait preuve le peuple du Nord. Après un examen consciencieux de la nourriture, l'étranger se décida enfin. Se ruant sur le contenu de l'assiette, il semblait tel un écureuil amassant un maximum de denrées avant le rude hiver... Ce spectacle provoqua un pincement au cœur du viking, l'hiver de ce garçon devait durer éternellement avec un maître tel que Hroarr ! Le marchand n'eut pas le loisir de s'apitoyer longuement sur le sort du petit voleur que ce dernier attira son attention par une violente quinte de toux. Le viking fronça les sourcils, voilà ce qui arrivait lorsque l'on s'empiffrait sans prendre le temps de respirer ! Le jeunot tenta bien de faire passer la gêne en se martelant le torse mais rien n'y fit, aussi Valdi n'eut d'autre choix que de s'approcher du gosse et, posant une main sur son épaule pour le stabiliser, utilisa la seconde pour lui donner de grands coups secs dans le dos. Le dénouement ne se fit pas attendre et le viking put s'assurer que le petit était tiré d'affaire. Le thraell accorda alors un peu de répit au contenu de son écuelle et marmonna un mot dans sa langue maternelle. « Eau ? » rectifia-t-il, ce qui permit au commerçant de comprendre sa demande. Il hocha la tête positivement et s'éloigna de la même manière qu'il était parti chercher la viande séchée, mais revenant cette fois-ci avec un gobelet rempli d'eau.

Étanchant sa soif, le gamin laissa son regard vagabonder sur le contenu éclectique de l'échoppe de Valdimárr. Le viking l'observait en silence, il n'avait pas desserré les dents depuis qu'il avait tendu l'assiette à son invité. La disparition de sa famille était la cause de son état taciturne, l'homme avait perdu le goût de beaucoup de chose quand les siens avaient rejoint Helheim, dont celui de la conversation. Faire des efforts pour entretenir un flot continu de paroles ne l'intéressait plus, et puis à quoi bon tenter de bavasser avec le jeune thraell ? Il ne maîtrisait pas encore la langue, les échanges s'en trouveraient donc beaucoup trop laborieux. L'endeuillé attendit donc que son invité impromptu eut fini son inspection visuelle et, lorsque ce dernier reporta son attention sur son hôte, il engagea le dialogue de lui-même. « Feu. Papa aussi. » annonça-t-il alors, joignant une gestuelle explicative à ses propos. Valdi esquissa un faible sourire, et ce fut machinalement qu'il passa ses doigts sur sa barbe. Ce gamin l'attendrissait malgré lui, et sans doute aussi malgré sa propre volonté. « Ce sera peut-être ton cas aussi, dans quelques années. » répondit simplement le marchand, ne souhaitant pas s'attarder sur ce sujet douloureux qu'était l'hérédité et, par extension, la famille. Son fils aurait-il, lui aussi, arboré la pilosité incandescente de sa lignée ou, au contraire, aurait-il porté une fière toison aussi noire que les cheveux de son épouse ? Il n'aurait jamais la chance de répondre à cette question.

« Quoi tu vouloir ? » soupçonna subitement le jeunot, la méfiance imprégnant les traits de son visage. Surpris par une telle question, Valdi fronça les sourcils, mais il n'eut pas le temps de répondre que, déjà, le gosse se lançait dans un plaidoyer maladroit : « Pas voleur. Voleur pas bien, papa dit... mais très faim ! » Le Norvégien secoua la tête de gauche à droite en signe de consternation. « Du calme ! » tonna-t-il. Il ne pouvait pas blâmer le thraell de vouloir sauver sa peau, ni de le soupçonner que Valdi lui réservait un sort cruel après cette accalmie... À vrai dire, le viking n'avait nullement l'intention de dénoncer le petit, il ne se serait jamais donné la peine de se sustenter si cela avait été le cas ! Mais l'enfant ne pouvait deviner ses projets, aussi était-il normal que son esprit s'alarme. Enfin, ce n'était qu'un gamin et, comme tous les gosses du monde, il possédait encore une parcelle d'innocence qui lui permettait de passer du coq à l'âne sans cérémonie. « Quoi, ça ? » demanda-t-il alors sur un ton curieux, totalement dénué de crainte. Il pointait du doigt un monticule de bibelots qui prenait la poussière non loin de là où il siégeait. L'échoppe de Valdimárr ne pouvait pas être classée ou catégorisée quant à son contenu... Il s'agissait plutôt d'un joyeux bordel mélangeant denrées et objets pratiques, tout ce qui pouvait s'avérer utile aux habitants de Tromsø mais qu'ils ne pouvaient pas se procurer facilement. Ses fonds provenaient en effet de l'île voisine, voire de plus loin, car il lui arrivait de récupérer des biens acquis par un marchand de Kvaløya auprès d'un confrère d'une autre ville. Le commerçant et son échoppe s'érigeaient donc en pont reliant les habitants du village et les denrées de leurs proches voisins.

Il se leva lentement et s'approcha du tas de babioles qui avait attisé la curiosité du môme. Sa main caleuse se tendit vers la multitude pour se refermer sur l'un des petits objets finement travaillés de l'amoncellement. Face au thraell, il fit tourner la figurine en cire quelques secondes entre ses doigts avant de fixer son regard sur le garçon. « Ça, c'est Loki, le plus rusé des immortels. » énonça-t-il avant de tendre la statuette en direction du gamin afin que ce dernier puisse l'examiner de plus près. Ces figurines en cire à l'effigie des dieux étaient très appréciées auprès des plus fervents habitants de la bourgade. Chacun avait toujours sa petite préférence pour tel ou tel membre du panthéon, aussi Valdi leur vendait-il ces petites idoles finement ciselées qu'ils pouvaient utiliser lors de leurs prières ou simplement conserver en guise de totem. Il n'avait pas choisi de présenter au thraell le dieu de la discorde par hasard, cela dit, car il pensait bien que le garçon devrait faire preuve d'ingéniosité à l'avenir pour trouver sa place dans la communauté sans trop se faire malmener par son maître. Il espérait ainsi que le matois immortel inspirerait le jeune garçon pour survivre aux difficultés de ses premiers temps de vie parmi les vikings.

