When the hunters become the hunted

**ϟ INSCRIPTION** : 20/11/2013

When the hunters
become the hunted

BRYNJA, ALDARIK, HAGEN, SINDRI & MADS

Il a faim. Après des jours de jeûne, il est grand temps pour lui de se remettre en chasse. La forêt s'appauvrit, les proies se font rares, il est le responsable de l'épuisement des ressources sans que cela ne le préoccupe outre mesure. Les sylves de Midgard sont un véritable paradis comparées aux terres desquelles il vient. Muspellheim, quoique terre de feu appropriée à sa race, est une terre pauvre en proies, pauvre en vie. Les dragons qui y naissent la quittent tous bien vite, avides de plus, avides de nouveautés. Il est bon de naître à Muspellheim, il est mauvais d'y rester. Le jeune dragon a donc fait profité du chaos qui secouait Asgard pour faire route jusqu'à Midgard, et il a trouvé refuge près de Tromsø. Le froid lui déplaît, mais ce n'est pas cher payer pour jouir du gibier - animal ou humain, pour lui, aucune différence. Lorsqu'il quitte sa grotte ce jour ci, il ignore de quoi il remplira son estomac et cela lui importe peu. Il a faim, et il dévorera quiconque se trouvera sur sa route. Du moins... C'est son intention, mais ses observations lui ont permis de découvrir que les mortels sont pleins de surprises, tout particulièrement ceux de cette petite bourgade isolée.

When the hunters become the hunted

BRYNJA, ALDARIK, HAGEN, SINDRI & MADS

Tromsø. Après plusieurs lunes d'exil volontaire, les braves partis à la découverte des contrées australes sont enfin de retour chez eux. Ils ont accosté au village, moins nombreux qu'au départ, mais leurs navires débordants de richesses. L'attaque du kraken fut fatale pour de nombreux explorateurs, qui périrent noyés ou broyés lorsque leur embarcation fut fracassée par les énormes tentacules de la créature marine. On compte une vingtaine de naufragés, et le double de proches éplorés. Surprenant, mais la petite muette du village ne fait pas partie des victimes. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir été précipitée tête la première dans les flots salés, Brynja fut même parmi les premiers à faire le grand plongeon. Loués soit Aegir et ses Vagues, sans eux la jeune femme se serait noyée, elle qui avait avalé assez d'eau salée pour toute une vie. C'était la seconde fois en trop peu de temps qu'elle échappait à l'élément aqueux, c'était à croire que quelqu'un à Asgard s'acharnait à vouloir lui faire faire des bulles. Mais une fois de plus, elle avait déjoué le sort et c'était vivante et parfaite santé qu'elle avait débarqué à Tromsø. Chanceuse dans son malheur ? Sans le moindre doute. Selon Hagen, cela avait plus à voir avec la miséricorde de Thor lui-même, comment expliquer sinon qu'une petite midgardienne fluette comme Brynja continue à passer entre les mailles des filets des Nornes ? Ce à quoi elle répondait par une moue incertaine, car le Tonnerre n'avait pas la moindre raison de s'intéresser à elle – elle n'avait, après tout, rien d'exceptionnel. Le Jarl s'était contenté de lui adresser un petit sourire, car lui savait que Rym n'était pas Rym, que l'homme qui l'avait sauvée d'une rivière en crue n'avait rien d'humain. Maudite par les Nornes, bénie par les dieux, l'équilibre de Brynja était pour le moins singulier.

Le bonheur de retrouver Tromsø avait toutefois était de courte durée. Le village était, certes, encore debout, mais en l'absence de son Jarl et de la plupart de ses habitants, l'on ne pouvait affirmer qu'il avait perduré. Bien au contraire, les vikings semblaient bien mal en point, certains donnaient l'impression qu'il suffirait d'une bourrasque pour les souffler tout droit jusqu'à Helheim. Malgré la belle saison, les morts avaient été nombreuses, à ce point que l'avenir de Tromsø semblait compromis et cela malgré les prières adressées aux dieux. Si Thor et Frey avaient été généreux en pluie et les récoltes prolifères, le gibier disparaissait, ainsi que les quelques fruits et autres noix et baies qui poussaient normalement dans les bois entourant le village. Il ne fallait pas chercher bien loin le responsable de cette pénurie aussi soudaine qu'inquiétante, puisqu'il avait élu domicile dans les montagnes qui surplombaient le village. Il ? Un grand reptile cracheur de feu, plus communément appelé dragon. Un dragon, rien que cela. Les Jötuns et autres serpents géants avaient dû faire passer le mot, il semblait que le petit village n'était plus à l'abri de rien et certainement pas des créatures venues des autres branches d'Yggdrasil. Brynja aurait espéré que les divins seraient venus déloger la bête de son antre, mais de toute évidence ils avaient eu d'autres chats à fouetter. Bien loin d'elle l'idée de les juger, jamais elle ne n'aurait oser leur faire un tel affront. Les préoccupations des dieux devaient différer et de loin celles des mortels, ils évoluaient sur un autre plan spirituel, et même physique pour bon nombre d'entre eux.