Le marchand s'apprêtait à débuter un long et fastidieux discours à propos des dieux, n'étant pas certain que le jeunot les connaisse encore très bien, mais il fut interrompu dans son élan par un cognement contre la porte. Tournant la tête avec curiosité dans la direction du bruit, il se rendit lentement près du battant de bois qu'il entrouvrit, quelque peu inquiet d'y découvrir le maître du thraell... Valdi put cependant se détendre lorsqu'il se retrouva face à l'une de ses voisines qui avait besoin de lui acheter des baies séchées de Kvaløya. Le marchand la fit entrer et ne prit pas la peine de fermer la porte derrière sa cliente, tant et si bien que, le temps pour lui de s'occuper d'elle, le garçon avait décampé.


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Arnórr Ormfrid
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyDim 11 Jan - 2:19

Q
uel curieux protagoniste, bien fantasque en comparaison à ses compatriotes jusqu'à présent vus davantage comme des bêtes que comme des individus dignes d'être. Il ignorait si celui qui lui faisait face était de la meilleure espèce ou s'il affilait ses lames sous la table, tandis qu'il l'enjôlait de ses réactions discrètes mais visibles, tant contraires à l'hostilité coudoyée depuis son arrivée dans ces steppes infernales. Décidément, cet acte était bien trop généreux pour être désintéressé, l'appréhension et l'incertitude étaient peut-être pire que la peur givrante d'une attaque de front. Gareth n'était qu'un louveteau craintif dont les crocs n'avaient pas encore poussés, il observait, d'un oeil vif, la gestuelle de son vis-à-vis qui se dirigea vers les monceaux d'artefacts et autres objets plus triviaux. Menton posé sur la table dans une contenance proche de l'animal tranquillement aux aguets, le garçonnet plissa les yeux pour tenter d'analyser ce qui tournoyer entre les phalanges de son hôte, avant que celui-ci ne lui tende finalement son bien en jargonnant. Il saisit l'idole et se mit à la contempler sous toutes les coutures, sans réellement avoir compris de qui il en retournait. Quelqu'un de matois, apparemment, et s'il ignorait ce qui signifiait le mot scandinave pour « immortel », il se remémorait avoir naguère aperçu des statuettes semblables à celles-ci, bien qu'à l'effigie d'autres personnages. Hróarr avait fini par lui faire rentrer dans la caboche qu'il s'agissait de leurs dieux – fichus païens, qu'avait tout de go pensé le petit, qui blasphémait la pensée du Dieu Unique. Il était encore bien loin d'être à même de s'ajuster à leurs folles croyances, ni ne le voulait, alors, ces ouvrages miniatures avaient selon lui peu d'importance. Mais quelque chose d'indicible dans celle qu'il avait entre les paumes l'intriguait, l'appelait à ne pas quitter des prunelles la figurine dont il remettait pourtant la légitimité en cause. Soudain, une symphonie contre l'huis principal le fit soubresauter, et il se torsada sur son siège pour mirer dans son échine, non sans l'anxiété de voir apparaître le galbe démonial de son propriétaire. Fort heureusement, ce ne fut qu'une donzelle que l'énergumène connaissait manifestement et qu'il fit entrer dans son échoppe. La porte laissée béante fut un appel incoercible, au diable la décence, mieux valait qu'il regagne le foyer familial au plus vite. Alors, après s'être assuré que personne ne le surveillait, il enfourna le reste de la pitance dans ses bajoues improvisées et sortit à pas feutrés. Ce ne fut qu'une fois relativement éloigné qu'il accéléra la rythmique de ses pas, avec dans sa main, le fétiche d'un Loki qu'il avait omis de remettre à sa place.



ϟ ϟ ϟ ϟ

An 860



« L'un de nos marchands a été attaqué entre ici et Tromsø. Ah bon ? Comment c'est possible, cette route est bondée, surtout en cette saison. Les dieux seuls le savent ! Dans tous les cas y avait du matériel important pour les forgerons, outre les victuailles, ces fils de putains ont tout pris ou saccagé ! Ils ont buté ce pauvre Reikonr d'un surin dans la nuque, ils ont même égorgé son cheval ! Nan ?! J'te jure mon ami ! J'dirais pas que les hommes ont la trouille, mais ça se méfie depuis, les marchands essaient de pérégriner à plusieurs histoire d'être parés à un assaut. Tu viens ici tout seul Arn', tu devrais faire gaffe toi aussi. J'emprunte des sentiers moins fréquentés, habitude d'éclaireur, mais j'ouvrirai l'oeil, merci pour le conseil. » Un signe de tête au pêcheur qui vérifiait ses filets tout en lui faisant la conversation, à lui, et à plusieurs habitants qui avaient fait halte pour tendre l'oreille, puis il s'éloigna, un ravissement indistinct en son sein. Ah, ce fameux meurtre qui était sur toutes les langues, qui elles-mêmes s'abandonnaient aux conjectures les plus osées et insensées. Et lui, qui feignait la stupéfaction, alors que de l'affaire, il était parfaitement au courant. Il y avait d'ailleurs sa part de responsabilité, ses alliances avec le village d'Oldervik étaient sporadiques, mais foutrement efficaces lorsqu'il était question de semer choc et paranoïa dans les coins de Tromsø et Kvaløya. Les guerres intestines étaient les pires, et lui, un maestro passionné par son concerto méphistophélique. Qui pourrait bien le soupçonner, lui ? Viking depuis sept ans déjà, une liberté qu'il avait gagnée honnêtement, des années de service sous l'autorité de de feu le jarl Hrothgar et aujourd'hui sous celle de son fils, et pour couronner le tout, une récente place de choix dans le Thing. La patience était sa clé de voûte, son venin ne tuait pas à brûle-pourpoint, non, il libérait des toxines longanimes et pernicieuses qui passaient inaperçues, et qui finiraient, tôt ou tard, par entraîner le décès. Mais la mort, était un châtiment beaucoup trop suave pour les démons parmi lesquels il évoluait, raison pour laquelle il laissait le temps au temps. Ce n'était pas la providence qui lui avait souri, il avait obtenu ses privilèges à la sueur de son front, comme tout à chacun dans cette société essentiellement axée sur le mérite et la distinction. Il devait au moins leur reconnaître cette qualité, ils étaient capables de passer outre n'importe quel passé.