Cependant, tant que les Ases ne se seraient pas penchés sur le sort du grand reptile, ce dernier continuerait à martyriser la populace viking. Une populace qui ne tarderait pas à être affamée, l'automne était déjà bien froid, et l'hiver promettait d'être glacial. Des bouches à nourrir, il y en avait des dizaines et c'était bien pour cela qu'à peine rentrés, le Jarl et ses guerriers n'avaient eu d'autre choix que de reprendre leurs activités paysannes pour préparer la saison froide. Brynja, elle, avait pris sur elle d'assister Ivar au port dès leur retour, elle s'était appliquée à réparer les filets de pêche et les voiles endommagés, et à faire ce que le marin lui demandait. Côtoyer Ivar lui permettait de passer du temps avec Eyvindr et Sindri, bien qu'elle continue à passer de l'un à l'autre pour leur éviter de se sauter à la gorge à la première occasion qui leur était donnée. Le soir venu, elle ne manquait pas d'aller rendre visite à Aldarik, qui lui avait énormément manqué pendant ces quelques lunes de séparation. La petite Sunniva avait été bien heureuse de retrouver sa grande amie, d'autant plus que Brynja n'était pas revenue les mains vides. Une jolie poupée et un bracelet d'or tressé, c'était tout ce qu'il fallait à une petite fille pour sauter de joie, les yeux pétillants de bonheur.

Peu désireuse de rester à l'écart, lorsque Brynja avait appris par l'intermédiaire d'Aldarik qu'Hagen préparait une petite expédition de chasse avec quelques vikings dont elle était proche, elle avait fait part de son envie de les accompagner. Brynja était loin de posséder les talents du Jarl, ou même ceux d'Aldarik, mais elle n'en restait pas moins plutôt douée un arc à la main, et on n'avait jamais assez de paires de mains dès lors qu'il s'agissait de ramener des vivres au village. C'est à peine la course de Sól commencée dans le ciel que les vikings se mirent en route. Ils n'étaient pas nombreux, tout juste cinq. Hagen, Aldarik, Mads, Sindri et bien entendu Brynja. Ivar avait bien voulu prêter son thraell à la jeune femme, car s'il n'était pas dupe et avait bien vu que le garçon ne savait la regarder que les yeux en cœur, c'était avant tout pour s'assurer qu'il garderait les yeux sur elle. Non pas qu'elle risque quoi que ce soit, elle partait accompagnée des plus féroces guerriers du village. Et tous tenaient à elle, d'une façon ou d'une autre. Bien des demoiselles auraient pu la jalouser, mais Brynja n'était pas de ces femmes que l'on enviait, pour la simple et bonne raison qu'il aurait fallu manquer d'esprit pour vouloir se retrouver dans sa position et hériter de ses malheurs.

Bien vite, le tapis de mousse et de feuilles laissa place à un autre, plus lugubre, de cendres. La sylve tombait littéralement en poussière à mesure que l'on s'éloignait du village, si bien qu'au moindre coup de vent, les vikings étaient obligés de se couvrir le museau pour ne pas respirer les cendres. Les garçons en tête, Brynja traînait derrière eux, à la recherche non pas de proies animales, mais de quoi que ce soit de végétal qui pourrait garnir sa sacoche. Si elle n'avait pas eu la merveilleuse idée de secouer les branches cendreuses d'un arbuste bas, elle serait passée à côté de belles poignées de myrtilles ayant mûri tardivement, pour son plus grand bonheur. Le myrtillier débarrassé de ses fruits, elle rejoignit les hommes en quelques foulées rapides, pour s'arrêter à la hauteur du Jarl auquel elle présenta son butin, non peu fière d'elle. Et puisqu'elle avait les yeux partout, elle ne tarda pas à abandonner son sac entre les mains de Sindri pour s'adonner à l'escalade – plus rapide qu'aucun d'eux n'aurait pu le penser – d'un pin à moitié calciné. La raison de cette soudaine ascension échapperait peut-être aux quatre chasseurs restaient en bas, peut-être même la jugeraient-ils futile. Brynja avait simplement aperçu quelques pommes de pin encore accrochées aux branches de l'arbre, et elle espérait qu'elles contenaient encore leurs pignons, à moins qu'un écureuil vorace ne soit passé par là avant elle. Si la petite muette avait pu crier victoire, elle l'aurait fait bien volontiers après la découverte de sa première pomme pleine, cependant elle se contenta d'afficher une large risette, et fit tomber une à une les autres aux pieds de ses comparses. Elle afficha une moue désolée lorsqu'elle manqua d'éborgner Mads, pour ensuite se redresser une fois sa petite collecte terminée. Elle aurait pu entamer sa descente aussitôt, mais son regard se perdit sur l'horizon sylvestre et si elle ne vit d'abord rien d'anormal, il lui sembla distinguer une masse se mouvoir à travers les arbres. Elle fronça les sourcils, comme si cela pourrait améliorer ses capacités visuelles, et lorsque les la forêt fut de nouveau secouée, elle se redressa complètement dans l'arbre, qu'elle entreprit d'escalader jusqu'à la cime, et cela même si elle condamnait ainsi Sindri à retenir sa respiration jusqu'à ce qu'elle soit redescendue. D'autant plus que cela ne lui servit strictement à rien, elle ne distingua rien de plus. Néanmoins, faute de pouvoir expliquer à ses amis que quelque chose d'étrange se trouvait plus loin, elle désigna le Nord en grimaçant. Diantre, même une vulgaire chasse ne pourrait se dérouler sans heurts ?