Arnórr, de son nouveau nom, s'enfonça dans un pan du marché qu'il n'avait pas encore visité, la besace déjà gondolée de quelques trouvailles qui lui seraient utiles. Kvaløya ressemblait à une encoignure de paradis, particulièrement en une période estivale comme celle-ci, sans doute était-ce l'une des raisons pour lesquelles il y avait de nombreux passages. Lui-même faisait partie des accoutumés et venait au minimum une fois l'an – moins souvent qu'à Oldervik, il fallait l'admettre. Ses brigues l'amenaient fréquemment à se déplacer, même s'il veillait à être présent dans le quotidien de « son » village, où il avait tout de même ses épouses et la taverne dite familiale, même si elle était davantage la propriété de sa première compagne.
Il arriva à hauteur d'un étal en plein air – comme il y en avait une pléiade en été, signe que le marchand n'était généralement pas du hameau même – qu'il observa évasivement, sans être en quête d'un butin spécifique. Et pourtant, ardu de dire si ce fut la chance ou l'ironie qui attira son attention sur un objet qui n'était assurément pas de facture septentrionale. « Je rêve... » S'entendit-il dire avant de se jeter tel un vautour sur une carcasse fumante. Il saisit un médaillon, estampillé d'un emblème probablement ésotérique aux yeux de tous les autochtones, mais pas des siens, et au dos duquel était inscrit un apophtegme dans son idiome maternel. Plus de doute plausible, il s'agissait d'un bijou anglo-saxon, et même, issu de sa région natale ! A cet instant, son coeur fut écartelé entre étonnement le plus criard, enchantement de l'avoir découvert, et ire brûlante de voir un trésor de sa nation entre les mains de ces ostrogoths. Ce n'était qu'un trophée parmi d'autres des légendaires rapines que les nordiques menaient contre les peuplades méridionales, rien qu'il ignorait, et pourtant, cette véracité dont il avait lui-même été victime le contrariait toujours autant. C'était comme voir une bribe de son âme baller au bout de cette ficelle sur le poindre de rompre, et ce fut plus fort que lui, il le lui fallait.

« Hé, camarade ! » Héla le sylphe pour tenter d'intéresser le marchand qui était en train de fureter dans son fatras sous l'étal, et donc, qui lui était encore presque impossible de distinguer. Cette privauté communautaire d'appeler quiconque comme s'il s'agissait d'un frère rajoutait toujours un soupçon de sel sur ses plaies qui ne cicatriseraient jamais, mais il avait appris à composer avec cette douleur, par intérêt personnel. « Combien t'en veux pour ce collier ? Je l'veux absolument, ton prix sera le mien ! J'ai... » Il obvia ses calots mordorés pour fouiller sa bourse, mais un frôlement suffit à lui faire constater qu'elle était tristement vide, ou dans tous les cas, pas suffisamment garnie pour constituer une offre digne de ce nom. « Merde, j'ai... » Rien du tout, là était tout le problème. Le troc était bien plus que monnaie courante dans les moeurs vikings, il érigeait même la majorité du commerce, mais présentement, Arnórr n'avait rien rapporté d'un tant soit peu estimable. Ce ne fut qu'en redressant le regard qu'il les vit enfin, ce crin rouquin et ces iris azurés, cette gueule trop familière qu'il reconnut instantanément. « Valdimárr ?! » Et cette fois, sa surprise, il ne la feignait pas.


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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyMar 20 Jan - 23:07

   


Kvaløya - An 860.



V
aldimárr aimait beaucoup son travail. Être commerçant, en dépit de son attitude bourrue, lui plaisait beaucoup et il savait mettre de côté ses idées noires lorsqu'il se retrouvait face à un client. De plus, les liens étroits qu'il entretenait avec l'île voisine lui conféraient un certain degré d'évasion par rapport au village en dehors des raids, ce qu'il trouvait particulièrement agréable. Certes, l'homme aurait pu tout simplement quitter Tromsø après le drame qu'il y avait vécu et qui continuait à le hanter depuis... Mais il s'était trouvé incapable de prendre pareille décision. Il s'agissait là de sa terre natale, de ses amis, de sa vie toute entière... Il refusait de baisser les bras, et ce même si sa reconstruction devait prendre un temps fou, il avait pris la décision de demeurer parmi les siens. Ainsi s'obstinait-il à vivre dans la même maison où femme et enfant avaient connu la mort, ce qui expliquait sans doute pourquoi ses escales à Kvaløya allégeaient son esprit.