FICHE PAR ROMANOVA.

when the hunters become the hunted

Il était le deuxième choix, dans bien des choses, si bien qu’il était normal pour le Bourreau d’être déçu. Il aurait préféré avoir davantage d’importance au village, mais on aurait dit que le guerrier n’était jamais content. Certes, il était stigmatisé de son occupation journalière, mais il n’en restait pas moins que Mads était un personnage important du village, le cousin du Jarl et participant au Thing. Tout dans sa vie l’avait forcé à se trouver où il était, le monstre du village, bien que son esprit plus que tordu lui valait un immense respect. Il se trouvait justement dans la tente d’Hagen, force lui était de constater qu’il ne se trouverait pas ici si sa sœur était blessée. Il était un peu en retrait, Ranghild à ses côtés, qui tentait de remonter le moral de son frère. « Il t’aurait fait venir aussi… » Les prunelles du bourreau formèrent une petite fente alors qu’il coupa sa sœur. « Ne dis pas n’importe quoi, il n’aurait pas eu besoin de moi. » Les deux enfants d’Olav se faisaient face, il y avait comme un bouillonnement de feu dans l’air, ne sachant si l’un ou l’autre allait éclater. Hagen venait de lui demander de se joindre à la chasse avec quatre autres vikings, dont Brynja. Mads était très doué à l’arc, mais pas autant que sa sœur. Il avait l’air d’une guigne à ses côtés, alors qu’elle ne manquait jamais sa cible. Pas plus tard qu’hier, sa sœur s’était blessée en tombant dans les rochers, si bien qu’elle ne pouvait pas faire partie de l’expédition aujourd’hui. C’était pour cette raison que Mads avait été invité, ou du moins, c’était ce qu’il défendait dur comme fer. « Qu’importe ce que tu crois, désormais tu dois leur montrer à tous que tu es indispensable. » Ranghild avait toujours les bons mots à sortir à son pauvre frère pour le calmer. Il laissa échapper un long soupire avant de laisser finalement sa sœur retourner à leur maison. Les prunelles du guerrier se fixèrent longuement sur le charbon qui crépitait encore de la veille. Ils partirent tandis que le soleil se levait au loin.

Le Bourreau tassa quelques chevreaux au passage, fermant la marche. Renfrogné, il décida de ne pas converser avec quiconque, mais ne put s’empêcher d’offrir un sourire à Brynja lorsqu’elle se joint au groupe. Le temps avait fait fondre la majorité de la neige, ce serait une très belle journée de fin de printemps. Les raids qu’ils avaient effectués quelques jours auparavant c’était très bien passé, si ce n’était l’attaque du Kraken. Les Dieux étaient encore avec eux puisqu’ils étaient revenus avec des richesses qui leur semblaient infinies. Il y avait quelque chose d’étouffant dans l’air, le poil du guerrier se hérissa à la vue de la forêt qui avait été atteinte par on ne sait quel malheur. Il était désormais heureux d’avoir participé à l’expédition et non sa sœur, car il pouvait presque sentir le malheur arriver. Il s’arrêta lorsque la femme décida d’escalader un arbre, et c’était bien tant mieux puisqu’il fut en mesure d’éviter une cocotte de sapin qu’elle fit tomber à quelques centimètres de son visage. Il lui lança un regard noir, mais son sang se glaça lorsqu’il observa les traits de Brynja changer tout en pointant quelque chose au loin. « Quoi? Qu’est-ce qu’il y a Brynja? » Il s’avança vers l’arbre, prêt à monter lui aussi à son tour, mais un immense rugissement déchira l’air, ne laissant peu de place à l’identité de ce que la guerrière avait préalablement montré. Il devait voir ça. Il avait vu bien des choses spéciales dans sa vie, dont des Dieux en chair et en os, mais jamais il n’avait pu poser ses yeux sur un dragon. Quelques instants plus tard, il se trouvait aux côtés de Brynja, la bouche grande ouverte et semblant être atteint du même mal que la jeune femme.

« Descendez de là, on ne peut pas rester dans le coin. De toutes façons, le gibier a du fuir face à ce genre de prédateur... »

Enfin de retour à la maison ! Les raids avaient une saveur particulière pour tout bon viking qui se respectait mais le mal du pays finissait toujours par gagner les guerriers. Depuis qu'il était devenu jarl, Hagen se rendait compte à quel point il était attaché à Tromsø. Il ne quittait jamais le village de gaité de cœur et le retour au foyer était toujours accueilli avec soulagement. Cette fois-ci plus encore, assurément. Ils revenaient riches et le jeune homme prouvait donc que les espoirs fondés en lui étaient légitimes. Mais d'un point de vue personnel, il revenait entier et sans aucune égratignure, du moins aucune qui méritait qu'on s'attarde dessus. La chose était suffisamment incroyable pour être précisé. Cependant, Hagen ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée pour tous ces hommes laissés en arrière. Il s'était rendu lui-même auprès des familles éplorées, ultime hommage qu'il pouvait rendre à ceux qui s'étaient battus courageusement et qui avaient finalement péris, sur terre contre des ennemis de chair et de sang ou en mer contre un monstre légendaire dont les tentacules hantaient encore les cauchemars du jarl. En revenant à Tromsø, il avait voulu parler de cet épisode à Thor mais on lui apprit que Rym était parti précipitamment du village. Conscient que son ami divin était reparti à Asgard sans doute pour que Sif y mette son enfant au monde, Hagen ne pouvait que partager leur joie supposée, ignorant tout des troubles qui ébranlaient Asgard au même instant. Mais il regrettait néanmoins de ne pouvoir partager ses interrogations à propos de cette bête qui avait bien failli réduire à néant toute la flotte de Tromsø. Mais le Kraken appartenait au passé et c'était vers l'avenir que le jeune jarl devait se tourner en priorité. Regarder en arrière ne ferait certainement pas de lui un bon chef. Et malgré les nouvelles richesses acquises à l'ouest, l'avenir semblait tout aussi incertain. L'hiver approchait et promettait d'être rude, il était grand temps de préparer quelques réserves pour ne pas se laisser surprendre. Mais si les récoltes avaient été bien meilleures que les années passées, les dieux soient loués, le gibier, lui, commençait à manquer cruellement. C'était donc dans l'espoir d'en débusquer que le jarl décida de monter une expédition composée des meilleurs chasseurs du village.

La petite troupe progressait donc dans les bois qu'ils avaient quitté pendant des lunes avec pour objectif du jour celui de nourrir le village entier. Ils étaient cinq et composaient une partie du cercle de confiance de Hagen, ceux qui ne lui tourneraient jamais le dos quelque soit les difficultés. Et par Odin, on pouvait dire qu'ils avaient eu leur lot de pépins en une année à peine ! Mais les Nornes semblaient s'en amuser puisqu'elles n'avaient rien trouvé de mieux que d'ajouter un gros reptile cracheur de feu au tout. Ce détail expliquait aussi le comité restreint dont s'était entouré Hagen. Ils n'étaient pas encore taillés pour affronter le monstre et mieux valait faire profil bas. Le jarl était en tête de cortège aux côtés d'Aldarik, son plus vieil ami. Derrière eux son cousin et Sindri semblaient aux aguets, bien que le bourreau affichait sa mine boudeuse sans que le jarl puisse l'expliquer. Hagen était satisfait de voir le thraell d'Ivar à ses côtés, le jeune homme était aussi motivé qu'attentif et représentait une aide précieuse avec Brynja dans le cortège. Cette petite avait un talent certain pour s'attirer des ennuis et Hagen n'était pas mécontent de savoir que plusieurs paires d'yeux étaient là pour veiller sur elle, bien que ce ne soit pas toujours suffisant. Lorsqu'il voyait sa petite troupe, il songea avec déception qu'il ne manquait finalement que sa cousine Ragnhild et ses talents d'archère. Leurs besaces se seraient remplies d'autant plus vite songea-t-il avec un sourire. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas immédiatement la disparition de Brynja qui s'essayait à l'escalade. Lorsqu'enfin il la repéra, Mads l'avait rejoint et tous deux semblaient soucieux. Le jarl voulut les interpeller afin de savoir ce qu'ils percevaient de leur perchoir mais un hurlement monstrueux lui donna la réponse plus vite que prévu. Un hurlement à glacer le sang qui ne tarda pas à refroidir toute la petite troupe. Le dragon était de la partie et n'arrangeait pas leurs affaires, loin de là.

Hagen fit un bref geste de la main pour faire taire le jeune thraell. Inutile d'attirer l'attention, bien que sa remarque soit des plus fondées. Ils étaient trop peu nombreux et trop peu armés pour se mesurer à une bête de cette envergure. Mieux valait s'éloigner avant qu'il ne soit trop tard. Mais au sommet de leur arbre, Brynja et Mads l'inquiétait. Ils devaient être parfaitement à vue du dragon et trop éloignés de leur camarade pour que quiconque puisse leur venir en aide. Soudain, une légère brise agita la forêt et Hagen prit conscience avec horreur que le vent ne tournait pas en leur faveur. Le temps leur était compté avant que le dragon ne perçoive leur odeur, si cela n'était pas déjà fait. « Dépêchez-vous. » leur ordonna-t-il avec empressement. « Sindri a raison, on doit se tirer de là. En vitesse. » Son inquiétude lui soufflait sans doute de rebrousser chemin au plus vite mais son instinct lui dictait une toute autre chose puisqu'il s'était à à présent planté au pied de l'arbre que la petite muette avait décidé d'escalader. Si la situation devait déraper, hors de question de laisser ces deux casse-cous dans la gueule du loup. Mais la situation ne déraperait pas. Après tout, les dieux étaient de leurs côtés, non ? Et ces maudites tisseuses de destinée ne pouvaient être aussi cruelles.

Spoiler:

**ϟ INSCRIPTION** : 20/11/2013

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BRYNJA, ALDARIK, HAGEN, SINDRI & MADS

Un grondement. Si terrible que la terre tremble sous les pieds des hommes restés au sol, et secoue l'arbre duquel les deux grimpeurs descendaient précautionneusement, manquant de les précipiter au sol. Un grondement similaire à celui du tonnerre, à ce point que l'on est en droit de se demander si Thor lui-même ne vient pas de frapper Midgard de Mjölnir. Brusquement, la forêt est silencieuse. Plus un oiseau n'ose chanter ni même seulement piailler, et il semble que c'est à peine si les arbres osent remuer leur feuillage. Un silence de mort, s'étend depuis les racines de la montagne jusqu'à la lisière du bois... Et puis un rugissement furieux s'élève, un rugissement tel que nul viking n'a jamais entendu. Un craquement tonitruant le suit, caractéristique du bois qui se brise, au loin les arbres sont déracinés et rompus comme des os, la sylve est attaquée, la sylve souffre... Une forte odeur de souffre empeste l'air, immédiatement suivie par des fumées épaisses et toxiques, les cendres tombent du ciel comme de lugubres gouttes de pluie. La température grimpe brusquement autour des chasseurs, puis une ombre gigantesque leur masque les rares rayons du soleil étant parvenus à percer l'épaisse couche nuageuse typique de cette fin d'automne. Petit à petit, les contours de l'ombre se dessinent, ce sont ceux d'un reptile monstrueux, celui-là même qui a élu domicile dans la forêt près de Tromsø depuis des mois... Et il est en chasse. Autrement dit, si les chasseurs ne veulent pas devenir des proies de choix pour la créature, ils feraient mieux de trouver un refuge... et vite.