Ce jour-là, il se trouvait justement sur l'île voisine, échoppe dressée à son emplacement habituel sur le marché. Ce village avait eu l'intelligence de soigner ses partenaires commerciaux avec tellement de soin qu'ils occupaient des places quasi égales à celles des marchands indigènes sur la place principale. Il fallait dire que la petite île subsistait principalement grâce à ces échanges entre villages, aussi ne pouvait-elle pas bouder ses voisins des autres îles ou du continent, ce qui arrangeait particulièrement Valdi. Le Norvégien avait su se faire un nom à Kvaløya, notamment grâce à l'amitié qui le nouait à la famille de l'un de ses homologues marchands. Le temps était agréable et le marché plutôt bien fréquenté. Des gens des villages alentours se trouvaient réunis dans la bourgade insulaire pour diverses raisons, ce qui laissait d'autant plus de chances au viking de faire des affaires. Il ne transportait qu'un échantillon de son stock de babioles lorsqu'il vendait à Kvaløya, mais cela représentait déjà une quantité conséquente de marchandises, sans compter sur le fait qu'il profitait lui aussi de ces réunions marchandes pour renflouer ses étales de Tromsø... C'était en toute logique qu'il avait pris l'habitude de s'organiser en deux temps, lors de ses traversées : certains jours étaient réservés à la vente, tandis qu'il consacrait les autres aux repérages des marchandises et aux achats. Il se cantonnait donc à ses planifications et se vouait à son premier jour de vente. L'installation de son stand n'avait pas été de tout repos étant donné le fouillis qui y régnait ! Nul doute que, le soir même, les stocks auraient déjà bien diminué mais il lui avait fallu faire preuve d'ingéniosité pour entasser un maximum de choses sur son emplacement, et ainsi attirer l'attention d'un maximum de clients, en attendant que ce soit le cas.

Pour le moment, Valdi se trouvait plongé dans un fatras d'objets en bronze, un peu en retrait de la foule, occupé à chercher l'écuelle manufacturée qu'il tenait tant à mettre en valeur, persuadé qu'un badaud tomberait sous son charme. L'expérience lui avait appris que les petites babioles les plus insignifiantes étaient souvent l'objet des plus hargneux débats entre les potentiels acheteurs. Enfin, il ne vivait pas uniquement de la vente d'objets au hasard, il prenait aussi commande auprès de ses congénères de Tromsø et les fournissait ainsi en denrées et divers produits que l'on ne pouvait trouver que sur l'île, et vice-versa pour ses clients de Kvaløya. Non, il n'avait décidément pas à se plaindre ! Les Nornes lui accordèrent d'ailleurs une faveur en lui permettant enfin de mettre la main sur l'écuelle, après près d'une dizaine de minutes de recherches assidues. L'homme n'eut cependant pas l'occasion de célébrer sa victoire bien longtemps que les choses sérieuses débutaient... « Hé, camarade ! » entendit-il une voix forte le héler sur un ton empli d'assurance. Ce timbre, Valdimárr le connaissait, mais il lui fut impossible sur le moment de déterminer s'il s'agissait de celui de l'un de ses clients réguliers ou d'un viking qu'il côtoyait un peu plus fréquemment. « Combien t'en veux pour ce collier ? Je l'veux absolument, ton prix sera le mien ! J'ai... » renchérit la voix, ce qui acheva d'intriguer le commerçant. Un bracelet ? Valdi ne visualisait pas l'objet en question, il possédait tellement de bijoux disponibles à la vente que, sans un minimum d'informations relatives au dit bracelet, il lui était tout bonnement impossible de savoir duquel il s'agissait. « Merde, j'ai... » Ah, voilà un ton qui n'était pas non plus tout à fait étranger au marchand ! Ce mélange de frustration et de dépit qui laissait entendre que, finalement, l'acheteur potentiel ne pourrait pas forcément s'offrir l'objet de ses désirs, il ne l'entendait pas très souvent mais tout de même assez pour être capable de le reconnaître lorsque l'occasion se présentait. Peu confiant quant à l'issue de cette vente, le Norvégien se redressa enfin, et il eut la surprise de voir face à lui un habitant de Tromsø qu'il connaissait assez bien : Arnórr.

« Valdimárr ?! » s'exclama l'ancien thraell, visiblement aussi étonné que le viking par cette rencontre impromptue. Le rouquin s'efforça de masquer sa stupéfaction, il ne se souvenait pas avoir jamais croisé le leysingi sur l'île, les Nornes leur avaient joué là un joli tour. « Bien le bonjour, Arnórr ! » finit-il par annoncer sur le ton accueillant qu'il réservait à ses clients. Cela surprendrait peut-être son vis-à-vis de le voir adopter une telle attitude, mais Valdi avait pour principe de ne pas faire de différence entre ses acheteurs, alors il sortit de sa morosité habituelle pour enfiler le masque du commerçant enjoué. « Belle pièce que tu tiens là. » ajouta-t-il en désignant du menton le bijou que le pisteur tenait dans sa main. Maintenant qu'il pouvait poser les yeux dessus, il soupçonnait les raisons qui avaient poussé son interlocuteur à s'intéresser à l'ornement. Il avait acquis cet objet peu de temps auparavant, le rachetant à l'un des habitants d'une île voisine, ce dernier l'ayant obtenu lors des derniers raids. Le collier était donc d'origine étrangère, et Valdi avait tenu à le compter dans son stock pour une raison qui lui échappait présentement. Sans doute l'artefact devait-il avoir une quelconque signification en lien avec le passé d'Arnórr... À moins qu'il tienne à en faire présent à l'une de ses épouses, mais les femmes du Nord ne prenaient pas souvent goût à porter les bijoux des contrées étrangères. Non, ce collier s'était retrouvé parmi les butins vikings pour la bonne raison qu'il pourrait aisément être fondu pour que son matériau soit réutilisé utilement.