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Il monta les branches une à une pour rejoindre son amie tout en haut. Ils avaient une bonne vue sur la forêt, ils auraient facilement pu déceler où se trouvaient les gibiers s’ils n’avaient pas été déranger par tout autre chose. Un sifflement grave, puissant, qui aurait fait gémir n’importe quel chiot du coin. Mads n’en cru pas ses oreilles, mais il dû se rendre à l’évidence lorsqu’il aperçut une masse immense se rapprocher d’eux. La lourdeur de l’atmosphère l’empêchant de bouger, jusqu’à ce que les voix de Sindri et de son cousin retentissent plus bas. Jamais dans sa vie le viking n’avait observé une telle créature et même les géants qui avaient attaqués le village n’étaient pas aussi monstrueux que ça. Comment se dire que notre monde peut survivre devant tant de manifestations de bêtes géantes et destructrices? Ils n’étaient pas immortels après tout. Aussitôt, des prières envers les Dieux surgirent. D’abord vers Thor pour sa puissance au combat, il devait ressentir le courage en cet instant précis. Puis, il pria Tyr en se demandant s’il pouvait les protéger, d’utiliser ses pouvoirs pour attaquer le dragon. À eux seuls, ils ne pourraient jamais battre une telle puissance, aussi bien se creuser leur trou tout de suite. Il devait attendre les ordres de son cousin, mais il semblerait qu’aucun atermoiement n’était possible. Le dragon approchait. Il fonçait sur eux, directement. Lui aussi semblait avoir observé les alentours pour trouver une proie et ils avaient sans doute l’air particulièrement appétissants. Il sauta en bas des arbres et cria : « Courrez! » Le sifflement repris de plus belle derrière eux, les arbres avaient l’air de peser une plume au survol de la bête. Ils n’attendent pas les paroles du Jarl, tous sont assez conscients du danger pour ne pas regarder derrière eux et tenter de sauver leur peau. Des branches griffent la peau du Bourreau, mais la douleur ne le fait même pas grimacer. Du sang coule sur ses avants bras ainsi que ses joues, mais l’homme continue sa course plus intéressé à pouvoir prier encore les Dieux pour des années. Plusieurs minutes plus tard, Mads aperçoit une grotte assez camouflée dans les bois, où ils pourraient se terrer l’espace de reprendre leur souffle. « Là-bas! Vite, un abri! » Il pointe vers la gauche, mais il sait déjà que les autres chasseurs doivent être à sa suite. Il baisse la tête pour entrer, se reculant pour laisser la place aux autres, une drôle d’odeur l’assaillant. Accroupi, il finit par lever une de ses mains, sentant une substance qui coule de ceux-ci. Dans quelle caverne avaient-ils atterri encore? Au moins, ils ne pouvaient pas recevoir la salve directe des feux du dragon, s’il arrivait à les retrouver…

[HJ : j’ai préféré faire dans le court pour favoriser l’échange!]

« Ça va ? »

« J'espère que cette grotte a une sortie... »

Hagen trépignait au pied de l'arme, attendant que les deux têtes brûlées du groupe se décident à descendre de leur perchoir. Un nouveau grondement se fit alors entendre, plus terrible encore que le précédent. Sentant presque le sol se dérober sous ses pieds, le chef d'expédition n'en menait pas large. Il était connu pourtant pour sa témérité à toute épreuve, n'avait-il pas été dans les contrées les plus hostiles aux côtés du Tonnerre en personne ? Cela n'empêchait pas Hagen de s'inquiéter lorsque la situation l'exigeait. Il n'avait pas encore posé les yeux sur la bête mais elle devait être gigantesque pour produire un tel son. Et leur effectif était bien trop restreint pour s'attaquer à un tel monstre. Le temps leur était compté et...bordel il avait l'impression que les deux casse-cous mettaient une éternité à descendre ! A moins que ça ne soit son imagination qui ne lui joue des tours... Et cette odeur... ce n'était certainement pas dans sa tête. Une odeur de souffre, une odeur de mort, digne des pires charniers. Une odeur qui prenait à la gorge et vous donner envie de rendre votre dernier repas. Entourés d'un brouillard de fumées noires et toxiques, ils se retrouvaient plongés dans un univers digne du Ragnarök et comme l'ultime appel des trompettes célestes, un nouveau rugissement se fit entendre. Hagen leva alors les yeux au ciel, cherchant la protection divine de Thor, le suppliant silencieusement de revenir quelques instants à leurs vies mortelles et de leur venir en aide. Et alors qu'il fixait l'astre éclatant tiré par Sol, celui-ci fut aussitôt masqué par une ombre menaçante qui figea le jarl sur place. Porté par une fascination morbide pour le reptile, il le fixa pendant un bref instant. La bête était immense, monstrueuse et couverte d'une cuirasse d'écailles qu'il devinait plus impénétrable que l'armure d'un Einherjar. Inutile d'espérer l'atteindre avec leurs misérables flêches, quant à l'abattre à l'épée ou la hache, encore fallait-il l'approcher et il fallait être sacrément dérangé pour tenter une telle chose. Hagen croisa alors le regard flamboyant du monstre. De toute sa courte vie, jamais il n'avait vu une telle chose. Les horribles tentacules du Kraken lui revinrent bientôt en mémoire et il se demanda à juste titre quel était le pire des châtiments. Périr broyé sous les assauts du monstre d'Aegir ou calciné par les flammes du reptile cracheur de feu. Il préférait évidemment ne jamais avoir à connaître la réponse. Il n'était évidemment pas le seul puisque déjà le petit groupe de chasseurs s'enfuyaient comme un seul homme.