« Combien tu proposes ? » demanda-t-il, en écho avec les paroles précédemment prononcées par le patron de la taverne. Le commerce était une notion essentielle de la culture viking mais, en revanche, les moyens de paiements demeuraient plus abstraits. Ainsi, le marchand était laissé juge d'estimer la valeur de ses fonds et, ce jour-ci, Valdi était tout à fait disposé à écouter les propositions de ses clients. De plus, s'il avait cru comprendre que son vis-à-vis n'avait pas prévu une bourse très conséquente, il ignorait encore que cette dernière se trouvait en réalité complètement vide !
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyJeu 29 Jan - 0:04

E
videmment, les Nornes ne dégorgeaient que de trop de rouerie pour ne pas le confronter à une « coïncidence » qui n'en était sûrement pas une. Sur tous les détaillants de cette bourgade, il avait fallu que ses foulées le mènent au fatras d'un quidam qui constituait un véritable mystère aux prunelles de l'ancien thraell, qui, contrairement à ce que pouvaient suggérer les apparences des années ayant filé, n'avait jamais rien omis du succinct épisode de son enfance. S'il n'avait jamais ressenti l'impérieux besoin de revenir frapper à l'huis de ce bon samaritain pour lui exhorter quelque explication, il y songeait encore parfois, incapable qu'il était de comprendre ce qui avait bien pu lui prendre ce jour-ci. Une trivialité qui ne méritait certainement pas qu'ils s'y attardent, l'un comme l'autre, raison pour laquelle ils avaient chacun poursuivi les sentiers de leur vie sans que ceux-là ne s'enchevêtrent de façon substantielle. Durant les ans écoulés, ils avaient évidemment échangé des lorgnades sans grand intérêt, voire des paroles aussitôt oubliées, ils n'avaient été que deux spectres rôdaillant sur le même territoire, un chapelet de vicissitudes en guise de cape. Avaient-ils trop longtemps fait omission de cette bribe de relation qui était née d'une bouchée de pitance gracieusement offerte ? Aujourd'hui et à moins que le pisteur ne prenne la subite décision de renoncer à sa lubie, ils n'auraient point l'opportunité de courtoisement s'ignorer, ce qui laissait l'intéressé pour le moins désarçonné. Il abhorrait ne pas savoir sur quel pied valser, et pis encore, il exécrait l'idée de sustenter autre chose qu'un mépris abyssal pour un homme du grand Nord. Les excéptions étaient à traiter avec précaution, et elles n'étaient jamais bonnes pour les convictions. La mimique sémillante que lui servit qui plus est son interlocuteur le mit sur la défensive, comme s'il avait fait face à une effigie versatile prompte à passer de la bonhomie à l'hostilité en une fraction de secondes, alors même que Valdimarr avait toujours fait montre d'une amabilité circonspecte, du moins aussi loin que remontaient ses souvenirs. Un sourcil courbé, il contempla la précieuse trouvaille qu'il ballait de sa paluche, « belle pièce » était un euphémisme le concernant, le bijou en lui-même n'avait rien d'inusuel ni de particulièrement joliet, mais il avait bien plus : une valeur sentimentale. Une chose que personne ici ne serait apte à comprendre, ou du moins, à accepter venant d'un énergumène qui se targuait d'être scandinave.

« Ouais... » Et voilà que le troc commençait, mais si Arnorr n'était pas mauvais joueur en la matière, il n'avait pas eu l'occasion d'affiler ses armes pour cette bataille-ci. Combien proposait-il ? Un voyage sans retour pour l'Helheim, s'il avait été enclin à très sincèrement répondre à la question, un surin bellement enfoncé dans son gosier et un sourire carnassier sur la gueule de son meurtrier tandis qu'il se vidait de la liqueur impure qui parcourait ses veinures. Le phonème intérieur du saxon hurlait à l'en faire imploser, mais ne perça que la tempérance du négociateur qui cherchait durement ses mots pour convaincre plutôt que faucher. « Je savais que tu étais souvent dans le coin, mais je ne m'attendais pas à tomber sur toi. Providence, sans doute, on va pouvoir débattre de confrère à confrère. » Après tout, ils venaient tous deux de Tromso, un fluet lien de confiance se brodait naturellement dû au fait qu'ils se fréquentaient un strict minima depuis une longue période, ce qui était toujours mieux que d'être un vulgaire inconnu. Il était d'ailleurs peut-être bon qu'il sorte cette pièce de son aumônière de ruses à défaut de pouvoir en brandir une véritable de sa bourse, il lui fallait mettre toutes les chances de son côté. « Je vais être franc... » Toute l'ironie du protagoniste, lui qui glaviotait volontiers sur la notion de probité. « Mon pécule s'est durement fait estropier depuis que j'ai posé pied dans les environs, comme tu peux le constater. Concrètement ? J'ai plus rien de valeur sur ma carcasse, j'avais pas prévu un achat de plus. On peut peut-être... s'arranger ? » L'Ormfrid se pencha légèrement au-dessus de l'étal, comme s'il était sur le point de confier un secret au marchand. « File-moi le collier et tu me donneras ton prix une fois rentré à Tromso. Tu sais où je loge de toute façon, et tu connais ma femme, Asa aura tôt fait de me refaire le portrait si elle apprend que je paie pas mes dettes. » La commissure de ses lippes se contracta en une risette malicieuse. « Ou alors, je peux t'ouvrir la voie jusqu'à chez nous, mes talents d'éclaireur ne sont plus à refaire. Le chemin entre Kvaloya et Tromso est pas très sûr ces temps-ci, on t'a sûrement raconté ce qui est arrivé au dernier marchand qui a fait le voyage seul. Avec moi en amont, tu peux pérégriner tranquille – non pas que je mette en doute tes facultés de guerrier, mais seul contre un groupe, c'est pas sur toi que je parierais. » Espèce sonnante et trébuchante ou échange de services, deux alternatives qui se voulaient intéressantes.

Mais soudain et avant qu'il n'ait reçu quelconque réponse, un imposant galbe se positionna aux abords du jeune sylphe et tenta de lui prendre le fameux pendentif, qu'il ne lâcha pas pour autant nonobstant sa surprise. « Hé ! Ta gueule demi-portion, et donne-moi ça ! » Arnorr sourcilla, et reconnu tout de go un olibrius avec lequel il avait eu quelques différends ces dernières lunaisons. Le bélître avait entrevu l'occasion de l'importuner, et manifestement, il était décidé à s'imposer dans les affaires du traqueur qui n'eut pas le temps d'objecter. « Quoi ?! Tu veux te frotter à moi, tu veux qu'on règle ça à coups de hachette dans ton thorax ? » Le colosse s'approcha, trop près, trop menaçant, et trop bruyant pour qu'une petite foule ne se mette pas graduellement à se rassembler autour d'eux. Si le pisteur ne bougea que pour jeter un œil aux alentours, il sut se trouver en mauvaise posture, et il n'aurait plus qu'à ramasser ses dents une par une s'ils entamaient un duel – en supposant qu'il soit encore vivant pour ce faire. Il n'était pas piètre bretteur, mais pour sûr, il n'avait pas en lui ce sang viking qui faisait circuler la perfection de la guerre et de la barbarie, et son galbe était davantage taillé pour la vélocité que pour la force brute. Sa fierté, il savait parfaitement la mettre de côté lorsqu'il s'agissait de survie, et surtout, il préférait réfléchir avant de commettre l'acte de trop. En l'occurrence, s'il pouvait subtilement esquiver le heurt physique, mieux valait qu'il le fasse, et il eut une idée en croisant le regard du Folkison. « C'est pas mon corps sanguinolent sur le sol qui va te céder ce collier, abruti, vu qu'il est pas encore à moi. C'bien pour ça que je vais le lui acheter d'abord ! C'est à lui de décider à qui il veut le vendre, et je suis presque sûr que mon offre est plus alléchante que la tienne. » L'espèce de titan eut un ricanement goguenard, avant de sortir une pleine bourse qu'il tendit aussitôt à Valdimarr. Le pisteur tiqua sensiblement, et comme tout à chacun ici, contempla le rouquin qui serait le seul à avoir le dernier mot.
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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyVen 6 Fév - 23:07

   


Kvaløya - An 860 ; suite.



U
ne chose était certaine : Arnórr semblait particulièrement déterminé à faire l'acquisition de ce bijou qui, aux yeux de Valdi, n'était qu'une breloque parmi tant d'autres. Bien sûr, hors de question pour le marchand de laisser entendre à son client qu'il pensait de la sorte... Non, il lui fallait conclure une bonne vente et, pour cela, il figurait un quelconque intérêt pour le collier, manœuvre qui lui permettait de signifier qu'il n'était pas prêt à laisser partir l'ornement pour une bouche de pain. Ainsi, un sourire poli accroché aux lèvres, et après avoir émis une flatterie légère à l'égard du choix du pisteur, il demanda à ce dernier ce qu'il souhaitait offrir pour que l'objet soit à lui. Il s'agissait là de jauger du degré d'attachement que le bijou exerçait sur l'ancien thraell : en fonction de sa réponse, Valdimárr saurait quel ton donner aux négociations qui suivraient. « Je savais que tu étais souvent dans le coin, mais je ne m'attendais pas à tomber sur toi. Providence, sans doute, on va pouvoir débattre de confrère à confrère. » fournit habilement le leysingi comme unique réponse. Cette approche fit sourire le commerçant, son vis-à-vis possédait indéniablement un don pour le négoce ! « Je vais être franc... » reprit-il presque aussitôt, sur un ton qui se voulait plus sérieux et qui eut pour effet de voir l'un des sourcils de Valdi s'arquer. Cette prise de parole n'annonçait rien de bon, mais le Norvégien préféra en entendre davantage pour se prononcer, plutôt que d'interrompre son interlocuteur. « Mon pécule s'est durement fait estropier depuis que j'ai posé pied dans les environs, comme tu peux le constater. Concrètement ? J'ai plus rien de valeur sur ma carcasse, j'avais pas prévu un achat de plus. On peut peut-être... s'arranger ? »

Un soupir discret s'échappa des lèvres du viking. Un arrangement ? Il préférait être rémunéré en espèces sonnantes et trébuchantes, ou bien aimait-il voir son stock fluctuer habilement selon ce que son interlocuteur pouvait offrir, le troc faisant partie intégrante du commerce à cette époque. Arnórr avait joué finement, cela dit, en évoquant leur statut de "confrère", car ce fut sans doute ce qui décida le rouquin à ne pas l'envoyer directement sur les roses après une telle annonce. « Je t'écoute... » consentit-il alors, accompagnant ses dires d'un vague geste de la main qui invitait le pisteur à dévoiler son idée car, oui, avec un regard aussi pressant et une attitude aussi sereine, nul doute que l'ancien thraell théorisait en ce moment-même une quelconque compensation. D'ailleurs, il ne lui fallut pas bien longtemps pour faire profiter le natif de Tromsø des fruits de sa réflexion : « File-moi le collier et tu me donneras ton prix une fois rentré à Tromsø. Tu sais où je loge de toute façon, et tu connais ma femme, Asa aura tôt fait de me refaire le portrait si elle apprend que je paie pas mes dettes. Ou alors, je peux t'ouvrir la voie jusqu'à chez nous, mes talents d'éclaireur ne sont plus à refaire. Le chemin entre Kvaløya et Tromsø est pas très sûr ces temps-ci, on t'a sûrement raconté ce qui est arrivé au dernier marchand qui a fait le voyage seul. Avec moi en amont, tu peux pérégriner tranquille – non pas que je mette en doute tes facultés de guerrier, mais seul contre un groupe, c'est pas sur toi que je parierais. »