Il n'avait jamais couru aussi vite et pourtant il avait l'horrible sensation que ses jambes ne le portaient déjà plus. Soudain son cousin remarqua une caverne dans laquelle ils s'engouffrèrent sans demander leur reste. L'abri était exigüe, le jarl suffoquait presque. « Je l'espère aussi, Sindri. Sinon nous sommes tous des hommes morts. » répondit-il simplement devant l'inquiétude du thraell. Il ne se faisait aucune illusion. S'ils avaient échappé pour un temps au regard menaçant du reptile celui-ci devait être tout à fait capable de les attendre devant la grotte, pour peu qu'il soit affamé. « Bordel, vous avez vu la taille de ce truc ? Il nous ferait presque regretter notre dernière mésaventure en mer ! » lâcha-t-il avec un rire nerveux. Il lança un regard en coin à Brynja qui ne devait pourtant pas en garder un excellent souvenir. « Mais on ne peut pas rester planqués ici comme des couards à attendre que la mort vienne nous cueillir. Ça ne serait pas dignes de nous. Inspectons au moins le coin nous n'avons rien à perdre. » L'endroit était particulièrement obscur et nauséabond et n'inspirait pas confiance. Mais quelque soit les mauvaises surprises qu'ils pouvaient y trouver ça ne serait jamais pire que cet horrible reptile à l’œil flamboyant.

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BRYNJA, ALDARIK, HAGEN, SINDRI & MADS

Quelle créature de malheur les dieux ne leur avait pas encore envoyé... ? Après le kraken, un dragon, et la jeune femme doutait fortement que cette rencontre soit plus agréable ou amicale que la première. S'ils voulaient survivre à la fournaise reptilienne, ils avaient tout intérêt à filer au plus vite, jamais Brynja n'était descendue d'un arbre aussi vite. Peu lui importait que les branches lui écorchent les membres et la figure, si elle survivait à cette nouvelle épreuve elle aurait tout le temps de s'en soucier. Sauf que, justement, le temps semblait compter. Elle n'avait pas plus d'expérience avec les dragons que ses amis, mais d'entre tous elle était certainement celle qui avait le moins de chance de s'en sortir. Gauche comme elle était, elle allait trébucher sur toutes les racines et autres obstacles sur son chemin, et le temps qu'elle se relève et retrouve ses esprits la créature aurait tout le temps de la rattraper et de la dévorer. Il aurait été aisé de la laisser en arrière... Seulement ni Hagen, ni Aldarik, ni Mads et encore moins Sindri ne l'abandonneraient à un si triste sort. Dans son malheur elle avait de la chance, tous l'affectionnaient d'une façon ou d'une autre. Et les vikings étaient ainsi, toujours à prendre soin des uns et des autres, car la communauté était leur plus grande force. Aussi faiblarde que soit Brynja, et quoi que l'on puisse penser d'elle, elle n'avait jamais été délaissée ni maltraitée. Et une fois de plus, il ne serait pas question de partir sans elle... Ce qui, d'un point de vue tout à fait objectif pouvait être une erreur, ne valait-il pas mieux sacrifier une seule vie plutôt que cinq... ? Aussi terrifiée qu'elle soit, Brynja n'était pas lâche, et elle s'offrirait volontiers en pâture au dragon si cela permettait à ses amis de ficher le camp et de rejoindre le village en un seul morceau.

Cependant, et même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu exprimer cette idée et Sindri ne lui en laissa de toute façon pas l'opportunité. Les doigts du thraell s'étaient refermés sur son poignet et avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui lancer un regard surpris, il l'entraîna dans une course folle, à la suite de leurs compagnons de chasse. Comme il fallait s'y attendre, la jeune muette trébucha plusieurs fois, s'écorcha les paumes et les genoux, mais à chaque fois qu'elle tombait, Sindri et les autres étaient là pour la relever. D'une certaine façon, elle était bien chanceuse, toutes les villageoises ne pouvaient se vanter d'être entourées de si charmants hommes, qui tous se souciaient de leur bien-être... ! Mais à ce moment précis, tout ce dont Brynja se souciait était sa respiration sifflante et saccadée. Elle bénit les dieux lorsque Mads annonça à tous qu'un abri se trouvait sur leur chemin, et c'est comme un seul homme que les vikings se précipitèrent dans la petite grotte qui pourrait tout aussi bien être leur salut que leur tombeau. Épuisée par leur course, courte mais précipitée, Brynja eut besoin de prendre appui contre les parois de leur refuge pour reprendre son souffle, et c'était tout juste si ses jambes flageolantes la portaient encore. Son cœur battait à un rythme effréné – décidément, le pauvre organe n'était que trop sollicité !