Valdimárr devait bien reconnaître que les deux alternatives qui s'offraient à lui n'étaient pas dénuées d'intérêt. La perspective de voir Asa, première épouse d'Arnórr mais également l'une des plus fidèles clientes du marchand, veiller à ce que son mari tienne parole fit sourire le Norvégien. Les femmes du grand Nord ne possédaient rien en commun avec celles des contrées méridionales : fortes, volontaires, capables... La société viking ne faisait pas d'elles des inférieures et elles savaient s'en montrer dignes. Quant à la seconde proposition du pisteur, l'idée était bonne mais l'homme qui proposait ainsi ses services ignorait que Valdi n'était jamais seul lorsqu'il effectuait la traversée : il engageait une bande de gaillards volontaires en guise d'équipage et qui, une fois à terre, l'aidait à décharger sa marchandise. La nouvelle de la mort du marchand auquel le leysingi faisait allusion était parvenue jusqu'aux oreilles du rouquin, cependant, et il fallait bien avouer que cela ne le rassurait pas. S'en prendre à l'un de ses confrères n'était pas chose rare pour les bandits, mais cela n'était plus arrivé entre Tromsø et Kvaløya depuis longtemps.

« Hé ! » La voix de l'ancien thraell ramena subitement l'esprit de Valdi au moment présent, lui qui s'égarait une seconde plutôt en pensant à cette sordide histoire de marchand rejoignant l'Helheim. « Ta gueule demi-portion, et donne-moi ça ! » tonna un type imposant, sorti de nulle part. Chacun avait une main fermement agrippée au collier et tous deux semblaient prêts à tirer jusqu'à ce que son adversaire lâche prise. Visiblement, le colosse semblait nourrir de la rancœur à l'égard du traqueur car il ne tarda pas à l'accabler de menaces, jouant de sa stature pour impressionner son ennemi. Tandis que la foule commençait à s'amasser autour du spectacle, Valdi fronça les sourcils. « Assez ! Vous allez finir par briser le pendentif à tirer de la sorte ! » Il profita de l'autorité que son statut d'actuel détenteur du bijou lui offrait pour saisir à son tour le collier, ce qui eut pour effet de faire lâcher prise aux opposants, bien qu'aucun d'eux ne semblait vouloir céder place à l'autre concernant l'achat. À présent en sécurité entre ses doigts, le commerçant regarda un instant la breloque : que pouvait-elle avoir de si spécial pour qu'une telle scène se produise ? En relevant les yeux vers ses clients, il croisa le regard du leysingi, et ce dernier sembla puiser la force nécessaire dans ce contact pour reprendre la parole : « C'est pas mon corps sanguinolent sur le sol qui va te céder ce collier, abruti, vu qu'il est pas encore à moi. » dit-il, plein d'audace. Il marquait un point, cela dit, mais ce ne fut pas suffisant pour désarçonner son adversaire... « C'bien pour ça que je vais le lui acheter d'abord ! » annonça alors le colosse au timbre guttural. « C'est à lui de décider à qui il veut le vendre, et je suis presque sûr que mon offre est plus alléchante que la tienne. » renchérit Arnórr, tandis que l'autre éclata de rire. La bourse qu'il tendit alors dans la direction du rouquin parlait pleinement pour lui. Valdi sentit des dizaines de regards braqués sur lui, tandis que les alentours se faisaient plus silencieux comme si chacun retenait son souffle dans l'attente de sa décision. Lentement, le Norvégien se redressa et plaqua ses poings sur ses hanches, l'une de ses paluches tenant toujours l'objet de la querelle.

Son regard oscillait entre la mine pleine de suffisance du titan et celle du pisteur. Sans trop savoir pourquoi, sa mémoire s'amusa alors à le ramener quelques années en arrière, à une époque où le traqueur n'avait pas encore intégré la société viking autrement qu'en tant que thraell... Dans ces années sombres, Valdi avait tendu la main à un jeune homme loin des siens et affamé, et qui, bien que maintenant devenu membre du Thing et ayant gagné sa liberté, semblait tout aussi dépendant de lui en cet instant précis qu'à l'époque. Il retrouvait ce même regard qui l'avait alors poussé à ne pas dénoncer son vol et qui, une fois encore, détermina son choix. Ainsi, après avoir laissé échapper un grommellement irrité à l'idée de voir l'imposante bourse du colosse lui filer entre les doigts, il finit par se prononcer. « Il dit vrai, je m'apprêtais à accepter son offre quand tu es intervenu... Et je maintiens mon choix. » Le silence perdura une seconde encore après cette annonce, puis un murmure parcourut l'assemblée : certains semblaient indignés par ce choix, d'autres paraissaient dévorés par la curiosité quant à l'offre du pisteur, et quelques uns affichaient un faciès moqueur, considérant sans doute le marchand comme le dernier des idiots pour avoir refusé une bourse si fournie pour un pendentif à peine joli.