La gorge serrée par l'épouvante, elle lança un regard confus à Sindri lorsqu'il annonça à haute voix qu'il espérait que la grotte avait une sortie, sans quoi ils étaient piégés et à la merci du dragon si celui les trouvait – ce dont Brynja ne doutait hélas pas. Elle regarda ensuite Hagen d'un air profondément découragé, elle qui commençait à être lasse d'être la cible de créatures mythiques toutes plus terribles les unes que les autres. Elle avait vu le kraken de près, bien trop près à son goût et le souvenir des vagues se fracassants contre les navires et des tentacules gigantesques frappant l'eau la hanterait pour le reste de son existence. C'était tout juste si elle parvenait encore à approcher une quelconque étendue d'eau sans paniquer, et lorsque l'on vivait en bord de mer comme à Tromsø, autant dire que cela ne facilitait pas son existence. Allait-elle à présent devoir vivre avec une peur panique du feu ou de toute source de chaleur ? Un sifflement pour le moins agacé s'échappa d'entre ses lèvres à demi pincées, elle était aussi fatiguée de devoir endurer toutes ces épreuves qu'elle n'était effrayée. Elle inspira aussi profondément qu'il lui était possible de le faire en pareilles conditions, et hocha doucement la tête aux paroles du Jarl. Ils n'avaient effectivement rien à perdre, ils étaient de toute façon morts s'ils restaient dans cette grotte, alors autant tenter de trouver une sortie... Ce qui ne serait pas une tâche aisée s'ils devaient tâtonner dans l'obscurité. Emportée par un élan de courage, elle prit les devants... Et s'arrêta immédiatement après que quelque chose ait craqué sous ses pieds. La jeune femme devint plus blême qu'elle ne l'était déjà, et c'est avec une lenteur démesurée qu'elle baissa les yeux, pour constater qu'elle venait de piétiner des ossements... humains. Tous purent s'estimer heureux qu'elle ne puisse pas hurler, sans quoi elle leur aurait percé les tympans. Faute de hurlement d'effroi, elle eut un brusque mouvement de recul et dans la précipitation, heurta violemment Hagen et les précipita tous deux au sol. C'est sur une pile d'ossements qu'ils s'écrasèrent, et Brynja aurait eu tout le loisir de panique davantage si le rugissement du reptile cracheur de feu n'avait pas retenti près, tout près de la caverne.

La jeune femme s'immobilisa aussitôt, et tant pis si elle était complètement avachie sur le Jarl de Tromsø. De toute évidence la bête les cherchait... Elle ignorait à quel point l'ouïe de la bête était développée, mais si elle l'était autant que son odorat, ils étaient en bien mauvaise posture... Elle porta donc un doigt tremblant à sa bouche pour leur intimer à tous le silence, avant de s'aplatir complètement contre le poitrail d'Hagen, pour ensuite fermer les yeux... Et espérer que tout se passerait pour le mieux. Pour l'occasion, elle ignorait quel dieu prier en premier, alors c'est un nœud de prières entremêlées les unes aux autres qui s'éleva jusqu'à Asgard.

FICHE PAR ROMANOVA.

Spoiler:

when the hunters become the hunted

Ils étaient entrés dans cette grotte comme un Malandrin le ferait, sans invitation, mais c’était pour sauver leur vie. Le viking avait apperçu l’endroit salvateur au loin et c’était franchement tout ce qui avait compté sur le coup. Quand on a l’affreux privilège d’être pourchassé par un dragon, on ne pense pas bien longtemps. Mads souhaitait vivre, plus que tout, il voulait laisser un héritage derrière lui. Il n’avait jamais réellement pensé à long terme, mais comme la majorité de ses confrères du village, il souhaitait un jour avoir un fils pour que son histoire continue. Sinon, on risquait fort bien de l’oublier, lui qui n’était que le cousin du Jarl, celui qui n’avait jamais pu régner. Mais surtout, celui qui était chargé de tuer les gens, le bourreau qui n’avait aucun honneur. Pourtant, Mads prouvait encore aujourd’hui qu’il avait un esprit vif, qu’il pouvait se servir de son cerveau pour se sortir d’une situation où il aurait pu côtoyer la mort. Stratège, il se retirerait dans cette grotte aussi longtemps qu’il le faudrait pour forger un plan d’attaque, pour essayer de vaincre cette bête. À eux seuls, il savait qu’ils avaient peu de chance, mais ce n’était pas le genre du fils d’Olav de rester terrer dans un trou pour l’éternité. Il n’avait pas peur, il prenait simplement le temps d’observer ses options. « Je ne resterai pas terré ici indéfiniment. » Dit-il, la mâchoire serrée advenant qu’ils ne trouvent pas de sortie. Il n’était pas un couillard, il voulait que ça se sache. Quoi qu’il en soit, il avait toujours en tête qu’il devait se prouver, surtout en face de son cousin. Puis, un rire sortit de sa bouche lorsque le Jarl fit référence au Kraken. Il songea à sa discussion avec la déesse des vagues et un sourire illumina ses traits l’espace d’une seconde. « À bien y penser, je préférerais affronter le Kraken aussi! Vous savez que les Dieux l’ont appelé Pantoufle?... » Ouais, bravo pour la cohérence! Le Bourreau se râcle la gorge, peu fier de l’incohérence de ses paroles. Il préférerait se battre contre ce Pantoufle que contre le monstre cracheur de feu qui se trouvait près d’eux. Hagen leur conseille ensuite de faire le tour de la grotte pour trouver s’il y a une issue. Brynja trébuche sur on ne sait quoi – ce qui ne fait pas grand changement de d’habitude - et tombe directement sur le Jarl du village. Mads se retourne, les dévisageant, quand un souffle se fait entendre. Le dragon est là, tout près. Dans quelle posture étaient-ils fourrés? Il lance un regard noir à Brynja quand elle leur fait signe de se taire, comme s’il fallait qu’elle leur dise quoi faire. Le dragon semble se rapprocher d’eux un moment, mais ils doivent agir et vite. Furtivement, il leur fait un geste peu concluant pour leur signifier qu’il va faire une ronde. Il a l’avantage d’être plutôt silencieux, doucement pas à pas il s’avance dans la grotte. Les autres peuvent bien faire ce qu’ils veulent, mais s’ils restent où ils sont, ils risquent de tomber face à face avec le dragon et ça n’intéressait pas du tout le bourreau!