« Quoi ?! T'es pas sérieux, là ? » gronda le colosse à l'adresse du rouquin, visiblement vexé d'avoir perdu la face devant public et contre un homme qui faisait la moitié de son poids. « T'as fait une belle erreur, marchand ! Tu r'verras pas cette bourse de sitôt, ni celle d'aucun natif des îles de l'ouest, tu peux m'croire ! » renchérit-il tout en rangeant son bien d'une main et pointant un doigt accusateur en direction de Valdi de l'autre. Ce dernier serra les dents mais ne pipa mot, conscient que le titan ne manquerait pas de tenir cette promesse en le décrédibilisant aux yeux des siens... Voilà qu'il se mettait à regretter son choix ; ils avaient bien raison, ceux qui se moquaient de lui en cet instant. Patiemment, Valdimárr regarda le colosse émettre une dernière menace, à l'encontre du traqueur cette fois-ci, avant de s'éloigner en vociférant à travers la foule. Sans doute allait-il noyer son humiliation à la taverne la plus proche... Peu importait au rouquin. Ce dernier observa l'effervescence du marché reprendre une activité normale et, finalement, il posa les yeux sur Arnórr. « Ton pendentif. » dit-il simplement en lui tendant le bijou. Cette mésaventure l'avait mis de mauvaise humeur, aussi fut-il incapable d'adopter de nouveau l'attitude avenante du parfait marchand face au leysingi. Il le connaissait, de toute manière, nul besoin de se fatiguer avec les faux semblants. « On reparlera du prix un autre jour. » ajouta-t-il alors, ne tenant plus qu'à oublier cette breloque de malheur. Il ne savait pas vraiment ce que le pendentif valait, ni même s'il réclamerait un véritable paiement à l'ancien thraell une fois rentré à Tromsø car les deux hommes échangeaient rarement plus de deux mots au quotidien. Tant pis, il aspirait juste à passer à autre chose mais, lorsqu'il se détourna du traqueur dans le but de retourner vers les tréfonds de son stand, il ignorait totalement que son attitude troublait son interlocuteur plus qu'autre chose et que, par conséquent, la conversation n'allait pas se finir ainsi.


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Arnórr Ormfrid
Arnórr Ormfrid
viking - leysingi

ϟ MESSAGES : 695
ϟ INSCRIPTION : 15/11/2014
ϟ LOCALISATION : Quelque part entre les vestiges du village et la sylve.
ϟ HUMEUR : La mousse aux lippes, enragé mais déterminé.

Nécessité n'a loi, foi, ni roi. 5bae

« La colère vide l'âme de toutes ses ressources, de sorte qu'au fond paraît la lumière. »



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MessageSujet: Re: Nécessité n'a loi, foi, ni roi.   Nécessité n'a loi, foi, ni roi. EmptyMer 18 Fév - 18:22

E
chec. Jamais il ne pourrait effleurer les glyphes de ce pendentif du bout de ses phalanges, égaré dans des méandres mélancoliques et des réminiscences qui, bien malgré lui, s'estompaient un peu plus chaque année. Cette fois, il n'était pas question de fierté ou de la bonne manœuvre d'une brigue, mais d'un bout de lui-même, de ce lui-même profondément envasé dans des abysses enténébrés qui avait subitement rejailli. Un insecte enjôlé par une lueur vive et dansante, voilà ce qu'il avait été, et il se sentait désormais prompt à se faire calciner par la flamme qu'il avait osé approcher. La seule chose dont il était certain, c'était qu'il aurait dorénavant un grief duquel se sustenter, car jusqu'à présent, il n'avait  jamais eu matière à incriminer le rubigineux de quoi que ce soit – si ce n'était d'être viking. Une allégation qui lui suffisait usuellement pour répandre son ivraie partout où il pérégrinait en ces landes septentrionales, toutefois, Valdimarr était un cas d'exception – qu'il abhorrait, mais un cas d'exception malgré tout. Et contrairement à ce qu'il avait subodoré, la scène qu'ils illustraient actuellement était sur le point de le confirmer. La logique même se serait époumonée que l'aumônière bien garnie était le plus intéressant des prix suggérés, mais toute relative qu'elle était d'un quidam à un autre, le marchand décida d'aller à contre-courant pour céder son bien à Arnorr, qui de tous, en fut le premier pantois. Les calots écarquillés, il demeura mutique, avant de discrètement lorgner sur la foule qui s'était amoncelée aux alentours, et de finir sur le titan vraisemblablement indigné – et il l'aurait également été si les rôles avaient été inversés. Il ne songea pas même à arborer une quelconque esquisse narquoise ou victorieuse sur son faciès, et se contenta d'observer l'olibrius qui n'abandonnerait pas de si tôt, il en était convaincu, il réapparaîtrait pour lui remettre des bâtons dans les roues un jour ou l'autre. Une perspective qui lui fit tout de go conclure qu'à l'avenir, il lui faudrait se méfier s'il venait à musarder dans les environs de Kvaloya, et qu'Oldervik était définitivement sa bourgade favorite entre toutes. Le bélître s'en retourna alors d'où il venait, furibond, glaviotant une fois n'étant pas coutume des promesses qu'il serait incapable de tenir, car tout le hameau ne répondait point à ses moindres désirs. L'instant suivant, le détaillant lui remettait ce qui lui appartenait désormais de droit, étrangement aigre alors qu'il avait eu plein pouvoir décisionnel. Le pisteur ne se fit pas prier pour récupérer le pendentif, qu'il admira une fraction de seconde avant de le glisser à l'abri dans sa besace, sans réellement parvenir à croire qu'il en était maintenant l'heureux propriétaire. Et que dire de son homologue, qui préféra reprendre sa besogne que de s'attarder sur ce qui venait de se produire ? Pourquoi, par la barbe d'Odin, renoncer à une espèce sonnante et trébuchante et l'avantager lui ? Ce n'était pas la première fois qu'il lui offrait ses bonnes grâces, et l'interrogation demeurait en suspend depuis une pléthore d'années. Lui taraudait l'envie de lui exhorter des réponses quant à ce comportement tout sauf justifié, mais l'endroit ne se prêtait plus à une conversation digne de ce nom, et l'Ormfrid savait parfaitement ce que signifiait le mot patience. Non sans une ultime oeillade, il prit congé en disparaissant de la place où l'effervescence habituelle avait repris de plus belle, mais s'il avait l'allure impavide, son esprit bouillonnait d'une nouvelle rencontre à Tromso, où ils auraient loisir de s'expliquer loin des oreilles trop indiscrètes.



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Nécessité n'a loi, foi, ni roi.

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