Un sourire se dessina sur les lèvres du Jarl lorsque son cousin fit mention du surnom ridicule dont les dieux auraient affublé leur monstre des mers. Il avait déjà entendu ces racontars qui prêtaient forcément à sourire. Les vikings avaient toujours une imagination débordante quand il s'agissait d'imaginer la vie que pouvaient mener leurs protecteurs loin de Midgard. L'idée de débattre sur la question l'aurait grandement enthousiasmé s'ils ne s'étaient pas retrouvés cloîtrés dans une sombre caverne, tentant vainement d'échapper aux flammes d'un dragon et à une mort certaine. Hagen voulait mourir sur un champ de bataille, glorifié par les siens avant d'atteindre les portes du Valhalla. A moins que les dieux ne lui accordent l'immortalité mais cela était un doux fantasme auquel il préférait ne pas penser. Rares devaient être les chanceux accédant au statut de einherjars. Et ceux-là n'avaient certainement pas péris calcinés par le feu ardent sortant de la gorge d'un reptile monstrueux. La maladresse légendaire de Brynja ne tarda pas à le faire sortir de ses pensées puisque la jeune muette venait de trébucher et de les pousser tous deux à terre. La chute aurait pu lui arracher un rire dans d'autres circonstances mais ce qu'il sentit sous son dos lui glaça le sang. « Bordel de merde. » souffla-t-il alors en posant les yeux et la main sur des restes humains. « Où est ce que tu nous as embarqué Mads ? » L'idée peu plaisante que cette caverne puisse être l'une des cachettes du reptile lui traversa alors l'esprit. Les voilà dans de beaux draps ! Et lorsque les rugissements du dragon se firent de nouveau entendre, il remarqua avec horreur que la bête était bien plus près qu'il ne l'aurait cru. Totalement paniquée, la marchande était désormais totalement avachie sur le Jarl qui sentait presque ses ongles à travers sa tunique. Il ne manquait plus que ça ! La malheureuse était totalement prostrée, les yeux fermés elle attendait sans doute que la mort vienne la chercher ou que les dieux ne se décident enfin à leur venir en aide.

Il jeta un coup d’œil rapide vers ses camarades d'infortune qui semblaient tout aussi impuissants que lui. Mads cependant se décida à bouger afin d'explorer la grotte. Hagen n'était plus très sûr du bien fondé de cette idée, ignorant parfaitement quelle bête pouvait se terrer ici et il n'avait aucune envie de lui tomber dessus. Mais cela ne pouvait être pire que d'affronter le dragon, la cuirasse de ces bestioles était réputé impénétrable. Ils n'avaient donc aucune chance de s'en débarrasser avec le peu d'armes dont ils s'étaient munis. Bordel, ils étaient venus chasser le gibier, ils n'avaient aucunement le projet de devenir celui d'un dragon ! Le Jarl posa alors sa paluche contre la nuque de Brynja, toujours vautrée contre lui. Il se redressa alors un peu brusquement la forçant à faire de même. « Allez, il faut se lever. Devenir le repas d'un monstre cracheur de feu n'est pas à l'ordre du jour. Suivons Mads. Nous n'avons plus d'autre choix, l'autre monstruosité nous attend de pieds fermes on dirait. » Il s'empara de la hache qu'il avait rangé quelques instants plus tôt, ses phalanges blanchies par la pression qu'elles exerçaient sur le manche. Il prit Brynja par la main, l'intimant alors à le suivre tandis qu'il progressait à la suite de son cousin. Il fit signe aux deux autres gaillards de fermer la marche au cas où on viendrait à les attaquer par derrière. Plus ils avançaient plus l'obscurité se faisaient grande. Ils n'y voyaient absolument rien et cela n'était pas pour rassurer le Jarl qui tendait l'oreille afin de percevoir le moindre bruit suspect mais il n'était pas vraiment connu pour ses talents de pisteur. « Finalement notre nouveau camarade serait le bienvenu pour éclairer cette maudite caverne. » souffla-t-il avec un petit rire jaune. Pas certain que tous apprécient la plaisanterie mais il n'y pouvait rien, c'était sa seule arme contre la peur panique qui le prenait au ventre. Ils avançaient à l'aveugle et cette idée lui déplaisait fortement. Et pour la première fois de sa vie, et malgré sa volonté de sauver les apparences, Hagen Hrothgarson avait peur. Mais qu'on vienne le jeter immédiatement dans l'enfer de Helheim s'il devait l'admettre.

Spoiler:

» WINTCH HUNTERS

When the hunters become the hunted

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